Chapitre 12 : Danses et frivolités
Le cœur au bord des lèvres Aveline fit un pas en avant, accrochée au bras droit du Seigneur Mahe qui offrait son autre bras à sa Grand-Mère. Ce soutient lui permit de ne pas flancher lorsqu'elle s'avança dans l'immense salle de bal déjà pleine. Son regard bifurqua vers Alana, la bouche en cœur, subjuguée par ce qu'elle avait sous les yeux. Dominant l'assemblée, presque chancelant, un immense lustre en cristal que l'on aurait dit prêt à tomber sur le sol de marbre. Les murs étaient longés d'immenses colonnes entre les quelles trônaient des divans de velours rouges. De grandes fenêtres se faisaient discrètes le long des murs, donnant sur une terrasse de laquelle on pouvait voir les jardins et les plaines voisines. Au bout de l'interminable salle, face à eux, quelques marches qui permettaient d'accéder aux quatre trônes sur lesquels étaient installés les Dirigeants entourés de leurs gardes. Aveline inspira un grand coup avant d'entrer dans la salle. Mahe se pencha vers elle.
« Ma Tante souhaiterait faire votre connaissance plus tard dans la soirée. » Elle resserra la prise qu'elle avait sur son bras, elle était sur le point de flancher et de partir en courant.
« Si cela avait pour but de me rassurer, vous êtes plutôt en train de m'effrayer. » Un sourire naquit sur les lèvres du jeune seigneur.
« Je tenais à vous prévenir maintenant au cas où nous serions séparés au cours de la soirée. » Ce qui était tout à fait judicieux de sa part. « Rassurez-vous, tout se passera bien. » Elle aurait aimé le croire, mais pour le moment l'appréhension lui torturait l'estomac.
« Alana, Chérie, allons-nous rafraichir et laissons ta sœur aux bons soins du Seigneur Mahe. »
Voilà que maintenant Aveline sentait le poids écrasant de la confiance de sa Grand-Mère. Elle devait donc être irréprochable. Mahe leur baisa la main à toutes deux avant de les laisser s'en aller. Par la suite il entraina la bibliothécaire au cœur de la foule. Certains la toisèrent sans lui prêter attention, d'autres n'étaient que mépris et faux-sourires. Il posa alors sa main sur la sienne, un contact chaud et rassurant. Il avait grandi dans le même cercle qu'elle, et pourtant il gardait cette aura bienfaitrice. Avec lui tout n'était que gentillesse et bonnes intentions, du moins pour le moment. Elle avait appris à se méfier des autres qu'importe qu'ils aient l'air aussi inoffensif que des chatons, ils avaient aussi des griffes pour vous lacérer le cœur.
« Mon Seigneur, je vois que vous êtes accompagné ce soir. C'est bien la première fois. » Aveline ne baissa pas les yeux, et pourtant l'envie ne lui manquait pas. La jeune femme face à elle était d'une beauté renversante, sensuelle et attirante. De quoi se renfrogner lorsque la nature ne vous avait pas autant gâtée. La bibliothécaire ouvrit la bouche pour répondre mais Mahe la devança.
« La Duchesse m'a fait l'immense honneur d'accepter mon invitation, je souhaitais avoir la plus belle jeune femme du royaume à mon bras, c'est chose faite. » Il n'avait pas encore bu qu'il divaguait déjà.
« Il est vrai que vous êtes sublime ma chère, votre salaire vous permet donc de telles largesses, ou peut-être avez-vous d'autres activités ? » Ce qui était étrange avec les mots, et les sourires, était tous les sens qu'ils pouvaient avoir lorsque l'on commençait à les interpréter. Même si, cette fois, Aveline était certaine qu'elle venait de se faire insulter. Elle sentit le corps de Mahe se crisper près d'elle.
« Je ne vous permets pas de la traiter ainsi, elle est ma cavalière et amie. Si vous souhaitez insinuer quelque chose dite le clairement mais je puis vous assurer, Ma Dame, qu'elle a bien plus d'honneur que vous. » Il se tourna vers Aveline, soufflée par cette réaction elle devait encore avoir la bouche grande ouverte. « Venez Aveline, allons danser. »
Il lui souriait comme si rien n'était arrivé. Ils s'arrêtèrent sur la piste de danse, là où chacun prenait sa place. Aveline se sentait rouillée, arriverait-elle à danser ? Ce n'était pas certain. Elle avait toujours été gauche, le manque de pratique n'arrangeait surement pas les choses. Les musiciens entamèrent un nouveau morceau. La jeune femme se força à regarder son cavalier, sa robe ne l'aidait pas à synchroniser ses pieds, néanmoins elle réussit à ne pas chuter devant tout le monde ce qui était déjà un exploit en soi. Après quelques minutes de concentration elle avait réussi à retrouver le rythme, même si elle n'était pas très gracieuse, elle s'amusait.
