九:ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 9

JEUDI 16 JANVIER 2020

Avec l'insaisissable Yang Jungwon, tout semblait passer au mieux. C'est à dire que ses idées, ses plans, son organisation, paraissaient tous si instantanés et faciles à se dérouler ; sa vigilance elle également avait l'air d'être fonctionnelle depuis longtemps. Juno le regardait comme s'il n'était pas humain. D'un côté, c'est vrai, il détient un pouvoir de psychométrie, ce ne sont pas tous les humains qui sont capables de faire ça. Mais sa manière si imperturbable de manipuler son cerveau afin d'y développer toutes sortes de théories pour l'avancement de l'enquête l'impressionne, la déstabilise profondément. Malgré l'efficacité des choses, la jeune fille ne put s'empêcher d'éprouver de la crainte vis-à-vis de ce qui se passait. N'allait-elle pas rapidement fatiguer son mental ? Ainsi, courant dans tous les sens, à la quête de la vérité ? Elle avait peur que Jungwon réussisse. Mais n'était-ce pas elle même qui avait si avidement proclamer le début de l'enquête à la proviseure du lycée ? Avec cette vulgarité propre, ses colères saines, son inquiétude flambante, son cœur si serré au fond de sa poitrine. Elle avait envie de tout arrêter. De faire reculer son coéquipier. D'ailler voir loin, ailleurs, se libérer de cette emprise mentale qui grignotait petit à petit le peu de raison qui lui restait encore.

Mais on arriva à la première porte. Le premier des suspects.

«-Bon. Juno, je vais commencer. C'est quelque chose que je fais pas souvent, mais que je contrôle assez bien. »

Elle n'écoutait pas, il se tenait là, la main frôlant l'objet, c'était comme si tout allait prendre fin, comme s'il allait tout faire sauter. Se disait-elle. La brune avait l'air accablée, et quelques de ses mèches folles couvraient son visage dont ses yeux, tel qu'elle n'aurait pas à assister à l'action que le psychométrique était sur le point d'effectuer.

Jungwon prêta peu attention à l'état de sa récente amie. Il plaqua sa peau contre la froide et grasse matière du bidon, se concentra, pris son moment à lui. Calmement, tout défila alors en une affluence de souvenirs qui finit par s'écraser au fond de son cerveau.

«- Rien d'intéressant, rien de suspect pour celui-là! »

Il tapota l'énorme bouteille en soupirant. Son regard se dirigea lentement vers le haut, puis il redescendit, parcourut le sol et remonta jusqu'aux yeux de Juno Su, luisant gravement.

«- Wow, ça va ? Juno tu as mal quelque part ? »

Elle n'avait pas parlé jusqu'à lors. La lycéenne repoussa ses longs poils qui cachaient l'humidité de sa peau derrière ses oreilles, retoucha légèrement sa frange et frappant les plis de sa jupe comme s'ils avaient pris de la poussière. Un raclement de gorge et, un son fût enfin émit de ses cordes vocales,

«- J'ai été un peu stressée par rapport à ce que tu allais faire, mais ça va. Je... je n'ai mal nul part. Mais,

- Mais ?

- Mais on va vraiment faire tous les autres accélérateurs de combustion ? Là, maintenant ?

- Oui, et d'ailleurs, il est temps de cocher que dans cette salle, c'est fait !

- Et tu fais quoi de la personne qui nous surveille ? Et si c'était un prof ?

- On fait rien de grave ! Enfin je veux dire, de quoi est-ce qu'ils pourraient nous accuser ? On trouvera bien une excuse s'il le faut. Fais moi confiance. »

Les avis opposés se tranchaient au sein de cette discussion. La jeune fille espérait si ardement que son camarade finisse par abandonner l'idée, qu'il lui propose de quitter ces couloirs, quitter cet étage, ce lieu opressant et mystérieux. Car elle ne voulait pas se l'avouer à elle même ni à ce garçon, qu'elle avait bien trop peur.
Elle plissa longuement des yeux, recherchant une tranquilité dans son esprit, une paix quelconque, un relaxement immédiat. Pendant ce temps, un sourire assuré se fendit sur le visage du noiraud.

«- Si tu es fatiguée, tu n'as qu'à me le dire, je comprends. Tu devrais te reposer Juno... Je peux continuer tout seul.

- Je... Je peux pas te laisser seul...

- C'est une situation que je peux mieux gérer que toi. Tu es fragile, en quelques sortes...il vaudrait mieux que tu te reposes, vraiment. »

Fragile? Juno n'aimait pas ce mot. Bien qu'il convenait à son état. Néanmoins ce n'était pas le moment pour être tiraillée, pas en pleine action.

«- Aller, aller, je vais finir par appeler Sunoo, il va venir te chercher et-...

- D'accord, d'accord... Je vais y aller. Je vais te laisser seul... Mais fait attention à toi...!

