Chapitre 58 : Risibles Amours

Je n'aime pas trop ce chapitre, c'est une transition, mais il est nécessaire. Il y aura plus d'avancée dans celui de ce soir.
Bonne lecture ❤️

— Hak...Hakim... sanglotai-je, S'il te plaît... prends bien soin de lui. Je... Je n'ai jamais... Je veux pas lui faire... du mal. J'essaie... j'essaie juste de me protéger.

Sans savoir pourquoi je me précipitai contre le torse du grand frère de Ken, entourant sa taille de mes bras. Il parut surpris, il n'était pas venu pour me réconforter.

— Je veux juste qu'il soit heureux, c'est tout ce que je lui souhaite, c'est lui qui est venu vers moi hier, murmurai-je.

Hakim jusqu'alors très raide finit par se détendre un peu et sa main tapota doucement mon dos.

— Il sera jamais heureux si tu l'es pas aussi.

Je soupirai... On s'était vraiment tiré l'un et l'autre vers le bas.

— Dis lui que je vais faire des efforts et de ne plus se soucier de moi.

Mékra hocha la tête et je le lâchai. Après avoir tchecké Deen, il récupéra la casquette de Ken et se dirigea vers la porte.

— Attends Hakim !

Le Kabyle se retourna vers moi. Je n'arrivai pas à le laisser partir avec ça, ignorant pourquoi j'avais besoin que cet objet tellement associé à Ken reste chez moi.

— Tu peux me laisser la casquette, s'il te plaît.

— C'est du vol, répondit-il.

Je secouai la tête négativement.

— Non, c'est un emprunt, je lui ferai passer par Deen ou Moh plus tard.

Mékra m'adressa un signe de tête et jeta la casquette sur le canapé avant de quitter l'appart une bonne fois pour toutes.

Je me tournai vers Deen, j'avais besoin qu'il me réconforte mais j'avais peur qu'il soit trop en colère contre moi pour cela. Devant mon regard implorant, il soupira.

— Princesse on va se mettre d'accord tout de suite, je te fais tous les câlins que tu veux, mais tu me promets de me dire la vérité et de manger ce que je te prépare ?

— Tout ce que tu veux.

Bien vite le corps de mon ami m'entoura. Je m'effondrai littéralement dans ses bras pendant qu'il me soulevait pour aller s'assoir sur le canapé, m'asseyant en travers de ses genoux.

— Chut, murmura-t-il, Mékra y est allé un peut fort mais c'est normal, il flippe.

Je hochai la tête contre lui pendant qu'il m'apaisait doucement. Je devais cet ami merveilleux à Ken et jamais je ne lui en serait assez reconnaissante.

Un peu plus tard, quand mes larmes furent taries, Deen me redressa et me posa sur le canapé avant de se diriger vers le frigo.

— Je t'écoute, dit-il en sortant plusieurs ingrédients du frigidaire.

Je respirai un grand coup, ne sachant de quelle façon aborder ce qu'il s'était passé.

— Est-ce que tu as lu Risibles Amours, de Kundera ?

Le grand brun fronça les sourcils, ne voyant pas le rapport.

— Non, j'ai pas ce luxe là.

— L'une des nouvelles qui constitue le livre raconte l'histoire d'un couple qui part en vacances. La fille est du genre timide et jalouse, très jalouse, le gars est un ancien coureur de jupons qui s'est rangé en tombant amoureux d'elle.

Deen m'adressa un regard perspicace, il commençait à comprendre pourquoi je lui parlais de cela.

— La fille est jalouse des filles légères qu'il a connu, parce qu'elle est pudique et plutôt pure. Lui, il s'en fout de ces filles là, ce qui lui plaît chez elle, c'est justement cette pureté.

Je soupirai en me rendant compte d'à quel point cette histoire nous ressemblait.

