Chapitre 18
Après de nombreuses minutes d'attente, aussi silencieux que ça, les rayons de la lune vinrent percer à travers le vitrail. Une lumière rouge sang envahi la pièce, de façon sournoise. Je déglutis, tentant de rester de marbre. Il était là, c'était lui. Une alarme sonore et aiguë s'éleva dans le silence. Je me retournai. Glarian tenait dans ses mains une sorte de boîtier munit d'une antenne, relié à une machine, comportant un écran et un clavier. Un peu partout autour de moi, j'entendais le même bip bip criard, me donnant la migraine. Des capteurs. Voilà donc comment il communiquait avec Kiro. Les rayons furent plus nombreux, suivant la trajectoire de la lune. Enfin, elle était complète. Immense, ronde, luisante... devant moi, devant mes yeux. La lumière rouge noya la pièce goulûment, engloutissant le moindre espace encore sombre. Je frémis. Kiro... le voilà enfin... les capteurs retentirent de plus belle, créant une mélodieuse cacophonie. Je pris l'initiative de me boucher les oreilles, pour éviter que ma migraine ne revienne. Glarian brandit le boîtier au-dessus de sa tête, avant de s'incliner si bas que son front manqua de se cogner contre le sol.
– Bien le bonsoir, mon maître, déclara-t-il jovialement.
– Cesse donc, veux-tu ? Et relève-toi, tonna sèchement une voix glaçante.
Je sursautai, avant de me retourner. Je fis un tour sur moi-même, avant que mon regard s'arrête sur l'écran de la machine. Il indiquait une ligne constante, qui oscillait lorsque la voix parlait. C'était Kiro. Je déglutis à nouveau, avant de faire face au vitrail luisant. Glarian se releva.
– Bien sûr, pardonnez-moi. Permettez-moi de vous présenter mon fils, Célian.
– Je ne suis pas ton fils, grognai-je froidement.
Glarian me fusilla du regard d'une telle dureté que je regrettai aussitôt mes mots. Kiro émit un petit rire.
– Il a du caractère, j'aime bien. Voilà donc le fameux garçon aux trois dons. Le gardien de Feyr, Siena et River.
Sa voix grave résonnait contre les murs de la pièce, créant de l'écho. Je le sentais autour de moi, me dévisageant. Je savais qu'il me fixait, je sentais son regard, sa présence. Je tentai de rester indifférent.
– Dis-moi petit, as-tu conscience de l'énormité du pouvoir que tu as en toi ?
– Si on veut, répondis-je d'une voix que je voulais calme, sans nulle trace de peur.
– Non, tu ne sais pas. Être lié avec un élément est déjà quelque chose d'impensable, tu ne sais pas toute la puissance que nous possédons en nous. Tu ne sais pas notre rôle dans ce monde. Sans nous, la Terre ne serait que poussière, terre aride, sans eau, sans plantes, sans rien, n'ayant aucune trace de vivacité. Sans nous, vous, les humains, vous n'existeriez pas. Tu ne sais pas l'infini pouvoir que nous maîtrisons. Les humains nous négligent, ils se pensent supérieurs, ils veulent nous acquérir, nous réduire en esclavage, nous détruire. Ils ne savent pas que sans nous, leurs petits conforts dans leurs grandes maisons luxueuses n'existeraient pas ! Tu ne sais pas ça, tu ne sais pas ce que tu as entre
tes mains. Trois dons... trois.
– Pourquoi en ai-je autant ?
– Ce n'est pas à moi de te répondre. Orest et Isolde m'ont échappé en te
léguant eux-aussi leurs pouvoirs... mais ça ne se passera pas aussi facilement,
car maintenant, tu es entre mes mains. Tu es à moi, mon appartenance, tu vas m'obéir à la lettre, est-ce clair ?
J'éclatai d'un rire amer. Il croyait vraiment que j'allais me laisser faire ainsi ?
– Parce que tu crois que je vais devenir ta petite marionnette sans broncher ? Arrête de rêver et redescends...
Je n'eus même pas le temps d'achever ma phrase que je fus projeté au sol. Une force inexplicable me plaqua contre le béton glacial avec hargne. Mes membres étaient hachés, et ma respiration coupé. Je tentai de me relever, de me redresser un minimum... j'appelais alors Feyr... mais rien ne se passa.
– N'essaie même pas de demander l'aide des éléments, ils ne te répondront pas face à moi ! Aboya Kiro. N'essaie pas de me défier, ni de faire ce genre de petites plaisanteries, ça ne me fait pas rire ! Tu vas m'obéir ! Tu ne peux rien contre moi, RIEN ! Tu n'es qu'un simple humain de pacotille à qui je peux provoquer la mort à tout moment ! Alors ne te mets pas à jouer les princes avec moi, c'est clair ? Incline-toi !
Il me releva d'un coup sec. Il attendait sûrement que je m'écrase face à lui, mais mon égo le refusa. Une vibration me parcouru soudain. Je sursautai. Mon collier... Glarian voulait sûrement me menacer, mais je ne pris pas compte de sa présence.
– Plutôt crever, crachai-je sèchement. Si tu crois que je vais me rabaisser à ce rang ! Jamais je ne tomberai aussi bas, JAMAIS JE NE T'OBÉIRAI !
