3. Digne d'un dieu
Le septième jour était arrivé. Tous les jours où Maria avait travaillé, Enoch s'était amusé comme un diable. Il avait fait la connaissance de plusieurs succubes, d'une dizaine de jeune fille et de quelques mères de famille, qui, si je puis me le permettre étaient très bien conservées. En somme, toutes des femmes très respectables. Il avait aussi rencontré quelques opportuns, prêts à tout pour se faire remarquer, qui le défiaient en duel pour avoir " souillé leur belle ". Bien sur Enoch avait fait peu de cas de leur honneur. Il en brûla vif certain, il en ensorcela d'autres, à son bon vouloir. Une semaine somme toute normale.
Maria se leva au chant du coq et enfila une robe de lin et des petites sandales de cuir. Elle se précipita vers la porte en saisissant le baquet et le savon. La jeune femme trotta jusqu'à la petite rivière en amont du village, un sourire béat ornant son visage gracieux. Arrivée à la rive elle jeta un regard aux environs désert et lança ses sandales puis sa robe dans l'herbe. Elle remplit le baquet en s'agenouillant dans l'eau et le renversa sur sa chevelure massive,d'où perlaient des gouttes miroitant les premières lueurs du jour. Son corps, trempé, frissonna sous le choc de l'eau, froide mais pure. Dès qu'elle eu fini de se laver elle repartit vers son logis, arborant un sourire plus radieux encore.
Maria poussa délicatement la porte de frêne massif. Son père, regardant par la fenêtre se retourna et adressa un regard étonné à sa fille aînée.
"Tu as l'air radieuse ce matin ma fille, qu'est ce qui te met en joie ?" Demanda-t-il en prenant son air taquin.
"A vrai dire... Je dois fignoler le tabard du Sieur Enoch et... Le revoir me réjouis au plus haut point" répondit simplement Maria en rougissant.
Le vieil homme écarquilla les yeux car sa fille n'avait jamais manifesté d'intérêt pour un homme. De plus c'était un noble, il pouvait espérer une dote assez élevée !
"Eh bien ! Je souhaiterai te voir dans cet état plus souvent !" Plaisanta son père.
Maria sourit, légèrement gênée et s'empressa de monter l'escalier.
Arrivée dans sa chambre elle s'assit sur son lit et se perdit rapidement dans ses pensées. Quelques secondes plus tard elle fut ramenée à la réalité par l'égouttement de ses cheveux sur sa poitrine qui lui donnait des frissons. Elle se leva pour s'installer devant sa coiffeuse, saisit sa brosse et commença à se coiffer le mieux qu'elle le pouvait. Après avoir effectué cette tâche ardue elle se leva et laissa glisser sur le sol sa robe mouillée. Elle fouilla dans sa commode et en sortit une robe pourpre et beige, ornée de quelques arabesques dorées sur les manches et sur le bas du vêtement. Elle s'empressa de l'enfiler et de se contempler dans l'étroit miroir de sa coiffeuse.
La jeune femme se fit deux petites tresses sur le coté du crâne puis pris un épais lacet de cuir et attacha la moitié supérieure de ses cheveux. Elle se sentait belle, mais pas parfaite. Elle fouilla dans un placard et retrouva un vieux parfum qui avait appartenu à sa mère. Elle relut pour la énième fois l'étiquette« Lilas et groseille à maquereaux ». Nostalgique elle le regarda tendrement et le pressa contre son cœur. Elle ouvrit le flacon, le colla contre son cou et l'enleva rapidement. Quelques gouttes de parfum coulaient sensuellement le long de ses clavicules et finirent dans son décolleté. Désormais Maria se sentait prête. Elle descendit à la rencontre de son père, pour qu'il puisse l'admirer. Son sourire grandissait à mesure qu'elle descendait les marches. Le vieil homme se retourna. L'admiration se sentait dans ses yeux. La jeune femme se précipita vers son père et l'enlaça tendrement. Le père, sentant la fragrance qu'avait porté sa femme presque aussi longtemps qu'il puisse s'en souvenir, sentit ses yeux devenir humides. Sa fille se libéra de son étreinte et vint déposer un baiser sur sa joue.
"Tu es si belle" avoua le vieil homme, "tu ressembles à ta mère tu sais ?"
En guise de réponse il eut le droit à un sourire éclatant. Maria prit un morceau de pain qui était sur la commode, enfila ses souliers de daim et détala vers son atelier le cœur battant.
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