Jungwon fit une grande inspiration qui ne manqua pas de surprendre Sunoo se dressant toujours devant lui, le téléphone maintenu en main. Il zieuta rapidement Juno comme pour rechercher une réponse à ses doutes. Elle hocha simplement la tête, et ses lèvres ont gesticuler pour lui dire de ne pas s'inquiéter.

«- L'heure d'après c'est self-study pour tout le monde non? Jungwon-a, prends ton sac et allons à la bibliothèque.

- Hm, dans ce cas je vous laisse ! On se voit à midi pour manger ensemble ! » sortit Sunoo. À la fin de sa phrase, l'élève peintre a agité latéralement sa main pour le saluer, et, tout sourire en exposant ses dents, l'extraverti répondit à son geste.

«- Allons-y, jungwon-a. »

Elle avait l'air si prête, si forte, certaine et diligente, que le psychométrique pensait voir son reflet en elle. Littéralement, son reflet. Il y a peu, sa fébrilité la rendait tellement pitoyable, misérable et victimisée, les troubles ne furent pas encore résolus pourtant en ce jour, elle exhibitait étonnamment ses charmes et ses couleurs qu'il n'avait jamais vus. Cela l'inquiétait d'un certain sens :

«- Yah, toi... tu vas vraiment bien ?

- Qu'est ce que tu dis, ce n'est pas toi qui devrait me poser la question !

- Je ne veux pas que tu fasses semblant d'aller bien juste pour me réconforter, il dit, ferme dans ses mots.

- Quand même Jungwon... Tu crois que ça s'oublie tout ce que je viens de traverser ? La mort de ma sœur, l'incendie, le fait qu'on est peut-être espionnés.. Mais je ne veux pas sombrer dans une dépression. Je sais que je suis capable de faire des efforts pour affronter tous les malheurs...donc je veux vraiment aller de l'avant et être heureuse ! »

Le noiraud sentit croître un véritable sentiment de dévouement et d'investissement dans le discours de la jeune fille. Quand est-ce qu'il l'avait vue si assurée ?

- Bon aller, elle reprit, je t'accompagne jusqu'à ta classe et on y go.

- T'es sûre que ça va vraiment aller ?

- Tu jacasses. »

Juno tentait de le pousser à activer ses pieds, histoire qu'ils se mettent enfin en marche et puissent avancer. Ses deux mains prenaient appui derrière ses épaules à ce moment-là.

※❖※

Ils se retrouvaient alors dans un des rayons de livres ; les étagères étaient hautes et nombreuses. Leur bibliothèque avait des airs Parisiens, présentant somptuosité, élégance, et rappels occidentaux. Leurs présences furent masquées par tout ce luxe matériel, supérieur à leurs âmes un peu perdues.
Juno reposait contre ces longues armoires ouvertes qui contenaient d'épais bouquins. Ils lui formaient son dossier. Quant à Jungwon, il demeurait en face d'elle, de la même manière. Leur volume sonore était faible, ils n'avaient pas ailleurs où poser leur regard excepté sur leurs paires d'yeux. Ils devaient s'écouter calmement ou se taire.

«- Tu l'aimais depuis combien de temps ? Demanda t-elle, curieuse.

- Hmm.. Je ne suis pas certain... Mais ça fait un assez long moment quand même. Je ne dirais pas que j'étais fou amoureux ou quoi mais, c'est vrai que je voulais qu'elle me voit d'une manière différente.

- Je vois.

- Tu penses que je devrais faire comment maintenant ? On ne pourra plus être amis...

- Premièrement, ne te blâme pas pour avoir agi. Certes c'était impulsif mais elle ne t'en as pas voulu, vu ce que tu m'as dis. Après, tu t'es déjà excusé à elle... Tu devrais sans doute présenter tes excuses à Taeyong. Le rassurer ? Son ami est amoureux de sa copine, il doit être un peu chamboulé aussi...je ne le connais pas vraiment...

- Taeyong est vraiment un type bien. Il affirme, comme s'il venait de donner une définition, les yeux rivés au sol, la culpabilité qui remontait au cerveau et qui l'accabla de nouveau.

