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Je n'ai jamais été aussi stressée qu'à cet instant précis, mes mains sont moites. Mon cœur bat vite et j'ai très chaud sous mon voile. Aujourd'hui, je vais rencontrer cet homme. Finalement, les choses se sont déroulées très rapidement. Une semaine après ma conversation avec Ibrahim, j'ai annoncée à mon oncle le souhait de rencontrer l'homme dont tout le monde ignore l'identité à l'exception mon oncle et de Mounir.
La rencontre a été fixée entre nos deux familles. Il vient accompagné de ses parents. Mon oncle et ma tante seront également à mes côtés. Étant l'aîné, Mounir a voulu être présent pour s'assurer des bonnes intentions du prétendant. Heureusement pour moi, les autres avaient tous quelque chose de prévu ce soir. Lorsque j'en ai parlé à Sofia et Kaïna, elles ont été aussi surprises que moi mais, elles ont compris mon malaise et n'en n'ont pas
fait un sujet de conversation quotidien.
Je me regarde une dernière fois dans le miroir, avant d'appliquer du khôl sous mes paupières. La tenue que Kaïna m'a apportée est parfaite. Une abaya grise longue, avec quelques détails sans trop en faire. J'attache mon foulard avec une épingle lorsque la porte sonne. Il y a du mouvement, des voix s'élèvent depuis le couloir. Ils sont là, l'angoisse monte d'un coup. Je me rends dans la salle de bain afin de me laver les mains avant de rejoindre le salon.
Je salue chacun d'entre eux, avant de m'installer à côté de ma tante. Il s'appel Malik, il a trente ans. J'ai dix ans de moins que lui mais, je ne suis pas gênée par la différence d'âge. Nous échangeons un regard, très bref avant que son père prenne la parole. C'est un homme ayant le même âge que mon oncle. Sa femme, plus jeune que ma tante, est tout aussi aimable et avenante. Les conversations se font de tous les côtés. Mounir et Malick sont en pleine discussion lorsque, je me rends dans la cuisine avec ma tante afin d'apporter le repas.
Farah, la mère de Malick insiste pour nous aider. Je me sens beaucoup moins intimidée dans la cuisine maintenant que nous sommes entre femmes. Elle parle très peu de son fils mais, j'apprends qu'il est veuf ce qui m'attriste beaucoup.
Je sens le regard de ma tante se poser sur moi à l'entente de cette information, nous devons penser la même chose. Mais pour l'instant, rien n'est officiel. J'attends de voir où tout ça va nous mener. Durant le repas, Malick et moi sommes face à face et nous nous retrouvons à plusieurs reprises à discuter ensemble, les choses se font naturellement. Il me parle de son travail et de ses engagements. Il est très occupé, je me trouve inintéressante face à lui. Mais lorsque je lui parle, il me regarde avec un réel intérêt et ça me rassure beaucoup.
Alors que nous prenons le thé, des sujets plus sérieux sont évoqués. Malick est veuf, je n'ai le courage d'aborder le sujet. Je ne sais pas depuis combien de temps il est veuf et c'est un élément que je dois prendre en considération.
« Azhar est très jeune, ça ne te dérange pas ? Demande Mounir.
- Non, l'âge est élément qu'on doit prendre en compte mais je la trouve suffisamment mature. L'important c'est d'avoir une vision commune de la vie de couple. »
C'est à ce moment-là, qu'Ibrahim fait son entrée dans la pièce. Il salut nos invités avant de se diriger vers sa chambre. Lorsqu'il revient un quart d'heure plus tard, l'ambiance n'est plus la même. Je ne me sens plus aussi détendue qu'au début et Malick le ressent. Il est convenu que nous nous rencontrions à nouveau. Lorsqu'ils partent, je me sens plus sereine. C'est un bel homme, intelligent et souriant.
