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Le mois d'avril est l'un de mes préférés. Le temps est doux, sans trop de chaleur.
Je continue mon travail auprès de Sania cinq jours par semaine. Mon oncle et ma tante viennent de rentrer leur voyage au Maroc qui leur à fait beaucoup de bien. Ma vie est calme et paisible. Kaïna est stressée car la période des examens approche, nous l'aidons tous à notre manière. Sofia se remet tout doucement de la mort de son bébé. Elle passe le bac à la fin de l'année alors, les révisions sont pour elle un moyen d'oublier cette épreuve douloureuse. Amine a signé dans un club qui lui offre une grande visibilité, nous sommes tous très fières de lui.

Mounir et Youssra mènent leur petite vie avec Yûnes. Azra n'est pas loin de son accouchement. Ibrahim lui, est toujours fidèle à lui-même. Je le croise très peu en ce moment, il passe beaucoup de temps dehors. Je l'ai surpris en conversation avec une fille, c'est sûrement ce qui explique ses absences répétées.

[...]

J'étais installée sur le lit, le coran entre les mains lorsqu'Ibrahim m'appelle depuis le salon. J'arrange mon foulard avant de le rejoindre dans le salon où Halim le frère de Youssra m'attend assis sur le canapé.

« Salam Aleykyûm Azhar.

- Waleykûm Salam.

- Désolé de passer à l'improviste mais ma mère veux t'inviter à la maison. Je dois te dire qu'elle se sent gênée de ne pas l'avoir fait plus tôt.

- Elle n'a pas à se sentir gênée, il n'y a pas de problème.

- Tu veux que je passe te prendre plus tard ?

- Non, je vais aller m'habiller rapidement et je te rejoins. »

Je prends une douche et revêt une longue robe taupe avec un foulard blanc. À mon retour dans la salon, Halim et Ibrahim parle de foot.
Ils se saluent puis nous quittons l'appartement. J'apprécie la compagnie d'Halim, c'est un garçon intelligent cultivé et très bien élevé. Il sait mettre les gens à l'aise.

La mère de Youssra et Halim est une femme d'une cinquantaine d'années me faisant beaucoup penser à ma mère. J'ai passé une soirée animée par les rires et les anecdotes.

« J'espère que ma mère ne t'a pas trop embêtée, me dit Halim alors que j'attache ma ceinture de sécurité.

- Non, elle est adorable.

- Tant mieux, j'espère que tu reviendras.

- Avec plaisir, ça me fait du bien de changer d'air.

- Tu te sens mal ?

- Non, je suis très reconnaissante d'être là. Ils m'ont tous très bien accueillis. Ça peut paraître égoïste mais parfois, j'aimerais avoir un endroit à moi.

- Ce n'est pas égoïste, c'est humain. 

- J'ai l'impression de ne pas avancer, je n'ai pas encore de titre de séjour.

- Tu avances plus que tu ne le crois. Tu fais beaucoup pour tout le monde et tu ne t'en rends pas compte mais parfois il faut aussi penser à soi. Tu verras, je suis sûr que bientôt les choses changeront pour toi.

- InshAllah. »

Ma conversation avec Halim m'a fait du bien, j'ai pris conscience qu'il fallait aussi que je fasse quelque chose de ma vie. J'aime beaucoup être auprès de Sania mais je ne pense pas vouloir faire cela toute ma vie.

J'y pense de plus en plus. Je ne veux pas me brusquer et me mettre la pression, ça ne fait même pas un an que je suis là. Je dois d'abord me concentrer sur ma situation administrative, pour le reste, on verra en temps voulu.

[...]


« Je suis sûr que tout ira bien. Dis-je pour rassurer Youssra.

- Tu sais que je te fais confiance. Mais, je ne l'ai jamais laissé seul avec quelqu'un.

- C'est normal, c'est ton premier et tu es une jeune maman.

