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Sur le chemin du retour, Sofia ne cesse de remercier son frère. Elle a hâte de commencer les leçons de conduite. J'appréhende car avec ma mémoire de poisson rouge et mes lacunes, j'ai peur d'échouer. Mais le fait d'être avec Sofia me rassure. Assise à l'avant à côté d'Ibrahim, Kaïna s'est endormie sur son siège. Je décide de faire pareil pour la demi-heure restante. Azra vit à une heure de trajet en voiture, c'est pourquoi on ne s'y rend pas souvent.

Lorsqu'on arrive enfin à la maison, je suis tellement fatiguée que je n'arrive même pas à marcher droit. Sofia m'aide à monter les marches jusqu'à l'appartement en se moquant de moi. Une fois rentrée, je m'écroule sur mon lit totalement habillée.

« Je n'ai jamais été aussi fatiguée, dit Kaina. Je suis au bout de ma vie.

- [...]

- Azhar ?

- Humm ?

- Housni est avec une autre fille. »

J'allume la lampe de chevet et me redresse sur mon lit. Ça explique pourquoi elle a été silencieuse durant toute la soirée. Elle est préoccupée par sa relation avec cet homme.

« Comment tu le sais ?

- Je l'ai vue avec elle .

- Tu es sûre qu'il a une liaison ?

- Une liaison ? Tu parles comme si nous étions mariés, dit-elle nerveusement. Je pense qu'il pense qu'il ne me doit rien.

- Mais c'est ce que tu voulais non ? Te marier avec lui.

- Plus maintenant. Je l'ai confronté et il a nié. Mais je suis persuadée qu'il ment.

- Je pense que tu devrais lui faire confiance. Je suis sûre qu'il a une explication. Qu'est-ce qui te prouve qu'il te trompe ?

- Il était avec cette fille alors qu'il m'a dit qu'on ne pouvait pas se voir parce que son frère est en prison et qu'il s'occupe de sa belle sœur et de ses neveux. J'ai toujours fermé les yeux sur ses absences, il a une famille compliquée et ça lui prend beaucoup de temps.

- Peut-être qu'il était avec une fille alors qu'il t'a menti, mais c'était peut-être une cousine une collègue de travail ou une amie. Il n'avait surement pas envie de te voir ce jour-là. Il y a surement une raison à tout ça. Quand tu l'as vue avec elle, comment il était ?

- C'est une amie à moi qui les a surpris.

- Donc tu n'as pas directement assistée à la scène. Tu n'y étais même pas et tu penses qu'il te trompe. Parle-lui, dit ce que tu penses et écoute-le.

- Tu devrais faire des thérapies de couples, me dit-elle en riant alors que des larmes perles au coins de ses yeux.

- Non merci, on ferait mieux de dormir maintenant !

- Désolée de t'embêter avec mes problèmes, merci beaucoup Azhar. Tu comptes beaucoup pour moi, je t'aime comme une sœur. »

Moi dans les thérapies conjugales ? Ma propre vie amoureuse est incompréhensible. Le lendemain, à cause d'une panne de réveil, j'ai été très en retard au travail. Puisqu'il s'agit de la première fois Ryan n'a rien dit. J'ai demandé au chauffeur d'emmener Sania à la maison avec son autorisation et comme Yûnes était là, cela lui a fait un peu de compagnie.

« Il bave ! me dit Sania.

- Il fait ses dents, essuie sa bouche avec la serviette.

- J'aimerais avoir un bébé à la maison. Mais, papa m'a dit que Chirine ne reviendrait plus à la maison. La maîtresse a dit qu'il faut une maman pour faire un bébé sinon, ça ne fonctionne pas. Oh ! J'ai une idée.

- Tu me fais peur.

- Toi tu es une dame donc tu peux être une maman, tu peux avoir un bébé avec mon papa ! »

Je recrache ma semoule avant de m'étouffer en buvant de travers. Comment peut-elle avoir une idée pareill? Moi et Ryan ? Il m'a dit à plusieurs reprises que je ressemble à la mère de Sania les choses s'arrêtent là. Il est encore très éprouvé et amoureux de cette femme. Il suffit de voir comment il regarde sa fille pour deviner qu'à travers Sania, c'est elle qu'il imagine. Mais c'est une enfant, elle raisonne avec l'innocence d'un enfant. Pour elle, c'est très simple. Un homme, une femme et un bébé. Si seulement elle savait !

« Sania, ce n'est pas possible.

- Pourquoi ?

- Parce que pour ça il faut qu'ils s'aiment.

- Il est beau mon papa et toi aussi. Vous pouvez tomber amoureux.

