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Après ma discussion avec mon oncle, celui-ci a donné son accord. La nouvelle s'est alors très rapidement rependue. On ne parlait plus que de ça. Nous sommes devenus le sujet de conversation de tous les habitants du quartier. Lorsque qu'elles ont appris notre mariage, Kaina et Sofia se sont précipitées chez moi le soir-même. Elles sont restées silencieuses durant de longues secondes avant de me féliciter. Nous nous sommes retrouvées comme trois gamines à imaginer ce jour si important pour moi. Je n'ai pas vu Ibrahim depuis le jour où il m'a demandé en mariage.

On se parle au téléphone tous les soirs durant des heures. On arrive à parler d'un tas de choses sans même s'en rendre compte. Les sujets de conversations défilent les uns après les autres et ça me rassure car, c'est cette complicité que je veux avoir avec lui. J'ai encore du mal à me rendre compte qu'Ibrahim va être mon mari et moi sa femme. Nous allons vivre ensemble. Nous allons fonder notre famille. Tout ça me paraît encore irréel. Nous avons fixé une date, notre mariage aura lieu dans un mois.

Nous avons décidé d'organiser une petite fête en famille. Quelque chose d'intime à l'abris des regards indiscrets. Notre union fait beaucoup parler. Parfois, lorsque je me rends chez mon oncle et ma tante je sens des regards. J'entends des conversations, des choses que je préfère ignorer. Personne ne nous connaît. Personne ne sait ce qu'il y a réellement entre nous. Ils peuvent nous juger, j'ai confiance en nous.


[...]

Après avoir quitté mon travail je me suis rendue chez ma tante qui voulait me parler des préparatifs du mariage. Celui-ci allait avoir lieu chez sa sœur, qui a une grande maison avec jardin. Lorsque j'arrive, je salue les quelques personnes que je connais. On me félicite pour le mariage, on me pose des questions. Je réponds sans trop entrer dans les détails. Je m'apprêtais à rentrer, lorsque je vois Yasmine arriver au loin. Je n'imaginais pas la revoir et je me sens gênée. J'ai l'impression de lui avoir volé Ibrahim même s'il m'a toujours dit ne jamais avoir été amoureux d'elle. 

«- Bonjour Azhar.

- Bonjour, comment tu vas ?

- Bien, merci pour l'autre fois.

- Ce n'est rien.

- Azhar, je tiens à te dire que peu importe ce qui a pu se passer entre lui et moi, il n'y a plus rien et ça n'arrivera plus jamais. Je vais quitter Paris. Ce qu'il y a eu entre nous, n'a absolument rien avoir avec ce que vous partagez.

- Je suis désolée Yasmine. J'ai beaucoup de chance, dis-je.

- Non, dit-elle en riant. C'est lui qui a de la chance. Au revoir Azhar, prend soin de toi et de lui. Ne soit pas désolée, dit-elle avant de s'éloigner.

À mon arrivée,  Sofia et ses amies me montrent des robes d'une créatrice qui s'est fait connaître sur les réseaux sociaux. Nous prenons rendez-vous pour le lendemain. J'ai l'impression qu'elles sont beaucoup plus excitées que moi. En fin de soirée, Kaïna et Youssra nous rejoignent. Elles vont s'occuper de la nourriture et Azra de la décoration. Ça me fait plaisir d'être autant soutenue car je n'aurais jamais pu m'en sortir seule.

En fin de soirée, Ibrahim rentre. Je suis dans la cuisine lorsqu'il salue Youssra et Yûnes qui rentrent chez eux. Apparemment, Mounir les attends en bas. C'est la première fois qu'on se voit depuis notre rendez-vous improvisé.

« Tu restes manger ? Je te raccompagne après, me propose t'il.

- D'accord, mais il n'y a que nous et tes sœurs. Ton père est la mosquée et ta mère chez la voisine.

- Tu veux qu'on sortent tous les deux ?

- Ibrahim, je crois qu'on ne doit plus se retrouver seul maintenant.

- Qu'est-ce que ça change maintenant ou après ?

- Beaucoup de choses.

- Sortons avec Sofia et Kaïna.

- D'accord, je vais les prévenir. »

Nous partons tous les trois mangés dans un restaurant ou la spécialité est le poulet braisé. Je me fais plaisir parce que le poulet et moi c'est une grande histoire d'amour. Ce soir, je sens Kaïna d'humeur taquine. Elle ne cesse de nous regarder Ibrahim et moi avec un grand sourire. Heureusement qu'il est là car, elle ne fera aucun commentaire devant lui. Mais lorsqu'il sort pour fumer, je sais que je ne vais pas pouvoir y échapper.

« Vous êtes trop mignons ! C'est trop beau. Je l'ai toujours su. Quand je t'en ai parlé dans la chambre, tu m'as dit que c'était mon imagination. Je n'arrive toujours pas y croire !

