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Ibrahim n'arrive pas à dormir. Il veut profiter des derniers instants auprès de sa famille car l'échéance approche, Rabah est très insistant. C'est pour bientôt, il le sait. Il se lève et après avoir pris une douche il propose à sa mère de l'emmener au marché. Surprise, elle accepte. Il veut passer du temps avec elle. Ensuite, il s'est installé dans la cuisine et a écouté Sofia et Kaïna parler pendant des heures. 

Il a embrassé ses sœurs avant de partir sous leurs regards pleins d'interrogations, c'est très rare. Ibrahim n'est pas très affectueux, d'ailleurs personne ne l'est réellement dans cette famille. Mais il voulait quand même le faire, car c'est peut-être la dernière fois.

L'après-midi il a rejoint son père au café où il se rend tous les dimanches. Il l'a écouté raconter toutes ses anecdotes, les mêmes histoires qu'il raconte depuis toujours mais il ne se lasse jamais de les entendre. Il a appelé Amine, qui sortait tout juste de l'entraînement avant d'aller rendre visite à sa sœur Azra et profiter de sa nièce.

En une journée, Ibrahim a pu passer du temps avec tout les membres de sa famille. Personne ne s'est douté de ce qu'il préparait. C'était mieux ainsi, il allait passer les prochains jours à se cacher. Toujours se comporter normalement avant un gros coup ce sont les comportements suspects qui vous trahissent.

Alors il s'est rendu au travail le lundi, ainsi que le mardi attendant toujours l'appel de Rabah sur le téléphone prépayé qu'il a acheté quelques jours plus tôt. Cet appel est arrivé un jeudi soir, Ibrahim avait trois jours pour se préparer. Rabah a gardé le suspense jusqu'au bout, afin de lui rajouter une pression supplémentaire. Ils seront trois. Un chauffeur, Rabah et lui-même.

Ibrahim ne sait pas exactement ce qu'il y a dans ses plans, mais une fois qu'ils seront entre ses mains, il doit en faire une copie immédiate pour le Gitan afin de négocier sa liberté. Si les plans sont entre les mains de quelqu'un d'autre, Rabah perd tout. Lorsqu'il arrive dans le gymnase qui leur sert de repère, Ibrahim vérifie qu'il n'a pas été suivi. Ayant emprunté plusieurs routes différentes. S'il y avait un véhicule suspect, il l'aurait remarqué.

« Le plan est simple. Tony reste dans la voiture à environ deux rues du domicile du procureur.  C'est un quartier résidentiel alors un véhicule suspect ça se remarque. Vous restez tous en alerte. Il y a une alarme qu'il faut désactiver et deux caméras de surveillance à l'entrée. Il est seul ce soir, alors c'est notre seule chance.

- On dirait que tu aimes reprendre du service, dit Rabah.

- Je remplis ma part du contrat, rétorque Ibrahim.

- Tu oublies un détail. Si le proc' ne coopère pas, qu'est-ce qu'on fait ?

- Il sera mort de trouille, procureur ou pas il va nous les donner tes plans.

- T'es confiant, je me fie à ton instinct. Reposez-vous bien, nous partons à dix-huit heures. »

[...]

Tony s'arrête comme à l'endroit prévu. Ibrahim retire ses vêtements afin de ne laisser aucune trace et met ceux que Nassim lui a acheté.

« Il y a un changement de programme. Ibrahim tu pars seul, annonce Rabah.

- Ce n'était pas prévu.

- Je sais, c'est justement pour ça qu'il s'agit d'un changement de programme.

- [...]

- Tu m'en dois une alors dépêche-toi avant de tout faire foirer.»

Ibrahim sort de la voiture et marche jusqu'à la maison du procureur. Il revêt sa cagoule et esquive les caméras de surveillance. Une fois devant l'entrée, il ouvre la porte et désactive le système d'alarme.

La maison est entièrement vide et calme. Ibrahim monte à l'étage selon les plans qu'il a étudié, il se trouve dans la chambre du procureur. Celui-ci est dans la salle de bain. L'eau s'arrête de couler, des bruits de pas se font entendre. Ibrahim s'assoit sur le fauteuil attendant patiemment le propriétaire des lieux. Celui-ci sort de sa douche entièrement nue et glisse en essayant de s'enfuir.

Le procureur, un homme d'une cinquantaine d'année, qui a du ce matin envoyer des voyous dans son genre en prison se trouve la queue à l'air allongé au sol l'implorant du regard.

« Les plans de la villa de Fabio Tescini, ils sont où ?

- C'est lui qui vous envoie ? Il est en prison il va prendre chère pour ça.

