6. Bingo
"97...98...99...100 ! 100 pièces d'or, c'est une somme énorme !"
Maria acquiesça mollement et se replongea dans ses pensées. Sa sœur la secoua par l'épaule
"Tu ne te rends pas compte ou quoi ? On va pouvoir vivre royalement pendant des mois !
"Avec modération" répondit le père, visiblement mécontent lui aussi.
"Si tu le dis... N'empêche que je pourrai m'acheter de nouveaux souliers ! Et peut être que Maria pourra s'acheter de nouveaux tissus, tu sais ceux à la mode du Comptoir ?"
La tirade de Leina eu pour seul réponse les expirations exaspérées de son aînée. Maria se leva d'une traite et parti s'enfermer dans sa chambre. Elle prit le bougeoir qui se trouvait dans le couloir, alluma la chandelle qui y était plantée et pénétra dans la pièce. Elle ne comprenait pas tout ce qui était arrivé aujourd'hui.
La jeune femme s'assit devant sa coiffeuse en posant le bougeoir sur le côté, se contempla longuement, détaillant ses cheveux un poil trop frisés, son nez légèrement trop grand et son visage imperceptiblement trop exigu. Elle ferma les yeux pour mieux réfléchir, mais elle n'y parvint pas. Elle sentait encore les caresses d'Enoch brûler son cou. Elle passa ses doigts fin délicatement sur ses muscles où elle sentait encore tous les baisers du noble enflammer sa peau. Elle ne pouvait ignorer cette sensation qu'il avait laissé sur elle, comme une marque de son passage. La jeune femme passa légèrement ses doigts sur ses lèvres ardentes. Allait-il vraiment revenir ? Maria s'égarait dans son esprit, elle sentait qu'elle avait besoin d'Enoch, il lui était devenu presque vital. Elle ouvrit grand les yeux et posa ses mains délicates sur ses tempes. Elle jeta un regard vif dans le miroir. Elle ne savait plus comment se sentir.
Ses yeux devinrent humides, elle lâcha ses tempes et caressa ses vallées des larmes de l'index et du majeur. Elle eut un frisson dans le bas du dos, la chaleur intense qui l'habitait la quitta peu à peu. La fatigue pesait sur la tailleuse. Elle saisit le bougeoir et en souffla la flamme, puis, se dénuda et s'insinua sous sa couverture. Les fins volets de bois laissaient passer quelques rayons de lune, éclairant le vieux parquet grinçant. La belle robe pourpre était elle aussi zébrée des lueurs grisâtres l'astre. On entendait au loin quelques chouettes hululer. Une larme coula lentement sur la joue écarlate de Maria, qui s'empressa d'enfouir son visage larmoyant dans l'oreiller compact.
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