- Il est accro, dit Sofia. Complètement accro s'il pouvait nous virer pour que vous voyez seuls il l'aurait fait.

- Vous allez avoir des bébés magnifiques ! dit Kaïna.

- On n'y est pas encore, dis-je gênée. »

Ibrahim revient et elles pouffent de rire. Il me lance un regard interrogateur je me contente de lui sourire. Au retour Ibrahim dépose Sofia et Kaïna puis il refait demi-tour jusqu'à chez moi.

«- Tu aurais dû me déposer la première.

- Je sais, mais j'ai envie qu'on soit seul. Je sais ce que tu vas me dire mais je me fiche complètement de ce qu'on peut penser de nous Azhar. Personne ne va m'interdire de voir ma femme."

"Ma femme", c'est la première fois qu'il m'appelle ainsi, elle a des papillons dans le ventre.

«- Je ne suis pas encore ta femme.

- Tu l'es pour moi, mariage ou pas. Ma mère m'a dit que tu devrais revenir à la maison, le temps de préparer le mariage.

- Oui, elle m'en a parlé. Tu pourrais rester ici en attendant. Ce sera chez nous.

- D'accord, on fera l'échange demain.

- Ibrahim, j'ai invité Ryan à notre mariage. Avant que tu ne t'énerves, je veux te dire qu'il n'est pas seulement un patron pour moi. Je ne vais pas dire que c'est un ami mais j'ai confiance en lui. Il m'a aidé pour beaucoup de choses. Il a refusé, parce qu'il sera en déplacement mais Sania sera là.

- Je n'ai rien contre sa fille, c'est lui que je ne n'aime pas.

- Tu ne le connais même pas.

- Il tourne autour de toi.

- Pas du tout. Il est très amoureux de la mère de sa fille qui est partie. Elle n'a aucun souvenir de sa mère, même pas une photo.

Il ne dit rien, je sens que la situation le touche parce que lui aussi a vécu la même situation que Sania. Je prends sa main dans la mienne et l'embrasse.

- Il est tard, rentre te reposer.

- D'accord, fait attention sur la route.

[...]

Quatre semaines, le temps est passé à une vitesse impressionnante. J'entends de l'agitation dans le couloir. Ma tante cours dans tous les sens. Elle ne cesse de donner des ordres avant que les hommes n'arrivent. J'admire mon reflet dans le miroir, je ne me suis jamais trouvée aussi belle. Nous sommes en février, le temps est assez doux. Je vais épouser l'homme que j'aime.

Je porte une longue robe blanche, un maquillage discret et un voile blanc également. Il est 16h00 lorsqu'ils arrivent enfin, à présent je suis seule dans la chambre avec Youssra.

- Tu es magnifique Azhar, me dit-elle.

- Je crois que je vais m'évanouir.

- Respire et inspire tout doucement. C'est lui qui va s'évanouir quand il va te voir, dit-elle en riant. Je ris malgré moi à mon tour.

Ma tante nous interrompt. Elle me regarde longuement les larmes aux yeux avant de me serrer dans ses bras. J'aurais aimé être dans les bras de ma mère mais sa présence me réchauffe. Je l'aime comme une mère.

- Tu es tellement belle ma fille, je suis si heureuse pour vous.

Puis, mon oncle entre dans la chambre et m'embrasse à son tour. Je la ressens, la présence de mes parents. Ils sont au fond de mon cœur et ils ne me quitterons pas aujourd'hui. Je me retiens de pleurer, heureusement le maquillage est waterproof.

- Il est là, me dit ma tante.

Mon oncle me tend son bras et nous descendons sous les cris et les applaudissements. Ibrahim se tient droit, à ses côtés Mounir et Amine qui est le premier à se précipiter me prendre dans ses bras. Ma tante le réprimande d'un regard noir qui fait rire tout le monde. Lorsqu'il pose ses yeux sur moi, j'ai l'impression que nous sommes seuls dans la pièce il n'y a plus personne autour de nous.

OMNISCIENT 

Il ne dit pas un mot, il profite de cet instant qui n'arrivera qu'une seule fois dans sa vie. Elle est incroyablement belle. Il a connu des femmes mais sa femme possède ce qu'il n'a jamais trouvé chez les autres. La sérénité. C'est une évidence, il l'aime depuis le début. Il a essayé de lutter, à refuser de le reconnaître mais, il est fou amoureux de cette fille.

Il prend sa main et caresse ses phalanges. Des caresses discrètes qui la font frémir. Ils se retrouvent tous les deux, au centre de la pièce sous les regards de ceux qu'ils aiment. Ibrahim soulève son voile et essuie discrètement une larme sur son visage avant de l'embrasser sur le front. Si seulement ils pouvaient être seuls. il l'aurait embrassé, en la tenant tout contre lui.

