Chapitre IV
Ça y est... C'est le grand jour... J'ai parlé à Mayru de ma hantise et du fait que je ne veuilles pas participer, mais elle m'a dit qu'elle ne pouvait malheureusement rien faire... Me voilà donc, dans la tenue de guerrier fabriquée sur-mesure, le serment apprit en tête, recroquevillé dans la chambre que je partageais avec Pierre, ce dernier assit à mes côtés. Depuis l'événement de la dernière fois, j'entendais de plus en plus souvent des voix qui m'aidaient à me calmer. Hier, une voix en particulier m'avait galvanisé... Elle... enfin il avait dit : "Courage mon fils"
Je ne sais pas à qui appartenait cette voix ni où cette personne se trouvait mais je voulais voir cette personne... Même si quelque chose au fond de moi me disait que je devrais choisir... Mais choisir quoi ? J'essayais de ne pas trop y penser et de me concentrer d'avantage à la cérémonie du serment de L'ank, que ma mère adoptive appelait aussi "Cérémonie du Héros". Cette dernière passa la tête par l'ouverture menant à l'étage pour nous dire qu'il fallait se mettre en route. Mon meilleur ami me prit la main comme à son habitude et on descendit rejoindre sa mère puis on parti tout trois vers le lieu de la célébration.
On s'avança dans le sentier forestier, là où ils m'avaient trouvé il y a deux ans déjà. On alla plus loin encore que les cachettes des enfants, là où l'on se rendait en temps de bataille. Au bout de près de trente minutes de marche, on déboucha finalement sur une grande clairière où arrivaient de tous endroits multitudes d'enfants accompagné de leurs parents, tous convergeant vers une statue de pierre au centre du cercle formé par la trouée des arbres. Je m'approchais de la statue pour la détailler : c'était un homme dans une tenue de chevalier semblable à la notre mais l'air plus solide, avec une épée, un carquoi et un bouclier dans le dos ainsi qu'un arc à la main. Il avait une prestance incroyable, malgré le fait que ce ne soit que de la pierre taillée, et un visage doux et légèrement souriant même si il était un guerrier. Mayru m'expliqua alors, me voyant contempler la statue :
-Cette personne est le héros... Il y a très longtemps, bien avant que la contrée de Y'rula ne porte ce nom, cet homme a sauvé son pays d'un démon. La légende raconte qu'un héro, sa réincarnation, arrivait lorsque le pays sombrait dans les ténèbres... Puis un jour, tous les habitants ont disparus on ne sait comment et c'est là qu'est né l'endroit que nous connaissons, grâce à la bénédiction des Gardiens... Un peu partout, on trouve des ruines de cette ancien civilisation oublié, mais cette statue est restée intact, certains disent qu'elle est protégée par leur ancien dieu et par l'âme du Héros lui-même...
Je regardais avec admiration ce guerrier, essayant de m'imaginer les actions incroyables qu'il a accompli durant sa vie. Une mélodie à la lyre me tira de ma contemplation, la cérémonie commence...
Tous les enfants présents se regroupèrent autour de la statue puis un vieil homme sorti de l'épaisseur de la forêt. Il frappa dans les mains et un siège de branchages poussa pour lui permettre de s'asseoir puis Mayru lui apporta une grande feuille des arbres environnants avant de rejoindre deux autres jeunes femmes, chacune avec un instrument. Il indiqua du doigt l'un des enfants qui s'avança vers lui. Le jeune avait un air arrogant et semblait croire qu'il était le maître du monde. Il prit les mains que lui tendait l'ermite qui se mit à réciter un chant en langue ancienne que, bizarrement, je comprenais tandis que les trois musiciennes jouaient une étrange mélodie :
Que le Héros bénisse cet enfant
Qu'il puisse respecter son serment
Qu'il donne sa vie pour aider
Les pauvres, démunis et êtres aimés
Il répéta une deuxième fois le chant, sous la mélodie à la lyre, à la flûte et au violon, puis le jeune récita la tirade rudement apprise :
Je promet de sauver
Ceux qui sont en danger
Je défendrai ma terre
Au péril de ma vie
Je croiserai le fer
De celui qui point ne fuit
