Chapitre 55 : Défis
— Je te conseille de partir, dis-je au gars.
Je connaissais trop bien Ken pour savoir que même si je protestais, il ne bougerait pas d'un poil et finirait par coller une droite au pauvre type qui me draguait.
Ce dernier se leva en m'adressant un regard chargé de reproches et se perdit dans la foule des danseurs.
Je n'osais pas croiser le regard de Ken, sachant très bien que ses yeux me brûleraient la rétine.
— Depuis quand t'es ce genre de meuf ?
Je reconnu le ton énervé de sa voix, il était déçu.
— Depuis qu'un connard m'a brisé le cœur.
Je refusai toujours de rencontrer son regard mais sentais ses prunelles incandescentes braquées sur moi. Je restai assise sur mon tabouret, fixant les corps en mouvement des danseurs.
— Elle est où ma Clémentine ? Je la cherche.
Je fermai les yeux un instant, puis continuai de me concentrer sur la foule.
— Elle est morte.
C'est alors que la musique se stoppa et que Deen rejoint Elite aux platines, pour saisir un micro. Il commença alors un discours pour exprimer sa joie, sa fierté et remercier toutes les personnes qui avaient contribué à son album. Puis il interpréta quelques titres. Ken ne bougeait pas d'un poil, sa présence à mes côtés me perturbait et très vite je me mis à trembler. Je sentis alors sa main chaude se poser sur le haut mon genou, il le pressa doucement. Le simple fait que nos peaux entrent en contact déclencha la course folle de mon cœur. Les minutes passaient et aucun de nous ne parlait ni ne bougeait.
— ET NEKFEU POUR « TU RÊVES » !
La main de Ken quitta aussitôt ma cuisse et je sentis son souffle contre mon oreille.
— T'as pas intérêt à bouger de là.
Encore une fois un long frisson me secoua. De toutes façons, j'étais incapable du moindre geste.
Ken monta sur scène tchecka Deen et chacun fit son couplet. Quand ce fut au tour du grec, je ne pus le lâcher des yeux, c'était comme si rien n'avait changé.
Donne-moi de la lumière pour mes pensées
Du noir pour m'y plonger, de l'encre pour m'épancher,
Un buvard pour m'éponger, une goutte sur le plancher
Pas encore droit, mais je vais m'y pencher
Je pensais que ma dernière copine serait ma dernière copine
Est-ce de ma faute si je me lasse en six mois ?
Mon cœur est si dur, mes relations si molles
Victime de ma réputation, au point de finir écœuré plus d'un soir
Je t'ai vu, t'as décliné mon invitation, je voulais juste parler, t'aurais pu t'asseoir
Tous ces combats intérieurs que je n'ai pas terminés m'éprouvent
Je trouve ça triste avec du recul, comme le freestyle dans la voiture d'Eminem et Proof
Tu crois que, pour moi, c'est un jeu, tellement t'es voulue, mais c'est sur toi que j'ai jeté mon dévolu
J'ai connu des aventures qui n'en étaient pas
Nouveau départ, j'étais jeune, tout l'monde évolue
Mes sentiments, je les cache, laisse-moi te libérer de ta jolie cage
Efface donc ces défauts que je n'garderai jamais, on sera comme June Carter et Johnny Cash
Il était absolument envoûtant, encore une fois, je me laissai prendre au piège. Comment pouvais-je être aussi faible ?
Il fallait que je quitte cet endroit, je ne pouvais plus le laisser faire de moi tout ce qu'il voulait. Prenant mon courage à deux mains, je me levai et pris la direction de l'extérieur. J'avais besoin de fumer.
— Moh, tu dis à Deen que je suis sortie un moment prendre l'air. Si jamais il me cherche.
Mon ami hocha la tête et retourna draguer la pauvre fille qui passerait à la casserole le soir même.