*
* *
A la suite de quelques danses accompagnées de vin et de champagne Aveline décida de faire une pause. Ses jambes se transformaient doucement en coton, son cœur battait trop fort, et elle avait bien trop chaud. Elle posa sa main sur le bras de Mahe.
« Je vais aller prendre l'air quelques minutes, je n'ai plus l'habitude de tant de faste. » Galamment il lui prit la main et y déposa un baiser.
« Je vais en profiter pour faire danser votre sœur. Je l'ai invitée et il est de mon devoir de la divertir. »
Aveline hocha la tête en souriant avant de prendre la direction du dehors. L'air frais lui fit le plus grand bien, elle inspira profondément, les yeux clos. La légère brise d'été était agréable. Elle s'appuya contre la balustrade de pierre. La lune était haute dans le ciel, ronde comme une crêpe réussit. Cela lui rappela son premier bal et les interrogations qui allaient avec : n'était-elle pas trop boudinée dans sa robe ? Serait-elle assez jolie ? N'était-elle pas trop ridicule ? Cela était toujours vrai, mais elle se rendait compte qu'aujourd'hui ces questions n'avaient plus rien à voir avec la cour et les courtisans mais avec une seule personne. Celui qui l'avait faite danser et rire toute la soirée.
« Je ne savais pas que tu pouvais sourire, encore moins être agréable à regarder. » Le noble frustré, le retour. Que lui voulait-il encore ? Il lui était donc impossible d'être seule ou tranquille au moins une fois. Cela semblait trop demander que de passer une soirée agréable sans trouble-fête. Surtout pendant que sa tête était un tourbillon d'idées confuses.
« Je ne savais pas que vous saviez parler aux femmes. » Au moins son ironie était toujours là. Pas sûr que cela dur très longtemps vu l'état latent dans lequel l'alcool la plongeait.
« Princesse d'un soir, étoile éphémère d'un bal. Demain tu retrouveras ta place ma Chère, et tu ne seras qu'un vulgaire souvenir pour notre cher Seigneur. » Deux fois le même mot. Il n'était pas très inspiré. Il fit un pas vers elle. « Tu serais presque passable ce soir. » Que quelqu'un l'assomme. Ou qu'il s'étouffe avec sa langue. Elle n'avait aucune envie de lutter contre lui ce soir.
« Et tu serais presque agréable. » Elle leva les yeux au ciel. Inutile d'être polie avec lui, même être respectueuse aurait été lui accorder trop d'importance.
« Je pourrais presque te désirer si tu cessais de parler. » Elle se retrouvait maintenant coincée entre lui et la balustrade. Tant qu'il ne la jetait pas dans le vide. Surtout qu'il ne lui donnait aucune envie d'être agréable.
« Cela est donc une bonne raison pour ne pas m'arrêter. Maintenant si tu pouvais trouver quelqu'un d'autre à torturer, je vais retourner à l'intérieur. » Intérieurement elle remercia la crinoline de sa robe qui laissait un écart raisonnable entre eux. Elle tenta de l'esquiver par le côté. Maintenant elle maudissait cette même crinoline pour entraver ses mouvements. Il lui prit le bras l'attirant vers lui. Finalement elle préférait presque quand il lui mettait le couteau sous la gorge. Et elle n'arrivait même pas à réfléchir convenablement.
« Tout va bien Dame Aveline ? » La voix qui rompit l'intimité désagréable entre eux était plus menaçante que sympathique. Elle tourna la tête à s'en dévisser le cou pour apercevoir la silhouette du Seigneur Seth près d'eux. Il avait revêtu un costume blanc, qui contrastait avec ses cheveux noirs pourtant assortis à sa chemise et à ses bottes.
« Nous ne faisions que flirter Monseigneur. » Le frustré resserra la prise qu'il avait sur le bras d'Aveline. Apparemment un combat de coq s'engageait. Super. Il n'y avait plus qu'à espérer que le Seigneur Seth gagne, en réalité, il avait déjà gagné. Il était bien plus impressionnant que son adversaire.
« Ce n'est pas à vous que je m'adressais. » Il s'avança d'un pas. Sa voix tremblait légèrement, Aveline y décela de la colère. « Je vous conseillerais donc de la lâcher. » Cela sonnait plutôt comme un ordre. Le conseil étant de ne pas jouer avec sa patience.