Puis, l'ancien ferma les yeux et une lueur apparue sur leurs mains. Une épée de métal apparue alors sur la grande feuille au sol. L'arrogant l'empoigna, la leva vers le ciel puis la rangea dans son fourreau avant de s'éloigner. Tous les enfants passèrent ainsi les uns après les autres. Quand vint mon tour, l'ermite prononça un chant différent de celui des autres, mais aucun de ceux présents ne pouvaient remarquer la différence. Il chantait dans sa langue ancienne :
Ô créature divine
Toi qui est venue sur Terre
Tu ne pourra croiser le fer
Mais tu pourras sauver la vie
Un protecteur tu auras
Et toujours il te sauvera
Alors que j'allais entamer le chant, quelque chose d'incroyable se passa. Les paroles qui sortaient de ma bouche étaient dans cette langue ancienne... Et étaient légèrement différentes du chant que j'avais appris :
Je promet de sauver
Ceux qui sont en danger
Je garderai cette terre
Même sans croiser le fer
Ma mission sera accomplie
Et je retrouverai celui
Qui jadis me donna la vie
Puis, moi aussi je reçu cette épée qui normalement doit m'aider à défendre le village contre la cité. Je rejoins Pierre qui était passé avant moi et il me regardait, yeux écarquillés et bouche bée, comme la plupart des personnes présentes ici. Je le fixais, perplexe, tandis que la cérémonie s'achevait, puisque j'étais le dernier. On retourna au village, les regards de mes proches fixés sur moi, ce qui fit rougir grandement mes joues. Mayru me laissa avec Pierre à l'entrée du village, disant qu'elle avait une chose importante à faire, et mon ami me conduisit dans les bois. On s'assit contre un tronc d'arbre tombé puis il se mit face à moi, les mains sur mes épaules, les yeux dans les yeux, puis il me demanda d'une voix remplie d'incompréhension :
-Qu'est-ce qu'il s'est passé durant la cérémonie ?
Je secouais doucement la tête en répondant :
-Je ne sais pas... Je comprenais ce que disait celui qui chantait... Et j'ai déjà entendu la musique quelque part... Et... je sais pas, ce que j'ai dit m'est venu comme ça...
Il hocha la tête puis il ajouta :
-Et la lumière ?
Je penchais la tête sur le côté, signifiant que je ne comprenais pas, alors il expliqua :
-Bah... Au moment où le vieil homme a chanté, il y a eu une lumière qui t'entourait... On aurait dit que tu brillais... Et quand tu as fais ton chant, tes yeux ont brillés aussi, comme la dernière fois...
Et là, ce fus mon tour d'avoir la bouche bée et les yeux écarquillés. Il s'est vraiment passé ça ? C'est pour ça que tout le monde me regardait ? J'allais répondre quand un bruit de feuilles attira notre attention. On tourna la tête simultanément et on vit le garçon qui est passé en premier lors de la cérémonie qui avançait vers nous, le regard noir. Il me fixait, cette émotion que je ne pouvais ressentir dans les yeux, et il s'approcha de moi. Il dit en insistant bien sur chaque mot :
-Toi... Je sais pas qui tu es mais sache que tu n'auras jamais la bénédiction du Gardien suprême... C'est moi et moi seul qui pourra sauver le village, tu m'entends !? Je sais que t'es incapable de te battre !! Et tu penses que tu pourras faire quelque chose ? Tu es inutile ici !! Tu n'es même pas d'ici !! Part sale intrus !!
Il leva son poing pour me frapper mais Pierre l'intercepta avant qu'il ne me touche. Mon ami regarda l'enfant avec une colère noire et articula en serrant les dents :
-Si tu comptes lui faire quoi que ce soit, tu devras me passer sur le corps... Et je serai sans pitié pour toi...
L'autre me regarda, puis lui et à nouveau moi avant de dégager son poing de la main de mon ami puis il parti en soufflant :
-On se retrouvera, lâche...
Puis il s'en alla en courant. Pierre se tourna vers moi et me serra dans ses bras en chuchotant :
-T'inquiète pas... Je te protègerai toujours Aze... Tu comptes plus pour moi que le village... Je ne sais pas ce que je ferai si tu disparaissais...
Je me blotti contre lui. Je me sentais en sécurité quand il était là... Quand j'étais dans ses bras, j'avais l'impression d'être dans un cocon que rien ne peut briser... Sans lui, je ne serai pas là aujourd'hui... C'est là que je compris qu'il sera le protecteur dont parlait le vieil homme... Mais quelle est donc cette mission que j'ai évoqué durant mon chant ? Je ne le sais pas... Mais je sais que, un jour, j'aurais la réponse à toute mes questions... Seulement, au fond de moi, j'espère que ce jour ne vienne pas de sitôt...
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