Chapitre 4
Le doyen de l'école est assis derrière son bureau. C'est un vieux bonhomme qui gère l'école depuis plus de vingt ans maintenant. Avant, il était lui-même chevalier. Gabel, chevalier du Soleil. Après cela, il a été nommé Grand Chevalier, et a finalement rejoint l'Ordre de l'Arbre regroupant les meilleurs chevaliers, au service de l'école, pour en finir le doyen, avec tout ses cheveux blancs, assis à son bureau et à supporter la colère des élèves. Aujourd'hui, c'est mon tour.
Je ne peux pas parler. Je ne peux pas crier. Mais je dois avoir ces explications, donc je fais de grands gestes, attirant ainsi son attention.
— Eh bien, Naya ! dit-il en me voyant gesticuler. Calme-toi donc. Qu'y a-t-il ?
Me calmer ? Qu'y a-t-il ? A son avis ? C'est lui qui décide des affectations de ses élèves. Il sait parfaitement quel est mon problème. Hors de question que je me calme avant de savoir.
— A la place de l'affectation de Naya il est écrit maudite, commence Ayan derrière moi. Pourquoi ?
— Oh. C'est donc ça.
Il se lève et contourne son bureau pour se rapprocher de nous deux.
— Je n'ai aucune idée de pourquoi tu es maudite, Naya, annonce Gabel. Le peu que je sais, c'est que le Grand Sorcier désire te rencontrer.
Le... Grand Sorcier ? Il parle d'une légende là... personne ne voit jamais le Grand Sorcier. On dit qu'il vit très loin d'ici, à des mois de voyage. De l'autre côté de l'immense désert.
Je secoue la tête. Je ne me satisferais pas de cela.
— Savez-vous quel est la malédiction de Naya ? demande Ayan.
C'est en effet la question que je me pose. Même si j'ai une idée.
— J'aurais bien aimé, répondit Gabel. Mais je ne sais que ce que le Grand Sorcier m'a révélé. Et ça n'en fait pas parti.
Je soupire. Il ne peut rien me dire ? OK. On verra bien ce que le Grand Sorcier peut me révéler. Et il intérêt à m'expliquer. Je tourne le dos au doyen, et m'apprête à sortir, suivie d'Ayan, mais il m'arrêta.
— Naya. Tu devrais prendre ceci avec toi.
Je me tourne de nouveau et le regarde. Il me tend une épée, forgée dans un métal noir. Une épée noire... ces armes ne sont pas les moins dangereuses. En quel honneur ai-je le droit de posséder une telle épée ?
— Cela fait huit ans que cette épée t'attend ici.
Je le regarde, surprise, tandis qu'il continue :
— Je devais te la remettre lorsque tu aurais reçu ton affectation. Mais au vu du voyage que tu t'apprêtes à réaliser, je crois que tu devrais la prendre.
J'attrape le manche et je regarde la lame. Puis je regarde de nouveau Gabel, et j'hoche la tête pour le remercier.
Il récupère ensuite une sphère en verre sur son bureau. Il me la tend mais je ne la prends pas. Je ne sais pas à quoi ça peut bien me servir, et j'attends qu'il me l'explique.
— Elle t'indiquera la route à suivre, et t'évitera les dangers. Et... peut-être même qu'elle t'aidera à comprendre ce qui t'arrive ?
Je le regarde, peu convaincue de ce qu'il avance.
— En fait, je n'en sais rien, ajoute-t-il. Ce sont simplement les dires du Grand Sorcier.
J'hésite encore un peu, et j'attrape la sphère dans sa main. Elle se remplie instantanément d'une sorte de fumée noire, devenant opaque peu à peu. Sans comprendre, j'hoche la tête à l'intention de Gabel. Puis je me tourne vers Ayan qui me sourit, et nous quittons la pièce. Au moment où je referme la porte j'entends :
— Bonne chance Naya.
Je marche dans le couloir, désormais presque désert. Je marche vite. Je voudrais qu'Ayan ne me suive pas. Je voudrais lui crier de rester à l'école. Après tout... pourquoi me suivrait-elle encore ? A moins que je ne l'aie véritablement créée, elle ne devrait pas avoir à me suivre. Et il est impossible que je l'aie fait. Je n'ai rien à voir avec la magie, et je ne peux plus aller voir un magicien qui aurait pu m'expliquer. Mon seul espoir réside en le Grand Sorcier qui semble en savoir plus à propos de moi que moi-même.
Mais je ne peux rien crier à Ayan. Je ne peux pas, je suis muette. D'ailleurs, voilà bien quelque chose d'étrange. Avant aujourd'hui, je n'ai jamais ressenti à ce point un besoin de m'exprimer. Jamais avant je n'avais ouvert la bouche en cherchant à dire quelque chose, et de me retrouver telle une idiote, avec aucun son provenant de ma bouche.
Et quand bien même j'aurais pu crier à Ayan de rester, elle m'aurait tout de même suivie. Quoi qu'il arrive elle me suivra.
D'une certaine manière, cela ne me dérange pas autant que je ne le prétends. Je ne suis pas sûre de vouloir la voir partir. Elle me comprend. Elle me connait. Comme si... comme si elle était moi.
Malgré tout, je ne veux plus de sa présence.
J'arrive dans la cour de l'école, mon regard passe sur Baye, et un demi sourire s'affiche sur mon visage. Il me manquera. Je détourne mes yeux vers la porte que je franchis aussi. Et je me mets à courir. J'espère qu'Ayan ne parviendra pas à me suivre. Je cours plutôt vite, je suis plus endurante qu'elle. Alors elle ne pourra pas. Je crois...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top