Kiro démarra au quart-de-tour. Ce même élan d'énergie s'abattit sur moi si brutalement que je fus projeté contre la paroi glaciale de la pièce. Le choc me coupa net la respiration et je serrai les dents.
« Obéit, vite ! Ne tiens pas tête à Kiro, tu le regretteras », s'écria Bloom, alarmée.
– Oh tu veux la jouer comme ça...
Soudain, Glarian poussa un cri strident, il tomba à genoux,et je le vis se transformer. Sa peau se couvrit de noir, comme de l'encre, partout sur son corps. Ses vêtements se déchirèrent et je vis des écailles noirâtres pousser dans sa chair. Des ailes percèrent son dos, et ses membres se déformèrent, ses bras et ses jambes devenant pattes. Des crocs, une sorte de queue écaillée possédant un dard à sa pointe... Quelle horreur... Il devint un être immonde, sans doute le pire parmi tout ceux que j'avais déjà vu. Une sorte de acide coula de sa bouche, avant de s'écraser sur le sol. À son contact, le béton fondu, comme si c'était de la lave. Je déglutis. Cette bête se tourna alors vers moi, et me fixa de ses yeux globuleux. Il se jeta alors sur moi. L'amas d'énergie me libérant, j'esquivai de justesse. Mais je ne criai pas victoire aussi facilement, car il était rapide, on aurait dit qu'il glissait sur le sol, il se mouvait d'une façon vraiment hideuse. Il m'asséna plusieurs coups et me lacéra le bras droit, d'une de ses pattes menues de griffes immenses. Je lâchai un gémissement malgré moi. Et à ce
gémissement, Kiro n'y fut pas sourd.
– J'ai le pouvoir de provoquer la destruction, la mort, la laideur... je peux métamorphoser les êtres comme tu le vois, je peux les rendre immondes, les tuer, les blesser, je suis lié à leur chair, à leur corps, j'accentue le pouvoir des autres éléments, j'ai la main sur eux, je possède l'espace lors de la nuit, je peux me matérialiser sous forme d'amas d'énergie, comme tu as pu le constater, je peux faire bouger un être, un objet, le faire disparaître, et tant d'autres choses encore... je te le répète, ne cherche pas à te croire supérieur.
Je crissai les dents, tandis que je continuai d'esquiver l'animal. Mais soudain, il s'assit, et reprit sa forme originelle. Glarian regarda autour de lui, éberlué.
– Que s'est-il passé ?
Mais personne ne prit la peine de lui répondre.
– Es-tu maintenant en mesure de m'écouter ? Me demanda Kiro de sa voix rêche.
Je hochai la tête, je n'avais pas vraiment le choix.
– Vois-tu donc que tu as un grand pouvoir, pouvoir dont j'en ai besoin...
– Pour que je serve de réceptacle à cette fameuse entité, c'est ça ? Complétai-je.
– Entre autre oui. Il y a très longtemps, lorsque le cercle élémentaire fut crée, avec les sept éléments dont moi, ils lui refusèrent l'entrée, comme quoi un humain ne pourrait être assez puissant pour contenir tout son pouvoir, comme quoi ç'aurait été trop dangereux ! Les belles paroles, les belles promesses ! Et la vengeance qu'on s'était promis ? Elle est passée où cette promesse-là ?
– Vous vouliez... vous venger des humains qui vont ont fait subir ces guerres, puis qui vous ont reniés par la suite ? Demandai-je.
– S'il n'y avait eut que ces guerres ! Ils sont revenus, ils ont tout brûler, les plaines, les vallées, les arbres, ils ont asservi les animaux pour les traiter comme du bétail ! Ils ont voulu assécher les rivières et les lacs, bâtir des cités de béton là où vivaient heureux tant d'espèces ! Ils sont allés jusqu'à provoquer de nombreuses extinctions ! Ils ont même voulu construire sous la mer...
Sa voix s'éteignit quelques instants, avant de reprendre avec encore plus d'agressivité :
– Et eux... eux... le cercle élémentaire ! On avait promis de se venger, de provoquer autant de souffrance là-bas qu'ils nous ont fait subir ici ! Ils avaient promis ! Voilà pourquoi j'ai accepté de rejoindre le cercle élémentaire, pour que la justice soit rendue ! Mais ils en ont décidé autrement. Ils se sont fait laver le cerveau par les Hommes devenus gardiens. Ils se sont noyés dans leurs belles paroles et leurs belles promesses ! Et ils ont fini par oublier, par pardonner à ces êtres impurs et violents !
– C'est faux ! Récriai-je. Ils n'ont jamais oublié, jamais pardonné !
– Alors pourquoi ne font-il rien ? Pourquoi s'écrasent-ils autant face aux Hommes ? Regarde cette ville ! Les Hommes ont réussi à construire dans ces terres sensées être réputées d'inhabitables ! Ils les ont laissés faire ! Ils n'ont rien fait contre !
– Et toi alors ? Tu leur reproches de n'avoir rien fait, mais toi qu'as-tu fait ?
