Chapitre 4 | Cyrus
― Tu crois qu'il est mort ? chuchote une voix familière.
― Un défunt ne respire plus, ma chérie. Il a juste besoin de repos et de calme pour se réveiller tranquillement. J'ai préparé des cookies, vous avez le droit d'en prendre un avant d'aller jouer dehors.
Deux fillettes poussent des exclamations de joie avant de courir pour sortir. Il me faut quelques minutes supplémentaires pour avoir la force d'ouvrir les yeux. Les coquillages scintillant apportent de la douceur et parviennent à calmer mon angoisse. Je reconnais l'endroit dans lequel je me trouve, la petite maison de mon amie Ever. Combien de fois suis-je venue rendre visite à mon amie et sa famille ? Je connais cet endroit comme ma poche.
Je me redresse avec difficulté en essayant de me remémorer les événements m'ayant amené dans cette maison. La dernière chose dont je me souvienne, c'est le début du spectacle et les applaudissements. Que s'est-il passé ensuite ? J'ai beau fouillé dans ma mémoire, c'est le trou noir.
― Les jumelles avaient pour projet de te balancer de l'eau pour te réveiller. Tu as eu de la chance que j'intervienne avant la catastrophe.
Adossée contre la porte, Ever me lance un sourire amical. Ses cheveux bruns sont attachés en une queue de cheval, preuve qu'elle était en pleine séance de révisions. Je discerne des cernes sous ses yeux émeraude. Elle travaille tellement ces derniers temps et pas uniquement pour son entrée à l'Académie. Ever participe aux tâches de la maison en partageant son salaire avec son père afin de donner la meilleure vie possible aux jumelles.
J'éprouve immédiatement de la culpabilité. Peu importe la raison pour laquelle je me retrouve auprès de mon amie, je lui fais perdre un temps précieux. La brune remarque ma détresse et s'empresse de me rassurer.
― Cesse de te torturer, je ne vais pas mourir parce que tu as interrompu ma séance de révision ! Ce n'est pas le plus important dans cette histoire. J'étais folle d'inquiétude pour toi, ce n'est pas la première fois que tu mets ta vie en danger !
― Je ne me rappelle de rien.
― Marienne a remarqué que tu n'étais pas dans ton état normal lors du spectacle. Elle a donné l'alerte afin que Lucian puisse intervenir et prendre rapidement ta place. Ils m'ont appelé pour que je vienne te chercher.
Je pousse un grognement en passant une main dans mes cheveux. Ces maudites visions refusent de me laisser tranquille ! Elles interviennent dans les pires situations, cela commence à me rendre fou.
― Les vagues n'étaient pas puissantes aujourd'hui, ils ont eu le temps de t'emmener avant que tu ne sois emporté. Je pense que tu ne devrais plus te charger des représentations, ton don est incontrôlable.
― Comment veux-tu que je contrôle des visions ?
Les visions ne sont pas communes dans la communauté des sorciers. C'est un don qui s'est perdu au fil des siècles avant de s'éteindre. Elles peuvent survenir à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit. Contrairement à mes nombreuses études sur ce sujet et les séances de méditation, je ne parviens pas à les contrôler et me remémorer les détails. Tout est flou est confus dans mon esprit. Je me réveille souvent avec une horrible migraine et affamé.
― Nous avons essayé toutes les méthodes pour contrôler ces maudites visions et cela ne change absolument rien. Il faut que j'apprenne à vivre avec ce don en espérant ne pas me faire renvoyer.
― Ils ne veulent pas te renvoyer parce que tu es très talentueux, mais ils ont bien remarqué que tu n'étais pas au meilleur de ta forme. Lucian voudrait que tu ailles lui parler quand tu te sentiras mieux.
Je me recouche immédiatement.
― Mon travail de rêve est terminé, je vais devoir trouver une autre solution.
― Arrête de dire n'importe quoi, Lucian s'inquiète juste pour ta santé.
Ever s'installe sur son lit puis pose sa main sur mon front.
