Chapitre 71 : Discussion

Les gars, il reste trois chapitres avant
l'épilogue. J'avoue que ça me fait un truc quand même, mais vous retrouverez Clem et Ken dans les tomes suivants. La bonne nouvelle c'est que les chapitres qui viennent sont assez longs !
Il y aura une petite pause avant le tome 2 histoire que je prenne de l'avance pour pouvoir publier régulièrement.
Merci à mes lectrices de l'espace qui prennent toujours le temps de laisser un petit commentaire, c'est tellement encourageant ❤️

Il ne revint qu'en fin d'après-midi, la mine sombre et les yeux tristes.

J'avais succombé à une nouvelle crise boulimique et comatais sur le canapé, furieuse contre moi, furieuse contre Ken, un sentiment de honte me dévorait les entrailles.

Quand la porte s'ouvrit, je contrôlais pour la troisième fois depuis une demie heure, la taille de mon avant-bras. Il ne devait pas faire plus du cercle formé par mon pouce et mon index, sinon j'étais devenue grasse.

— Beauté...

Je soupirai en relevant la tête vers lui, devant sa mine tristounette je ne pus lui en vouloir, il était tellement adorable ces derniers temps, j'avais de la chance de l'avoir. Qu'il ait besoin de se calmer de temps en temps n'était pas non plus la pire des choses, je n'étais pas facile à vivre avec mes névroses.

Je me levai faiblement et glissai mes bras sous les sien pour entourer sa taille.

— On en parle plus, murmurai-je en l'embrassant entre l'oreille et la mâchoire.

Il enserra mes épaules et me chuchota un pardon à l'oreille.

— T'es à moi.

Mais je secouai la tête, ne voyant pas les choses sous cet angle.

— Je ne suis pas à toi parce que tu le veux, je suis à toi parce que je le choisis librement.

Il hocha la tête et attirant mon menton vers lui, embrassa mes lèvres.

Je ne résistai pas et tirai sur ses ridicules poils de barbes.

— Tu me tiens, je te tiens, par la barbichette...

Il m'ignora en levant les yeux au ciel, et réunit de nouveau nos bouches.

Rapidement, son baiser se fit plus insistant. Ses mains se perdaient sous mon haut, il m'attirait plus fort contre lui.
J'en avais envie, j'avais toujours envie de lui, mais j'étais trop fatiguée par ma crise.

— Ken... je..., soufflai-je faiblement.

Mais il ne me lâchait pas continuant d'approfondir notre étreinte, je compris qu'il avait besoin d'être rassuré, de sentir que je n'aimais que lui.

Alors je cédais, tant pis pour la culpabilité que je ressentais, tant pis pour la fatigue, je peinais même à me rappeler ce qui m'avait retenue quelques secondes plus tôt. Il m'obligea à reculer jusqu'à la chambre, jetant sa casquette à l'autre bout de la pièce.

Les flammes dansaient dans son regard lorsqu'il ouvrit les yeux en tirant mon t-shirt au dessus de ma tête.

Le souffle coupé, le cœur en panique, le ventre contracté, le feu aux joues.

— Y'a que toi Ken.

Ses yeux se refermèrent instantanément et ses lèvres revinrent vers les miennes.

Sa peau contre la mienne, son regard brûlant dans le mien, sa voix, son souffle dans mon oreille, la piqûre de sa barbe sur mon épiderme.

L'intimité amoureuse qui nous entourait comme une bulle protectrice, nous transportait sur une autre planète.

Je l'avais dans la peau.

Un peu plus tard il me força à sortir dîner avec lui, il voulait que nous discutions de mes nouveaux problèmes avec la nourriture.

Quoi de mieux que de faire ça devant une assiette pleine...

— J'ai regardé de vieux clips d'1995 aujourd'hui !

Un petit sourire naquit sur ses lèvres.

— M'en parle pas, je peux presque plus mater ça, on était vraiment moyens, tant au niveau du style que du son.

— Tu plaisantes ? T'étais carrément plus canon à 21 piges. T'avais déjà une tête de con mais au moins, t'étais beau gosse !

Ken fronça les sourcils, un air amusé plaqué sur le visage.

— J'étais surtout imberbe.

— Maintenant aussi hein, on peut pas dire que t'aies la barbe d'Hagrid !

Un petit rire lui échappa et il m'adressa un regard pétillant.

— Maintenant je suis deux-berbes.

— Putain mais arrête avec cette vanne, répondis-je en éclatant de rire.

Il reprit son sérieux et serra ma main par dessus la table.

— J'aime t'entendre rire.

— J'aime me beurrer la biscotte.

Le rappeur secoua la tête en riant de la référence.

