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Me protéger, contre quoi ? Mes sentiments pour Ibrahim ? J'en suis incapable parce qu'ils sont là. Lorsqu'il entre dans une pièce je ne vois que lui, lorsqu'il s'approche de moi et que j'arrive à sentir son odeur je me sens rassurée. Son indifférence me rend folle. Son absence fait battre mon cœur encore plus fort, comme si j'avais couru un marathon. Lorsqu'il me regarde, je m'envole immédiatement. J'aimerais passer mon temps assise à ses côtés, à l'entendre parler, à le toucher, à sentir son odeur. Complètement folle de lui, je le suis.
Youssra ne dit rien, elle me laisse en pleine réflexion. Mounir revient accompagné de Halim suivi par Ibrahim. La mine renfrogné, il embrasse Azra avant de prendre sa nièce dans ses bras. J'aimerais qu'ont parle, mais pas ici, pas devant les autres.
Alors je me tais et j'attends. Halim comme toujours me taquine. Nous nous chamaillons puis nous nous réconcilions, j'aime sa présence. Il me fait penser à Amine. Il n'y a rien d'ambiguë entre nous, une relation fraternelle. D'ailleurs, il m'a confié fréquenter une fille. Il n'est pas allé plus loin mais, il à l'air heureux et c'est le principal.
Alors que je sers le thé dans le salon, Youssra me tend mon téléphone qui sonne pour la deuxième fois depuis le début de la soirée. C'est le numéro de Ryan. Je suis surprise qu'il m'appel un samedi à une heure aussi tardive. Immédiatement je m'inquiète pour Sania.
« Allô ?
- Bonsoir Azhar, je suis désolé d'appeler aussi tard. Je voulais juste vous prévenir que Sania à eu un petit accident, rien de bien grave mais je vais passer la semaine avec elle. Ne venez pas lundi, bien-sûr vous serez payée.
- Je m'en fiche de l'argent Ryan. Dites-moi ce qu'elle a.
- Elle s'est blessé en jouant avec le fils d'un ami. Elle est tombée dans la piscine et c'est cogné la tête. Nous sommes encore à la clinique.
- J'arrive.
- Ce n'est pas nécessaire.
- Quelle clinique ? »
Je raccroche et rassemble rapidement mes affaires sous leurs yeux interrogateurs. J'explique brièvement la situation, Halim propose de m'accompagner ce que j'accepte car il n'y a plus de transport à une heure pareille.
« Laisse je vais l'emmener comme ça on rentre directement après. Tu n'auras pas à la déposer dit Ibrahim. »
J'enfile ma veste avant de sortir. Ma réaction est peut-être exagérée mais, c'est comme si ma fille avait un accident. Sania à besoin de moi et Ryan aussi. Il ne m'a pas appelé uniquement pour me dire de ne pas venir travailler.
Ibrahim marche derrière moi et sa lenteur m'énerve. J'aurais du refuser sa proposition surtout que je n'ai pas envie de lui parler. Heureusement lui non plus car le trajet jusqu'à la clinique se fait en silence. Lorsque nous arrivons, Ryan m'attend à l'accueil. Il salut Ibrahim puis, nous prenons l'ascenseur jusqu'au troisième étage. Ibrahim reste dans le couloir. Allongée sur son lit, Sania est endormie avec son doudou à ses côtés. Je m'installe près d'elle, lui prend les mains et l'embrasse sur son front bandé.
Elle a l'air si faible, je sens que Ryan est ému. Il m'a dit que ce n'était pas très grave mais il a menti. Ça aurait pu être fatale. Elle aurait pu mourir ou être paralysée.
« Vous êtes là depuis longtemps ?
- Elle est sortie du bloc à dix-huit heures.
- Vous auriez pu m'appeler à ce moment-là.
- Je sais, mais j'étais trop ailleurs. »
Je me sens méchante de lui parler comme ça. Maintenant je me sens plus rassurée. Sania est en sécurité et elle ne risque rien.
« Désolée, je suis un peu nerveuse.
- Vous devriez rentrer, votre ami attend.
- Ce n'est pas mon ami.
- Pourtant, il m'a regardé comme s'il allait me tuer.
- Il regarde tout le monde comme ça.