- Si tu le penses aussi sincèrement, alors je suis sûre qu'il n'y aura pas d'autre problème. Après avoir fait ça, tu devras juste te concentrer sur toi même et-

Vrrr, vrrr.

Deux vibrations successives venaient d'interrompre les instructions de la jeune fille. Elle dévérouilla son téléphone, râla aussitôt.

«- Quoi, qu'est ce qu'il y a ? S'intéressa son ami.

- Rien, c'est une notification qui revient souvent. Elle n'arrête pas de me dire de sécuriser mon compte Ennote (ndaa : pronote ou l'ent) parce que quelqu'un s'est connecté avec mes identifiants.

- Quoi ? Mais c'est dangereux ! Et puis quel but a ça ? Dépêche toi de le sécuriser ! Jungwon déambula à ses côtés pour également scruter l'écran du cellulaire.

- Je l'ai fait ! J'ai déjà fait ça. Mais le message revient bêtement. Bref, revenons à nos moutons, je disais- »

Cette fois-ci, rien ne l'interrompait pourtant, lorsqu'elle a relevé la tête et qu'elle a aperçu la sienne pencher si près d'elle, elle eu comme un moment de vide ou de surprise, peu facile à décrire. Tout comme l'étrange étreinte chaleureuse qu'elle a ressenti quant à sa présence si proche. Elle ne se sentait pas différente, mais pas indifférente non plus. Elle ne savait pas. C'était sûr qu'il y avait un petit quelque chose de nouveau, comme un sentiment de bien être, mais rien qui n'aille au delà.

«- Quoi ? Juno ? Pourquoi tu me regardes comme ça...

- Non... Toi, pourquoi tu me regardes comme ça ? Elle avait l'air effrayée. Ou sur le point de pleurer. Le noiraud pouffa.

- Si tu voyais la tête que tu faisais ! Son rire monta progressivement en décibels, et contamina aussitôt la camarade bizarrement apeurée qui gloussa.

- Chuutt ! » on en entendait quelques-uns pour les faire taire. Ils décidèrent de rigoler plus silencieusement.

«- Ah, mon Dieu, Juno, tu m'as terminé.

- Tout le plaisir est pour moi, son grand sourire s'afficha. Un temps où aucune parole ne fut énoncée se marqua.

- J'ai une soudaine envie d'aller travailler avec toi, on y va ? »

Il commençait peu à peu à quitter l'endroit, mais après courte réflexion, la lycéenne vint stopper sa marche en le retenant par le poignet. Jungwon attendit patiemment une réponse à cette intervention.

«- Tu vas le faire hein ? Tu vas parler à Taeyong ?

- Oui. Tu m'as donné le courage de le faire. Je sais pas, j'ai l'impression que ça va marcher, que tout peut rentrer dans l'ordre !

- C'est ça ! Garde ça en tête, je pense que j'ai très souvent raison !! Elle serra les poings en guise d'encouragement.

- Je le pense aussi, notre Su Juno est pleine d'assurance. »

Le garçon avança doucement vers elle. Son poignet était toujours enfoui dans la grande main de la jeune artiste en herbe. Ses doigts étaient froids, comme de très fines carottes de glace qui venaient rafraîchir sa peau. Son autre main, non prise, vint se caler sur le haut de la tête féminine, pour la frotter avec bienveillance. Une aura protectrice s'échappa de son ensemble, de son corps et son esprit. Ses fossettes se creusèrent à la vue de Juno, qui était simplement stupéfaite de l'acte qui venait d'être produit. Elle lâcha son emprise et l'observait lui, son visage, d'un air intrigué. "Notre"..."Notre Su Juno";"Notre Jeon Jungkook" c'est ce genre de choses que l'on emploie lorsqu'on se sent très proche de quelqu'un parce qu'on le connaît bien, et/ou qu'on est très amis.

« Allons travailler maintenant ! C'est pourquoi on est là ! » Juno prit les devants.

