Introduire les personnages, c'est difficile. Il faut que ce soit plaisant à lire et que les lecteurs s'en souviennent.

Première mauvaise idée (à mon sens) : la présentation en gros bloc, surtout en tout début de roman, en mode :

"Bonjour, je suis machin, je vis là, j'ai les yeux arc-en-ciel et quand je pète ça sent la lavande."

Honnêtement, le lecteur s'en fout ! Surtout si en plus, vous ne mettez pas d'action dans votre paragraphe explicatif. S'il ne se passe que de la narration, sans dire que votre personnage se brosse les dents, marche, se gratte la tête ou autre, ça rend le moment excessivement plat et l'attention est vite perdue.

Seconde mauvaise idée (toujours selon mon avis) : se limiter à ses cheveux. À moins que vous soyez dans le marketing et que vous passiez votre journée à faire des pubs pour des shampoings, cette fixation capillaire n'est pas normale ! Pensez aux chauves et à la discrimination qu'ils subissent.

Et le pire de tout, s'est d'utiliser le qualificatif capillaire pour le désigner ! Votre personnage est plus intéressant que ça. Une ou deux fois dans le roman pour en profiter et caler une description ou faire un rappel, oui, mais c'est tout ! Vous pouvez rendre votre roman tellement plus riche et caractériser votre personnage tellement plus précisément que ça !

- Son métier ou passe temps (passion) : le boucher, le pharmacien, la pianiste, le randonneur...

- Son rôle : le voleur, la mère, le client...

- Un de ses traits de caractère : le comique, le timide, le ronchon, l'excentrique, la folle des chats...

- Un élément remarquable de son physique (mais avec parcimonie, c'est comme les cheveux) : le balafré, le boiteux, le garçon sexy, le poilu, le malingre...

Troisième mauvaise idée (encore selon mon prisme) : en faire des caisses. On n'a pas besoin de connaître le nombre de poil de votre personnage, ça ira. Vraiment, hein, on veut pas savoir ! Personnellement,  en moyenne, je pars sur trois éléments par personnage, deux éléments physiques et un sur le caractère quand je les introduits. Evidemment, ça peut être plus, surtout au fil du roman, ou on peut toujours amener des détails qu'on n'a pas balancé au début. Ce n'est pas une règle, c'est selon chaque auteur et le contexte.

"Tartempion arrive dans la pièce, son énorme main saisie la chaise près de moi et il la tire pour s'y laisser choir.

— J'ai les pieds gelés, il pleut et mes sandales sont trouées, déclare-t-il de sa grosse voix avant de se frotter la barbe pour l'égoutter et de reprendre. En plus, ce siège n'est pas confortable, j'ai mal au cul. J'espère que la bouffe sera bonne.

Ce type est un vrai rayon de soleil... Il ne m'a même pas salué, pour ne pas déroger à ses habitudes, et il se plaint. Je retiens un soupir et me concentre sur mon écuelle."

Ici, selon comme on compte, on peut même dire qu'il y a plus de trois éléments, Tartempion est grand, il a une voix grave, une barbe et c'est un râleur. Sans le contexte de l'histoire on ne peut pas savoir, mais comme il a les chaussures trouées, ça peut être un signe de pauvreté, ou le fait qu'ils viennent de loin, ou peut-être qu'il est radin (il n'aurait vraiment pas grand chose pour lui le pauvre ^^').

Quoi qu'il en soit, ça n'a pas été beaucoup plus long que de le présenter en mode :

"Tartempion entre dans la pièce, je l'attendais pour manger. Il est grand, tout paraît démesurément petit à côté de lui. Sa voix lui va comme un gant, elle fait trembler les murs quand il parle.

Ses sandales trouées couinent quand il marche et l'eau s'en échappe. Il s'asseoit près de moi et râle sur la météo, la chaise et même sur la nourriture qu'il n'a pas encore goûtée. En une seconde, je regrette déjà de devoir le supporter, ce malpoli ne m'a même pas dit bonjour."

C'est plus court (d'une dizaine de mots), mais on n'a moins d'éléments, notamment sur le narrateur. Après, chacun fait comme il veut et c'est, clairement, en partie selon nos goûts.