Chapitre 13
Mes yeux s'ouvrirent difficilement. J'étais encore très fatigué, je voulais continuer à dormir, surtout après ce rêve si... étrange. Mille questions se mélangeaient en moi, mais je n'avais pas la force de réfléchir. Je tentai de me relever. Mon corps était rouillé, tout ankylosé. Néanmoins, mes veines avaient repris leurs tailles originelles.
– Célian, souffla la voix d' Adrianne à côté de moi. Tout va bien ?
Je me tournai vers elle. Elle me prit dans ses bras avec tendresse, me câlina. J'enfouis mon visage dans son cou, humai son odeur. Même dans un lieu aussi désagréable. Je regardai les barreaux. Nous étions si serrés dans ces cellules, si à l'étroit. Je déglutis. Je n'avais pas encore fait de crise, depuis qu'on était dans ces cages, pour la simple raison que l'air y pénétrait librement, et encore heureux !
Adrianne suivit mon regard, et me regarda avec compassion.
– Tu arrives à tenir ? Me demanda-t-elle, inquiète.
– Oui, ça va. T'en qu'on n'est pas totalement enfermé, sans air, je m'en sors.
Elle caressa doucement mon visage, jouant avec les épis rebelles de mes cheveux. Elle m'offrit un sourire réconfortant, qui emplit mon cœur de ce sentiment si... idyllique. J'aurais été au comble du bonheur, si n'y avait pas eut ces barreaux, ce laboratoire, ces machines, ce type étant mon géniteur. Je ne rêvais pas. Ce n'était pas juste un mauvais rêve. Le cauchemar était réel.
Et puis les jours passèrent, et il ne cessa de tester sur moi de multiples expériences chaque jour. Je n'avais plus un instant de répit. Il ne fit rien sur les autres. Ne toucha à aucun moment à Alison, Adrianne, Djalyss et les trois autres cobayes. Jamais. Alors je payais pour le prix de sept. Les expériences n'étaient jamais les mêmes, ne me faisaient jamais mal de la même façon, mais elles étaient toujours plus horribles les unes que les autres. À chaque fois, j'avais l'impression que ma tête allait exploser, que mes veines allaient éclater, que mon cerveau allait ressortir de mon corps, que mon sang allait jaillir, que mes os allaient se briser, que mes entrailles allaient transpercer ma chair. Même la nuit. C'était d'une atrocité sans nom. Je n'en pouvais plus. Je n'arrivais plus à penser, à réfléchir, à tenir debout, à manger... je peinais même à parler. Je ne dormais plus non plus. Je n'avais plus revu cette fille si étrange dans mes rêves. Je ne savais pas ce qu'elle était devenue, mais je n'avais pas assez de force pour me poser la moindre question. Mes nuits étaient hantées par des visions à glacer le sang. Corps à l'agonie, naufrages, désastres, inondations, tempêtes, ouragans, guerres, et autres multiples atrocités m'apparaissaient en rêve. C'était horrible. Un véritable calvaire. Adrianne tentait au mieux de me réconforter, et de me rassurer. C'était peine perdue. Je ne tenais plus debout, mais si je fermais les yeux, ce n'était que pour des images d'horreur. Comment pouvais-je supporter ça encore longtemps ? Peut-être parce que je ne voulais pas m'avouer vaincu auprès de Glarian. Je n'étais plus le petit enfant terrifié par lui. Je ne voulais pas qu'il se croit supérieur, qu'il croit pouvoir m'avoir aussi facilement. Je ne voulais pas. Et je ne lâcherais rien. Je tiendrais jusqu'au bout, quitte à endurer les pires souffrances s'il le fallait. Il allait payer. Payer pour tout ce qu'il avait fait. À moi, à ma mère, à Adrianne, Djalyss, et tant d'autres... c'était une promesse que je m'étais faite le premier jour où il a levé la main sur ma mère. C'était il y a tellement d'années. J'étais si jeune, si petit, si impuissant... mais je m'en souvenais. Moi, en pleurs, sur le parquet si froid de notre petite maison, dans le placard à balais, la porte à moitié entrouverte, mon père hurlant, s'énervant de son ton si glacial contre ma mère qui faisait tout pour ne pas qu'il m'atteigne. J'avais quel âge déjà ? Je ne savais pas. Je ne savais plus. Si jeune. Je me souvins de ces coups qui claquaient contre sa