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J'ai évité volontairement Ibrahim durant des jours. Lorsqu'il était là, je m'enfermais dans la chambre, refusant à tout prix de le croiser. J'avais tellement honte de mon comportement, j'ai été faible et cela à failli causer ma perte. Dieu seul sait ce qui aurait pu se produire si je l'avais laissé faire. Pourtant, agir ainsi ne me ressemble pas. Jamais je n'ai laissé un homme me toucher mais je dois me rendre à l'évidence. Je suis amoureuse d'Ibrahim.
J'ai tenté de nier, de mettre cela de côté afin de penser à autre chose. Mais, je ne parviens pas à oublier la sensation de ses doigts sur mon visage, sur mon corps. Ce qu'il fait de moi me fait peur, mais je ne peux plus retourner en arrière.
[...]
Il est 16 h 30 lorsque l'institutrice de Sania ouvre les portes de l'école.C'est la première fois que je viens la récupérer à l'école. En ce mois de mars, le soleil est au rendez-vous. J'ai donc prévu une sortie au parc avant de rentrer, avec l'autorisation de son père qui d'ailleurs ne m'a plus fait de remarque sur la relation avec sa fille. Je pense qu'il ressentait le besoin de parler l'autre fois.
Elle saute de joie lorsqu'elle me voit et me présente comme étant sa meilleure amie. La maîtresse ri attendrie par ses paroles, puis nous partons toutes les deux. Après avoir acheté du jus de fruits et des pâtisseries dans une boulangerie, nous sommes allées au parc où j'ai moi-même renouée avec l'enfance. Lorsque nous prenons le bus pour rentrer, je décide de lire les différents messages laissés sur mon téléphone et découvre deux appels manqués d'Ibrahim.
Deux appels manqués, c'est sûrement une erreur. Il a du se tromper. Mais pourquoi m'appeler deux fois s'il s'est trompé ? Et s'il était arrivé quelque chose de grave ? Finalement, je décide de ne pas le rappeler.
[...]
Lorsque Sania est enfin au lit, je salue Ryan avant de quitter la maison. Sur le chemin du retour, je croise les amis qu'Ibrahim avait ramené à la maison l'autre jour. J'échange quelques mots avec eux, avant de rentrer. L'appartement est vide, une première à une heure aussi tardive. Je commence à m'inquiéter et décide finalement d'appeler Ibrahim. Pas de réponse. Je marche jusqu'au couloir et me rend jusqu'à la chambre où je surprends Ibrahim fouillant dans mes affaires.
« Qu'est-ce que tu fais ?! »
Pas du tout gêné d'avoir été surpris il continue à fouiller sans même m'accorder un regard. Agacée, je lui arrache mon sac des mains.
« Tu es malade ? Pourquoi tu fouilles dans mes affaires ?
- Je vais te poser une question, une seule. Tu as plutôt intérêt à me dire la vérité.
- [...]
- Qui est Amir ? »
Je n'avais jamais vu Ibrahim aussi énervé. Il continue à fouiller cherchant je ne sais quoi. Est-ce que Ibrahim est au courant pour la grossesse de Sofia ? L'angoisse monte d'un cran. Puis la porte d'entrée s'ouvre. Nous restons immobiles tout les deux, les pas se rapprochent et finalement Kaïna entre dans la chambre.
« Qu'est-ce que vous avez fait ? »
Ibrahim s'approche d'elle menaçant. Tellement menaçant qu'à un instant, j'ai presque cru qu'il allait la frapper. Kaïna ne montre pas sa peur et pourtant je sais qu'elle est effrayée.
« Tu reviens d'où ?!
- De la fac, lui répond Kaïna.
- Vu que vous êtes là toutes les deux, vous allez me raconter laquelle de vous étaient dans la voiture d'un mec hier soir. »
Sofia m'a dit ce matin qu'elle avait annoncé sa grossesse à Amir hier et que les choses se sont très mal passées. Leur rencontre s'est sûrement faite dans la voiture de celui-ci et Ibrahim les a surpris ? Mais pourquoi ne pas avoir réagi hier ? Ou alors, quelqu'un a du lui dire que l'une de ses sœurs étaient avec un homme.