— À un moment, la fille qui s'est arrêtée sur la route pour aller aux toilettes, fait semblant d'être une auto-stoppeuse et son gars de ne pas la connaître. Il la prend en voiture et se met à la draguer comme si elle était une inconnue. La fille est piquée dans sa jalousie, elle se dit que c'est comme ça qu'il fait avec les filles légères. Alors, elle aussi se met à jouer un rôle, elle perd sa timidité. Ils rentrent dans un jeu malsain ou le gars joue le connard dragueur et la fille la pétasse légère.

Ma voix était un peu rauque, Deen ne me quittait pas des yeux, passionné par ce que je lui racontais.

—  Le jeu va de plus en plus loin, le gars déteste voir sa copine faire la putain, elle l'excite mais elle le dégoûte en même temps, elle est de plus en plus jalouse et mal à l'aise, mais exulte de se rendre compte de son pouvoir de séduction. Chacun a envie d'arrêter le jeu, mais aucun n'ose l'avouer à l'autre, ce serait une défaite. Alors à la fin quand ils couchent ensemble, le mec la traite comme une putain, il n'y a aucun amour dans leurs étreinte, chacun des deux déteste ça. Le gars est dégoûté de voir que sa copine, qu'il aimait pour sa douceur et sa pureté est capable de se conduire comme la pire des salope. La fille est terriblement blessée de voir que l'homme qu'elle aime et qui la respecte habituellement, peut être aussi rude et violent et se servir d'elle comme un objet. Ce qui partait au début d'un jeu anodin, leur fait énormément de mal et la fille finit par pleurer pendant des heures dans le lit en répétant « je suis moi, je suis moi, je suis moi » .

Ma voix s'étrangla sur ces derniers mots et je sentis une larme rouler sur ma joue. Deen ne dit pas un mot, il découpait des légumes au ralenti, les yeux fixés sur moi.

— C'est à peu près ce qui s'est passé hier soir, sauf que j'ai pas eu le courage de lui dire que j'étais moi. Je lui ai fait croire que j'étais vraiment devenue une pétasse sans sentiments. Alors que lui, il a été honnête et m'a dit ce qu'il ressentait. Mais en vérité Deen, c'était horrible, coucher avec lui comme ça m'a rendue malade. J'avais envie de lui hurler de tout arrêter, qu'il me prenne dans ses bras comme avant, mais je refusai de perdre la face et qu'il voit à quel point je l'aime encore.

Deen me regardait tendrement, l'air dépassé par la situation.

— Y'a un truc que je m'expliquerai jamais, murmura-t-il.

— Quoi ?

— Pourquoi ce sont les gens qui s'aiment le plus qui se font le plus de mal.

Une semaine passa après l'épisode désagréable avec Ken, j'avais du mal à m'en remettre.

Moh ne réagit pas du tout de la même façon que Deen et Mekra en apprenant ce qu'il s'était passé.

— Putain tu t'es refais le Fenek ?

Je hochai la tête, honteuse.

— Tu vois, j'étais sûr que tu pourrais pas te passer de son corps d'athlète bien longtemps. On revient toujours à ses meilleurs coups.

Je riai, sa façon de dédramatiser toutes les situations me permettait de relativiser.

— J'ai une question Mandarine.

— Oui ?

Il avait l'air gêné, une première pour Mohammed.

— T'as ressenti quoi ? Je veux dire, t'as regretté de l'avoir quitté ?

Je fermai les yeux, mon cœur regrettait chaque jour d'être loin du sien, mais ma conscience elle, savait que c'était bien mieux ainsi.

— C'était bizarre... En fait j'ai eu envie de plus et je me suis aperçue que j'avais toujours des sentiments, et du coup ça m'a fait comprendre qu'il valait mieux qu'on s'évite.

Deen m'avait bien remis les idées en place et les mots d'Hakim résonnaient toujours dans ma tête.

— Pourquoi tu me demandes ça ?

Sneazz avait l'air vraiment bizarre, j'avais l'impression qu'il ne savait pas comment me dire les choses. Lui qui d'habitude était plutôt franc parlé.

— Je sais pas, lui il est vla bressom depuis que vous vous êtes revus. On est pas serein pour notre kho.

— Ça va passer Moh, faut qu'il digère, lui répondis-je comme pour me convaincre moi-même.

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