peau, de ses cris, de ses pleurs, de sa voix déchirante qui le suppliait d'arrêter. J'avais peur, terrifié, et je me sentais si impuissant. Même à cet âge si innocent, je savais que ce n'était pas normal. Je voulais qu'il arrête, qu'il arrête tout ça. Ne pouvait-il pas être un père et un mari normal ? Et pourquoi est-ce que c'était tombé sur moi ? Je ne cherchai même plus. C'était un dilemme sans nom. Voir ma mère endurer tant de souffrances sans que personne ne fasse rien me rendait fou. Cela me révoltait. Il allait payer, il fallait juste que je trouve le bon moment, que j'attende encore un peu. Dans cette cage, mon don ne marchait pas. J'en ignorai la raison. Peut-être à cause du mystérieux matériau qui constituait les barreaux ? Mais je n'avais pas la force de chercher davantage d'explications. Il fallait que je me repose, sans ça, je ne pouvais pas le vaincre. Il fallait que je tienne bon. Il fallait attendre encore un peu, tenir encore un peu... attendre le moment propice. Il me fallait juste encore un peu de temps. La voix essaya de me parler à plusieurs reprises. Je ne lui répondais jamais. Pas que je lui en voulais, loin de là vu qu'elle n'y était pour rien, mais je n'en avais simplement plus la force. Néanmoins, après ce que m'avait dit la fille de mon rêve, je me méfiais. Trop de questions bouillonnaient en moi, mais mon cerveau était si fatigué qu'il ne traitait plus aucune information qu'il recevait.
– Eh ! Tonna la voix rauque de Glarian. Lève-toi maintenant !
Mes yeux étaient mi-clos et je ne pouvais les ouvrir davantage. Mon corps ne réagit pas à son ordre. Il n'en avait plus la force et le courage. Il ouvrit ma cellule avec rage et s'avança vers moi. Je ne réagis toujours pas lorsqu'il me saisit violemment par le col, tentant de me mettre debout. Il râla, commença à s'énerver. Je devrais obéir, sinon qui sait ce qui m'arrivera. Je tentai de me relever, sous ses ordres. Je peinais. Je n'y arrivais pas. Il poussa un sifflement d'agacement. Il allait s'énerver, il fallait que je me dépêche. Je rassemblai toute ma force vitale dans cet ultime effort. Il m'agrippa le bras brutalement et m'entraîna avec lui. Nouvelle machine. Nouvelle expérience. Il préleva encore une fois un peu de mon sang, pianota sur son clavier, et me cloua sur un lit. Il me planta des appareils en métal sur mes membres et ça recommença. Souffrance, douleur, cri. Cette fois-là, j'avais l'impression qu'on m'arrachait les boyaux. Qu'on me passait les entrailles au fer chaud. J'essayai de ne pas perdre connaissance. Mais j'en fus incapable. J'avais mal, trop mal pour contenir cette douleur. Mes yeux se voilèrent peu à peu de noir et bientôt, mon âme n'y était plus.
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Ce furent une présence tendre et une odeur divine à mes côtés qui me firent rouvrir les yeux. Ils mirent du temps à s'accoutumer à la lumière, et je ne distinguais pas toutes les couleurs nettement. Je ne bougeais pas, conscient que je n'en avais pas la force. Pourtant, j'avais l'impression d'être moins fatigué, comme si j'avais eus assez de répit pour pouvoir souffler vraiment, et récupérer un peu de ténacité. Je jetai un coup d'œil à mes bras. Mes veines étaient redevenues normales. Je tentai de me relever sans me forcer beaucoup et sans grande conviction... mais j'y parvins ! Je regardai autour de moi. Adrianne me fixait avec émotion. Que ressentait-elle exactement ? Pourquoi ce regard si... Elle s'avança vers moi, et me caressa le visage avec précaution, comme si elle n'était pas sûre que c'était moi. Mais enfin, elle me prit dans ses bras avec douceur. J'enfouis ma tête dans son cou, savourant ce moment qui m'avait manqué.
– Tu vas bien ? Me demanda-t-elle calmement.
– Oui ça va. C'est bizarre car...
Elle déposa un doigt sur mes lèvres.
– Chut, économise tes forces. Glarian ne t'a pas fait d'expériences depuis à peu près trois jours et tu n'as fait que dormir, j'imagine que tu as pu un peu récupérer.
