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Sofia et moi-même étions installées sur le lit de Kaïna. Elle me racontait son histoire avec Amir. Elle à été aveuglée par ses sentiments car en l'écoutant, il y avait des signes précis sur les intentions de cet homme. Son histoire était particulière j'avais l'impression qu'elle à vécu l'amour et la haine en même temps. Comment peut-on évoluer dans une relation pareille ? Je n'en sais rien, mais elle semblait justifier son comportement que moi je jugeais inacceptable.

« Tu mérites mieux que lui. Il regretta ce qu'il t'a fait. Je sais que c'est facile à dire mais maintenant tu dois passer à autre chose. Ne lui fait pas le plaisir de te rendre malade pour lui.

- Si mes frères l'apprennent...

- Ils ne l'apprendront pas.

- Merci beaucoup Azhar. J'ai été très méchante avec toi, j'ai très honte aujourd'hui.

- Ce n'est rien.

- Je me rends compte qu'Ibrahim à raison depuis toujours. Je n'ai jamais été là pour ma famille, j'ai privilégié les sorties, les amies et aujourd'hui je me retrouve seule.

- Tu n'es pas seule et il n'est jamais trop tard. Tu as fait un test de grossesse ? »

Elle se fige et pendant quelques secondes son corps devient totalement inerte. J'ai eu l'impression durant quelques secondes que son esprit avait littéralement quitté son corps. Elle me regarde, choquée puis cligne des yeux à plusieurs reprises. Comme si elle n'avait pas envisagée cette option. Pourtant, c'est ainsi que l'on fait les bébés.

« On ne s'est pas protégé.

- Fais un test de grossesse demain.

- Ils vont me tuer ! Je vais mourir !

- Repose-toi, on en saura plus demain. »


[...]

Sania dort encore, je prépare le petit-déjeuner. Elle descend après sa douche. Nous nous installons pour travailler un peu sur les chiffres et l'alphabet avant de préparer le déjeuner ensemble. Chirine la fiancée de son père, a apparemment passée la nuit ici puisqu'elle se réveille à midi.

« Le déjeuner est prêt.

- Oh, tant mieux j'ai très faim. Je n'ai jamais dormi aussi longtemps. Retrouver Ryan m'a fait du bien, mais je suis épuisée. »

Elle me dit tout cela avec un grand sourire aux lèvres et je me rends compte qu'elle évoque la nuit passée avec un homme. Un homme qui est mon patron et dont la vie sexuelle ne m'intéresse absolument pas. Elle reste à mes côtés, me parlant de sa vie absolument parfaite, du moins en apparence. Malgré qu'elle ait un fiancé et des parents riches, Chirine trouve toujours le moyen de se plaindre. Elle n'est pas méchante, seulement un peu immature et matérialiste.

En fin d'après-midi, Chirine finit par partir non sans oublier de mentionner qu'elle compte passer une autre « nuit de folie » ce soir. Je ri avant de la saluer. Son insouciance et sa nature très libérée me surprend car je ne suis pas comme ça. Mais, ce n'est pas gênant. Tant mieux si sa vie lui plait ainsi. Sania voulait aller faire du shopping, je l'ai donc préparée afin qu'elle puisse sortir avec son père qui nous attendait dehors.

« Azhar peut venir avec nous ?

- Oui, je vais avancer la voiture. »

Elle saute de joie avant de m'entraîner enfiler mes chaussures et mon manteau. J'ai à peine le temps de fermer la porte qu'elle me tire avec elle jusqu'à la voiture. Le chauffeur avait déjà commencé à faire tourner le moteur.

Nous sommes à présent dans un quartier très chic de Paris. Sania semble totalement dans son élément se rendant dans sa boutique préférée où nous avons le droit à des rafraichissements. Je regarde les vêtements exposés n'osant même pas jeter un œil aux prix. Lorsqu'en regardant dans la baie vitrée j'aperçois une silhouette familière. Pensant m'être trompée, je continue mon inspection. Puis, la porte de la boutique s'ouvre et je me retrouve nez à nez avec Ibrahim.