– Je me déchaîne à l'Extérieur. Je provoque des tsunamis, des ouragans, des sécheresses... je fais tout pour qu'ils souffrent, mais ils n'en n'ont rien à faire ! Les eaux montent, les incendies dévorent les forêts, le réchauffement climatique leur nuit, leurs terres sont en feux et eux, ce qu'ils font, c'est se prélasser dans leurs petits conforts douillets, bourrés d'argent tandis que tant d'autres crèvent juste sous leurs fenêtres. De faim, de froid, de tout ce que tu veux, ils n'en ont rien à faire ! Ils ne veulent plus de la nature, ils tuent les terres, les animaux, la faune, ils s'entre-tuent eux-mêmes ! Et face à toutes ces personnes se mourant devant leurs portes, tout ce qu'ils font, c'est se plaindre que ça leur gâche la vue, ils n'ont pas envie de voir la souffrance quand ils ouvrent leurs fenêtres le matin ! Ils n'ont aucun regret, aucun scrupule ! Même en voyant ce qu'ils sèment à leur porte, ils ne réagissent pas ! Alors dis-moi, dans ces moments comme ça, que puis-je faire ? Comment les faire souffrir ?
– Il paraît que la vengeance est néfaste, qu'elle est un poison qui consume les êtres à petits feux, les rongent de l'intérieur, jusqu'à les empêcher de vivre le vie, d'être sereins, de dormir... on ne pense qu'à ça, quitte à ce que ça devienne une obsession. C'est peut-être la vérité, mais ce ne sont que des paroles dites par ceux qui vivent sereinement. Sans regret. Sans rancune. Ils ne savent ce que c'est que d'en vouloir à quelqu'un au point qu'il te répugne. La haine, la rancœur... tout cela alimente les cœurs impurs... mais peut-on vraiment faire autrement ? Il paraît qu'il faut savoir pardonner, oublier, recommencer à zéro... mais comment peut-on faire ? Comment pardonner à quelqu'un qui vous a procuré tellement de souffrance au point que vous n'en dormiez plus la nuit ? « Vous voulez faire couler leur sang, comme ils ont fait couler vos larmes » , mais jusqu'à quel prix ? Beaucoup critiquent ce genre de personnes, en leur disant qu'ils sont idiots, trop susceptibles peut-être, qu'ils ne peuvent pas tourner la page... Mais ils n'ont pas souffert de la même façon, ils n'ont pas connu ça, ils ne se sont jamais mis à votre place... il est vrai que la vengeance n'est pas la meilleure des solutions, mais le pardon... c'est si dur, si abject, si... impensable. Pour moi, c'est impossible de pardonner à quelqu'un qui vous a procuré une souffrance telle que vous avez été grandement blessé au cœur...
– Tais-toi donc ! Tu me casses les oreilles avec tes beaux discours ! Pour moi, tes belles paroles ne sonnent que comme des mensonges !
– Les autres éléments n'ont pas décidé de pardonner la méchanceté des Hommes, voyant la cause déjà perdue, ils ont seulement décidé de ne rien faire. C'est différent.
– Ne rien faire, hein ? Ce n'était pas ce que nous avions conclu ! Nous devions nous venger, leur provoquer souffrance et... et... Raahhh, ces sales traîtres !
Il marqua une nouvelle pause avant de reprendre :
– Mais ce sera bientôt fini tout ça, les terres vont mourir, les eaux vont continuer à monter jusqu'à tout inonder, les espèces vont disparaître... et enfin, le soleil va mourir... Les éléments reprendront le contrôle. Notre vengeance sera faite et nous reprendrons notre vie comme elle a toujours été.
– Ozalée va mourir ? M'étranglai-je, alarmé.
– Oui, je pourrais enfin prendre sa place.
– Mais les terres ne peuvent pas vivre sans soleil !
– J'ai tout prévu, ne t'en fais pas. Grâce à cette Entité, comme tu dis, je pourrais parfaire mon rôle sans que ça nuise beaucoup aux autres éléments.
– Sans que ça nuise aux autres éléments ? Et Ozalée alors ? Ça va lui nuire, et tu vas la laisser crever sans rien faire !
– Tu es mal placé pour élever le ton sur moi. Si je la remplace, ça ne changera rien au mode de vie des terres. Je pourrai être actif de jour comme de nuit et...
– Quelles terres ? Elles vont mourir !
– Elles seront sous l'eau, elles ne mourront pas, c'est différent. Et puis elles ne seront pas complètement immergées...
– Et les espèces qui les peuplent ? Un hérisson, ça ne sait pas nager, voyons ! Tu y penses à ça au moins ? En voulant te venger des Hommes, tu te rabaisses au même rang qu'eux. Tu vas provoquer notre perte si tu continues comme ça !
Kiro siffla bruyamment. De toute évidence, je l'agaçai.
– Et alors ? Certes ça signifiera l'arrêt de mort de nombreuses vies, mais la contrepartie est si...
Il marqua une nouvelle pause, comme pour laisser son esprit divagué vers cette option si utopique pour lui. La vengeance, voilà ce que c'est. On est incapable de vivre notre vie sereinement. Incapable d'oublier. Et rien nous fera perdre de vue notre objectif, malgré les belles paroles, les belles promesses, même si on nous promettait l'univers, nous refuserions... c'était ça, la véritable vengeance. Celle conduite par la haine et la rancœur... ce sentiment je ne le connaissais que trop bien.
