Chapitre 23 : Détente

Je préparais un brunch pour Ken et moi, nous avions dormi une bonne partie de la mâtinée, quand mon téléphone sonna. C'était ma mère. Je fis signe à mon ami de surveiller les œufs qui cuisaient dans la poêle et décrochai.

— Oui maman ?

— Chérie je viens d'avoir Catherine au téléphone.

— Ah.

— Elle était hors d'elle, il faudra vraiment qu'on mette les petits plats dans les grands si tu veux espérer arranger les choses et sauver ce mariage.

— BORDEL MAIS QU'EST-CE QUE VOUS NE COMPRENEZ PAS ? JE NE VEUX PAS SAUVER CE MARIAGE ! Il n'y aura pas de mariage.

Ken sursauta et me jeta un coup d'œil inquiet en m'entendant hurler au téléphone.

— Chérie ça m'embête beaucoup que tu réagisses comme ça. Écoute, on va venir te voir à Paris, j'aurais besoin de savoir où tu loges.

Je ne pouvais pas leur donner l'adresse de Ken.

— Un ami m'héberge le temps que je trouve un appartement. Je ne peux pas vous recevoir chez lui.

L'intéressé haussa les sourcils et souffla comme si j'avais dit une bêtise. Il me fit signe de mettre le haut parleur, sans savoir pourquoi, j'obtempérai.

— Clem tu vis avec ce garçon ? Tu n'as pas honte ? Aussi vite après Paul ! Je ne te connaissais pas comme ça, vraiment je ne sais pas si c'est une crise d'adolescence tardive ou un caprice de jeune fille gâtée mais quand même !

J'inspirais un grand coup et tentai de répondre calmement.

— Maman, je ne vis pas avec Ken. Il m'héberge pour me rendre service parce que j'étais à la rue en quittant Paul. Écoutez si vous voulez venir à Paris, prenez une chambre à l'hôtel, je viendrai vous voir.

— Très bien. Mais ne pense pas que nous sommes d'accord pour que tu t'engages dans cette nouvelle relation sans queue ni tête.

— Il est mon ami, et ce que je fais avec lui ne te regarde pas.

Je raccrochais, ne souhaitant pas en attendre d'avantage. Ken s'assura que la communication soit coupée, puis s'empressa de commenter la dernière phrase de ma mère.

— Je crois que ta mère se fait une fausse idée de moi. J'AI UNE QUEUE ET UNE TÊTE PUTAIN !

J'explosai de rire et remerciai silencieusement Dieu d'avoir mit cet homme sur ma route. Il plaça une assiette pleine devant moi et je l'attrapai par le cou pour planter un baiser sur sa joue.

— Merci pour tout ce que tu fais pour moi.

Il me fit un de ces sourires amusés dont il avait le secret.

— J'ai des avantages en nature à te rendre service Beauté.

Je le frappais en riant. J'avais déjà oublié les mots de ma mère. Comment faisait-il ça ?

— Tu sais Clémentine, tes parents peuvent venir ici, je m'en fous tant qu'ils balancent pas mon adresse sur les réseaux sociaux.

— C'est gentil mais je préfère les voir en terrain neutre. Au fait, je vais visiter un appartement cette semaine. Le loyer me convient, il n'est pas trop mal situé. J'ai posé mon dossier pour être sûre de l'avoir si jamais il me plaît.

— Ah ! C'est bien ça !

Le ton du rappeur était neutre, il ne semblait ni soulagé ni déçu.

— Oui l'ennui c'est qu'il n'est disponible que fin août, mais je peux prendre un Airbnb pour août si ça t'arrange. De toutes façons je vais être en vacances au moins deux semaines et j'aimerais partir un peu. Ah et puis il faut que je te vire la moitié du loyer de juillet.

— Arrête tu m'assommes avec tes histoires. Tu crèches ici tant que tu veux. J'ai beaucoup de choses en août, je serai presque pas à Paname et parle pas de pognon, c'est un service.

Comme je fronçai les sourcils, il insista :

— Beauté c'est tout vu, discute pas. Tu payes la bouffe si tu veux mais pas plus. T'as besoin d'économiser pour tes frais de dossier.

— Ken, j'ai pas envie d'avoir l'air entretenue ou je ne sais quoi. J'ai déjà donné. Ça me dérange.

Il leva les yeux au ciel.

— Si je pensais que t'étais une michto t'aurais jamais passé cette porte. Maintenant tu manges, et la bouche fermée s'il te plait.

Je soupirai, il avait un côté vraiment directif par moment.

Après un déjeuner passé à rire et à s'envoyer des vannes, Ken m'informa qu'il allait prendre l'air pour écrire et qu'il rentrerait quelques heures plus tard.
Au moment de partir je vis qu'il tournait en rond, cherchant en vain quelque chose.

— Tu cherches quoi ?

— Ma squette-ca Patagonia, la rose, celle avec les filets blancs sur les côtés.

Je ris, c'était précis.

— Bah mets en une autre t'en as des tonnes.

— Ouais mais c'est celle que je veux.

J'éclatai de rire, un vrai gamin parfois. Jetant un œil autour de moi, je repérai rapidement la dite casquette, elle dépassait de la pile de vêtements qu'il avait vidé de sa valise en rentrant la veille. Je la ramassai et m'approchai de Ken pour la mettre sur sa tête.

— Qu'est-ce que tu ferais sans moi !

Il m'adressa un petit sourire bien trop séducteur.

— Là tout de suite j'ai envie de faire quelque chose de pas très colocatairement correct.

Ses mains se posèrent sur mes hanches et je me sentis rougir. Mon cœur battait fort quand il me regardait avec cette flamme dans les yeux.

— Ken je ne crois pas que...

— On n'est plus à une connerie près !

Il pressa alors ses lèvres sur les miennes, mais je lui interdit l'accès à ma langue. Nous n'étions pas un couple et si, dans des moments de faiblesses nous avions pu nous laisser aller, il ne fallait pas que tout cela devienne habituel et que toutes les frontières soient brouillées.

— Dommage, murmura-t-il.

Je déposai un baiser sur sa joue, léger et affectueux.

— Passe ta frustration dans tes textes chéri.

Il haussa un sourcil en m'entendant l'appeler ainsi, mais il comprit en voyant mon sourire mutin que ce n'était pas sérieux.

— Tu vas me rendre ouf Clémentine.

Il quitta l'appartement et je me félicitai de ne pas avoir craqué. Il était hors de question que les choses soient trop facile pour lui et que je sois à sa disposition d'un point de vue sexuel. Je refusais de donner raison à ma mère.

Je profitais de l'après midi pour prendre soin de moi, après une bonne douche, je m'étais installée dans le canapé pour une séance épilation, hydratation, manucure, pédicure tout en regardant des épisodes de Friends à la télé. Je pouvais vraiment être très fifille parfois. Mes soucis me paraissaient loin, j'avais vraiment retrouvé le sourire avec le retour de Ken.

Alors que je me peinturlurais le dernier ongle de pied, la clé tourna dans la serrure.

— Pololah, le fenek c'est normal la go à moitié à poil sur ton canapé !?

Merde. Je reconnu aussitôt le fameux Deen Burbigo, son regard me parcourut des pieds à la tête. J'étais en culotte et débardeur, effectivement ce n'était pas une tenue pour recevoir du monde. Le visage tendu de Ken apparut à son tour, j'allais en prendre pour mon grade.

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