― Ta température est redevenue normale, mais il faut que tu reprennes des forces.
― Je n'ai plus cinq ans, tu sais.
Elle sourit.
― Tu es comme un petit frère dont il faut s'occuper
alors je veillerai sur toi aussi longtemps que possible. Je me demande comment tu vas survivre sans moi lorsque je serais à l'Académie.
— Ne me rappelle pas la douleur de perdre ma seule et unique amie. L'île sera bien vide sans ta présence.
— Je promets de t'écrire.
Nous sommes interrompu par le grondement provenant de mon ventre. Ever éclate de rire avant de prendre ma main et m'emmener dans la cuisine. La maison des Darkmore est relativement petite, mais a le mérite d'être fonctionnelle. Ils ne sont pas riches, mais ils restent soudés malgré les épreuves de la vie.
J'éprouve une certaine jalousie lorsque je regarde mon amie rire aux éclats avec ses sœurs. Pourquoi n'ai-je pas eu cette chance ? La réputation des Cromwell est épouvantable. Ces désastreux événements appartiennent au passé cependant la famille ne s'est jamais relevée de l'emprisonnement de Azriel. Un grand nombre de nobles imaginent que nous sommes capables de reproduire le même schéma. C'est sûrement la raison pour laquelle mes parents tenaient à ce que notre réputation soit impeccable. Mon frère est parfait dans ce rôle, mais pas moi. Le petit rebelle qui utilisait la magie pour s'amuser et n'apprenait jamais ses leçons.
— Nous pourrions renforcer la méditation pour canaliser ton énergie et comprendre comment fonctionne tes visions.
— Tu crois que ça fonctionnerait ?
Elle hausse les épaules.
— Cela vaut le coup d'essayer. Est-ce que tu veux rester manger ? Mon père ne va pas tarder à rentrer et les jumelles tiennent absolument à ce que tu goûtes leur gâteau.
— Je ne refuse jamais une invitation à manger.
☾☾☾
Il est plus de minuit lorsque je passe la porte de ma propre maison. Cette soirée auprès de ma famille de cœur était très agréable. Les jumelles n'ont pas cessé de me demander différentes histoires passant de courageuse princesse à un dragon maléfique victime d'une malédiction. Mon imagination est certainement ma plus grande force, elle m'a sauvé lorsque la pression familiale devenait trop lourde à supporter.
Je me verse un verre d'eau puis enfile un chandail pour m'installer à l'extérieur. Trouver le sommeil après cette épouvantable journée ne semble pas au rendez-vous. La maisonnette dans laquelle j'ai emménagé possède le confort nécessaire pour vivre. Je suis reconnaissant au propriétaire de m'avoir accordé une chance de la retaper pour pouvoir y vivre.
Une fois le verre à la main, je pousse le portillon menant au coin jardin. J'ai une vue magnifique sur la plage, cela me suffit amplement. Je ferme les yeux afin de me concentrer sur le bruit de l'océan. Je rassemble l'énergie nécessaire pour fouiller dans ma mémoire à la recherche de ma vision. Cette odeur florale me chatouille le nez, elle est toujours présente. Dès qu'une vision apparaît, cette même odeur survient.
Instant du passé
Accorde-moi un souhait
Je te demande de me montrer
Cet événement qui n'est pas encore arrivé
Je répète en boucle cette incantation d'une voix claire et distincte, mais c'est un cuisant échec. Même la magie n'est pas de mon côté ! Je soupire en me demandant quand mes visions deviendront plus claires.
— J'ai entendu parler de l'accident. Est-ce que tu vas bien ?
Dissimulée dans l'obscurité, je ne remarque pas tout de suite la présence de la nouvelle arrivante. Elle s'avance révélant au passage son identité. Dawn. Pour être tout à fait franc, je me demandais si nous allions nous voir aujourd'hui. Ses cheveux roux flottent dans son dos tandis qu'elle se rapproche de moi.
— Un simple malaise à cause d'une utilisation excessive de magie. La prochaine fois, je ferais attention avant de me lancer dans le spectacle.