« Tu es seule ?

- Non, j'accompagne Sania. Elle voulait s'acheter des vêtements.

- Ici ?

- Apparemment, et toi qu'est-ce que tu fais ici.

- Je travaille pas loin, je signais un contrat avec une cliente. »

En l'observant, je me rends compte qu'Ibrahim n'a pas l'air étranger à ce milieu. Son costume, son allure, la manière dont il se tient face à moi. Il est différent de celui que l'on peu croiser à Bondy juste en bas de l'immeuble. Il fait attention à l'image qu'il renvoi aux autres en dehors du quartier. On dirait presque un deuxième Ryan mais, avec un air beaucoup plus grave sur le visage.

« Tu travailles jusqu'à quelle heure ?

- Il n'est que 17 h 00. Je pense finir vers 20 h 00.

- Tu veux que je passe te prendre ?

- Non merci, j'ai des courses à faire avant de rentrer. »

Ibrahim s'en va, lorsque je me retourne Sania et son père sont à la caisse. Je sens le regard intrigué de mon patron sur moi, mais il ne pose pas de questions. Nous avons fais trois autres boutiques avant de rentrer après avoir dîné.


[...]


« - Azhar a un rendez-vous important. Elle ne pourra pas venir te chercher. Chirine viendra.

- Je n'aime pas Chirine.

- Sania, ne commence pas. Elle fait beaucoup d'efforts pour toi.

- Non, elle le fait pour toi. Elle est méchante et bête.

- Sania ! Ne parle pas comme ça !

- Tout est de ta faute. Ma maman est partie parce qu'elle ne t'aimait. Toi, pas moi ! »

La petite fille par en courant jusqu'à sa chambre. Je tente de la rattraper, mais je me ravise. Elle a besoin d'être seule et de réfléchir à ce qu'elle a dit.

« Je suis désolée, je vais reporter mon rendez-vous si vous voulez.

- Non, allez faire ce que vous avez à faire. Je suis habitué à ce genre de remarque.

- [...]

- Azhar, je dois vous avouer que j'apprécie vraiment ce que vous faites pour ma fille et pour la maison.

- Oh et bien merci.

- Sania est très attachée à vous. Elle parle toujours de vous quand vous n'êtes pas là. Et cela me met dans une position difficile. Je travaille beaucoup, j'ai du mal à trouver du temps pour ma fille et votre présence rend les choses difficiles.

- Monsieur, je...

- Je ne vais pas vous virer Azhar. J'avais juste envie de vous le dire. Ce n'est pas de votre faute.

- Je comprends.

- Ma mère a bien fait de vous embaucher. Mais je suis encore plus troublé, car vous lui ressemblez.

- À qui ?

- Mélina, la mère de Sania. Elle n'a jamais vue sa mère. J'ai été surpris la première fois que vous êtes venue. J'ai même cru que c'était elle, dit-il en riant nerveusement. »

Il est silencieux pendant un instant et lorsqu'il me regarde, je me rends compte qu'il a vraiment espéré au fond de lui, qu'elle revienne. Je ne sais pas quel est son histoire avec la mère de sa fille mais, il a l'air très malheureux. Chirine semble heureuse de cette relation je découvre aujourd'hui que lui ne l'est pas et qu'il attend désespérément le retour de cette femme.

« Je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Passez une bonne soirée. »

Je par tout de même souhaiter une bonne nuit à Sania.

« Je ne voulais pas faire de peine à papa.

- Je le sais, il le sait aussi. Mais tu dois aussi t'excuser.

- Je lui dirais pardon demain. Tu sais pourquoi moi je n'ai pas de maman ?

- Non, je ne sais pas.

- Elle ne m'aimait pas.

- Je pense que ta mère n'était peut-être pas prête à devenir maman et qu'elle t'aimait. Elle pensait peut-être te protéger en te laissant avec ton papa. Le fait qu'elle ne soit pas là, ne veut pas dire qu'elle ne t'aime pas.

- Tu veux bien être ma nouvelle maman ?

