Chapitre 4

                                                    belle saison – 4ème mois – 5ème jour – an 128

Et puis le temps passa. La présence d'Alison ne changeait pas grand-chose à la faune et la flore, mais elle était d'une grande aide pour bricoler. Elle entreprit de réparer le toit, la table, les chaises et la fenêtre qui ne tenait plus debout. Bien sûr, nous l'aidions. Et bientôt, ma petite maison fut comme neuve. J'en étais ravi. Nous décidâmes de réaménager l'intérieur pour faire de la place. Alison renforça tous les meubles datant. Nous avions également récupéré du bois flotté sur la plage. Ainsi nous avions aménagé une grange, grâce à des vieux outils de bricolage qui étaient rangés au fin fond du grenier, qu'Alison avait retrouvés. Nous y rangeâmes les étagères pour laisser dans ma chaumière seulement nos lits, la cuisinière et la table. Cela faisait beaucoup de place.

J'insistai pour faire la cuisine car j'aimais beaucoup ça. Quant au ménage, c'était une sorte d'activité collective. Et comme l'avait dis Adrianne, Alison était d'une excellente compagnie. Les journées défilaient à une vitesse ahurissante. Même si d'ordinaire je n'aimais ni être accompagné ni parler, je devais bien avouer que je ne m'ennuyais pas. La flore resplendissait de mille et une couleurs, et la faune vivait sa plus belle vie, le beau temps était également au rendez-vous. Les hirondelles et martinets virevoltaient à droite à gauche, pépiant gaiement. J'aimais cette période de l'année. Il faisait ni chaud, ni froid. Il faisait beau, il pleuvait, il y avait des arc-en-ciel... La vallée était en fleurs, les bourgeons laissant découvrir leurs teintes pastelles. Et puis il y avait le retour des animaux migrateurs. C'était vraiment une atmosphère spécifique que j'appréciai fortement.

Ce jour-là, le soleil brillait à son zénith. Des marres d'eau ici et là témoignaient de l'averse ayant eut lieu la veille. Je déambulais dans la vallée, s'en avoir de but précis. Je me promenais juste, m'émerveillant face aux senteurs des fleurs naissantes qui embaumaient l'air de leurs saveurs nouvelles. J'avais traversé la vallée, et était allé dans la suivante. À l'horizon, se dessinaient les sommets des hautes montagnes lointaines. Je ne m'étais jamais aventuré au-delà. Je n'en ressentais pas le besoin, je pénétrais dans une épaisse forêt. Je ne m'y rendais que rarement. Quand j'étais petit, j'étais allé jusqu'au pied des montagnes, à la recherche de ma mère. Sans succès. Là-bas, je me souviens avoir vu une pancarte, prévenant de ne pas aller plus loin, au risque de périr. J'avais donc décidé d'y renoncer. Mais cette pancarte signifiait un signe de vie. Ce n'était pas moi, ni ma mère car j'aurai reconnu son écriture : ronde, fine, délicate et élancée, je l'avais lu et relu dans le carnet de recensement. Je l'avais tellement scruté dans ses moindres détails que je pouvais décrire le long d'une page sa façon d'écrire chacune des lettres de l'alphabet. Je ne me souvenais plus d'elle. Ni de son visage, ni de sa voix, ni de l'odeur qu'elle portait. Ma tête était comme vide, sur ce sujet là.

Non, c'était une autre écriture. Si mes souvenirs étaient bons, elle était... carrée, rapide, sans élégance. Juste, à la va-vite. Je savais à qui elle appartenait, et c'était bien ce qui m'avait dissuadé de continuer mon périple. Cette personne n'avait pas écrit dans le cahier de recensement. Jamais. Mais je m'en souvenais très bien. Il avait marqué ma mémoire. Un frisson me parcourut en y repensant. J'avais un vague souvenir de cette personne. Pas un visage ou une odeur. Juste une voix. Une voix froide, rude, glaciale, austère. Et ce regard perçant, transperçant les âmes. Ces traces qu'il avait laissé dans ma mémoire suffirent à ce qu'un arrière-goût amer refasse surface en moi. Je frémis de nouveau. Ma mère n'aurait jamais été au-delà des montagnes si elle avait vu cette pancarte. Elle ne l'aurait jamais rejoint. Enfin, je l'espérais vivement. Je secouai la tête. Non, je ne devais pas douter d'elle, ce n'était pas bien. Je devais lui faire confiance, il le fallait. Elle n'aurait jamais fait ça. Elle ne m'aurait jamais abandonné, et surtout pas pour lui.