— Je sais très bien ce que t'es en train de faire Beauté, t'essaie de détourner le sujet, mais je te sais, fit-il en pointant deux doigts vers ses yeux puis vers les miens.

Grillée. Je piquai un fard et m'agaçai de voir cet air sûr de lui naître sur son visage.

— Arrête de faire le mec. Je déteste quand tu me regardes comme ça.

Son expression s'adoucit mais il ne changea pas pour autant de sujet.

— Arrête de faire la peste alors, parle moi de tes crises.

J'étais vraiment mal à l'aise, je ne saurais décrire la honte que je ressentais en pensant à tout cela. Mais surtout face à Ken, je me sentais affreusement faible et sale en évoquant le sujet.

— Je... j'ai une sorte de gouffre là, dis-je en désignant mon estomac, et y a qu'en mangeant, mangeant, mangeant, jusqu'à avoir terriblement mal au ventre... Et après j'ai honte et je culpabilise, c'est épouvantable, j'ai tellement peur de grossir après une crise que je me force à tout ressortir.

Il ferma les yeux en serrant ma main, si fort que mes doigts en étaient douloureux.

— J'ai tellement honte Ken, je culpabilise si fort... Je me sens énorme et tout le monde dit que je suis trop maigre. J'ai envie de m'en sortir mais mon cerveau et mon corps... on dirait qu'ils m'en empêchent, qu'ils veulent que je sois encore plus malade. Je pense à la nourriture toute la journée, elle m'obsède, que ce soit pour m'en priver ou en abuser, je ne pense qu'à ça tout le temps.

Il se passait la main sur le visage, l'air abattu par ce que je lui racontais. Et je me sentais si mal de lui en faire.

— Je... je te demande pardon, sanglotai-je, C'est l'horreur pour toi... J'arrive pas à te rendre heureux. Si tu veux plus gérer ça je comprendrai.

— Arrête, arrête de dire ça, tu le répètes trop souvent. J'ai peur que tu me quittes en voulant me protéger.

J'aurais voulu le faire, mais j'étais bien trop faible pour ça. Je l'aimais trop pour le quitter, je ne l'aimais pas assez pour prendre la décision qui était bonne pour lui.

— Chérie regarde moi, tu vas t'en sortir, on va trouver une solution ok ? Parce qu'y a des centaines de meufs qu'ont vécu cette demer et qui s'en sont sorties ! Alors toi aussi, y a pas de raisons.

Je ne répondais rien, gardant les yeux baissés sur mes minuscules morceaux de dinde, coupés avec parcimonie par mes soins.

— S'il te plaît regarde moi... T'as pas à t'en faire pour moi Clémentine, on vit des trucs difficiles, mais quelque part, je préfère être avec toi malade qu'être sans toi. Ça me rend malheureux de te voir dans cet état, mais ça me rend heureux de m'occuper de toi. J'veux avoir le bonheur de te voir guérir, même si ça doit prendre des années. Si t'es pas capable de comprendre ça c'est que t'es conne.

Une larme s'écrasa sur mon assiette, mon menton tremblait, je me haïssais tant. Ken parlait encore mais je n'entendais plus.

Soudain son poing s'abattit sur la table.

— REGARDE MOI PUTAIN !

Je sursautai violemment et mes yeux se levèrent automatiquement vers les siens.
Il était en colère, mais son émotion était palpable. Tout le monde nous regardait.

— Ma parole t'es vraiment une galère ! Tu me quitterais si j'étais malade ? Genre si j'avais un cancer et que j'allais caner.

— Non ! Voyons non, bien sûr que non ! Quelle horreur !

Je ne comprenais pas où il voulait en venir.

— Bah pourquoi tu voudrais que je te quitte alors ? T'as pas le cancer, tu vas pas mourir, t'as juste un problème dans la tête qui va finir par se régler.

— Ken ça n'a aucun rapport...

Mais il me fit taire en plaquant sa main sur ma bouche.

— Chut. Je ne veux plus t'entendre. Demain on ira voir ton psy ensemble, j'ai besoin qu'il m'explique comment je dois te gérer. Mais tu discutes pas, je te lâche pas et c'est tout. Maintenant tu me finis cette assiette, et cette nuit, j'ai pas intérêt à te retrouver la tête dans les chiottes.

Je hochai la tête, ça ne servait à rien de discuter, il avait toujours ce côté directif qui ne tolérait aucune réplique. Un sourire lubrique naquit alors sur ses lèvres et je lui adressai un regard interrogateur.

— S'il faut que je te tienne éveillée toute la nuit pour t'empêcher de faire une connerie, je sais comment m'y prendre...

Je levai les yeux au ciel, sentant mes joues rosir.

— Bah quoi, si t'es pas capable de t'aimer, faut bien que je le fasse pour toi.

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