– La mort a une douceur si enivrante et tuer est une discipline beaucoup trop euphorique pour y passer à côté. Tu ne sais pas à quel point la vengeance a un goût amer. D'ailleurs, sais-tu « que le plus effrayant dans le meurtre, c'est de s'habituer » ? Et puis, de toute façon, qu'est-ce que ça peut bien te faire ? Tu es humain, non ?
Je ne répondis pas. Qu'aurais-je pu répondre face à ça ? Il me comparait aux Hommes de l'Extérieur... À ces monstres sans cœur... ne valais-je vraiment pas mieux qu'eux ?
– Je ne suis pas comme eux, c'est faux, murmurai-je, plus pour me le prouver à moi-même.
Kiro soupira bruyamment.
– Je t'en ai trop dit, de toute façon, et ce n'était pas mon but initial. Reprenons, comme je te l'ai dis, j'ai besoin de ton pouvoir, de ton aide pour effectivement servir de réceptacle. Il faut que cet élément soit actif en temps qu'Homme.
– Quel est cet élément ? Pourquoi faut-il impérativement qu'il ait un gardien ?
– C'est grâce à sa puissance que je vais pouvoir remplacer Ozalée, pouvoir maîtriser l'espace même le jour, pouvoir...
– Pourquoi ne veux-tu pas plutôt réparer tes erreurs ? Il reste encore du temps, on peut encore faire quelque chose pour la sauver, sauver nos terres, sauver toutes ces espèces et...
– Ils n'auront que ce qu'ils ont mérité ! Ils ont voulu se dresser contre moi, et
ils vont être punis ! Il est beaucoup trop tard. Le processus a déjà commencé, et depuis bien longtemps. Ozalée va mourir, et c'est irrévocable.
– Quoi ? soufflai-je, sidéré. Mais... qu'as-tu fait...?
J'étais sonné. Je ne pensais que c'était si important... Ozalée... la Terre...
– Une seconde ! Repris-je. Si les terres seront noyées, Gaïde mourra aussi ?
– Non, elle non. Tu peux cependant agir, ton pouvoir est immense, si tu sers de réceptacle...
– Arrête avec ça, tu sais très bien que je refuse !
– Donc tu vas laisser crever tout le monde sans rien faire. Très bien.
– Ne remets pas la faute sur moi, c'est toi qui a provoqué tout ça, c'est ta faute, pas la mienne !
Kiro ne me répondit pas tout de suite. Était-il trop en colère pour ça ?
– Tu ne protégeras personne si tu penses ainsi. Sois plus stratégique, voyons. Tu veux vraiment que tes proches périssent ? Quelle amabilité dis donc, voilà donc pourquoi cette fille est-elle morte, c'est bien dommage.
– Si elle est morte, c'est en parti à cause de Glarian, et en parti ma faute, oui.
– Protéger... c'est ce que tu as toujours voulu, non ? Tu n'y es cependant jamais parvenu... tu as toujours été trop faible, minable...
– Pourquoi me dire ça ? Si vous me trouvez si minable, alors pourquoi je vous intéresse autant ?
Il émit un rire léger.
– J'aurais une proposition à te faire...
Je le sentis se rapprocher de moi, bien qu'il n'était pas présent. Sa voix ne fut qu'un murmure, à peine audible.
– Si tu acceptes de rendre service, je...
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Lorsque Glarian me ramena dans ma cellule, l'aube pointait à l'horizon. Je m'écroulai au sol lorsqu'il me lâcha. Il ne me jeta pas un regard et quitta le labo aussi vite que nous étions venus. Je mis plusieurs minutes avant de réaliser tout ce qui c'était passé. Kiro, notre échange, et puis sa proposition. Il m'avait dit de ne pas lui donner ma réponse tout de suite, me laissant ainsi le temps de réfléchir. Sa proposition était simple, en échange de mes services, il ferait soit-disant en sorte que mes proches ne mourraient pas, lors de la Destruction de l'espèce Humaine , comme il l'avait appelée. Il n'allait sûrement pas tenir parole. Mais ça ne m'empêchait pas d'y réfléchir. À cause de moi, Alison a été mise dans un sacré pétrin, à cause de moi Adrianne était morte... tout était à cause de moi. Je n'avais jamais su protéger quiconque. Pas une seule fois. Il était vrai que j'étais faible, et que si ça me permettait de les sauver, j'accepterai volontiers la proposition de Kiro. Seulement... ce n'était sûrement que des mensonges, de belles paroles, de belles promesses... je repensais à toute notre discussion depuis le début. Ce discours sur les Hommes... lui et moi étions d'accord sur ce point, les humains étaient des êtres infâmes, seulement... vouloir détruire les terres pour leur nuire n'était pas l'idée du siècle. Surtout si Ozalée et Gaïde en paieraient le prix. Comment pourrais-je me sortir de ce pétrin ? Je jetai un coup d'œil aux autres. Ils dormaient encore. Si je me provoquai la mort, ça empêcherait Kiro de mettre son plan à exécution, mais cela ne résoudrai rien. Ozalée allait mourir, Gaïde allait