Les feuilles mortes crissaient sous mes pas au fur et à mesure que j'avançais. C'était véritablement la forêt vierge, et je peinais à continuer ma route. Je me frayais un sentier dans la végétation abondante avec difficulté. Je faisais également attention où je posais les pieds car le sol était parsemé ici et là de racines sinueuses s'enroulant autour de chaque végétal, les étouffant, tels des proies.

Soudain, j'entendis un bruissement de feuilles dans mon dos. Je me retournai. C'était un jeune daim, il me fixait de ses yeux purs.

– Bonjour, le saluai-je poliment.

Il pencha la tête sur le côté, sans comprendre. Pourtant, il ne s'enfuyait pas.

– Tu es ici depuis longtemps ? Demandai-je.

Il se retourna, avant de me regarder, et d'un mouvement de tête, m'indiqua de le suivre. Je m'exécutais. Il me guida longtemps. De temps en temps, il jetait des regards en ma direction pour vérifier si je suivais toujours. Dans ses yeux, se lisait une certaine insistance. C'était vraiment rare que des animaux prêtent attention à moi. Le comportement de ce daim était étrange. Je faisais de mon mieux pour le suivre dans cette végétation, mais me frayer un chemin devenait de plus en plus difficile. Il dut remarquer mon embarras car il m'indiqua des zones plus accessibles.

Enfin, la végétation se fit de moins en moins dense, et bientôt, le chemin déboucha sur une clairière. Elle était enveloppée sous les arbres, donc je ne l'avais jamais aperçut depuis les collines. C'était un havre de paix. Les rayons du soleil perçaient à travers les branchages, de nombreux animaux semblaient prendre repos ici, surtout des biches, daims et cerfs. Je dénombrais aussi quelques marmottes, des écureuils, des lapins, et des oiseaux qui zigzaguaient entre tout ce monde. Au loin, résonnait le clapotis de l'eau, signifiant qu'un ruisseau ou une rivière était à proximité. Au milieu de la vallée, se dressait une sorte de vieux temple en pierre, à moitié effondré, dévoré par le lierre et le temps. Le daim continuait d'avancer, je le suivis. Aucun animal ne broncha quand je traversais la clairière. Les uns m'ignoraient, les autres me jetaient des regards curieux. Le daim pénétra dans le temple, moi sur ses talons. Je dus baisser la tête pour ne pas me cogner. Une bonne partie des murs était affaissée, ainsi que le plafond à quelques endroits. Mais surtout, il faisait très sombre. Il m'aurait fallu plus de temps pour que mes yeux s'habituent à l'obscurité, malheureusement le daim m'attrapa la manche et m'entraîna en avant. Je ne savais pas où je marchais.

– Tu es sûr de ce que tu fais ? Demandai-je, doutant quelque peu de la solidité du temple.

Mais il continuait d'avancer. Même si je me méfiais, une part de moi voulait en savoir plus. Qui avait construit ce temple ? Pourquoi ? En quelle année ? Et où était cette personne maintenant ? Elle devait sans doute être morte à l'heure qu'il est. Soudain, je marchais sur quelque chose qui émit un craquement sonore. J'avais donc la réponse à ma question.

Peu de temps après, mes yeux s'accoutumèrent enfin, et je pus voir à peu près où je posais les pieds. L'air était sec et oppressé. J'étais mal à l'aise. Je détestais ce genre d'endroit. C'était trop étroit, enfermé, compressé. J'avais toujours l'impression de ne pas avoir assez d'air, assez d'oxygène. J'essayai de rester calme, de ne pas céder à la panique. Quand arriverions-nous ? Soudain, le daim me tira vers le bas.

– Qu... ?

Je me cognais la tête contre le plafond.

– Aïe !