- Ce n'est pas qu'une question d'apparence physique, dis-je en reprenant Yûnes qui s'agite dans son siège. On ne tombe pas amoureux comme ça.

- Chirine disait toujours que mon père et elle formait un beau couple parce qu'il est beau et elle aussi.

- C'est parce que Chirine n'était peut-être pas amoureuse.

- C'est trop compliqué tout ça, dit-elle las. La maîtresse n'a pas dit qu'il fallait de l'amour.

- Maintenant que tu le sais. Tu pourras lui dire, à ta maîtresse.

- Dire quoi, dit Ibrahim en entrant dans la cuisine. Bonjour Sania.

- Bonjour monsieur. Azhar m'expliquait que pour faire un bébé il faut de l'amour. Je lui ai dit de tomber amoureuse de mon papa parce que je veux un petit frère comme Yûnes. Mais, elle dit que ce n'est pas possible.

- Sania, tu peux aller avec Yûnes dans le salon ? Je vais vous apporter le dessert. »

Elle pousse Yûnes qui est dans son siège jusqu'au salon. Ibrahim la regarde avec amusement pendant que je fais la vaisselle.

« Elle a une imagination débordante, dis-je.

- Elle est intelligente. Azhar il faut que je te parle de quelque chose.

- Oui, je t'écoute.

- Tu as parlé à Youssra ? Je veux, dire de nous.

- Je ne savais pas qu'il y avait un « nous ».

- Azhar, dit-il en soupirant.

- On parle de beaucoup de choses. Peut-être qu'on a du en parler.

- Tu ne peux pas parler de ce genre de choses Azhar. Pas ici.

- [...]

- Mounir pense que toi et moi...Azhar il faut que tu comprennes...

- Qu'il ne se passera jamais rien entre nous. J'ai compris la leçon Ibrahim. Les enfants m'attendent.

- Tout ça, ce n'est pas facile pour toi. Je le sais. C'est pour ça que je vais partir. Il faut que je m'éloigne tu comprends ? Quand je serais parti, tout sera plus simple.

- Tu le penses vraiment ?

- On n'a pas le choix.

- Pourquoi tu as peur Ibrahim ? Pourquoi tu as peur de l'amour ? Pourquoi tu as peur d'aimé et d'être aimé ?

- [...]

- Pars si tu le souhaites, mais sache une chose ça ne servira à rien. Je vais parler à Mounir pour qu'il comprenne que c'est un malentendu. Mais sache, que c'est la dernière fois que je t'adresse la parole. »

[...]

Sania est retournée chez elle. J'ai décidé d'attendre Mounir afin de lui parler. Je n'accorde pas plus d'importance aux déclarations d'Ibrahim. Il faut que je l'oublie car maintenant qu'il va partir, il va sûrement inviter Yasmine chez lui. Peut-être même qu'il va l'épouser. J'ai la nausée rien qu'en y pensant.

J'habille Yûnes dans la salle de bain lorsque son père entre et ferme la porte derrière lui.

« Je n'ai pas trouvé ses chaussures, me dit-il.

- Ibrahim m'a parlé de ce que vous vous êtes dit hier. Tu te trompes sur moi et sur lui. Il n'y a pas d'inquiétudes à avoir. Je suis peut-être jeune mais, je sais faire attention à moi.

- Azhar, quand il s'agit d'amour personne ne peut se protéger. J'ai confiance en vous individuellement mais ici, ce n'est pas possible. Ibrahim est mon frère je le connais mais il a des problèmes qu'il doit régler. Tu dois être impressionnée parce que tu viens d'arriver et que tu n'as pas encore eu d'expériences amoureuses.

- Je ne suis pas une gamine ! Je sais très bien ce que je ressens et je sais aussi ce qu'il ressent.

- C'est pire que ce que je pensais, dit-il fortement agacé. Azhar, regarde-moi ! Tu ne peux pas continuer comme ça. Tu ne peux pas attendre qu'il décide de se ranger. Tu es jeune, il y a d'autres hommes sur terre !

- Mais ils ne sont pas lui. »

Mounir soupire excédé. Il a raison. Je le sais, cet amour, mes sentiments envers Ibrahim vont me détruire. Mais je ne peux pas faire comme s'ils n'existaient pas.

« Azhar, tu es consciente que tu vas te faire du mal inutilement ? Que tu es entrain de perdre ton temps.

- [...]

- Je te dis tout ça parce que tu es comme une sœur pour moi, je t'aime autant que les autres. Réfléchis à tout ça, penses-y et tu verras que j'ai raison. »

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