- Je te retourne la prévention. »

Ses pieds atteignirent le seuil, elle se retourna une dernière fois et toisa Jungwon. Il la salua d'un geste de main, la même avec laquelle il eut exercé son pouvoir. Son ventre se serra. Sa terreur repris vivement.

※❖※

Fidèle à lui même, l'élève Yang déambula dans chaque locaux, discrètement, assiduement, toujours plein de volonté. Dans un laps de temps restreint, il avait touché le reste des accélérateurs, n'oubliant pas de noter ceux qui venaient d'être faits. Pendant ce moment, il s'était fait découvrir une effroyable migraine, qui prenait son ampleur au fur et à mesure qu'il essayait de faire des efforts : qu'ils furent physiques ou qu'ils demandaient de la reflexion. Jungwon se soumit de façon croissante à la douleur, contre ses convictions. Éperdument motivé, il continua pourtant son affaire, se prêtant au dernier bidon qu'il lui restait. Dans la salle de Jay. En tremblant presque, un doigt se scotcha brusquement au plastique...
Cheveux blonds. Chimiste. Prélève de la substance de l'accelerateur de combustion dans un tube à essai. Dans sa poche un autre tube avec de la peinture. Du rose. Poudre rouge vermillon, éparpillée dans un coin sur sa blouse. Cinabre. Il remet en place le bidon. Il s'en va rapidement.

Jungwon ouvrit les yeux. Des perles de sueur s'égouttent du bout de ses mèches. Un saignement de nez. Une respiration forcée. Jungwon avait mal. Mais jungwon avait trouvé. Il sourit de toutes ses dents, quitta l'aire des physiciens, en titubant ou d'une manière en tout cas, confuse de marcher. Il essayait de se maintenir contre les murs pour s'aider à avancer, puis soudain, en descendant les escaliers il tomba nez à nez avec Seulgi.

«- Oh ? Jungwon-a ? Jung... Mon Dieu, Jungwon-a ! Qu'est ce qui t'es arrivé ?! Tu t'es battu ? Oh ? »

Son menton chuta sur l'épaule de la jeune fille agitée. Il s'était laissé se trouver un repos, en gardant ce sourire satisfait. Cela prouvait qu'il ne s'adonnait pas à la souffrance, au contraire il l'ignorait. Un passage qui devait avoir lieu. Chaque chose a sa place dans ce monde. Tout a une raison. Ainsi, il saignait du nez car son dur labeur avait parlé. Ainsi, quelqu'un a tenté de tuer Juno pour une raison injustifiable bien évidemment, mais du moins, ce chimiste y avait mis tout son acharnement pour atteindre son but.

«- Je ne me suis pas battu, tout s'est bien passé, je vais très bien.

- C'est ça oui, il te manque une case là jungwon, je ne t'ai jamais vu comme ça. Dis moi tout de suite ce qu'il s'est passé. »

Elle le repoussa avec agacement, tendant ses bras pour le maintenir car son déséquilibre le menaçait suffisamment violemment pour que ses jambes fléchissent et finissent par s'écrouler. Elle n'aimait pas cet air d'idiot que Jungwon adoptait. Elle ne comprenait pas. Mais le trouvait idiot.

«- J'ai juste beaucoup travaillé, et j'ai terminé comme ça. Mais comme j'ai réussi à finir, je suis content. »

Les sourcils raidits et strictement ordonnés de la jeune fille se relevèrent subitement. Une expressivité qui se traduisait en un simple étonnement se vit remarqué par le garçon instable. Seulgi fût visiblement attendrie et rassurée de cette réponse.

«- Tiens toi debout un instant, je te sors un mouchoir... »

Il exécuta, la contemplant.

«- Je sais que parfois on se sent contraint d'étudier durement, ça devient comme un réflexe au final d'attraper un manuel, en se disant qu'on a pas assez travaillé. Mais il faut comprendre que tu fais ça pour toi, et pour personne d'autre. Il faut savoir quelles sont nos propres limites... »

Elle parlait tout en faisant voltiger le mouchoir entre ses doigts : Seulgi en bavardant avec sa gestuelle, faisait attendre le pauvre garçon qui saignait abondamment. Il ria littéralement face à la situation,

«- Mais alors ce mouchoir tu comptes le garder pour toi ?!

- Oh misère, pardon ! Tiens !

- Merci.

- Ce soir rentrons ensemble, c'est quelque chose dont tu devrais parler avec moi.

- Si tu le dis ! Ça me va. »

La jeune intellectuelle, étira ses jolies fines lèvres rosées. Jungwon trouvait qu'elle ressemblait à une fleur, pure et délicate. Il voulait étrangement savoir ce que ça ferait d'embrasser une fleur.

Après tout, c'est ce à quoi peut penser un lycéen comme tout autre lycéen ? Non ? Il eut hâte de se transporter jusqu'à la fin des cours.

※❖※

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