mourir, les terres allaient mourir, les humains allaient mourir nous y compris. Si j'acceptais cela ne ferait qu'aggraver les choses. Car Alison, Djalyss et les autres mourraient quand même, sauf s'il tenait promesse. Et puis il y avait ce Jinx. Alors c'était vrai, Jax était bien mon père et j'avais bel et bien un frère jumeau. Comment ne pouvait-il pas être au courant de ce qui se tramait derrière son dos ? Remarque, moi-même je ne savais pas ce que faisaient Feyr, Siena et River à cet instant précis. J'essayai de les contacter, mais aucun ne me répondit. Trois dons, hein ? Pourquoi Orest et Isolde m'avaient confié les leur ? Attendaient-ils quelque chose de moi ? Que j'accepte l'offre de Kiro ? Non, car Isolde s'est battue contre lui, je ne sais pas ce qu'elle avait fait mais elle s'était soit-disant faite prendre avec Jax par Kiro. Holland, Isolde, Jax, et peut-être Orest... ils avaient tous essayé de se liguer contre Kiro. Étaient-ils déjà au courant de ses magouilles ? Quand avait-il commencé ? Et qu'en était-il pour Bloom et Carisa ? De quel côté étaient-elles ? Et qu'en était-il de la gardienne d' Ozalée ? Comment s'appelait-elle déjà ? Ma... Mag... May... Maïa ? Non... Mayeul, c'était ça. Elle était amie avec Holland, si je me souvenais bien. Pourquoi n'était-elle pas écrite sur la liste des gardiens du carnet de recensement ? J'avais tant de questions, mais toujours aucune réponse.
« Dis Bloom, tu es là ? »
Mais ma question resta en suspens. Peut-être dormait-elle ? Elle devait m'ignorer, comme tout les autres.
Bientôt, le soleil se leva et Alison, Djalyss, Aodren, Keren et Magaé se réveillèrent.
– Célian ! S'écria Alison, dès qu'elle me vit. Ça va ? Tu as parlé à Kiro ? Alors ?
Elle semblait alarmée, vraiment inquiète. Je ne pris pas la peine de lui répondre, je n'en avais plus la force. Je me tournai lentement vers Djalyss.
– S'il te plaît, dis-moi tout ce que tu sais sur Ozalée et Mayeul, dis-je lentement.
Ils échangèrent tous le même regard déconcerté. Je décidai de ne pas leur parler de la proposition de Kiro. C'était comme... c'était comme si inexplicablement un mur de verre me séparait d'eux. Je me sentais à part. À vrai dire, je me sentais toujours à part parmi les autres, comme si je n'avais pas ma place, comme si j'étais de trop. Je leur causai toujours des soucis, tout le temps, il fallait dire que ça devenait une habitude à force. Il n'avait pas besoin une fois encore de subir pour moi, je ne voulais pas les mêler à mes problèmes, pas cette fois. J'allais encore les embêter, toujours les décevoir. Moi, si je disparaissais, ça ne changerait peut-être pas le destin d' Ozalée ni celui des Hommes et de la Terre, mais ça en soulagerait beaucoup. Il y avait des fois où je voulais m'effacer de la surface du globe. Si seulement c'était aussi simple...
– Il me semble que Mayeul habitait à Sevel. Oui, c'est ça, et elle était amie d'enfance avec Holland. Elles faisaient partie du même équipage et elles s'entendaient à merveille. Mayeul aimait vivre au jour le jour, toujours souriante, toujours enjouée... On pouvait dire qu'elle avait de l'énergie à dépenser. Elle était
adorable, vraiment gentille avec autrui. Elle donnait beaucoup aux autres, s'oubliait parfois, toujours attentionnée, toujours aux petits soins, c'était vraiment une personne en or. Elle a fini par se marier, avec un certain Saï, il me semble. Ils ont eu une dizaine d'enfants. Ozalée, quant à elle... que puis-je dire ? Parallèlement, elle est la deuxième moitié de la pièce. Kiro et Ozalée sont opposés. L'une est Lumière, l'autre est Obscurité. Ozalée a le pouvoir de la vie, de la création, de la beauté... elle est capable d'accomplir de grandes prouesses, de métamorphoses les êtres hideux en créatures sublimes, de se déplacer dans l'espace le jour, comme Kiro le peut la nuit... son pouvoir semble à la fois infini et limité. Elle peut accomplir tant de choses... mais si Kiro n'est plus, la balance bascule. L'un ne peut exister sans l'autre. Ce sont comme les deux faces d'une seule pièce. Elles sont opposées mais pourtant inséparables...
– Alors si l'un deux venait à disparaître, l'autre en paierait également le prix ? M'enquis-je.
– Si l'un deux venait à disparaître, ce serait catastrophique. La Terre ne peut exister sans soleil, ni sans lune. Les deux ont un impact fort sur les terres, tu sais ? Non seulement ce serait catastrophique pour la planète, mais l'autre élément sombrerait également.
– Et ils sont au courant de ça ? Demandai-je, pensant à Kiro.