« De quoi tu parles Ibrahim ?
- Fait très attention à ce que tu vas dire Kaïna et réfléchit bien avant de parler. Tu as compris ma question ! Je n'ai aucune patience et tu le sais donc dit moi la vérité maintenant !
- Tu es malade de nous parler comme ça, tu fouilles dans nos affaires ! On a le droit d'avoir une vie privée. Jamais j'irai fouiller dans tes affaires, c'est un manque de respect. Je vais en parler à baba !
- Tu veux te manger des coups ?!
- C'était moi, dis-je. »
Ils se tournent vers moi, Kaïna me fait les gros yeux. Tellement gros qu'ils pourraient exploser à tout moment. Ibrahim se contente de me fixer longuement le regard noir, la veine sur son front menace de céder sous la pression. Son regard me brûle et si je pouvais être fusiller par celui-ci je pense que je me serais effondrée sous les balles. J'y lis une réelle haine et de la déception. Mais la colère est plus visible, elle s'écoule dans tous les vaisseaux de son corps, de la tête au pied.
« C'est un homme avec qui j'ai parlé l'autre jour quand j'ai accompagné maman au marché. Sa mère connait la nôtre et il m'a déposé hier après le travail. On à discuté un peu sur le parking, rien de méchant.
- Rien de bien méchant ?! Tu veux que je te coupe la tête ?!
- Ibrahim ! Tu es vraiment malade ! Ça ne va pas de lui parler comme ça ?!
- Si tu avais demandé au lieu de te comporter comme un homme des cavernes, je t'aurai répondu sans problème ! Mais tu n'as aucune manière. Je suis libre de faire ce que je veux !
- Tu es libre ! Tu te crois où ?! Sache une chose Azhar si un jour l'une d'entre vous osent nous humilier et salir notre nom, je la traînerais dehors par les cheveux. Je la tuerai de mes propres mains. Personne n'ira traîner le nom de mon père dans la boue. La liberté, surtout la vôtre à des limites sachez-le. Je ne dirai rien à Mounir pour cette fois. »
Lorsqu'il sort je me retourne et découvre Sofia sur le pas de la porte totalement tétanisée. Ibrahim ne fait pas attention à son état et l'ignore. Une fois celui-ci ayant quitté l'appartement, Kaïna soupir puis se laisse tomber sur son lit.
« J'ai eu tellement peur, dit-elle.
- [...]
- J'ai cru que nous allions mourir ce soir. »
Je n'arrive pas à répondre à Kaïna trop préoccupée par l'état de Sofia. Blanche comme un linge, assise sur une chaise. Elle pose discrètement une main sur son ventre et m'adresse un regard empli de tristesse avant de se lever et de s'enfermer dans la salle de bain.
« Azhar, qu'est-ce qui se passe ? Me demande Kaina
- Rien, ne t'inquiète pas.
- Il y a quelque chose entre vous ! Entre Ibrahim et toi !
- Ne commence pas avec ça !
- La réaction qu'il a eu, j'ai vu son regard. »
Je l'ignore et rejoins Sofia dans la salle de bain qui était entrain de se rincer la bouche. Elle essuie ses larmes et je ferme la porte derrière moi.
« Tu n'avais pas à faire ça pour moi.
- Sofia il faut que tu parles !
- Je ne peux pas. Il faut que je parte Azhar, c'est la seule solution. Tu as entendu Ibrahim, tu ne sais pas de quoi il est capable. Il a des problèmes de comportement et de gestion de colère tu l'as vu toi-même. Je vais partir, je dois juste rassembler quelques affaires. »
J'essaye de trouver une solution, je réfléchis mais je ne trouve pas de plan permettant à Sofia de pouvoir annoncer sa grossesse sans répercussions. Peut-être bien que la fuite est la seule issue.
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