Chapitre 19 : Confrontation

— Ken je le sens pas.

Nous étions devant la porte de l'appartement, je n'osais pas tourner la clé dans la serrure.

— Allez vas-y Clémentine, fais lui regretter jusqu'à la fin de sa vie.

— Tu peux m'attendre là ? Je pense que c'est mieux que j'y aille seule, si j'ai besoin je t'appelle.

Ken m'adressa un regard dubitatif, je savais qu'il mourrait d'envie de rentrer et d'éclater Paul mais il était hors de question que ça se passe ainsi.

— S'il te plaît.

— D'accord comme tu veux, mais si j'entends qu'il te parle mal je déboule.

J'inspirais un grand coup et ouvrais la porte. L'appartement était en désordre, c'était très rare que ce soit le cas. Personne dans la cuisine, je me dirigeais vers le salon. Paul était là, l'air préoccupé il cherchait quelque chose dans une pile de documents. Mon cœur se serra en voyant les cernes sous ses yeux, il avait l'air vraiment malheureux.

— Paul.

Il releva instantanément la tête.

— Clem, oh mon Dieu, je savais que tu reviendrais !

Il me rejoignit aussitôt et me pris dans ses bras mais je restais de marbre. L'odeur de son eau de Cologne m'était désormais insupportable.

— Mon amour, je suis heureux que tu sois là, on va pouvoir discuter, je vais tout t'expliquer, on va repartir de zéro je te promets.

— Non.

— Clem je comprends que tu sois en colère mais écoute moi s'il te plaît.

Sa voix était doucereuse, j'avais l'impression qu'il parlait à un enfant irresponsable.

—Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi Paul. Je suis venue récupérer ce qui m'appartient dans cet appartement.

— Chérie, je suis sûr que tout n'est pas perdu, toi aussi tu as fait des erreurs. Tu m'as trompé avec ton rappeur, c'est toi qui m'a poussé à fréquenter plus Anna parce que tu refusais de t'investir dans le mariage.

— Je rêve Paul ? C'est de ma faute maintenant ? J'ai joué franc jeu moi ! Je t'ai avoué presque tout de suite ce qui c'était passé avec Ken ! combien de fois t'es tu tapé Anna avant que je le découvre ? Combien de temps aurais tu continué si je ne l'avais pas découvert ? Je suis désolée tout est fini, je ne veux plus t'écouter. Vous vous méritez bien tous les deux.

Je quittais la pièce, sortit les valises du placard de la chambre et entrepris d'y entasser tous mes fringues, les objets de valeur qui m'appartenaient et les paires de chaussures auxquelles je tenais le plus. Je devais faire des choix, n'ayant ni le temps ni l'envie de faire des cartons en bonne et due forme. J'attrapais ensuite un grand cabas dans lequel j'entassais la plupart de mes livres, laissant ceux que j'avais en double chez mes parents. Alors que je passais à la salle de bain récupérer mes affaires de toilettes. Paul m'intercepta.

— Clem tu ne peux pas me quitter comme ça, pas après six ans de relation, pas après tout ce qu'on a vécu ensemble, pas à un mois du mariage. Imagine tout ce dans quoi nous avons investi !

— C'est ça le mariage pour toi ? Un investissement ? Tu me dégoûtes Paul, j'aurais du te quitter bien plus tôt. Je regrette de ne pas être allée au bout des choses avec Ken quand j'en ai eu l'occasion. C'est tout ce que tu méritais.

Il me saisit les poignets et ma trousse de toilette explosa au sol.

— Tu ne penses pas ce que tu dis Clémentine.

Il me poussa et mon dos heurta violemment le mur. Son regard était empli de désespoir et de panique. Il comprenait que je lui échappais complètement.

— Je sais que tu m'aimes encore, je suis prêt à te le prouver.

Il colla ses lèvres sur les miennes tandis que ses mains maintenaient fermement mes poignets.

— Lâche moi Paul ou je crie.