– Sûrement.
– Et... il n'existe aucun moyen, aucune solution contre ?
Djalyss secoua la tête.
– Aucune.
Soit Kiro était un imbécile qui ne savait rien de tout ça, soit il existait quand même une solution. Après tout, Djalyss n'était pas gardienne, et était prisonnière de Glarian depuis un certain temps déjà. Elle n'était peut-être pas au courant de tout ? Je ne savais pas. Je ne savais plus. Je la laissai continuer son récit, me décrivant le caractère semblable de Mayeul et Ozalée.
– Il paraît que les gardiens ressemblent à leurs éléments, ajouta-t-elle.
– Je ressemble à River, Feyr et Siena ? Demandai-je, pas vraiment convaincu.
– Je ne les connais pas, je ne pourrais pas te dire.
Je repensais à la réaction de Bloom quand je lui avais dit que Djalyss était avec moi. Cachait-elle quelque chose en particulier ? Quelque chose contre moi ? Tout ça était très flou, très étrange... Je tentai à nouveau de joindre les éléments. Toujours rien. Je soupirai bruyamment. Dans ces moments-là, sur qui pouvais-je compter ? Je tentai à nouveau avec Bloom. Toujours aucune réponse. Est-ce par peur que tout le monde m'ignorait ? Constamment la même réponse : « je n'ai pas le droit », « je ne peux pas », « c'est compliqué »... Kiro avait tant que ça le contrôle sur eux ? Il était vrai qu'il était puissant, mais si on ne me l'avait pas dit, je n'aurais jamais imaginé un seul instant que les éléments pouvaient être contrôlés.
Je me frottai les yeux, luttant contre la fatigue. Mon regard se posa sur ma main droite. À vrai dire, je n'avais jamais su comment je m'étais fait cette cicatrice. Était-ce à cause de Glarian ? Peut-être, mes souvenirs étaient si flous... comment avais-je
pu avoir ce trouble de mémoire ? Qu'avait dit Alison déjà ? Que je n'avais pas pu me faire ça tout seul ? Était-ce Glarian une fois encore ? Ou quelqu'un d'autre ? Je n'en savais rien, la seule certitude que j'avais était que mes souvenirs étaient faux. Je soupirai à nouveau. Tant de questions, aucune réponse... comment faire ? Comment démêler le vrai du faux ? Dans tout ça, qui avait raison ? Où était la vérité ? Je sentis ma migraine revenir. J'entendais la discussion entre Djalyss et Alison que d'une oreille. Et après plusieurs minutes de résistance, je permis à mes paupières de se fermer et m'endormis enfin.
Je suis dans un couloir sombre. Long. Vide. Étroit. Je suis seul. Où suis-je ? Je n'en sais rien, alors j'avance. Je marche longtemps, l'impression de faire du surplace. Je ne sais même pas où mène ce couloir. Je ne m'arrête cependant pas. Je continue de marcher tout droit. Il n'y a rien. Pas de meubles, ni de tableaux ou de tapisseries. Tout est gris. Seulement gris. Je n'ai pas de pensées, aucune, c'était comme si ma tête était vide, légère, sans préoccupation. Je ne sais pas si c'est bien ou mal. Je ne cherche même pas. J'avance, toujours tout droit, toujours plus longtemps dans ce couloir qui n'en fini jamais. Je marche sans but précis, mais quelque chose me pousse à le faire. Tout est sombre, lugubre. En temps normal, je ne devrais pas du tout aimer cet endroit, surtout étant donné que les murs sont dangereusement rapprochés. Cependant, aucune crainte ne m'habite. Je suis vide, une coquille vide. Sans émotions. Sans pensées. Je dois reconnaître que ça me repose. Je suis bien là, dans ce couloir sans vie. Enfin, apparaissent soudain sur les murs des photographies en noir et blanc. Je m'approche doucement, afin d'y voir plus clair. Ce sont... mes souvenirs. Des personnes que j'ai connues, des lieux que j'ai fréquentés, des objets, des phrases, des valeurs... et sur chacune des photographies, des croix rouges. C'est comme si quelqu'un avait pris un feutre rouge et dessiner par-dessus, barrant les visages illuminés par des sourires, les objets, les lieux, les mots m'étant chers... j'observe tout ça sans rien dire, sans penser, je regarde juste. Je n'ai pas d'avis, rien ne me vient à l'esprit. Je ne me pose aucune question. Je continue mon chemin. Je marche toujours, je ne m'arrête plus. Tout est calme, silencieux. J'apprécie ce silence. Le sol, les murs semblent glacials, si peu accueillants. Pourtant, je me complais dans cette atmosphère sinistre.
Des ombres se dressent soudain devant moi. Immobiles, faites de pierre. Ce sont des statues, représentant des êtres humains qu'il me semble connaître. Leurs visages me sont familiers. Alison, Adrianne, Djalyss, et puis la fille de mon rêve, et tant d'autres qui me sont inconnus. Je les observe. Leurs expressions sur leurs visages sont loin de me réjouir. On dirait... qu'ils souffrent. C'est tellement réaliste que ça me fascine. On dirait que se sont des vraies personnes figées.