— Cela ne te ressemble pas d'être aussi négligeant.
Je hausse les épaules.
— Il faut croire que je le suis quand même un peu.
Je suppose que ta venue n'a rien avoir avec mon accident, parle-moi de ta journée.
— Des lettres menaçantes de la part d'un grand nombre de personnes, notamment ma propre famille, ma santé mentale sur le point de disparaître et pour couronner le tout la visite surprise de la princesse Lorella.
Dawn est une émissaire royale, elle est chargée de veiller sur l'île et de noter le moindre bouleversement afin de prévenir la souveraine. Elle travaille avec acharnement pour assurer un bon train de vie aux habitants de l'île notamment moi.
Nous avons fait connaissance lors de mon arrivée, elle m'a accueilli et présenté à plusieurs personnes capables de me trouver un emploi, une maison et de quoi me nourrir. Nous nous entendons bien même si je partage un lien amical plus fort avec Ever.
— Tu n'aurais pas quelque chose de plus fort que de l'eau ? Ma journée était épouvantable, je ne serais pas contre un peu d'alcool.
— Une fée qui consomme de l'alcool ! Mon monde s'écroule, les créatures ailées sont une source d'inspiration et un merveilleux exemple à suivre, dis-je de façon théâtrale, la main sur le cœur.
Dawn éclate de rire.
— Ce sont les humains qui imaginent les fées comme des créatures luttant contre les forces du mal. On est en harmonie avec la nature, mais rien ne nous empêche de faire le mal !
— Depuis quand veux-tu causer la perte d'un royaume ?
Nous rions face à cette blague qui part beaucoup trop loin. Les fées ne sont pas des créatures faibles et impuissantes avec de jolies ailes, elles sont redoutables et il serait idiot de les sous-estimé.
Mon amie secoue la main créant des étincelles orangées, elles virevoltent créant des formes. Ses pupilles se mettent à briller dans l'obscurité. La rouquine soupire en baissant de nouveau la main pour effacer les traces de sa magie.
— Mes parents aimeraient que je reprenne l'affaire familiale. En tant que fille unique, c'est mon héritage néanmoins je ne me vois pas faire ma vie au milieu des plantes. Il suffit que j'en regarde une pour qu'elle se mette à brûler !
Contrairement aux autres fées, Dawn ne tire pas sa magie des éléments de la nature. Pour une raison inconnue, elle contrôle des flammes dévastatrices. Une différence que la souveraine de Ilovar a rapidement vu comme une opportunité. Cette puissance est une arme redoutable en cas de danger.
— Ils ne comprennent pas ton besoin de liberté, je comprends ce sentiment. Tu devrais faire ton travail et mettre ta vie familiale de côté.
— Malheureusement c'est l'unique solution.
Une brise nocturne soulève quelques mèches de ses cheveux tandis que nous restons silencieux. Elle se relève avec une lueur malicieuse dans les yeux.
— Tu te doutes bien que ma visite n'est pas uniquement amicale ? J'ai eu une sale journée, j'ai vraiment besoin de décompresser.
Elle ne me laisse pas le temps de répondre, sa bouche se colle sur la mienne avec puissance. Je réponds à ce baiser en laissant mes mains caresser son dos nu. Contrairement aux contes de fées, nous ne sommes pas amoureux et la seule relation possible est basée sur les activités charnelles. Dawn m'attire à l'intérieur de la maison en me promettant une nuit d'oubli.
Alors c'est ce que je fais, les parcelles défaillantes de mon existence s'effacent de mon esprit. Il n'y a que Dawn qui existe et personne d'autre.
Hello ! Comment allez-vous ?
Je vous remercie pour votre accueil chaleureux, j'espère que la suite vous plaira tout autant. Je m'excuse des éventuelles fautes dans les chapitres, dans la mesure où c'est un premier jet il m'arrive d'en oublier.
À la semaine prochaine !
Une petite étoile et un commentaire font toujours plaisir alors n'hésitez pas 🫶🏻
03.05.2023
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