Il tourna. Je le suivis machinalement. Je marchais sur quelque chose qui devait être du verre. Du verre ? Ici ? Non, je devais me tromper. Mais je n'eus pas le temps de m'arrêter, le daim tourna de nouveau. Nous pénétrâmes dans un étroit couloir. Les parois rappèrent mes vêtements. Encore plus à l'étroit, moins d'oxygène. Je déglutis difficilement, avant de calmer ma respiration. Je devais rester calme, ne pas paniqué. Mes doigts tremblèrent malgré moi. Puis mes mains entières. J'essayai vainement de penser à autre chose. Je tendis alors l'oreille.

J'entendais quelque chose grouiller. Des animaux ? Des abeilles ? Ma main tremblotante longea la pierre, pendant que j'avançais. Je sentis alors quelque chose de gluant remuer à mon contact. Je retirai mon membre en vitesse. J'ignorais ce que c'était, et je préférais ne pas le savoir. Le sol descendait lentement. Il n'était pas raide, comme ceux de la falaise. Je humais l'air. Une odeur exécrable vint me chatouiller les narines. J'éternuai.

– À tes souhaits, retentit une voix monotone et grave.

Je sursautai.

– Qui est là ? Grognai-je, d'une voix froide.

– Tu es un Homme du monde extérieur, n'est-ce pas ? Tu es revenu détruire. J'ai reconnu ta voix, Glarian [ se prononce Glayrianne ]. 

Mes yeux s'ouvrirent en grand.

– J'ai tapé dans le mille, hein ? C'est bien toi ? Pesta la voix.

– Jamais ! Je ne serai jamais comme lui ! Aboyai-je avec fureur.

Comment cette personne pouvait le connaître ? Elle resta muette quelques instants, avant de reprendre, comme irritée :

– Tu as la même voix, alors ne me berne pas !

– Eh bien, prouve-le. Allume une lumière, tu verras que je ne suis pas lui !

– Si tu crois que c'est aussi simple. Pour ça il faudrait que tu me libères, mais je te rappelle que tu m'as enchaînée ici ! Persifla-t-elle.

– Il t'a fait ça, soufflai-je d'une voix sonnée. Il t'a bousillé la vie à toi aussi...

Mon irritation s'était envolée.

– Pourquoi ? Qu'avais-tu fait pour le contrarier ? murmurai-je dans un filet de voix à peine audible.

Elle soupira, comme désespérée.

– Si tu le connais, tu sais bien que ce taré a mené pas mal d'expériences qui ont mal tourné. J'en suis une. JE SUIS DEVENUE UN MONSTRE PAR SA FAUTE !

Son cri résonna dans le temple.

– À cause de lui, j'ai perdu mon apparence, je ne ressemble plus à rien... Et puis, je peux faire des trucs bizarres. C'est terrifiant. Comme il m'a jugé de « loupée », il m'a emprisonnée ici. Je n'arrive pas à me défaire de ces chaînes, j'ai pourtant bien essayé. Ça fait des années que j'essaye. Mais ça ne sert à rien.

– Il est revenu depuis ? Questionnai-je.

– Jamais. Il m'a sans doute oubliée.

– Comment as-tu réussi à survivre aussi longtemps sans boire ni manger ?

– J'ai bu et j'ai mangé. Ce sont les animaux qui m'ont tenue vivante depuis tout ce temps. Surtout ce daim qui t'a amené. Il t'a forcé à le suivre, hein ? Il est borné...

J'entendis le bruit de la ferraille contre les parois rocheuses.

– En quoi sont faites tes chaînes ?

– Je ne sais pas vraiment. De l'acier ou du fer.

– Je vois. Il faudrait les faire chauffer... Écoute, je dois aller chercher quelqu'un. Je reviens le plus vite que je peux.

– C'est ça, bien sûr que tu vas revenir...

Elle ne me croyait donc pas. Je quittai le temple, le daim sur mes talons.

– Je connais quelqu'un qui peut faire fondre ses chaînes. Je vais la chercher. Il faudrait que tu m'accompagnes car je ne retrouverais jamais le chemin sans toi, lui expliquai-je.