Je continue de marcher. Toujours plus loin, plus longtemps. Ce couloir semble ne jamais se terminer. Il est si long... où mène-t-il réellement ? Je l'ignore, mais j'avance. Je marche longtemps. Je sais que les minutes s'écoulent, je ne sais combien, je ne compte pas, mais elles passent doucement. Elles défilent en silence, comme un fin cours d'eau qui sillonne entre les terres, ne cessant d'avancer.
Pourtant, ici, le temps semble en suspension. Comme s'il s'était arrêté pour moi. Comme s'il me permettait de souffler un peu, de reposer mon esprit si agité. Je devrais être épuisé, mais je suis serein. Je devrais réagir face à tout ça, mais je n'ai aucun ressentiment. Je suis complètement indifférent à cet environnement. Je marche. Quelque chose me pousse à le faire. Je ne sais pas quoi, ni pourquoi je l'écoute, mais je le fais.
Le couloir semble noircir de plus en plus, plongeant chaque recoin dans l'obscurité la plus totale. Je continue d'avancer. Les murs disparaissent, engloutis par les ténèbres. Je ne vois plus rien, pas même mes mains devant moi. Je ne sais plus où je mets les pieds, mais ça ne m'importe que trop peu, je ne m'arrête pas pour autant. Mes pas se succèdent l'un après l'autre dans le noir complet.
Mais enfin, une lumière pointe à l'horizon. Je plisse les yeux, avant de me diriger vers elle. Mon pas s'accélère pour la rejoindre. J'y suis presque, plus que quelques mètres... la lumière m'éblouit tellement que je dois fermer les paupières, aveuglé. Je les rouvre bientôt, et il me faut de nombreuses avant de m'accoutumer à la luminosité environnante. Je suis... dans une prairie, striée ici et là de chemins dallés et entourée d'une barrière métallique. Et puis, il y a ces ordures par terre, aux odeurs infectes. Et puis des humains. Partout. Sillonnant sur le béton, certains piétinants les parterres de fleurs. La plupart semblent contrariés. Les autres s'amusent, rient, sourient avec tant d'insouciance. Ils ont tous des habits luxueux, certains mangeant des aliments étranges. C'est... de la glace ? Des confiseries, des chips, sandwichs... toutes ces choses que je n'ai jamais goûté, toutes ces choses luxurieuses... moi je n'ai jamais... un cri strident coupe le cours de mes pensées. Je me retourne... et vois une immense vague se diriger vers nous. Et c'est la panique la plus totale. Tout le monde se met à crier, à courir... Je les suis. Je ne sais pas où je vais, alors je les suis. La vague se rapproche dangereusement, à une vitesse ahurissante, emportant tout sur son passage, c'est peine perdu, mais le désespoir pousse tout le monde à fuir. Instinct de survie, sûrement. Les être ne sont pas programmés pour regarder leur mort arriver sans réagir.
Soudain, au moment où elle s'écrase au sol, je suis comme aspiré par le ciel, m'envolant. L'eau dévore les terres, les maisons, noyant la ville sous mes pieds, dévastant tout sur son passage. Les cris sont déchirants, glaçant mon sang dans mes veines. Je vois les visages affolés, et désespérés des personnes engloutis par les flots. Tous se débattent au mieux pour rester à la surface, je vois toute la peur ressentie, toute leur souffrance, le désespoir... l'eau était sournoise, trouble, les emprisonnant dans ses filets.
– Non ! River, non !
Les maisons, les immeubles se brisent, s'effondrent. Rien ne résiste, personne n'échappe. C'est l'hécatombe. Cette petite fille de dix ans pas plus promenant son chien, ce garçon à vélo rentrant chez lui, ce couple au restaurant fêtant leur un an... tous. C'était un véritable carnage sous mes yeux. Je crie, j'implore River de les laisser sauves. Même si je déteste ce peuple au plus au point, je ne peux pas
supporter d'assister à cette scène. La ville entière est engloutie. La vallée également. L'eau fini enfin par arrêter d'avancer. Mais c'est trop tard. Tout est détruit, tout le monde est mort...
Mes yeux s'ouvrirent en grand, et je me redressai d'un bond. Un cauchemar, ce n'était qu'un cauchemar. À moins que c'était une vision ? Je savais que c'était ce qu'il se passerait bientôt, si nous ne faisions rien.
– Célian ? S'enquit la voix d'Alison dans mon dos. Tout va bien ?
– Ou-oui, ne t'en fais pas. J'ai juste fais un mauvais rêve, et ça m'a surprit. Rien de grave.
– Tu nous ne as pas dit comment ça s'était passé avec Kiro, grommela-t-elle.
Ça se voyait qu'elle était inquiète. Anxieuse. Je jetai un coup d'œil à Djalyss. Elle semblait dormir, les paupières closes, sa poitrine se soulevant au rythme de sa respiration. Mais je ne préférais ne pas prendre de risques. Alison suivit mon regard.
– Un problème avec Djalyss ? Chuchota-t-elle.
Je me rapprochai de la grille qui nous séparait.
– Oui et non, je me méfie un peu, répondis-je à voix basse.
– Pourquoi ?
