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Youssra se sent coupable d'avoir parlé à son mari. Depuis deux jours, elle envoie des messages à Azhar sans réponse de sa part. Elle est consciente d'avoir trahi sa confiance, peut-être même d'avoir perdu son amitié. Depuis la cuisine, elle entend les rires de son mari et de son fils. Cela parvient à dissiper sa tristesse pendant quelques secondes. Le biberon entre les mains, elle retourne dans le salon afin de pouvoir nourrir son fils.
« Arrête d'y penser.
- C'est facile pour toi, Ibrahim ne t'en veut pas.
- Azhar est tout sauf rancunière.
- Tu lui as parlé ?
- Oui, hier. C'est pire que ce que je pensais, ce n'est pas une petite histoire. Elle est vraiment amoureuse de lui.
- Mounir, on ne peut pas intervenir là-dedans. Laisse-les faire.
- Je ne compte plus intervenir, ça ne sert à rien. Elle est complètement accro. Il l'a marabouté ce n'est pas possible autrement, elle ne veut rien entendre.
- Si on m'avait dit la même chose à ton sujet, ma réaction aurait été la même. Azhar n'est pas le genre de femme à persister. Si elle refuse de laisser tomber, c'est parce qu'il y est pour quelque chose.
- C'est justement ça le problème. S'il l'aime, pourquoi il fait ça ?
- Parce qu'il souffre encore. Il y cette histoire avec sa mère biologique, Il n'est pas complètement guéri. »
[...]
OMNISCIENT
Azhar a pris sa décision. Maintenant qu'elle a un titre de séjour et un salaire avec des fiches de paies, elle peut commencer à chercher un endroit où vivre. Sa situation chez son oncle et sa tante était censée être temporaire. Elle doit maintenant voler de ses propres ailes. Elle commence par remplir une demande de logement social en sachant que cela n'aboutira pas. Elle est isolée, n'a pas une raison urgente pour partir. Il y a des gens dans des situations beaucoup plus précaire et elle le sait, mais qui ne tente rien n'a rien. Après tout, elle n'a rien a perde.
Demain elle en parlera à Ryan, en espérant qu'il puisse l'aider. Elle termine son thé le dossier toujours posé sur la table. Tout cela va lui manquer. Dans un mois, cela fera un an qu'elle est arrivée en France. Elle a parcouru du chemin depuis, elle a trouvé un travail et un équilibre.
En pensant a tout ce qu'elle a accompli depuis son arrivée, Azhar se sent plus forte. Elle est capable de s'en sortir seule et elle a même honte de son comportement avec Ibrahim. Puis avec Mounir, elle s'est perdue en route. Elle a mis de côté son honneur et son amour propre pour un homme, une prise de conscience soudaine qui lui brise le cœur.
Elle doit se reprendre, elle a des rêves. Elle aimerait reprendre des études. Faire une remise à niveau ou suivre des cours pouvant l'aider à s'améliorer à l'écrit ou elle a encore des lacunes. Elle veut faire quelque chose de sa vie.
Elle apprécie son travail auprès de Sania et s'est attachée à cet enfant. Comme une petite sœur ou plutôt une tante. Mais, elle a d'autres aspirations. Elle sèche ses larmes, il faut se ressaisir et surtout ne pas craquer. Le téléphone en main, elle se décide enfin à répondre à Youssra s'excusant pour son attitude puérile, avant de retourner dans son lit.
Ibrahim rentre de sa réunion avec Rabah. Un cambriolage, un dernier d'une longue série. Après ça, il ne pourra plus retourner à une vie normale car une fois qu'on tombe dans le vice, on peut s'en sortir une seule fois, pas deux. À une époque, il était reconnu et réputé pour cela, les braquages et les cambriolages. Il en a organisé et y a participé lui-même. Mais cette fois-ci, ce que Rabah veut voler ce n'est pas seulement quelques billets ou deux trois diamants. Il veut des plans. Des plans qui sont secrètement gardés au domicile d'un procureur.
En échange de cela, il pourra mettre sa famille à l'abris. Il s'installe dans la cuisine, la bouilloire est encore chaude. Il se fait un thé, il n'aime pas trop cela. Azhar ne boit que ça, du thé au citron avec du miel.
Des papiers sont éparpillés sur la table de la cuisine. Sûrement ceux de Sofia qui travaille souvent très tard. Par simple curiosité, il y jette un coup d'œil. Une demande de logement au nom d'Azhar. Il survole les lignes, elle a du remplir le dossier seule. Il reconnaît son écriture légèrement décalée. Elle a donc prévu de partir.
AZHAR
« Je peux essayer de vous trouver quelque chose. Vous avez des critères précis ?
- J'aimerais que ce ne soit pas trop loin. C'est tout.
- Bien, laissez-moi quelques jours je vous tiens informée.
- Merci, à demain.
- À demain Azhar. »
Il ne semble pas surpris par ma demande. Après tout à mon âge, beaucoup de femmes vivent seules. J'espère juste que ce qu'il trouvera va entrer dans mon budget. J'ai des économies n'étant pas très dépensière mais, je ne peux pas non plus me permettre quelque chose de trop chère.
Après avoir quitté Sania, je fais le chemin inverse en direction de chez Youssra et Mounir. Elle tient absolument à s'expliquer même si je lui ai dit que ce n'était pas nécessaire. Yûnes commence à me reconnaître car il ne quitte plus mes bras. Fait rare, c'est un bébé très attaché à ses parents.
« Tu n'as pas à t'en faire, j'ai été stupide de t'en vouloir.
- Tu étais énervée, c'est compréhensible.
- Mounir a raison, je le sais mais...
- Ne te justifie pas.
- Je vais démanger. Prendre un studio ou un appartement.
- Quoi ?!
- Mon patron va m'aider. Il connaît du monde.
- Mais, tu n'as pas à partir.
- Je ne le fais pas seulement à cause d'Ibrahim. J'ai eu une prise de conscience. »
Deux jours plus tard, Ryan m'a parlé d'un appartement situé à Courbevoie. Il y a une plus d'une heure de transport pour aller chez mon oncle et ma tante et environ vingt minutes de Neuilly. J'hésite à le visiter à cause de la distance. Je ne voulais pas être trop éloignée d'eux. Ryan insiste pour que je visite l'appartement qui appartient à un ami à lui. Il s'agit d'un immeuble assez récent l'appartement est situé au deuxième étage avec deux chambres. Le loyer est de 550 € par mois. Les photos donnent réellement envie de visiter.
En rentrant, j'espère trouver ma tante seule à la maison. Il sera plus facile de lui annoncer si elle est seule et il faut croire que j'ai de la chance.
« Qu'est-ce que tu as ?
- Il faut que je te parle de quelque chose.
- Qu'est-ce qui se passe ? Tu me fais peur.
- Je ne vous remercierais jamais assez pour ce que vous avez fait pour moi.
- Oh là, tu me fais très peur.
- Je vais prendre un appartement.
- Tu n'es pas heureuse avec nous ?!
- Si, bien sûr que je le suis. Je ne pars pas très loin.
- Tu me caches quelque chose.
- Non, je t'assure que tout va bien. Je sais que je te déçois...
- Tu ne me déçois pas Azhar. Je suis juste surprise par ta décision. Mais c'est ta vie et je ne peux pas t'interdire de le faire, personne ne le peut. Mais je suis triste que tu partes.
- Ce n'est pas encore fait. J'ai pas encore visité et pour te rassurer je peux demander qu'on le visite toutes les deux.
- D'accord, mais tu dois le dire à ton oncle. Lui il sera très déçu. »
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