Chapitre 3
Je suis assise dans un grand champ de fleurs blanches. Au loin, j'aperçois ce qui ressemble à un château. Les grandes tours qui s'élèvent semblent crever le ciel.
Derrière moi, j'entends des rires et des cris d'enfants. Je me lève et marche vers la source du bruit. Un groupe de jeunes garçons joue à s'attraper les uns les autres. A les voir, je dirais qu'ils ont entre six et dix ans. Très jeunes donc.
L'un d'entre eux, parmi les plus jeunes, tombe et se met à pleurer. Je m'avance vers lui pour l'aider à se relever. Mais il m'ignore, et se relève tout seul. Il court vers une femme que je suppose être sa mère. C'est une très belle femme aux cheveux argentés, ses yeux sont aussi gris et brillants. Elle le prend doucement dans ses bras. A la manière dont elle rassure son enfant, je réalise que j'ai l'impression de connaitre cette femme. Son sourire, ses yeux, son visage. Tout. Je suis sûre de connaitre cette femme. Et pourtant, je ne l'ai jamais vue. Je ne connais pas son nom. J'ai beau chercher dans ma mémoire, elle n'est nulle part dans mes souvenirs. Et puis, je me dis qu'elle ressemble un peu à Ayan. Au détail près qu'Ayan a les cheveux blancs et non argentés. Et elle est plus jeune aussi.
- Maman, dit le petit garçon en pleurant. J'ai mal...
La voix du garçon retentit clairement dans mon cerveau, et encore une fois, j'ai l'impression de reconnaitre la voix. Mais c'est impossible.
Elle plante son regard dans le sien et lui répond.
- Ça ne va pas durer, tu n'auras plus mal.
Puis elle le soulève du sol, et se détourne pour marcher vers le champ de fleur d'où je suis arrivée. Une enfant débarque dans mon dos et passe devant moi, sans me prêter attention. Elle s'arrête quelques pas plus loin. Je ne vois que son dos, et la cascade de cheveux argentés qui descend en longues boucles jusqu'à sa taille.
- Maman ?
La femme ne se retourne pas.
- Maman !
L'enfant insiste plusieurs fois, sans succès. Alors elle court à sa suite. Mais la mère est déjà loin. L'enfant abandonne et retourne avec les autres enfants. Je ne vois toujours pas son visage.
La scène s'efface...
Je me redresse dans mon lit. Mon rêve a disparu de mon esprit. Je n'en garde qu'un vague souvenir et une sensation étrange. Mais je ne m'en préoccupe pas. On est enfin au matin des affectations ! J'ai bien d'autres choses à penser que ce rêve sans intérêt.
Je me lève et vais rapidement me préparer. Je coiffe rapidement mes cheveux, faisant disparaitre les nœuds de mes courtes mèches noires. Le résultat est loin d'être beau, mais ça suffira. Je n'ai aucune envie de faire plus d'effort sur mon apparence. Je vais enfiler ma tunique noire puis mon armure. Je jette ensuite un coup d'œil à Ayan, plus belle que jamais. Ses cheveux blancs sont légèrement bouclés et en partie attachés dans son dos. Je ne comprends pas comment elle a la patience de tresser ses cheveux, de prendre soin de sa peau comme elle le fait. Enfin, peu importe. Ça ne changera pas grand-chose aux affectations. Ayan finit de revêtir son armure par-dessus sa tenue blanche et elle me rejoint au niveau de la porte. Nous passons dans le couloir, un large corridor déjà rempli d'élèves. Je repère les autres élèves de dernières années. Le panneau d'affichage est juste à côté. Je me fraye un chemin parmi les élèves de premières années qui marchent vers le réfectoire. Mon regard passe sur les listes. Première année... deuxième... quatrième... septième... troisième... Le doyen de l'école n'a jamais aimé mettre les choses dans l'ordre. Ça ne m'aide pas évidement. Je trouve enfin la liste des huitième année. Je cherche mon nom.
Balan -- Chevalier des Neiges
Elis -- Chevalier de la Lumière
Elizia -- Chevalier du Feu
Mahel -- Chevalier des Papillons
Malina -- recalée
Je suis heureuse de voir mes camarades ont pour la plupart leurs affectations. Mais évidement, mon nom est le dernier de la liste. Mais je vais enfin savoir, un sourire apparait sur mon visage. Quelques secondes seulement car je vois mon nom. Je lis ce qui est écrit à côté.
Naya -- maudite
Maudite ? Je crois que si je n'avais pas été muette j'aurais crié. Comment ça maudite ? J'ouvre la bouche, la referme aussitôt. Je sens le regard des autres sur moi. Je me sens trembler.
Je pars.
Je cours.
Il n'y qu'une personne qui peut m'expliquer. Gabel. Le doyen de l'école. Il saura forcément. Il doit savoir. Il ne peut pas ne pas savoir. J'ai besoin de savoir.
Involontairement, je bouscule une élève de première année, qui était déjà en larmes. Elle a peut-être raté son année, mais je m'en fiche. Si je suis maudite, j'ai d'autres préoccupations que de savoir quels élèves viennent de voir leur rêve réduit en poussière.
Je m'arrête net au milieu du couloir. Je crois avoir compris quelque chose.
Ayan. Ayan est ma malédiction si j'ai bel et bien été maudite. Ça expliquerait pourquoi elle me suit partout, pourquoi personne ne fait attention à elle à part moi. Pourquoi elle est si parfaite alors que moi je ne suis rien.
Je me remets à courir vers le bureau de Gabel, et elle me suit, forcément. Si je n'ai pas d'affectation, il me semble évident qu'elle n'en a pas.
J'arrive devant la porte sur laquelle est gravée l'arbre-blason de l'école. Avant, j'avais toujours un sourire en voyant cet arbre, car je sais qu'il s'agit de Baye. Mais cette fois, rien. Je n'y prête même pas attention.
Je ne frappe pas à la porte, me contenant de l'ouvrir avec fracas.
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