J'ai dit à ma tante d'aller se coucher car je n'ai aucune envie de parler de cette soirée. Je veux y réfléchir seule alors j'ai rangé seule. Dans le salon, Mounir et Ibrahim sont en pleine discussion. Je ne sais pas ce qu'ils se disent, ils parlent doucement et je suis sûre d'être le sujet de conversation. Mounir vient me dire au revoir, avant d'aller retrouver sa famille.
[...]
« Elle est déjà très grande.
- Elle grossit à une vitesse, je n'ai jamais fait autant de shopping de ma vie. Je passe mon temps à lui racheter des vêtements, me dit Azra.
- Elle ressemble à beaucoup à son père.
- Oui, mais je trouve qu'elle à un air d'Ibrahim surtout quand elle pleure. Elle a la même tête que lui, dit-elle en riant. Elle l'a beaucoup entendu. Il parlait souvent à mon ventre quand j'étais enceinte, c'est peut-être pour ça. »
Nous rions toutes les deux pendant que je berce la petite Alya. C'est vrai qu'en la regardant de près, lorsqu'elle fait sa petite moue, elle ressemble à son oncle Ibrahim. Même si je trouve qu'Ibrahim, n'a aucune ressemblance avec les autres. Je rejoins Youssra en cuisine pendant que Azra donne le sein à sa fille.
« Mounir est sorti ? Demandai-je.
- Tant mieux, il m'énerve.
- Oui bien sûr, alors que tu es folle de lui, dis-je en riant.
- Je l'aime mais il m'énerve ! On s'est marié très vite. Au début, ce n'était pas facile parce que son caractère n'est pas terrible, comme tous les hommes de cette famille. Mais on a appris à se connaître, on a appris l'un de l'autre. On a fait des compromis chacun de notre côté et on a eu beaucoup de mal à avoir Yûnes. Sept ans de mariage et toujours pas de bébé. C'est vrai que j'ai de la chance de l'avoir mais parfois j'ai besoin de respirer et lui aussi.
- Tu es heureuse aujourd'hui c'est le principal.
- Oui, tu as raison. Comment c'était l'autre soir ? Mounir m'a dit qu'il lui a fait bonne impression mais que Ibrahim était plus réticent.
- Ibrahim ?! C'est bizarre, il ne lui a même pas parlé.
- Je ne sais pas, apparemment il se méfie. »
Je ne comprends pas la réaction d'Ibrahim. Je trouve cela puéril. Il n'a pas prononcé un mot ce soir-là, comment peut-il dire qu'il se méfie de Malick ? Il m'a bien dit ne rien ressentir pour moi et qu'il ne se passera rien entre nous. Il m'a poussé à accepter cette rencontre et aujourd'hui.
« Azhar ? Tout va bien ?
- Oui...Enfin, non.
- Qu'est-ce qui se passe.
- Pourquoi Ibrahim fait ça ? »
C'est plus une interrogation personnelle qu'une question posée à Youssra. J'ai envie d'en parler à quelqu'un mais, j'ai peur de leur réaction. Je n'ai pas d'amie à qui me confier en dehors de la famille.
« Je ne sais pas Azhar. Peut-être qu'il veut juste s'assurer qu'il a des bonnes intentions envers toi.
- Ibrahim est un hypocrite.
- [...]
- Désolée, je suis un peu énervée.
- Je n'osais pas te le demander, mais il s'est passé quelque chose entre vous ?
- Non, rien du tout.
- Tant mieux. Ibrahim est quelqu'un de très compliqué ça va bien plus loin que ce que tu penses. Il a une tendance à l'autodestruction. Je ne devrais pas dire du mal de lui mais je tiens à être honnête avec toi.
- Il ne s'est rien passé Youssra, c'est juste que...J'y ai cru mais il m'a fait comprendre que ça ne sert à rien d'attendre.
- Il est comme ça, je ne l'ai jamais vu autrement. Même s'il tient à toi, il te fera du mal parce qu'il ne sait pas faire autrement. C'est douloureux mais je suis passée par là. Protège-toi Azhar. »
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