Il hocha la tête et me guida à travers la forêt. Après une bonne demi-heure, nous en sortîmes. Nous courûmes en vitesse, traversant la vallée. Et après quinze minutes, nous parvînmes à la cabane. Adrianne et Alison étaient en train d'étendre du linge sur une vieille ficelle suspendue entre deux arbres. Elles semblaient être dans une conversation palpitante. Nous courûmes vers elles.

– Alison ! Appelai-je.

Elles se retournèrent vers moi, surprises.

– Ah, tu es là, s'exclama Adrianne. On t'a cherché partout. T'as disparu comme ça...

– Oui, acquiesça Alison. Tu étais où ?

Je repris ma respiration pendant quelques dizaines de seconde avant de reprendre :

– Alison, il-il faut que tu m'aides. J'ai besoin de ton pouvoir, vite !

Elle posa le panier de linge qu'elle tenait dans ses bras, l'air préoccupé.

– Il y a un incendie ? S'enquit-elle.

– Quoi ? Non. Pas du tout. C'est... autre chose. Tu comprendras là-bas.

Adrianne remarqua alors le daim qui se tenait à mes côtés.

– Depuis quand les animaux te parlent ? S'étonna-t-elle.

– C'est en rapport, venez.

Je repartis et elles me suivirent. Elles connaissaient mal les dénivelés et se faisaient avoir à chaque fois.

– Aïe, gémit Alison pour la centième fois. Eh, je ne sais pas comment tu fais Célian, y'a des trous camouflés partout.

– Je vis ici depuis toujours, je suis habitué.

Ce petit contretemps nous ralentit de beaucoup. Mais enfin, nous atteignîmes la forêt. Le daim nous conduisit ensuite au temple. Il faisait toujours très noir et l'odeur était toujours aussi exécrable. Le daim était devant, moi sur ses talons, Alison et Adrianne dans mon dos. Elles ne semblaient pas très rassurées, et ne parlaient qu'à voix basse.

– Attention à la tête, les prévins-je, me souvenant de cet endroit.

J'entendis néanmoins dans mon dos Alison jurer. Adrianne étouffa un gloussement. Enfin, nous arrivâmes au couloir bizarre.

– C'est quoi ce bruit ? S'inquiéta Adrianne.

– Je n'en sais rien, mais ne touchez pas aux parois, vous risqueriez de faire une mauvaise rencontre.

– Hi, j'en ai touché, gémit Alison à voix basse.

Je levai les yeux au ciel. Elle ne m'écoutait jamais de toute façon. Soudain, le daim s'arrêta. Alison et Adrianne se cognèrent contre mon dos, avant de pousser des grognements réprobateurs.

– Tu es toujours là ? Demandai-je, ma voix s'élevant dans le silence environnant.

– Euh, juste pour être sûre, reprit Alison. À qui parles-tu ?

– À ton avis, tu crois que je peux me téléporter ? railla la voix avec mépris.

  Adrianne poussa un petit cri aigu avant de se cramponner à moi. Alison était bouche bée.

– Tu peux allumer la lumière, s'il te plaît ? Demandai-je à cette dernière.

Après une ou deux minutes, elle s'exécuta. Une douce lumière chaude illumina la pièce, sa lueur oscillant sur les murs de pierre. Elle n'était pas très forte, car je ne voyais que la silhouette de la personne. Elle était assise, ses bras et ses jambes garrottés de chaînes, elles-mêmes encrées dans le mur.

– Libère-le ! Ordonnai-je, à l'adresse d'Alison.

Avec prudence, elle s'approcha. D'une main tremblante, elle attrapa une des chaînes et la serra fort. Le métal rougit doucement. Et après quelques minutes, il fondit. Elle recommença avec les trois autres. La personne se releva lentement. Elle tituba, comme un enfant qui apprend à marcher, avant de trébucher et de tomber en avant. Je la rattrapai par le bras.

– Sortons d'ici, dis-je.

– Excellente idée ! Renchérit Alison avant de s'élancer vers la sortie, Adrianne et le daim sur ses talons. Je les suivais de près, servant d'escorte à la personne.