– Oui, ça fait du bien.
Elle me sourit.
– Je suis heureuse de l'entendre.
Nous parlâmes un moment. Elle m'expliqua ce qu'il s'était passé pendant que Glarian s'acharnait sur moi. Nous discutâmes longtemps puis, Alison, Djalyss et les autres se joignirent à notre discussion. Longtemps. Et nous cherchâmes un moyen de sortir d'ici. Nous réfléchîmes longtemps. Nous ne pouvions pas utiliser nos dons à l'intérieur des cellules. Il fallait donc que l'un de nous arrive à sortir pour nous délivrer par la suite. Pourtant, quand j'avais trouvé Adrianne, Alison n'avait eu aucun mal à faire fondre les barreaux. Peut-être que de l'extérieur, nous le pouvions ? Je ne serais pas étonné d'ailleurs que Glarian ait réussi à inventer un mécanisme pareil. Il fallait donc que l'un de nous tente l'affaire. Et après un long débat, il fut décidé que ce serait moi ou Alison. Comment ? Bonne question. Peut-être que la prochaine fois qu'il expérimenterait sur moi, j'essaierais de récupérer les clés des cellules. Le seul problème, c'était qu'il serait là. Et à chaque fois, il veillait à leur emplacement. Il n'avait pas un seul moment d'inattention. Peut-être alors quand Péri ou Lowcast nous apporterait à manger ? Oui, faisons ça. Nous attendîmes alors ce moment. Longtemps. Nous étions tendus. À l'affût de la moindre entrée dans le labo.
Enfin, dans les alentours de vingt-et-une heure, Péri pénétra dans le labo, avant de sortir ses clés pour nous ouvrir. Nous suivions ses moindres faits et gestes du regard. La clé rouillée, biscornue, c'était la nôtre. Il l'inséra dans la serrure, fit deux tours vers la droite. J'attendis. Il ouvrit la porte qui grinça. Son bras, tenant une assiette, s'engagea dans la cellule. Je bondis alors. Il n'eut pas le temps de réagir que j'agrippai son bras avant de le tirer vers moi, et le contournai. Sa main se referma sur ma cheville, m'empêchant de fuir. Je lui donnai un coup de pied avant de reculer, tentant de sortir. Il me retint toujours, mais je passai une main à l'extérieur. J'invoquai Siena avec vigueur. Une onde foudroyante me traversa. À moi, elle ne me fit rien, mais Péri poussa un cri de douleur. Il me lâcha. Je sortis.
Et maintenant, on allait s'amuser.
Il sortit à ma suite, tentant de me rattraper. Je l'esquivai. Je n'étais pas aussi baraqué que lui, ce qui était un avantage. Qui plus est, je pouvais utiliser mon don. J'invoquai les éléments. Le vent souffla dehors, pénétra dans l'usine, par les imperfections de la toiture. Encore et encore, sans jamais s'arrêter. Il se regroupa autour de moi en un tourbillon virulent.
La pluie tomba dehors. Des gouttes épaisses et rigoureuses martelèrent le toit, s'infiltrèrent à leur tour.
Je sentis le taux d'humidité dans l'air augmenter fortement.
