19

19


Les garçons étant absent, convaincre mon oncle et ma tante a été un jeu d'enfant. Ils font confiance à Kaïna et connaisse pratiquement toutes ses amies. Nous nous sommes préparées pour une soirée entre filles. Je ne me sentais pas trop à l'aise de passer la soirée avec des gens que je ne connaissais pas. Je me suis sentie plus sereine lorsqu'elle m'a dit qu'on ne serait que sept et je connaissais déjà cinq d'entre elles.

Après avoir mangé dans un restaurant, nous sommes parties à l'hôtel où l'amie de Kaïna avait réservé pour nous. Trois chambres qu'on allait se partager. Naturellement, Kaïna et moi étions dans la même chambre. Après une soirée détente nous sommes parties dans la piscine de l'hôtel. Les filles se sont baignées, j'ai préféré les regarder assise sur un transat.

À trois heures du matin, alors que nous regagnons nos chambres, je vois le visage de Kaïna se figer lorsqu'elle écoute sa messagerie.

« Qu'est-ce qui se passe ?

- Mon père a eu un accident, il est à l''hôpital.

- Un accident, quel accident ?!

- Azra dit qu'il avait mal à la poitrine et qu'il est tombé. On doit partir.

- Je vais voir à l'accueil pour qu'on nous appelle un taxi. »

Kaïna n'est pas en état de pouvoir faire quoi que ce soit. La réceptionniste m'informe qu'un taxi nous pourra nous récupérer dans une heure, ce qui est beaucoup trop long. Je range toutes nos affaires, les autres filles nous rejoignaient dans la chambre.

« Je vous accompagne, propose une amie de Kaina.

- Il est tard Imane, tu ne peux pas conduire maintenant.

- Bien-sûre que si ! Ne dit pas n'importe quoi, je vous dépose chez vous.

- Je préfère aller à l'hôpital.

- Kaïna il vaut mieux qu'on rentre à la maison, on ne pourra pas le voir. Même ta mère n'a pas pu rester, rentrons avec les autres. »

Elle ne dit rien. Les autres filles prennent la décision de partir aussi. Nous insistons pour qu'elles restent jusqu'au lendemain comme prévu avant de quitter l'hôtel.
À notre arrivée, nous allons directement voir ma tante qui malgré tout nous rassure. D'après les médecins, ce n'était pas un AVC. Mais il va devoir prendre un traitement pour prévenir ce genre de malaise à présent.

Je suis rassurée, très honteuse de ne pas avoir été là. Je décide de les laisser afin qu'elles puissent avoir un peu d'intimité. Dans le salon, Ibrahim est s'est endormi assis. Sofia la tête posée sur ses jambes, dort également. Doucement, je m'approche de lui et lui touche l'épaule. Il ouvre les yeux, dépose la tête de Sofia sur un oreiller avant de la couvrir d'un plaid.

« Vous devriez aller dans la chambre, lui dis-je.

- Où est Kaïna ?

- Avec ta mère, dans la chambre. Je suis désolée Ibrahim.

- Pourquoi, tu ne peux rien faire.

- On aurait pu être là.

- Non, vous n'étiez pas là et tant mieux. Quand il est tombé et que ma mère est arrivée, elle n'a pas pu bouger pendant cinq minutes. J'ai cru qu'elle faisait une attaque elle aussi.

- Tu as eu peur.

- Bien sûr, j'ai cru que mon père était mort Azhar.

- [...]

- J'imagine que ça doit être difficile pour toi, parce que tu ne sais pas ce qu'est devenu le tien. »

Un simple constat. Il n'a pas dit cela pour me blesser. Repenser à mon père, à cet instant précis est beaucoup trop dur.
Ibrahim a raison. Lui aurait eu une certitude, un corps à enterrer. Moi je n'ai rien. Je ne sais pas si mon père est mort au fin fond de l'océan, s'il à été victime d'une quelconque maladie ou même pire.

« Je suis désolé, je n'aurais pas du dire ça. Dit-il embarrassé.

- Je suis fatiguée, je vais aller me coucher . Bonne nuit. »

[...]

