Chapitre 3

Bonjou tout moun! Bonjour tout le monde! Hello everyone!! Saludo todo el mundo!! Comment allez-vous? Pour moi, ça va. Je suis de retour après un long moment de pause. Alors, prêts pour une nouvelle flânerie historique?

Sans plus tarder parlons des objectifs de ce troisième chapitre. Quand vous aurez fini de lire, vous devriez, si je fais bien mon travail, être en mesure de comprendre les conséquences du débarquement des espagnols sur ce morceau de terre qui est appelé Môle Saint Nicolas aujourd'hui.

Le chapitre précédent s'est terminé avec une question, vous vous rappelez ? À quel prix Haïti a été la première à voir débarquer les espagnols en Amérique ?  On est là aujourd'hui pour essayer de répondre à cette question.

Avant d'aller plus loin, je vais vous présenter l'organisation politique et territoriale d'Haïti avant la découverte de Colomb.
C'est facile, Haïti était divisée en 5 caciquats qui étaient dirigés chacun par un chef qu'on appelait cacique. C'est comme les départements aujourd'hui.
Il y avait le Marien qui était dirigé par le cacique Guacanagaric dans la partie septentrionale d'Haiti. La Maguana dirigée par Caonabo qui selon la petite histoire était le plus intrépide des 5 caciques et qui était aussi l'époux de l'aphrodite noire Anacaona dans le centre du territoire, il y avait la Magua qui était dirigée par Guarionex dans le nord-ouest, et aussi le Xaragua par Bohéchio dans le sud et l'ouest,puis enfin le Higuey par Cotubanama qui s'étendait sur la partie Est.

Les caciques étaient responsables de la division du travail, ils confiaient à chacun leur tâche, ils étaient les conseillers du peuple et avaient aussi des attributions religieuses, sociales, militaires, culturelles...Certains étaient aussi prêtres et médecins en même temps.

Je vous ai dit dans le chapitre précédent que c'était Guacanagaric qui avait acceuilli Colomb. Il a demandé à ses sujets d'être gentils avec lui. Il a été en personne secourir les naufragés de la Santa Maria et avec les restes de cette dernière il les a fourni les matériaux pour construire le fortin appelé la Nativité où ils allaient par la suite s'abriter.
Je vous ai dit que c'était une brillante idée de la part de Guacanagaric d'accueillir ces espagnols? Eh bien tout compte fait, je reviens sur ma parole. Cela ne pouvait pas être une très bonne idée puisque les espagnols n'avaient pas le don d'être très reconnaissants.
Vous vous rappelez que Colomb était parti en laissant quelques espagnols dans le fortin. Il leur a demandé de témoigner la même gentillesse à l'égard de ces habitants d'Haïti qui leurs ont laissé fouler leur sol et même y séjourner.
Ils étaient 37 en tout à être restés. Ils ont commencé à maltraîter les indigènes d'Haïti, leur cruauté était sans limite à l'égard de ces gens qui menaient une vie paisible jusqu'à leur débarquement.
Ils allaient de village en village et dépouillaient les populations de leurs objets précieux, leurs vivres, leurs ornements, tout ce qui pouvait avoir une quelconque valeur était emporté sur le passage de ces espagnols sans scrupules avides de richesses. Et à propos de l'or?? N'en parlons même pas. Leur volonté de s'accaparer à tout prix de ce métal si précieux à l'époque était inouïe.

Leur appétit pour l'or leur poussait à se mettre à l'aventure  sur le territoire de la Maguana dirigée par Caonabo qui avait un sous sol plein à craquer d'or. Et pas de clerc!! Ils ont frappé cette fois là où il ne le fallait jamais.
Caonabo considéra cette intrusion comme une attente à la souveraineté de son peuple et à son honneur. Il a fait réunir sans tarder une troupe, et à sa tête, il attaqua la Nativité. C'etait un véritable carnage, pas même un des 37 espagnols n'a été épargné, et la Nativité était reduite en cendres.
Caonabo a ensuite pris les armes contre son pair cacique du Marien Guacanagaric qu'il a accusé d'avoir commis un acte déloyal en laissant des étrangers séjourner sur leur sol et il a détruit tous les villages du Marien.