Péri hurla. Le vent l'asséna avec violence, la foudre et le tonnerre s'abattirent sur lui. Il était armé, il tentait de se défendre, de se débattre, face à ce déferlement de la part des éléments. Il voulait goûté au pouvoir ? Il allait être servi. Je le fis saigner, se tordre sous le coup de la douleur. Il avait peur. Il avait mal. Je souris, enivré par cette pensée. Ce n'était pas moi qui lui infligeait ça, c'était les éléments. Ils avaient toujours fait rage dans ces contrées, ce n'était pas nouveau. À cause de ces murs, nous leur avions interdit l'entrée. Je leur avais juste autorisé l'accès à la ville, par le biais des imperfections de leur muraille. Ce n'était pas moi. J'assistais juste à la scène. Mais j'étais au comble de l'euphorie. Étais-je devenu aussi fou que mon père ? Peut-être bien. Mais il n'avait que ce qu'il méritait. Je le vis à terre, poussant des cris inarticulés de souffrance. Il portait sa main à son flanc gauche, ensanglanté. Je ne connaissais rien de sa vie, de son passé, ni la raison pour laquelle il s'était mis à travailler pour mon père, mais cela n'avait aucune importance. Il avait fait ce choix de le rejoindre, il allait donc en payer le prix. Il n'aurait pas dû ? Oui, certes, seulement, peut-être qu'il n'avait pas eut le choix. Mais je ne chercherais pas de raison, ni d'explication, je voulais juste qu'il paye pour tout : pour avoir soutenu Glarian dans sa démarche, pour ne pas l'avoir arrêter, surtout que, baraqué comme il l'était, il n'en aurait eut aucun mal, également pour tout ce qu'il avait fait à ces enfants, ces personnes, ces vies gâchées... Combien étaient ceux qui avaient succombé à ces tortures, que ce furent les siennes ou celles de Glarian ? Combien ? J'imaginai qu'il n'avait pas compté. Qu'il n'avait même pas pris la peine de savoir leurs noms, leurs âges, leurs personnalités. Aucune vie ne mérite d'être gâchée. Le genre de personnes immondes qui faisaient ça, qui étouffaient les vies des autres sans scrupule ou regret, ce genre de personnes sans cœur, étaient peut-être celles qui méritaient le plus de souffrir. On dit souvent que la vengeance n'est jamais la solution. Est-ce vrai ? Mais comment pourrais-je pardonner à des êtres si... inhumains et immondes ? Je ne pourrais pas. De toute façon, personne ne me le demandait. Et je ne le voulais pas. Pas après ce qu'ils avaient fait à toutes ces personnes. C'était peut-être cruel de ma part, j'en étais conscient, mais... c'était ce que je pensais.
Un cri déchirant retentit soudain dans mon dos. Je déglutis, mon sang se glaçant dans mes veines. Je me défis de Péri, pour me retourner... mais trop tard. Quelque chose s'abattit sur moi, me faisant tomber sous son poids. Une main se referma sur ma gorge, coupant court ma respiration. L'emprise était trop violente, compacte, brutale... j'étouffais. J'essayai vainement de m'en débarrasser, mais la pression se durcit. Je tentai de crier. Ses ongles s'encrèrent dans mon cou, me lacérant la chair jusqu'au sang. Ma respiration s'affola. L'air me manquait abondamment. Je suffoquai. Des tâches noires teintèrent ma vue, témoignant l'absence d'oxygène dans mes poumons. Mais enfin, alors que j'allais perdre connaissance, la personne me lâcha. J'ahanai pendant quelques instants le temps de reprendre mon souffle. Je portai ma main à mon cou, palpant les traces qu'il avait laissé. Mon père. C'était bien lui.
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Un nouveau coup de fouet s'abattit sur moi, suivit d'une douleur aiguë, irradiant mon membre, se répandant dans tout mon corps. Je serrai les dents. Un autre claqua dans mon dos. Je vis des gouttelettes de sang couler à terre. J'enrageai. J'avais laissé filer
notre chance, par inattention. Et maintenant, c'était trop tard.
Nouveau coup. Nouvelle blessure. Ma chair s'ouvrait sous le contact de son arme. J'avais mal. Très mal. J'aurais voulu crier, mais mon égo le refusa. Non, je ne dirais rien. Je n'ouvrirais pas la bouche pour me lamenter. Je ne voulais pas qu'il croit un seul instant être supérieur à moi. J'aurais voulu bondir à son cou, l'égorger, l'insulter de tous les noms, le maudire, le...
Aïe !
Ce fichu fouet m'en empêchait. Glarian s'acharnait, cela lui faisait plaisir, il souriait, riait. Il s'arrêta un moment, prit par un fou rire délirant. Oh, ça le faisait rire, hein ? Mais il reprit, frappant toujours plus violemment. Je grimaçai sous la douleur. Ça faisait mal. Mon sang coulait. Abondamment.
Ma colère ne fit qu'accroître. J'enrageai face à son regard si fou. Face à sa lanière de cuire qui entaillait ma chair. Mais la tentation était trop forte. Il était si proche, et puis, après tout, je n'étais pas dans ma cellule, je pouvais avoir encore une chance, qui savait ?
Alors je tentai le coup. C'était idiot, je le savais. Mais je ne pouvais plus résister. Je bondis. Le tonnerre craqua au-dessus de ma tête. La foudre se jeta sur lui, mais s'écrasa contre une paroi transparente. Il sourit. Je tentai de nouveau de l'atteindre, par devant, par derrière, au-dessus. Rien ne l'atteint. Même le vent ne le toucha pas une seule fois.