- Je t'aime beaucoup, mais je ne peux pas être ta maman. Je peux t'aimer comme une amie ou une sœur. Je suis certaine que ta maman t'aime. Et tu peux laisser une chance à Chirine.

- On verra, dit-elle en riant. »


[...]


Je sors de la salle de bain les cheveux encore humides sous ma serviette. Je m'habillais lorsque Sofia entre dans la chambre et ferme la porte de celle-ci derrière elle. Elle marche jusqu'au lit et s'effondre sur celui-ci.

« Sofia !

- Je suis enceinte Azhar. »

J'ai gardé le silence durant de longues secondes. Je ne savais pas quoi lui dire, je ne pouvais pas lui dire que tout irait bien car c'était faux. Sofia était enceinte, c'était irréaliste ça ne pouvait pas être vrai. Je suis aussi effrayée qu'elle, si les autres l'apprennent cela va créer un véritable chaos.

« Je ne vais pas avorter, je ne veux pas tuer mon bébé.

- D'accord.

- Il faut que je parte avant qu'ils le sachent.

- Non, tu ne peux pas partir.

- Ils vont me tuer, ou me jeter à la rue. Je ne veux pas voir la honte dans leur regard. Je ne pourrais pas le supporter.

- Ils ne vont ni te tuer ni te laisser à la rue. Ils seront déçus mais c'est ta famille. Ils t'aiment, tu dois d'abord en parler au père.

- Non, je ne veux pas qu'il le sache.

- Il doit savoir, il doit prendre ses responsabilités.

- Il ne m'aidera pas Azhar.

- Allonge toi et essaye de dormir.

- Ahzar ?

- Oui ?

- Tu peux m'apprendre à faire la prière ? »


[...]


Sofia s'est endormie immédiatement après avoir rangé son tapis de prière. Je l'ai laissé seule afin d'aller me rafraîchir dans la cuisine. Ce soir-là, le quartier était rythmé par les sirènes et les cris. Totalement bouleversée je m'installe à la table de la cuisine, une tasse de thé à la main. Je suis incapable d'avaler quelque chose. J'ai rassuré Sofia, mais je suis aussi stressée qu'elle. Peut-être bien qu'elle a raison, peut-être qu'ils la renieront tous.

« Azhar ! »

Je relève la tête. Ibrahim est devant moi le dos adossé à la porte de la cuisine.

« Qu'est-ce que tu as ?

- Rien, dis-je ne me levant brusquement. »

Sous son regard inquisiteur je quitte ma place et marche jusqu'à l'évier. Ibrahim avance jusqu'à moi et lorsque je lève la tête il est juste à côté. Il me prend le verre propre des mains le range dans le placard au dessus de ma tête. J'entreprends de nettoyer tout ce qui passe sous ma main.

« Tout est propre.

- Je sais.

- C'est à cause de ton travail ? Ils t'ont fait quelque chose ?!

- Non, je vais bien Ibrahim. »

Et en disant cela je craque complètement, faisant trembler l'assiette entre mes mains. Il l'attrape avant qu'elle ne s'échappe d'entre mes mains. Je me sens prisonnière. Pourquoi est-il aussi proche ? J'ai besoin de prendre l'air. Je n'arrive pas à lui cacher ce que je ressens, c'est trop fort.

Il pose ses mains sur mon visage et je ferme les yeux. Il s'approche de plus en plus à présent, je suis collée contre l'évier. Je sens ses doigts qui se déplacent sur mon visage, et pourtant je ne l'arrête pas. Lorsque je sens mon voile se détacher, je m'écarte brusquement. Ibrahim me regarde il semble lui-même surpris par son geste. Ses yeux manifestent réellement son désarroi, avant qu'il ne quitte la pièce.

Je plaque ma main sur ma bouche afin d'atténuer mes cris. J'allais commettre une terrible erreur. Alors que Sofia doit vivre dans l'angoisse je m'apprêtai à faire la même chose. J'ai laissé Ibrahim me toucher, me caresser, il allait me dévoiler. Quelle honte.


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Thugyh ©️

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