Mais il m'ignora et ses lèvres parcoururent fiévreusement mon cou.

— Ose me dire que ça ne te fait plus d'effet Clémentine.

Il y avait bien quelque chose, voir son regard dévasté et ce visage que j'avais tant aimé brisaient mon cœur une nouvelle fois. Évidemment, on arrête pas d'aimer quelqu'un du jour au lendemain, même s'il nous a trahi. Mais il fallait que je lui mente, pour lui faire payer.

— Ça ne me fait plus rien, tu me dégoûtes.J'ai découvert que le sexe pouvait être bien plus que sympa.

J'avais tort de faire la maligne dans cette situation, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Il m'avait fait tant de mal.

— Tu as couché avec quelqu'un d'autre ?

— Pas plus tard que cette nuit.

Cette fois ci la colère s'empara de lui et il m'attrapa par le cou. J'avais des difficultés à respirer.

— Je vais te faire passer le souvenir de ses bras, crois moi Clémentine. Tu veux faire la pute, je vais te traiter comme telle.

Il m'attrapa par les cheveux et me tira vers la chambre. J'eus à peine le temps d'hurler.

— Ken !

Un tsunami débarqua dans l'appartement. Mon ami se jeta sur Paul et lui asséna un énorme coup de boule. Surpris, ce dernier tituba et s'effondra par terre, le nez en sang. Ken paraissait hors de lui, il s'apprêtait à frapper Paul une nouvelle fois mais j'interrompis son geste. Les larmes coulaient toutes seules sur mes joues.

— Arrête, ça ne sert à rien, aide moi simplement à récupérer mes affaires.

Il obtempéra et après avoir rassemblé tout ce qui pouvait tenir dans nos bras, je déposai sur la table mes clés et ma bague de fiançailles. C'était vraiment fini.

— Tu le regretteras Clémentine. Tu regretteras d'être partie et je ne serai plus là pour te donner une nouvelle chance.

La voix étouffée de Paul me parvenait du couloir. Je m'apprêtais à répliquer mais Ken avait déjà fait chemin inverse. Il saisit mon ex-fiancé par le col et lui adressa une claque monumentale.

— Le seul qui va regretter quelque chose ici c'est toi. Tu perds une femme magnifique, douce, respectueuse et monstrueuse au pieu, tu vas te retrouver tout seul comme une merde. T'as voulu jouer au con, assume les conséquences et cherche même pas à voir Clémentine. Si j'apprends que t'as tenté quoi que ce soit dans les années qui viennent, je te jure que t'es un homme mort.

J'étais abasourdie. Jamais je n'aurais pensé que Ken dise des choses pareilles sur moi. Je commandai un Uber distraitement tandis qu'il revint dans la pièce.

— On y va avant que j'achève ce fils de pute ?

Je hochais la tête, médusée. Rester dans cet appartement m'était insupportable, les photos, les souvenirs, les faire-parts de mariage, tout me rappelait ce que j'avais perdu.

Alors que nous rentrions dans le taxi, un silence de mort régnait entre Ken et moi. J'étais sous le choc, tant du point de vue de ce que j'avais vécu avec Paul que de celui de la réaction du rappeur. Je prenais sans doute trop à cœur ses mots mais ils m'avaient profondément ébranlée.

— Naaaan c'est Nekfeuuu ! Mec je kiffe trop tes sons !

Génial, un conducteur fan. Il ne manquait plus que ça.

— Merci frère c'est cool.

La voix de Ken était râpeuse, presque éraillée. Je sentis qu'il était encore en colère. Lentement, ma main rejoignit la sienne, il ne la repoussa pas et serra mes doigts pendant que je mettais tout en œuvre pour ne plus pleurer.

Au bout de quelques minutes de silence et voyant à quel point j'étais mal, il me sourit doucement.

— Alors comme ça le sexe peut être bien plus que sympa ?

Je piquai un fard, il avait entendu.

— Ta gueule.

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