Colomb, revenu de l'Espagne le 27 novembre 1493, était désemparé d'apprendre la mise à mort de ses acolytes espagnols devenus tristement célèbres en son absence.
Nommé vice roi d'Haïti, il a débarqué cette fois avec 17 vaisseaux et 1500 hommes poussés par le désir de l'aventure et la volonté de se faire une place au soleil orné d'or qu'était Haïti. Cela va sans dire, monsieur et ses petits camarades étaient venus s'installer à la bonne position, assez loin du soleil pour qu'ils ne se grillent pas, et assez près pour qu'ils puissent briller à leur tour. 

Ils devaient se trouver une nouvelle place pour s'établir de manière permanente. En continuant sa route, Colomb est tombé sur un endroit situé à 40 kilomètres à l'Ouest de la ville dominacaine appelée aujourd'hui Puerto-Plata. Il a baptisé cet endroit Isabela en l'honneur d'Isabelle la reine d'Espagne.

Caonabo de son côté considérait les Espagnols comme des envahisseurs assez dangereux et les ennemis les plus redoutables de son peuple. Il s'est allié à Guarionex,  cacique de la Magua et marchait sur Isabela. La tâche n'a pas été aussi facile qu'à la Nativité. Les espagnols ont riposté et les indigènes ont pris une bonne dérouillée cette fois, des pertes faramineuses ont été engistrées dans leur rang.

Quelques temps après cet accrochage, Caonabo était pris au piège d'un officier très fûté du nom de Alonso Ojeda. Il s'est fait prisonnier à Isabela, il devait être conduit en Espagne, mais il est mort dans le naufrage du bateau avant d'arriver à destination.
Vous étiez parmi ceux qui chantaient en primaire: "Caonabo fut mis en prison à Isabella, et quelques mois il fut embarqué pour l'Espagne, il disparait avec le bateau qui le portait, potè lavil, potè andeyò, tout se potè..."😂😂😂😂Je disais tellement de bêtises, et je suis sûre que la plupart d'entre vous faisiez pareil. Bref!! Revenons à nos moutons!!
Les historiens racontent qu'il a fait preuve d'une noblesse d'attitude lors de sa captivité qui a lui procuré le respect de ses propres adversaires et qui a prouvé le haut degré de dignité humaine que sa race avait atteint.

Comme je l'ai dit tantôt, Caonabo était l'époux d'Anacaona qui était aussi la soeur de Bohéchio le cacique du Xaragua. À la mort de Caonabo, c'est Anacoana qui a pris le contrôle de la Maguana.

Pendant ce temps, Colomb de son côté ne pouvait pas se la couler douce. Les espagnols qui l'avaient accompagné commençaient à se retourner contre lui. Ils s'imaginaient qu'en Haïti l'or pendait sur les branches des arbres ou que l'or était comme des cailloux qu'on peut retrouver comme ça sur son passage et qu'il fallait juste lever le bras ou se baisser pour se faire un joli petit pactole.

C'est vrai qu'Haïti regorgeait d'or, mais se le procurer n'était pas juste de l'eau bien sucrée à avaler. Il fallait travailler péniblement sous le soleil pour l'extraire du sous sol de cette terre quasi-sainte. Comme ils ne voulaient pas le faire, ils disaient que Colomb leur avait trompé sur la magnificence de sa découverte et se mettaient à conspirer contre lui. Sous la direction d'un certain Francisco Roldan, ils se sont révoltés, et pour déposer les armes, ils ont demandé en échange que Colomb leur fournit à chacun une quantité d'indiens qui travailleraient gratuitement pour eux pour leur procurer ce qui faisait l'objet de leur convoitise, l'or.

Colomb, envahit par la peur de se faire déglinguer courbait aux exigences folles de ces malades.
Ainsi, les indigènes se sont faits assujettir et étaient distribués par lots aux révoltés. C'est ce processus qu'on appelait repartimientos.
C'est comme ça que l'esclavage a établi son siège par le biais des espagnols, au milieu d'un peuple qui vivait en toute tranquilité et apparemment à l'abri de tout danger.

Colomb de son côté a perdu la confiance de ses souverains. Il a effectué d'autres voyages les uns moins fructueux que les autres. Désespéré, il s'enferma à Valladolid, où il mourut dans la déception le 20 Mai 1506.