Pendant ce temps, chez les garçons avec Sunoo, Jaeyoon, Heeseung et Jongseong, les conversations au sujet de l'absent furent au rendez-vous.

«- Non, ce que je veux dire les gars... C'est que vous avez pas un peu peur pour Jungwon ?

- Qu'est-ce que tu veux dire par là, questionna l'américain tout en fixant le paquet de sucreries qu'il venait d'attraper sur la table. Ils étaient réunis dans la salle de classe de Heeseung. Et avaient rassemblé quatre pupitres pour parler autour.

- Il est tellement imprégné dans cette affaire de soi disant meurtre, que j'ai peur qu'il se blesse. Vous savez bien, une fois qu'il est dedans, il est dedans... Et son pouvoir..

- Je vois ce que tu veux dire dans ce cas-là. Moi aussi je m'inquiète un peu, confirma Jongseong, la voix un peu serrée, comme si il avait du mal à articuler ses mots.

- Je pense qu'on peut lui faire confiance, et puis à Juno aussi !

- À propos de cette Juno, poursuivit le doyen, vous êtes sûrs qu'on peut facilement lui faire confiance ? Moi je ne sais rien d'elle, mais elle me paraît un peu bizarre et... Je passe de moins en moins de temps avec Jungwon.

Il marqua un pause et avisa un par un tous ses amis présents. Il était debout et sa voix portait assez pour réveiller les autres assis.

- Vous savez que je vais bientôt être diplômé. Non, d'abord je vais passer mes examens finaux, et ensuite je ne serais plus là.

- Heeseungi-hyung... plaignit Sunoo.

- Vous voulez vraiment qu'on termine ça comme ça ? Vous voulez vraiment que JE termine comme ça ? Parce que Jungwon veut jouer l'enquêteur, il décide de tout mettre de côté ? Quitte à prendre des risques quand même sa santé est en jeu ?

- Heeseungi-hyung, ce n'est pas ça, et, qu'est ce que tu veux dire par "sa santé en jeu" ? Sunoo penchait plus vers l'agacement cette fois-ci. Il doutait que son ainé allait un peu loin dans ses arguments.

- Seulgi m'a dit ça la dernière fois, comme quoi il était venu s'écrouler sur elle en saignant du nez sous prétexte qu'il a trop travaillé. C'était après qu'on était partis vérifier pour les accélérateurs de combustion. Et vous savez pertinemment qu'il ne parlait pas d'étudier... »

Plus personne n'avait les mots. À cet instant précis, Riki arriva en frédonnant une chanson alors que l'ambiance régnait dans la plus grande pénombre. Un courant d'air fit claquer la porte. Le japonais s'installa avec hésitation les interrogeant tous du regard :

« Hum, où est jungwoni-hyung ? Et c'est quoi cette atmosphère ? J'ai l'impression qu'un yo-kai vous a envoûté...

- C'est bien ça le problème, où est notre jungwon ? Lança éperdument le plus âgé, on ne prend pas assez soin de lui !

- Heeseungi-hyung. Déclara étonnamment Jake, en se levant, presque avec austérité.

- Je comprends ce que tu ressens. Et je partage l'idée de se montrer un peu plus présent pour lui. Mais il est en bonne compagnie. J'en suis sûr. Il m'a parlé par messages et m'a dit certaines choses sur elle qu'il ne peut négliger. Il n'est plus un enfant, je pense qu'il sait ce qu'il fait.

- Ah parce que maintenant il décide de dire séparément les choses à chacun d'entre nous ? répondit le carmin foncé, croisant les bras.

- Heeseungi-hyung, si on apprenait un peu tous à la connaître et l'inclure dans notre groupe,

- Ce n'est pas la chose à faire quand je suis à deux doigts de quitter l'établissement définitivement pour les études supérieures. Comprenez moi aussi.

- D'un côté, Heeseung a raison... » prit part au débat le blond, se débatant toujours avec son sachet de bonbons.

Riki ne comprenait rien, il avait juste besoin de voir jungwon pour lui dire qu'il a eu 97/100 à son examen d'anglais. Et qu'il était "trop content".

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