L'imam fait son arrivée et ils devinrent mari et femme.

[...]

Azhar est épuisée, la journée a été parfaite. Le mariage de ses rêves. Ibrahim et elles ne sont jamais très loin de l'autre et même lorsqu'il s'éloigne d'elle, il a toujours un œil attentif à ce qu'elle fait. Il a hâte que la soirée se termine afin qu'ils puissent enfin rentrer chez eux. Il est pressé qu'elle découvre les changements qu'il y a fait durant les trois dernières semaines.

Durant la soirée, Ibrahim reçoit un message. Rabah est mort. La journée ne pouvait pas être plus parfaite. Mais, il n'a pas envie de penser à lui. Il quitte ses cousins afin de s'approcher de sa femme en pleine discussion avec une de ses tantes. Doucement, il pose une main sur son dos qu'il caresse du bout des doigts. Il sens ses tremblement sous ses doigts. Il sait qu'il doit faire attention à ses gestes mais il ne peut s'empêcher de la toucher. A chaque fois qu'elle est près de lui, il doit faire un effort surhumain pour ne pas l'embrasser.

Il a envie de rentrer et de la déshabiller. Il est 3h00 du matin lorsque les derniers invités partent. Une de ses tantes venues de Marseille avec ses enfants est la seule à rester dormir. Azhar se change pour aider à ranger mais, elle est immédiatement congédiée.

- Je crois qu'on ne veut pas de moi en cuisine.

- Tant mieux, rentrons, lui dit-il.

- D'accord. Je vais récupérer mes affaires là-haut.

Il la laisse partir à contrecœur car Nassim s'approche de lui.

- Vous avez besoin d'aide ? Lui demande son ami.

- Non, merci. Azhar va récupérer ses affaires, je vais monter l'aider.

- Ibrahim attend au moins d'être chez vous. »

Il l'ignore avant de monter à l'étage. Azhar s'était démaquillée. Dos à lui, elle range ses affaires dans son sac. Ibrahim ferme la porte derrière lui et ne prend pas en compte la remarque de Nassim. Ils sont enfin seuls. Il la prend par la taille. Surprise, elle sursaute avant de se retourner pour lui faire face.

- Tu peux conduire ? Peut-être qu'on devrait rester ici cette nuit.

- Oui, on n'est pas très loin.

[...]

Azhar ne reconnaît plus son appartement un grand canapé à angle à remplacé l'ancien. Son meuble TV a également été changé. Ibrahim a coupé la pièce en créant un espace salle à manger. Il y a des plantes ainsi que des lampes un peu partout. Une petite bibliothèque avec tous ses livres ainsi qu'un fauteuil avec repose-pied.

Il lui a dit avoir fait quelques changements en réalité, il a absolument tout modifié. Ibrahim guette sa réaction. Elle ne dit rien et il a peur d'avoir pris trop d'initiatives. Ce sont Azra et Youssra qui se sont chargées de l'aménagement. Son appartement ressemble à présent à un vrai foyer. Elle se sent prêtes à démarrer la vie à deux ici.

- Tu n'aimes pas ?

- Ibrahim, c'est...Je ne sais pas quoi te dire. Merci c'est magnifique. Tu as même pensé à mes livres.

- Tu lisais beaucoup chez mes parents.

Il s'approche d'elle et lui prend la main. Doucement il pose le sac au sol et la porte jusqu'à la chambre. La décoration y est aussi plus travaillée plus cosy. Avec un dressing qu'elle n'a jamais pu faire faute d'argent et de temps. Il a apporté des détails comme un tapis, deux commodes de chaque côté du lit. Une véritable chambre de couple. Délicatement, il l'a dépose sur le lit et elle regarde autour d'elle.

- Tu as fait tout ça tout seul ?

- J'ai monté les meubles avec Mounir et Hatem. Youssra et Azra on fait les achats.

- C'est le plus beau cadeau de mariage. Mais moi, je n'ai rien pour toi.

- Tu n'as rien à m'offrir Azhar, je t'ai toi.

Ils se regardent longuement.  Ibrahim prend son visage entre ses mains avant de l'embrasser sur les lèvres. Un simple baisé, doux et innocent. Mais pour Azhar, ce n'est pas qu'un simple baisé. C'est son premier baisé avec son mari.

- Tu n'as absolument rien à m'offrir, ta présence me suffit.

- Je t'aime Ibrahim.

Il ne répond pas, mais étrangement elle n'attendait pas de réponse de sa part. Elle aurait aimé en avoir une, mais elle a confiance en lui. Ibrahim ne lui a pas dit qu'il l'aimait mais il le lui a montré tout au long de la journée.


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