Après la capture de Caonabo, les indigènes voulaient continuer la lutte contre les espagnols. Mais ils n'étaient pas bien équipés avec seulement des flèches et des bâtons en face des espagnols armés jusqu'aux dents. C'est ainsi que dans la bataille de la Vega Réal, où les indigènes étaient environ 100 000 contre 200 soldats espagnols et 20 cavaliers de Castille accompagnés de chiens féroces, ils furent vaincus et exterminés.
Les caciques soumis étaient condamnés à payer de sérieux tributs en denrées alimentaires, en matières premières ou en pépites d'or.

Le 15 Avril 1502 débarqua à Santo-Domingo le successeur de Colomb, Nicolas de Ovando. C'était un homme très énergique à ce qu'on rapporte. La première mission qu'il a entreprise fut d'établir son autorité suprême sur la totalité de l'île. En ce sens, il décida de conquérir les deux caciquats encore indépendants de l'emprise espagnole: Le Xaragua et le Higuey.

Anacaona dont le nom voulait dire "fleur d'or" dans la langue des taïnos, régnait comme on l'a vu tantôt dans la Maguana à la mort de son époux Caonabo. D'après les témoignages, elle était d'une grande beauté, elle aimait la danse et son corps était d'une harmonie flatteuse.
Bel esprit et marrante, elle distinguait par son talent de poète qui la faisait rivaliser avec les meilleurs sambas de l'époque.
Elle avait rencontré des espagnols et leur montrait une certaine admiration malgré les barbaries qu'ils ont fait subir aux siens.
Malgré sa clémence envers les espagnols, elle était sur les listes des obstacles que Ovando voulait effacer de son chemin une bonne fois pour toute.
Il l'a fait enlever dans une fête qu'elle organisait en l'honneur de ses visiteurs étrangers. Les indiens furent massacrés avec une sévérité excessive, et Anacaona était emmenée à Santo Dominguo où elle fut jugée, condamnée et pour couronner le tout avec beauté, pendue.

Cotubanama qui au départ s'était montré conciliant avec les espagnols, a été attaqué et contraint de se refugier dans l'île de la Saona. Poursuivi, il fut capturé et transporté à Santo domingo où il allait subir le même sort fatal qu'Anacaona.

Après ses diverses interventions massacrantes par ci et par là, Ovando était désormais l'autorité impérieuse d'Haïti. Il décidait d'organiser administrativement sa colonie et la faire prospérer avec une main de fer.
La population indienne étrangère de ces pénibles travaux d'extraction d'or à longueur de journée, et contrainte de vivre dans la peur, commençait à décroître considérablement jusqu'à qu'il n'en restait presque plus.

Était-ce le moment que ces vautours d'espagnols allaient mettre de côté leur radinerie et plier bagage en mettant fin à cette lutte sans merci d'éradication de la race indigène? Ou leur absence de raison et d'humanité allait t-elle au delà de l'imaginable au point de vouloir trouver une solution??
C'est ce qu'on verra au chapitre suivant.

Sources: *Histoire du peuple haïtien(1492-1952) de Dantes Bellegarde.
*Manuel d'Histoire d'Haïti du Dr J.C. Dorsainvil.
* Histoire d'Haïti, tome 1, de Louis Emile Elie.
*Eventail d'Histoire vivante d'Haïti de Lesly F. Manigat.

Voilà, chapitre un peu long cette fois, j'espère que je vous ai tenu en haleine au cours de la lecture.

J'attends vos questions, vos commentaires, vos suggestions, vos recommendations, toute aide est la bienvenue.

Je voulais avant de mettre fin à ce chapitre remercier MiladyCoulter dont les conseils ont été d'une grande importance pour la rédaction de ce chapitre. ❤
Et je le dédie bien sûr à ma grande soeur Naola-Kensy mon booster par excellence. Merci ma puce!❤
Et merci à chacun de vous de vos commentaires si gentils, je savais pas que vous alliez aimer autant mon travail. ❤❤❤❤
Et bonne nouvelle, je m'engage à publier un nouveau chapitre chaque fin de semaine.

Alors, ciao, à dans une semaine❤❤



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