Chapitre 4 : Rencontre

Une semaine était passée depuis ma dernière "entrevue" avec le rappeur, il était parfaitement sorti de ma tête, je travaillais comme une folle pour la maison d'édition et Paul me surchargeait d'informations concernant le mariage.

Nous étions à l'appartement, parlant justement de nos projets, il m'avait fait un délicieux repas et m'exposait les idées de sa mère pour la décoration. J'écoutais distraitement, davantage focalisée sur le mouvement de ses lèvres lorsque ce celui-ci parlait, je le trouvais séduisant, cela ne m'étonnait pas qu'il réussisse aussi bien dans le marketing, Paul était envoutant quand il expliquait quelque chose. Je me levais et m'approchais de lui, entourant son cou de mes bras avant de déposer quelques baisers le long de sa mâchoire.

— Ce que je dis ne t'intéresse pas ? me demanda-t-il, amusé.

— Si, mais je préfèrerais que tu parles moins et que tu m'embrasses.

— Clem on parle du mariage là !

Je battis des cils tout en continuant de l'embrasser sur la joue et dans le cou. Il finit par céder et me pris dans ses bras avant de me transporter jusqu'à la chambre.

Quelques heures plus tard, Paul dormait paisiblement à mes côtés et j'étais incapable de fermer l'oeil, les prémices d'une crise d'angoisse se faisant sentir.

— Paul, murmurai-je, je me sens pas très bien.

Mais un faible grognement me répondit et je sentis qu'il ne fallait pas insister. N'y tenant plus, je me levais, allait chercher un paquet de cigarettes que j'avais planqué dans un coin, enfilai un jean et un sweat-shirt et m'élançai dans les escaliers vers la rue.

Je fumais peu, mon fiancé étant plus qu'opposé à la cigarette, mais dans des états d'angoisse comme celui dans lequel je me trouvais, c'était la seule chose qui me faisait du bien. Mes pieds me conduisirent tout seuls sur les quais. Je m'affalais sur un banc, tirant une cigarette de mon paquet. Je fouillais mes poches à la recherche d'un briquet mais n'en trouvais pas.

— Putain de merde, râlai-je en balançant mon paquet de cigarettes à l'autre bout du banc.

Une main apparut alors devant moi, me tendant ce que je cherchais. Je saisis le briquet tout en me retournant.

Il était là, un sourire en coin, ses yeux bruns braqués sur moi. Encore une fois, je me sentis sondée, ce type me donnait l'impression de scruter mon âme à chaque regard.

Rompre le charme.

Je devais briser le silence, d'une manière ou d'une autre. Les secondes passèrent comme une éternité. Je me raclais la gorge.

— Crois pas que je suis là pour toi.

Il éclata de rire.

Quelque chose s'éveilla dans mon cœur.

— T'as l'air vénère.

Il avait parlé, enfin. Le charme était-il rompu pour autant ?

— Qu'est-ce que tu veux ? demandais-je.

— Je sais pas, j'ai l'habitude de me faire dévisager par des inconnues dans le métro, mais toi tu m'intrigues. Tu me matais pas comme une groupie.

Il me tendit mon paquet de clopes et s'assit à côté de moi sans que je ne l'aie invité à le faire.

— J'observe tout le temps les gens, répondis-je en tirant une bouffée de tabac blond, Ton visage ne me semblait pas inconnu, mais je me souvenais plus où je l'avais vu.

Le jeune homme sourit et je me surpris à lui trouver du charme.

— Maintenant tu sais qui je suis ?

— Ouais, une célébrité. « Nekfeu, le beau gosse du rap français. » selon internet.

L'intéressé éclata une nouvelle fois de rire, il riait décidément beaucoup.

J'aimais bien ça.

Un nouveau moment de silence nous enveloppa, il ne me lâcha pas des yeux, même lorsque je me levai pour jeter mon mégot dans une poubelle.

— T'as donc un avantage sur moi, tu connais mon prénom, me dit-il quand je revins m'assoir, c'est quoi le tien ?

Ah merde, je détestais dire mon prénom, je le trouvais totalement ridicule.

— Je te préviens, tu me verras plus pareil quand tu le sauras, il est stupide.

— Laisse moi deviner alors, t'as un nom de candidate de télé-réalité ? Genre Kelly, Kim ou Samantha.

Ce fut à mon tour de rire.

— Dixit le mec qui s'appelle Ken. Non c'est plus ambiance cours de récréation que télé-réalité.

— Il te fait gol-ri mon blaze ? Attends un peu que je trouve le tien. Lily ? Capucine ? Fraise ?

Je pouffais une nouvelle fois.

— Fraise ? C'est pas un prénom ça ! Mais t'es pas loin avec les fruits !

— Pastèque ?

Je lui donnais un coup de poing dans le bras.

S'il se croyait amusant.

— Non, je m'appelle Clémentine, mais je préfère Clem.

— C'est mignon Clémentine.

— C'est ridicule.

Je laissai échapper un soupir.

— Bon alors, pourquoi t'es là si t'es pas là pour moi ? finit-il par demander.

Ken me scrutait, comme il n'avait cessé de le faire depuis notre rencontre.

— J'avais besoin d'air.

— Effectivement t'avais pas l'air bien quand tu t'excitais sur tes clopes.

— Je vais me marier dans quatre mois.

J'avais lâché ça, comme si ce mec que je connaissais depuis cinq minutes était mon psychologue.

— Sérieux ? Félicitations, mais attends t'es super jeune non ?

— J'ai 22 ans.

— Ah ouais putain. T'es avec ton gars depuis longtemps ?

— Bientôt 6 ans, répondis-je sur un ton un peu désabusé.

— Eh ben pour quelqu'un qui va se marier tu respires pas la joie de vivre.

Je forçai un sourire, mais je lus dans le regard qu'il m'adressa que je ne le dupais pas. Je préférais quand la conversation était plus légère.

— T'es pas obligée de tout me dire ce soir tu sais. Garde du mystère pour nos futurs rencontres.

Ken parlait comme s'il était sûr que nous nous reverrions.

— Qui te dit qu'il y aura d'autres rencontres ?

Il m'adressa l'un de ses sourires amusés.

— Clémentine, on s'est croisés quatre fois sans le vouloir, c'est impossible qu'on ne se revoie pas.

Il n'avait pas tort, et même si je n'osais pas le dire, j'avais envie de le revoir. À côté de lui, l'air me paraissait plus respirable, je pouvais me vider la tête.

— Si tu me files ton numéro, on pourra peut-être forcer la chance.

Je levais les yeux au ciel, ce type ne manquait pas de culot.

— J'imagine que ton statut de « beau gosse du rap français » facilite grandement tes prises de numéros d'habitude. Mais j'ai une meilleure idée, si on se croise encore une fois par hasard, alors peut-être que je te le donnerai. Sinon tant pis, j'aurais apprécié de discuter avec toi cette nuit et ça restera un bon souvenir.

Je ne voulais pas qu'il s'imagine que parce qu'il était connu, j'allais lui faire confiance plus vite. D'autant plus qu'il avait plutôt une réputation de tombeur et que j'étais, soit dit en passant, fiancée.

Il parut apprécier le défi que je lui lançais.

— Ça me plait, j'te raccompagne ?

— Ce serait forcer le destin si tu sais où j'habite.

Je lui tendis son briquet en me levant, mais il secoua la tête.

— Garde le, je fume plus de toutes façons.

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