Il avança vers moi, un sourire sournois sur ses lèvres. Il brandit son fouet au-dessus de ma tête. J'essayai de l'esquiver, mais je ne faisais pas le poids si même les éléments ne l'atteignaient pas. Comment ? Pourquoi ? Tout ce que je savais, c'était que mon intervention ne lui avait pas plu. Ça l'avait même énervé. Et mince, pourquoi est-ce que j'étais aussi idiot. J'avais vraiment cru que j'avais une chance si je me jetai tête baissée sur lui ? Quel imbécile ! Maintenant, je croyais bien qu'il me détestait. Mes prières s'étranglaient dans ma gorge et ma fierté les empêchait de sortir. C'était une pluie de coups qui tombaient sur moi. Maudit déluge noir de mort, rouge de sang, bleu de larme, rose de chair, gris de métal, blanc de l'air... maudite souffrance que je ne pouvais décrire, maudit être abjecte qui causait tout cela à cœur joie. Qu'il aille aux enfers, c'était tout ce que je lui souhaitais.
Il me cracha des injures au visage, me roua de coups. Mon sang ne tarda de couler. Mes veines s'ouvrirent, se vidèrent peu à peu... Si Garance était là, elle aurait pu stopper l'hémorragie. J'aurais peut-être dû l'écouter. Mais Adrianne serait sûrement déjà morte à présent. Le compte à rebours était écoulé. Combien de jours étaient passés depuis ? Mon cerveau était tout embrumé par un épais nuage noir. Peut-être à cause de toute cette souffrance qui parcourait mon corps. Du coin de l'œil, j'aperçus Adrianne et Alison, retenues par Péri et Lowcast, me regardant, horrifiées. J'aurais voulu les rassurer, mais qu'aurais-je pu dire ? Que je ne ressentais pas la souffrance ? Même pour moi ce n'était pas crédible. Plutôt ne rien dire. De toute façon, la douleur m'en empêchait. Le sol était froid, le fouet était froid. Je le savais même si le contact avec lui ne durait qu'une fraction de seconde. Je me sentais si seul. Seul, noyé par la souffrance et les injures qu'il me balançait au visage. Ah oui, c'est vrai, il me parlait. Je ne comprenais même plus ce qu'il me disait. Soudain, il me saisit par les cheveux, me forçant à m'asseoir. Il planta son regard dans le mien. Je le soutins, d'un air provocateur. Cela ne lui plut pas. Il me gifla vigoureusement et me laissa retomber à terre. Je jurai.
– Tu croyais vraiment pouvoir m'avoir aussi facilement ? Tonna-t-il en me donnant un violent coup de pied dans le flanc.
Je grimaçai.
– Tu n'es vraiment pas très perspicace, tout comme ta mère d'ailleurs.
Cette remarque me mit hors de moi, et je lui jetai un regard glacial. Il leva un sourcil.
– Oh, j'ai touché un point sensible ? ( il m'attrapa par le col ). Pauvre idiot ! Mais maintenant, tu vas payé pour m'avoir provoqué. Tu vas comprendre la souffrance, tu n'aurais jamais dû te croire supérieur à moi.
Il rit. Un rire euphorique. Je le laissai dans son délire, ne comprenant pas ce qu'il allait me faire. Il rit. Rit. Rit. Et moi, je fus soudain parcourus d'une sensation bizarre. Le rire de Glarian résonnait dans la pièce, pareil à un écho. Je n'entendais qu'une fois sur deux. Ma vue était floue. Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. Je ne comprenais plus. Tout était trouble dans mon esprit. Comme si mon cerveau était embué. J'entendis les voix d'Adrianne et d'Alison qui m'appelaient. Pourquoi criaient-elles ainsi ? Le croyaient-elles, quand il disait pouvoir me manipuler ? Pour moi, c'était impossible. Improbable. Même en repensant à Adrianne. Il ne me manipulerait jamais. Jamais. Mais alors, pourquoi cette sensation ? Pourquoi est-ce que je me sentais comme ça ? Pourquoi alors mes membres bougeaient sans que je leur demande ? J'écarquillai les yeux.
– Qu'est-ce qu... ?
Je n'eus pas le temps de comprendre quoi que ce soit. Je vis ma main attraper le poignard que Glarian me tendait, et mon corps se jeter sur Adrianne...
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