Chapitre 8

Lorsque je rouvre les yeux le lendemain, Ayan est déjà prête à partir. Parfois j'ai l'impression qu'elle ne dort jamais. Moi qui trouvais déjà que je dormais peu. Mais elle a monté la garde toute la nuit et elle ne semble pas fatiguée, comme si elle avait dormi plus que moi.

Je me lève et me prépare rapidement. J'attrape mon sac et y récupère la sphère, pour garder un œil sur elle, au cas où on se ferait de nouveau attaquer. Puis je rejoins Ayan. Nous entrons alors dans le désert. L'espoir d'arriver bientôt à la fin de mon voyage me fait avancer plus vite. Pendant des heures, nous marchons tout droit dans le sable. Nous avançons lentement. Tout autour de nous, les dunes s'étendent sur des kilomètres et au-delà de l'horizon. Cela me semble interminable.

Après plusieurs longues heures de marche, je me rends compte que le soleil n'a pas bougé dans le ciel. Pourtant si j'en crois ma montre, il est déjà vingt-deux heures, ce qui veut dire que je marche depuis près de treize heures.

Mais je sais que la lumière m'empêchera de dormir. Donc je décide de continuer à avancer. Je n'ai, de toute façon, rien de mieux à faire. Mieux vaut ne pas s'arrêter. D'autant que je n'ai aucune idée d'où je suis exactement.

C'est à ce moment que la fumée de la sphère prend une teinte bleutée. Et une voix retentit :

— La fin est plus près que tu ne le penses, Naya.

Je cesse immédiatement de marcher. Je regarde autour de moi.

— Naya ? demande Ayan. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Elle me regarde sans comprendre. N'a-t-elle pas entendu cette voix ? Qu'est-ce que ça voulait dire d'ailleurs ? La fin plus près que ce que je pense ? Mais je ne pense rien ! Enfin si ! Ce désert est interminable. Je me décide à ignorer la sphère et je me remets à marcher. Je rejoins Ayan quelques mètres devant et nous avançons rapidement.

Après ce qui m'a paru être cinq petites minutes, nous voyons apparaitre à l'horizon une tour immense semblant monter jusque dans les nuages.

Alors que je me rapproche de la tour, la sphère murmure :

— Le Grand Sorcier t'a aidée. Il t'attend.

J'entre dans la tour, Ayan à ma suite. Le hall est vide. Il n'y a qu'un immense escalier. Je lève les yeux et remarque que les escaliers montent jusqu'au sommet de la tour, que j'aperçois à peine. Je comprends que je vais devoir gravir toutes les marches. Ça risque d'être long. Ça risque d'être très long.

Mais je n'ai pas le choix. Alors je commence à monter, ne sentant plus ma fatigue, ne sentant plus la douleur incessante dans mes muscles. Je ne ressens plus le poids de mon épée. Je n'ai plus ni faim, ni soif. Je n'ai plus mal, je n'ai plus sommeil. Je n'ai plus rien. C'est comme si les mois qui venaient de s'écouler n'avait pas eu lieu.

Au début, je compte les marches.

Une, deux, trois...

Les cent premières, je les compte. Les deux cents premières. Trois cents. Quatre cents...

Et j'abandonne. Le haut me semble toujours aussi lointain. J'ai l'impression de ne pas avoir monter d'un seul millimètre. Je n'aurais jamais la force de compter toutes.

Et puis, d'un coup, la fatigue et la douleur me reprennent. Je m'effondre. Ayan s'assoit à côté de moi et pose sa main sur mon épaule.

— Tu n'es pas pressée, Naya, me dit-elle. Repose-toi.

Elle a raison. Je ne suis pas pressée. Je ne suis plus à un jour près. Je pourrais me reposer. Dormir cette nuit, et finir de monter demain. Mais ça fait huit ans que j'attends ce moment. Où je saurais enfin qui elle est. Ce qu'elle est. Pourquoi elle est apparue dans ma vie. Pourquoi moi. Et cela, c'est sans compter ma malédiction. Même si je crois que les deux ont un lien. Ayan et ma malédiction m'empêchent d'accomplir mon rêve. Tant que je ne saurais rien, je ne pourrais pas avoir mon affectation. Alors, peut-être bien que si, je suis pressée.

Je me force à me relever. A monter encore. Mais je ne parviens qu'à gravir qu'une seule marche avant de m'effondrer de nouveau. Je m'assois alors, adossée contre le mur, je soupire.

— Repose toi Naya, m'ordonne Ayan.

Je secoue la tête pour refuser. Je ne peux pas m'endormir maintenant. Je suis si près du but. Et la sphère a dit que le Grand Sorcier m'attendait. Et moi, j'attends les réponses qu'il peut m'apporter. Je ne peux pas dormir. Je ne dois pas dormir. Je dois continuer jusqu'à savoir qui est Ayan. C'est le plus important. Tout ce qui importe. Ça et pourquoi je suis maudite, alors que je n'ai pas croisé un seul sorcier de ma vie.

Mais malgré mes efforts, je ne parviens pas à me relever. Alors je finis par obéir à Ayan.

Mes yeux se ferment doucement. Mon esprit sombre dans le noir. Je me suis endormie.

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