– Longue histoire, je ne peux t'expliquer clairement ici, et puis ce ne sont que des soupçons, mais bon... mieux vaut ne pas prendre de risques.
– Si tu le dis. Donc tu ne vas pas m'expliquer pour Kiro.
Je me mordis la lèvre inférieure, embarrassé. J'hésitai, mais avec Djalyss...
– Peut-être plus tard.
– Je vois...
Silence. Elle avait l'air un peu contrarié, mais semblait être compréhensive. Je poussai un soupir. Cette histoire ne s'en finirait donc jamais.
– Au fait, reprit Alison à voix haute. Péri est passé apporter le repas, mange.
À contre-cœur, j'obéis. Toujours aussi infecte, toujours aussi immonde.
– C'est fade, grommelai-je.
– Tu t'attendais à quoi ? On est des prisonniers je te rappelle, pas des invités.
Je ne répondis pas et fini mon « repas » en silence. Puis je refis fonctionner mon cerveau. Mes pensées défilaient. Je ne trouvai pas de solution à cette histoire, aucune. J'émis plusieurs hypothèses, de nombreuses stratégies mais sans grande conviction. Je soupirai bruyamment. Dans ces moments-là, où tout était désespéré, qu'étais-je censé faire ? J'avais l'impression que mes pensées tournaient infiniment en boucle, sans jamais s'arrêter, sans jamais trouver de solution. Mon cerveau se pliait en quatre, mais rien. Toujours rien. Ni Bloom, ni les éléments ne répondirent à mes appels.
Et environs deux heures après, Glarian demanda à me faire venir. Un mastodonte nommé Carrick me mena à lui. Je fus de nouveau face à lui, face à ses yeux de glace. Aujourd'hui, ça se voyait qu'il ne rigolerait pas. Cependant, maintenant, il ne m'inspirait plus aucune crainte. Il m'invita à prendre place sur cette chaise, devant son bureau.
– Alors ? Que comptes-tu décider ?
– Je n'accepterai pas, déclarai-je d'une voix si glaciale que je me surpris moi-même.
Je le regardai droit dans les yeux et soutins son regard visiblement contrarié.
– Tu as tort de tenir tête à Kiro, crois-moi. Tu ne sais pas ce qu'il est capable de te faire...
– Son hypothèse est fausse, grommelai-je. Kiro ne peut exister sans Ozalée, et Ozalée va mourir. Aucun autre élément, qu'importe sa puissance ne peut lutter contre. Il devrait d'ailleurs le savoir.
– Tu ne sais pas quel est cet élément, répliqua-t-il. Crois-moi, sa puissance est telle qu'il peut se le permettre. Ne t'inquiète donc pas de ça, et obéis.
– Quel est le nom de cette Entité ? Demandai-je.
J'étais épuisé. Je ne voulais plus des non-dits et des mensonges, je voulais la vérité, je voulais tout les renseignements dont j'avais besoin. Il secoua négligemment la tête, amusé.
– Réponds, grognai-je.
– Et que vas-tu me faire ? Me provoqua-t-il, un sourcil levé.
Je me levai d'un bond et l'attrapai par le col d'un mouvement sec.
– Réponds ! Répétai-je avec agressivité.
Il émit un petit rire. Je n'eus pas le temps de faire quoi que ce soit que la puce vira au rouge. J'aurais voulu tomber à terre, plié en deux par cette souffrance. J'aurais voulu hurler de douleur, et de rage. Mais je me contins. Je serrai la mâchoire et luttai contre la douleur.
– RÉPONDS ! Criai-je.
Mais le degré d'intensité monta et je ne pus supporter ce supplice plus longtemps. Je tombai à genoux et m'empêchai cependant de crier. Je ne lui offrirai pas ce plaisir. Je dus endurer ce calvaire pendant plusieurs minutes, durant lesquelles Glarian ne cessa d'augmenter l'intensité.
Enfin, il coupa court à cette torture. Je pris quelques instants pour reprendre ma respiration, avant de me relever, tête haute. Ses sourcils étaient froncés et il me toisa avec amertume.
– Tu ne comptes toujours pas accepter son offre ? Reprit-il, sur le ton de la menace.
Je secouai vivement la tête.
– Plutôt crever, pestai-je.
– Il ne te laissera pas le choix, de toute façon. Il a dit qu'il te laissait quatre jours pour réfléchir, au-delà, tu seras à son service.
– Non. Je ne me laisserai pas faire aussi facilement, je ne compte pas l'aider dans son horreur.
– Si tu refuses, Ozalée et Kiro mourront tout les deux et la Terre mourra, ce sera aussi simple que ça.
Je m'approchai de son visage, jusqu'à ce qu'il sente mon souffle, jusqu'à ce que mon regard soit bien planté dans le sien.
– Ils mourront tout les deux que j'intervienne ou pas, murmurai-je froidement.
– Ça, c'est toi qui le pense, et...
– Dis-moi son nom, qu'on en finisse, de toute façon je le saurai un jour ou l'autre.
Il soupira bruyamment.
– Bon, je vais te le dire car tu me fais vraiment pitié avec toutes tes questions.
– Et ne me mens pas ! Quel est cet élément ?
– Xéphyr.
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