L'air frais me fit du bien, j'essayais d'ordonner mes pensées. Ken était mauvais pour moi, je devais m'éloigner de lui, pourtant, sa simple proximité déclenchait en moi des réactions qui allaient à l'opposé de ce que voulait ma conscience. Je pouvais presque sentir sa présence quand il entrait dans une pièce.
Je cherchai fébrilement mes cigarettes dans mon sac et finit par en sortir une de mon paquet, avant de galérer pour trouver mon briquet.
— Putain de merde, râlai-je, il est où ce con de briquet.
— Je savais qu'elle était pas morte.
Je me retournai brusquement, son sourire amusé et ses prunelles malicieuses me donnèrent envie de lui mettre une baffe.
— T'as quoi à me coller ? Y'a plein de pétasses à choper !
Il rit doucement.
— J't'avais dit de ne pas bouger.
— Depuis quand je t'obéis ?
Son sourire s'agrandit et il fit un pas vers moi mais je reculai. Il ne fallait pas qu'il soit trop proche.
— T'as repris du poil de la bête on dirait, murmura-t-il.
— C'est pas grâce à toi.
Une ombre passa sur son visage, je ne voulais pas lui faire de peine mais j'avais besoin qu'il reste à distance.
— Je suis content que Sneazz et Deen veillent sur toi. Même s'ils le font pas assez à mon goût.
Je soupirai, voyant très bien de quoi il voulait parler.
— Je me tape qui je veux quand je veux. Ils n'ont rien à dire là dessus, dès qu'ils abordent le sujet ils se prennent un stop.
Ken secoua la tête, pendant que je cherchai toujours mon briquet. Je finis par trouver, ironie du sort, celui qu'il m'avait donné des mois plus tôt.
Après avoir enfin allumé ma cigarette, je me sentis un peu mieux. Le rappeur m'observait d'un air curieux.
— Quoi ? Je suis pas une bête de foire ! Pourquoi tu me regardes comme ça ?
— Arrête de faire semblant, t'es pas comme ça Clémentine et on le sait tous les deux.
Le ton de sa voix était très grave, il me faisait la leçon et j'avais horreur de ça.
— Tu ne sais rien du tout, tu ne me connais plus. J'ai changé.
Il eu un rire narquois qui m'exaspéra.
— Tu fais ta tassepé mais t'es pas crédible une seconde. Avec moi ça prend pas, je te connais trop bien. Et je sais que quand t'es avec les gars t'es toi même.
J'aurais aimé lui faire ravaler son sourire sûr de lui en lui collant un coup de pied dans les couilles. Mais mieux valait que je ne m'approche pas.
— Je suis moi même. C'est juste que j'ai fait une croix sur les sentiments.
Il rit encore et s'approcha mais je reculai.
— Ah ouais ? Alors pourquoi tu restes à distance si t'as pas de sentiments ?
Bonne question, je détestais qu'il lise en moi comme dans un livre ouvert. Je détestais qu'il sache qu'il était ma faiblesse la plus désarmante.
Il s'approcha encore et je me forçais à rester stoïque.
— Je ne recule pas. J'ai pas peur de toi.
— Ah ouais ? demanda-t-il en me rejoignant.
Il me faisait face, je refusai de croiser son regard, comme quelques minutes plus tôt dans le club.
— Regarde moi si t'as pas peur.
— Non.
Il rit encore.
— C'est bien ce que je dis, pas crédible.
Alors, parce qu'il me poussait à bout, je laissai mes yeux rejoindre les siens. La flamme qui dansait dans ses iris caramel me coupa le souffle. Mais je ne laissai rien paraître, il ne gagnerait pas ce soir. Il se mordit la lèvre et je fis comme si de rien était. Tirant simplement sur ma cigarette en le fixant rageusement.
— J'ai envie de toi Beauté.
Merci pour tous vos votes et commentaires, ça me fait trop plaisir que l'histoire plaise.
Que pensez vous de la nouvelle couverture ?
Gros bisous et à demain pour la suite ❤️
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