- Où sont les plans ?

- Ne faites pas ça, on peut trouver un arrangement. »

Ibrahim s'accroupie en face de l'homme et sort un couteau de sa poche. Il passe sur la peau de son coup jusqu'à son ventre descendant tout doucement jusqu'à son entre-jambe.

« Tu ne serviras plus à grand-chose sans ce qui fait de toi un homme.

- Attendez...Je...Je ne peux pas.

- Si tu peux et tu vas me les donner sinon je te la coupe. Lève-toi ! »

L'homme se lève et marche jusqu'à son bureau. Braquant son arme sur lui, Ibrahim le suis jusqu'à son bureau. Un énorme globe terrestre sur pied y est fièrement installé. L'homme ouvre celui-ci et en sort un dossier au nom du baron de la drogue italien qui s'est fait arrêter il y a six mois et dont le butin n'a jamais été trouvé.

« Sort les plans et fais une copie.

- Une copie ?

- Fais ce que je t'ai dit. Maintenant que j'ai les plans, je n'ai aucune raison de te garder en vie. Alors tu la ferme ou je décore le tapis avec ton sang.»

Toujours obéissant, le procureur fait une copie des plans avant de les lui donner. Ibrahim range les copies dans sa poche et garde le dossier entre les mains. Il sort des attaches en plastique de ses poches.

« Allonge-toi sur la table basse.

- Quoi ?! Vous...Vous allez me....

- Je ne vais pas te baiser. Allonge-toi je te dis. »

L'homme refuse. Ibrahim armé de son silencieux tire en l'air. Le procureur s'allonge sur la petite table basse. Son corps graisseux dépasse largement. Ibrahim lui demande de s'attacher une main à un pied de la table, une fois qu'il n'a qu'une seule main de libre. Ibrahim se charge d'attacher la main restante et les pieds.

Voir cet homme dans cette position humiliante le dégoûte de lui-même, mais il n'a pas le choix. Soudain la porte du bureau s'ouvre, Ibrahim se retourne et braque son arme sur le visiteur, Rabah.

« Tu t'amuses bien !

- J'ai les plans on se casse.

- Tue-le.

- Quoi ?! Non ne me tuez pas !

- T'es malade ?! On a les plans on part.

- Tue-le, ou je la tue. Ta copine je sais où elle travaille. Je sais où elle habite je me ferais un plaisir de la baiser avant de lui trancher la gorge.

- Ne le laissez pas me tuer ! Je vous en supplie j'ai des enfants.

- Tue-le !

- Je ne peux pas. »

Avant qu'Ibrahim n'est le temps de dissuader Rabah, la balle à déjà traversé le crâne du procureur projetant son sang sur le mur. Il est mort, Ibrahim reste stoïque encore sous le choc, il ne bouge plus. Rabah lui prend les plans des mains avant de quitter le bureau. Ibrahim reste, ce pauvre homme allongé sur cette table, il ne peut pas le laisser comme ça. Il le détache puis le couvre d'un drap avant de partir à son tour.

Une fois face à Rabah, il ne peu contenir sa haine et sa colère une bagarre éclate dans la rue. Ibrahim est pris d'une rage immense, le procureur n'était pas une menace et même s'il l'était, Rabah n'avait aucun droit de le tuer. Il l'a fait uniquement par pur plaisir. Tuer un procureur, il a un meurtre sur le dos.

« Lâche-le Ibrahim ! On va se faire repérer. Venez on part.»

Tony les entraînes tous les deux dans la fourgonnette avant de démarrer.

[...]

Il n'arrive pas à oublier cette scène. Le regard du procureur lorsque sa vie s'est soudainement arrêtée. Le choc de la balle contre le crâne puis le sang sur le mur, c'est un véritable cauchemar. Un meurtre. Il risque de prendre vingt ans si quelqu'un l'apprend. Si jamais on le retrouve, il ne s'en sortira pas.

Ibrahim marche sous la pluie depuis une heure maintenant. Mounir essaye de le joindre mais il ne peut pas lui répondre. Il ne veut pas mettre son frère en danger et si Rabah le piégeait ? Et s'il lui mettait le meurtre sur le dos ?

Il doit absolument fournir les plans au Gitan. Une fois ces foutus plans entre ses mains, il trouvera la réserve de cocaïne de l'italien. Il aura la main sur le plus gros réseau de trafique de France. Il éliminera ses ennemis potentiels en commençant par Rabah.

Il ne peut pas rentrer chez lui. Il ne peut pas aller chez Mounir, car ce serait impliquer son frère et Nassim. La seule personne pouvant l'aider c'est elle.

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