La lumière du jour m'éblouit les yeux, et je dus les fermer. Je humais l'air extérieur. Ça faisait du bien, Adrianne et Alison semblaient aussi soulagées. Je jetai un œil pour enfin détailler l'apparence de ce prisonnier. J'ouvris les yeux en grand. C'était une jeune fille, plus âgée que nous, vraiment maigre et très pâle. Elle avait la peau sur les os. Ses cheveux étaient rouge sang et ses yeux écarlates, un cache-œil recouvrant son œil droit. Ses vêtements étaient des haillons, à moitié déchirés. De nombreux tatouages parcouraient ses membres, certains tracés à même la chair. Dans son dos, des ailes de chauve-souris pendaient tristement. Celle de gauche était déchirée. Ses canines étaient très pointues, comme ceux des loups. D'ailleurs, des oreilles et une queue s'ajoutaient à son corps. Elle avait une impression qui m'était familière, je ne sus dire pourquoi, mais j'avais l'impression de l'avoir déjà vu. Adrianne et Alison la dévisageaient bizarrement, comme si elle était un monstre. Elle regardait autour d'elle comme si elle redécouvrait le monde. Elle huma l'air et son nez remua.

– Ça alors, soufflai-je. Je pensais que tu étais un garçon, vu que ta voix est assez grave.

– Mon apparence ne te choque pas plus que ça ? S'étonna-t-elle, suspicieuse.

– Avec lui, j'ai vu pire.

Et c'était vrai. Je frémis à cette pensée.

– Tu lui ressembles un peu, grommela-t-elle, douteuse. Et puis, quand ta voix devient froide, elle est comme la sienne.

Je baissais les yeux.

– C'est bien ce que je déteste chez moi, admis-je.

– Vous parlez de qui ? Intervint Alison.

– Personne ! Répliquai-je, avant que la fille n'eut le temps d'ouvrir la bouche.

Elle me lança un regard déconcerté.

– Au fait, tu t'appelles comment ? Déviai-je.

Elle me scruta.

– On ne s'est pas déjà rencontré ? J'ai l'impression de te connaître, lâcha-t-elle.

– Moi aussi j'ai cette impression, mais je suis sûre que non.

– Si tu le dis... Je m'appelle Garance. Ah, et... merci de m'avoir secouru.

– Ça faisait combien de temps que tu étais là ? demanda Alison.

– Des années.

Elle me jeta un regard entendu.

– Depuis qu'il est parti.

Je baissai les yeux.

– Je suis désolé, je ne m'aventure que rarement au-delà des collines.

– Ce n'est pas grave, ce n'est pas ta faute.

– Tu dois avoir faim, non ? Devinai-je.

– Ça se voit tant que ça ?

– Tu es vraiment très maigre. Viens avec nous. Je suppose que tu as nul part où aller.

– Il y a toujours la ville bleue. Mais... je ne voudrais pas le croiser.

– C'est logique. Alors viens avec nous. On habite derrière les collines, là.

Elle soupira de soulagement.

– Merci.

Le trajet du retour fut animé. Adrianne et Alison ne faisaient que de la questionner sur ses origines. Elles semblaient avoir pris en compte le fait que Garance n'était pas si méchante. Cette dernière, justement, ne leur répondait qu'à peine. Elle le faisait par politesse. Je ne disais rien. Je cherchais à me rappeler d'où je connaissais Garance. Si elle avait été victime de ses expériences, il n'y avait qu'un endroit où j'avais pu la rencontrer. Oui, ça devait être ça. Pourtant, j'avais l'impression que c'était autre chose. J'étais encore plongé dans mes réflexions quand nous arrivâmes à la cabane.

– Voilà où on habite, déclara Alison.

– C'est joli, souffla Garance.

– Tu as vu ça ? s'exclama Adrianne, toute fière.

Nous lui installâmes donc un lit, lui donnant au passage de nouveaux vêtements. Comme j'en avais très peu, je dus me servir dans la malle que je gardais précieusement hors de porté des autres. Je lui pris donc une tunique blanche un peu froissée. Cela me faisait mal au cœur de lui donner les vêtements de ma mère et lui dis donc d'y prendre grand soin. Elle ne semblait pas comprendre pourquoi mais elle accepta gentiment.


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