Le lendemain, il n'y avait pas de place pour les rires. Tout le monde était sous-tension. Ma tante à passé la journée à l'hôpital avec son mari. Il se rétablit bien, avec son traitement, tout devrait aller mieux maintenant. J'ai tenté de masquer ma tristesse au travail, mais je ne dois pas être bonne comédienne. Ryan m'a demandé à plusieurs reprises si je ne voulais partir plus tôt, ce que j'ai accepté pour pouvoir aller à l'hôpital avant de rentrer.

Le soir venu, nous étions tous rassurés sur l'état de santé de mon oncle. Nous avons repris un semblant de vie normale. Ibrahim devait partir une semaine en vacances avec ses amis. Il comptait annuler pour rester auprès de son père mais, Mounir le lui a interdit. On devait reprendre le cour de notre vie.

Les choses allaient être différentes, nous allions être plus vigilent maintenant. Ils vieillissent tous les deux et nous devons en prendre conscience.

[...]

Revenu de son voyage, Ibrahim a gâté tout le monde en cadeau et souvenir. La République Dominicaine lui a très bien réussi. Il a bronzé et semblait réellement reposé. Durant son voyage, nous avons eu une brève conversation téléphonique. Alors qu'il discutait de son voyage, je me préparai afin d'aller dire au revoir à Sania qui partait demain avec son père.

Ryan a proposé de m'emmener avec eux, mais j'ai refusé. Tout d'abord, parce que partir en vacances avec un homme est inconcevable. Mais surtout, car je pense qu'il a peur de se retrouver seule avec sa fille. Il doit créer un lien avec elle maintenant. Sinon, il sera trop tard.

« Tu as oublié ta valise Azhar, dit Kaïna en riant. »

Depuis que j'ai parlé de la proposition de Ryan, Sofia et elle n'arrête pas de se moquer. Selon elles, il est fou.

« Très drôle, je reviens très vite.

- Une valise pour aller où ? Demande Ibrahim.

- Son patron l'a invité avec eux, pour les vacances !

- C'était par pure politesse.

- Azhar, on n'invite pas quelqu'un à faire un tour des capitales européennes pendant deux mois par politesse !

- Tu as dit non j'espère ?! Demande Ibrahim.

- Bien sûr que j'ai dit non. Il est un peu perdu avec sa fille, c'est tout.

- Perdu ou pas ce n'est pas une proposition correcte ! Il est aveugle ou quoi ?!

- À ce soir ! »

Voulant à tout pris éviter une dispute, je m'empresse de partir. Ayant été absente durant trois jours, je tiens à dire au revoir à Sania ainsi que son père. Lorsque j'entre dans la maison, je dois enjamber les malles disposées devant la porte d'entrée.

« Azhar ! Tu es venue !

- Oui, je te l'ai promis !

- Tu vois papa ! Azhar elle tient ses promesses.

- Sania ! Ne commence pas sinon on reste ici.

- On ne peut pas, puisque j'ai passé toute la journée à trier mes doudous ! J'ai laissé le lapin tout seul, tu te rends compte ! Maintenant que j'ai choisi, on doit partir ! »

Je me retiens de rire face à sa remarque et à la mine désespérée de son père.

« Vous êtes sûre de ne pas vouloir venir ?

- Absolument, vous devez vous retrouver seul avec elle.

- Je sais ce que vous devez penser de moi.

- Je ne vous juge pas Ryan. Je sais que c'est compliqué mais vous devez profiter de ces vacances pour vous rapprocher.

- Vous avez raison, c'est déplacé de vous demander de venir. Merci beaucoup d'être venue Azhar et aussi pour tout le reste. Je n'aurais jamais pu aller travailler sereinement cette année si vous n'aviez pas été là. Ma mère s'est toujours occupée de tout mais dernièrement, elle m'a fait comprendre que je devais me reprendre en main.

- Et elle a raison, arrêtez de vous inquiéter. Votre problème, c'est que vous pensez pouvoir diriger votre relation avec elle comme vous dirigez votre entreprise. Ce n'est pas possible.

- D'accord, mais si elle boude ?

- Vous la laissez se calmer avant d'instaurer le dialogue.

- Vous êtes sûre que c'est différent d'une entreprise ?

- [...]

- Je plaisante Azhar. Ne me regardez pas comme ça. Ça ne m'aide pas. »


Aimer et Commenter 😍😘

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top