- J'ai hâte qu'on se retrouve à deux, me dit-elle avec un sourire. »

Youssra et Mounir vont pouvoir sortir sans leur bébé puisque Yûnes reste avec moi ce soir. Lorsqu'ils partent enfin, je me prépare à manger et profite que Yûnes dorme encore pour m'installer devant la télé. Lorsqu'il se réveil une heure plus tard, je le change et lui donne un biberon. On sonne à la porte. Je repose Yûnes dans son couffin afin d'aller ouvrir.

« Ibrahim ?

- Je suis venu récupérer Yûnes.

- Pourquoi faire ?

- Le ramener à la maison, ils ne sont pas là ?

- Non, ça fait presque deux heures.

- Bon puisque tu es là, plus besoin de le ramener.

- Tu es entrain de me dire que tu aurais du être là depuis vingt heures mais que tu viens juste d'arriver.

- Bah ouais !

- Youssra comptait te laisser son fils à toi.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Rien, il y à manger dans la cuisine si tu veux. »

Il se dirige vers la cuisine pendant que je retourne auprès de Yûnes. Il nous rejoint, Yûnes est réveillé dans mes bras je le berce doucement en espérant qu'il se rendorme.

« Ce n'est pas comme ça qu'on fait.

- Merci pour ta remarque, mais je sais comment endormir un bébé.

- Il faut le poser sur le dos et lui masser le ventre.

- Il n'a pas encore fait son rot donc je ne peux pas le poser.

- Il ne rote jamais.

- Qu'est-ce que t'en sais ?

- C'est mon neveu, donne-le-moi tu verras. »

Je lui donne le bébé en espérant le voir échouer mais une demi-heure plus tard Yûnes s'endort sous les caresses de son oncle. Ibrahim me regarde avec fierté et son sourire de « je sais tout mieux que toi » m'irrite comme pas possible.

« Tu vois, je te l'avais dit.

- C'est un coup de chance.

- Tu es mauvaise perdante, mais ce n'est pas grave.

- Je ne suis pas mauvaise perdante.

- Si tu le dis. Tu as des nouvelles pour tes papiers ?

- Non. »

Une discussion normale, avec Ibrahim je me rends compte que cela m'a manqué. Pendant un instant je me surprends à rêver. Ibrahim installer juste à mes côtés formant des petits cercles sur le ventre de Yûnes qui dort profondément, une famille. Oui, c'est à cela que ça ressemble, une famille.

« J'ai parlé avec Halim, me dit-il.

- [...]

- Tu veux partir ?

- Il t'a dit ça ?

- Non, il m'a simplement dit que tu aimerais avoir un espace à toi. Je sais que j'y suis pour quelque chose. Ce que je t'ai dit la dernière fois, je ne le pensais pas Azhar.

- Je sais.

- Avant que tu n'arrive ma vie me convenait parfaitement. Depuis que tu es là, je me pose des questions, je réfléchis autrement. Tu me changes et je n'aime pas ça. Mais on doit être réaliste, ce n'est pas possible.

- Pourquoi ?

- J'ai des problèmes, des choses dont je ne peux pas te parler.

- Si tu le veux vraiment tu peux m'en parler.

- C'est plus compliqué que ça Azhar. Imagine qu'il se passe quelque chose entre nous, ce sera mal interprété parce que nous vivons sous le même toit.

- Tu n'es pas le genre de personne à te soucier de l'avis des autres. Arrête d'être hypocrite Ibrahim, donne-moi une vraie raison.

- Je vais gâcher ta vie. Tout simplement parce que je suis comme ça. »

Il se lève et allonge Yûnes dans son couffin avant de s'installer à mes côtés.

« Mes parents sont heureux de t'avoir à la maison, comme tout le monde. Ne pense plus à moi Azhar.

- Alors ignore-moi. C'est toi qui reviens à la charge sans cesse. Tu veux que j'oublie Ibrahim, mais tu fais tout pour provoquer le contraire. Tu veux que je m'éloigne de toi, mais une fois que j'y arrive tu t'immisce dans ma vie.

- Tu vois, je fait déjà du mal. Tu nous imagine marié avec des enfants ? Je ne suis pas fait pour cette vie, toi si. «

Puis il quitte la pièce et part sans m'accorder un regard.


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