Chapitre 67 (partie 1)

Le chemin jusqu'aux escaliers ne fut pas long, je restai immobile, le nez plongé dans son cou et les yeux fermés. J'étais à la fois heureuse et choquée. À la fois impatiente et terrifiée.

Parce que lorsque nous serions en haut, il allait certainement se passer des choses, et la question qui tournait en boucle dans mon esprit était simple : étais-je prête à faire ces choses ?

J'essayai d'ignorer mes doutes qui se démultipliaient dans mon coeur alors que le magnifique garçon qui me portait montait la première marche, mais rien à faire, je n'étais plus aussi à l'aise que tout à l'heure.

Maintenant, j'avais le temps de réfléchir et ce n'était pas bon pour moi : à chaque fois qu'on me laissait le temps de me concentrer, je me montais la tête, je changeais d'avis, je me faisais des films tellement dingues que j'en oubliais la raison pour laquelle au départ cela avait pu me paraître être une bonne idée.

Et là, c'était exactement ce qui était en train d'arriver, je me montais la tête. Je me faisais des films et je changeais d'avis...

– Tu devrais voir ta tête, on dirait que je viens de t'annoncer que je t'emmenais dans ma grotte pour te démembrer, ricana Jeff.
Le pauvre.
– Je suis désolée, je... ne suis juste pas sûre d'être prête à...

Comme je prenais trop de temps pour m'exprimer, il ouvrit la bouche pour compléter la phrase. Cependant, au moment même où sa langue claqua son palais pour formuler le mot qu'il allait dire, je discernai cette lueur qu'il avait dans les yeux : celle du Jeff qui allait dire un truc salace rien que pour me mettre mal à l'aise.

Du coup, je réagis immédiatement et le coupai :
– Je crois que je ne suis pas prête à faire ce que tu veux que je fasse.

Au moins, c'était dit. Jeff s'arrêta au milieu des marches, me lançant un regard insondable. Je détestai ça, car dans ce genre de moment, il était tout simplement impossible pour moi de deviner ce qu'il avait derrière la tête, il était mystérieux et je n'arrivai pas à suivre sa logique, à comprendre à quoi il pensait : il pouvait tout aussi bien nous imaginer en train de nous embrasser ou s'imaginer en train de m'égorger que je n'aurais pas pu faire la différence. Ses traits étaient complètement inexpressifs ce qui n'était pour ainsi dire vraiment pas rassurant.

Finalement, il reprit son chemin tout en marmonnant :
– Je t'accompagnes à ta chambre.
Et là, en grande chieuse contradictoire et incompréhensible que je savais être, je fus assaillie par un lourd sentiment de déception. Je regrettais de ne pas pouvoir aller avec lui, de ne pas pouvoir m'amuser avec lui, au moins un tout petit peu.

Putain mais pauvre latino !

On arriva devant la porte qui menait au corridor des filles et il me déposa délicatement devant, me faisant lentement glisser contre son corps aussi dur que de la pierre et aussi chaud que de la lave en fusion.

Ce mec était vraiment l'incarnation de la tentation. Il mêlait le désir et la glace , la passion et la colère, l'attention et la négligence, la moquerie et la tendresse, le courage et la peur : tout chez lui semblait n'appartenir qu'à lui, il était unique et mémorable.

Après un soupir, il décolla son corps du mien et s'écarta.
– Je préfère te laisser là où je vais avoir du mal à me retenir de t'attraper et de t'amener de force dans ma chambre...

Alors fais-le, beau gosse !

Je baissai les yeux et tentai d'effacer l'envie qui naissait de ses propos. Je devais résister, jamais je n'oserai lui avouer ce que j'éprouvai en cet instant.

Je le remerciai donc et lui offris un petit sourire avant de me retourner pour pousser le battant de la porte et émerger dans le couloir. Toutefois, avant même que j'ai eu le temps d'entrer, une main tira violemment mon bras et je me retrouvai plaquée contre le mur mitoyen de la porte.

Jeff tenait mes deux bras de chaque côté de ma tête et sa bouche était si proche de la mienne que son souffle pouvait presque passer entre mes lèvres entrouvertes.

Pourtant, je savais qu'il ne voulait pas m'embrasser, parce que dans ses yeux, ce n'était pas l'excitation qui brillait, mais la fureur.
– Qui t'as fait ça ? Demanda-t-il d'un ton haché par la haine.

Je ne comprenais pas ce qu'il me racontait, mais bon sang de quoi est-ce qu'il pouvait bien parler ? Qu'est-ce qui pouvait bien le plonger dans une colère pareille ?

– Qui m'a fait quoi Jeff ?
– Comme si tu ne savais pas, je répète ma question et je veux une réponse claire et concise. Qui. T'as. Fait. Ça ?
– Qui. M'as. Fait. Quoi ?
– Mierda, tu vas me faire croire que tu ne t'es même pas rendue compte que t'as une flaque de sang sur la jambe ?

– Aaaaaah, ça !
J'éclatai de rire, parce que, même si les circonstances dans lesquelles cela m'était arrivé étaient glauques, Jeff ne pouvait décemment pas aller punir le coupable puisque je l'avais déjà tué.
– Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ? Ronchonna-t-il ;
– C'est... juste... que...

Je riais tellement fort que je ne réussis pas à formuler de phrase correcte ce qui ne tarda pas à énerver le beau latino.
– Bon bah si c'est comme ça, on va dans ma chambre.

J'eus une impression de déjà vue quand je retombai dans ses bras sans avoir eu le temps de réagir mais je ne bronchai pas, en fait, j'étais soulagée que ça se déroule ainsi et pas autrement. S'il m'avait laissée filer tout à l'heure, j'aurai pensé à lui toute la nuit tout en me maudissant et en regrettant.

Au moins là, je ne pouvais pas regretter.

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Heyyy !
Désolée pour cette moitié de chapitre mais demain matin je pars en voyage et les préparatifs m'ont pris tellement de temps que je n'ai pas réussi à beaucoup écrire...
Je me suis tout de même dit qu'une moitié vous consolerait et vous aiderait à supporter l'attente de la suite.
J'espère que je ne me suis pas trompée ! Profitez bien du week-end, reposez-vous, lisez et à la semaine prochaine !
Baci, Ellecey

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