- Je ne pense pas. Vous pouvez rentrer Azhar. Je gère maintenant, je dois avouer que je me sens plus rassuré maintenant que vous êtes venue. »
Il s'avance, puis s'installe face à moi sur le fauteuil. Il est épuisé, éprouvé mais il tient bon. Il aime sa fille mais il n'est pas prêt. Il apprend sur le tas, il fait des erreurs, comme tout le monde. Il n'arrive pas à l'accepter. Habitué à tout contrôler, déléguer doit lui être difficile, surtout quand il s'agit de sa fille.
« Sa mère devrait être là, me dit-il. »
Première fois qu'il évoque cette femme. J'aimerais en savoir plus. Curiosité mal placé ou simple envie de l'écouter vider son sac, je n'en sais rien.
« Elle est partie il y a bien trop longtemps.
- [...]
- On était trop jeune, mais j'avais confiance en l'avenir. Elle venait d'une grande famille, avait l'habitude des enfants. J'ai beaucoup compté sur elle pour élever Sania.
- Beaucoup de père le font.
- Mais ils ne se retrouvent pas seul du jour au lendemain.
- Vous n'êtes pas seul Ryan.
- Je me repose beaucoup trop sur vous.
- Ça ne me dérange pas, j'aime beaucoup Sania et je vous apprécie également.
- Quand je dis qu'elle vous ressemble, c'est encore plus troublant ce soir.
- [...]
- Rentrez Azhar.
- Je vais lui dire au revoir. »
Il se lève et quitte la pièce, me laissant seule avec Sania qui gigote doucement dans son sommeil.
OMNISCIENT
Ibrahim s'impatiente sur sa chaise, sa réaction est ridicule. Azhar travaille toujours avec cet homme et jusque là, il ne s'est jamais rien passé, du moins il l'espère. Mais le regard qu'il a eu lorsqu'elle est arrivée, plein d'espoir comme s'il n'attendait plus qu'elle, beaucoup trop dur à supporter.
La porte s'ouvre enfin, Ibrahim se lève espérant voir Azhar, mais l'homme approche. Il pourrait plaire, dans le style BCBG des beaux quartiers. Il a une bonne situation, il n'est pas moche et visiblement Azhar lui plaît. Décidemment, il ne l'aime pas.
« Elle ne va pas tarder à revenir.
- Vous étiez obligé de l'appeler ?
- Oui.
- La prochaine fois, réfléchissez à deux fois avant de le faire.
- Azhar aime beaucoup ma fille, elle m'aurait reprochée de ne pas l'avoir fait.
- Elle n'est pas sa mère. »
Ryan l'observe d'un regard assassin. Très rapidement, la tension monte entre les deux hommes. Mais il doit comprendre qu'Azhar n'est pas une mère de substitution et qu'il doit apprendre à gérer seul.
« Imaginons qu'elle parte vous ferez comment ?
- Vous avez des enfants ?
- Non.
- Alors taisez-vous et attendez bien sagement.
- Je n'ai pas d'enfant, mais je ferais en sorte de les protéger, moi.
- Ibrahim arrête ! Partons. »
Elle s'excuse auprès de son patron puis ils quittent la clinique. Cette fois-ci, c'est Ibrahim qui marche trop vite et Azhar trop lentement. Il est déjà prêt à partir lorsqu'elle s'installe à ses côtés.
« Tu devrais avoir honte ! Lui dit-elle.
- C'est lui qui devrait avoir honte, il profite de toi.
- N'importe quoi ! Et quand bien même si c'était le cas, ça ne te regarde pas !
- Tu es trop naïve.
- Toi tu es mauvais.
- Tu ouvres enfin les yeux.
- Tu me fais pitié Ibrahim. Tu ne vois que le mal chez les autres. Tu penses que tout le monde veut te faire du mal, que tu vas te faire trahir, que personne ne veut ton bien. Ta vie doit être triste.
- Et toi tu espères désespérément que je te passe la bague au doigt. Ce n'est pas mieux. »
Azhar ne répond pas, elle est épuisée et ne rêve que d'une chose rejoindre son lit. Mais Ibrahim, veut continuer à jouer. Il provoque exprès attitude puérile, mais il déteste quand elle l'ignore.
« Pourquoi tu as dis à Mounir que tu te méfiais de Malick ?
- Parce que c'est le cas.
- Tu n'as aucune raison de te méfier de lui.
- J'arrêterai quand je l'aurai décidé. Tu ne connais pas cet homme !
- Et alors ? Le but c'est justement que l'on apprend à se connaître. Ça te pose un problème ?
- Non, je dis ça pour toi.
- Alors ne dit rien. Je ne t'ai rien demandé. Et roule doucement je veux rejoindre mon lit !»
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