« Je ne lui faisait aucun mal. » Il gagnait légèrement son respect. Même elle n'aurait pas osé répondre à cet ordre implicite dans lequel on décelait toute la rage du monde.
« N'importe quel imbécile se rendrait compte qu'elle n'est pas capable de se défendre. » Autrement dit, s'il ne voulait pas apprendre à voler mieux valait qu'il la laisse. « Vos jeunes frères et sœurs sont dans la salle n'est-ce pas ? Il serait fort regrettable qu'un ou deux d'entre eux viennent à disparaitre, mystérieusement. » Sommet de la patience atteint. Aveline put reprendre le contrôle de son bras. Apparemment l'autre avait compris le message.
« Monseigneur, Ma Dame. » Il s'éclipsa si vite qu'elle ne le vit même pas partir. Seth s'approcha d'elle, le regard soucieux.
« Je crains que vous n'ayez trop bue Aveline. » Elle se retint à son bras alors que ses jambes vacillaient. L'alcool plus la fatigue n'était pas du meilleur effet.
« En effet, veuillez me pardonner, je me suis laisser emporter par la fête, et l'ambiance. » Il lui sourit et elle sentit son cœur fondre. Pourquoi fallait-il que cet organe de misère n'en fasse qu'à sa tête ?
« De tous ici vous êtes surement celle qui mérite le plus de s'amuser. Néanmoins soyez prudente, je n'aimerais pas devoir intervenir de manière plus désagréable encore. » Elle fit un pas vers lui mais ses pieds se prirent dans les bas de ses jupons et elle partit en avant. Il la rattrapa la saisissant par la taille et la ramenant contre lui. « Je voulais vous demander une danse, mais j'ai peur de vous perdre complètement. » Elle leva les yeux vers lui. A cet instant la lune l'éclairait. Oui, c'était certain, il allait faire flancher son cœur de guimauve.
« Je pense être encore en état de danser, si vous me laissez une chance. Après tout vous appréciez ma charmante manière d'écraser vos pieds. » Seth rit doucement à ces paroles. Ils se mirent ensuite en place pour danser. Un instant ils se regardèrent dans les yeux avant qu'Aveline ne se détourne, rouge de honte ou d'autre chose.
« Vos yeux, on dirait qu'ils sont constellés d'étoiles. » Un frisson la parcourue. Il se souvenait. Son premier bal. Il l'avait invitée à dansé, et lui avait dit exactement la même chose.
« Je pensais que vous aviez oublié les détails. » Elle lut une grande tendresse dans son regard, presque de la nostalgie.
« Il m'arrive d'y penser. Savez-vous pourquoi je vous ai choisis ce soir-là ? » Elle y avait énormément pensé, en réalité elle avait peur de la réponse. Aveline avait toujours oscillé entre la pitié qu'elle lui avait inspirée, et le mince espoir qu'il l'ait réellement apprécié.
« Je vais vous paraitre idiote, mais je crains votre réponse. » Elle détourna les yeux pour éviter son regard clair.
« Vous n'avez pas à en rougir. En réalité, j'étais avec ma belle-mère, j'ai passé ma vie à la vouloir la contrarier. Avec ma demi-sœur elles riaient de vous assez méchamment, je me souviens d'une phrase en particulier « heureusement qu'elle à un titre, car ce n'est pas son physique qui lui donnera un mari ». Et je suis allé vers vous par pure provocation. Mais quand j'ai vu votre sourire, et votre regard, si heureuse, je vous ai immédiatement appréciée. » Ce n'était pas la réponse qu'elle avait imaginée, mais cela lui convenait finalement. Après tout elle n'avait jamais brillé par son physique.
« Votre belle-mère va venir vous chercher de force si elle voit que vous réitérez l'erreur de m'inviter. Je n'ai toujours pas le physique, mais en plus je n'ai plus le titre. » Elle se mordilla la lèvre inférieure, pour vu qu'elle n'ait fait aucune erreur dans la bienséance.
« A la mort de mon père je l'ai envoyée dans une de nos maisons de campagne. Par contre ce qui m'inquiète c'est que vous ne vous rendez pas compte de l'effet que vous pouvez produire sur un homme. » Ses joues ne devaient plus être rouges mais en feu. Ils avaient cessés de danser. Ils étaient si proches. Et il la regardait d'une manière qui lui nouait l'estomac. Il se pencha vers elle. Leurs lèvres étaient proches. Trop proches. Elle eut un instant d'hésitation et finalement détourna la tête lorsqu'il effleura ses lèvres.
« Je suis désolée. » Elle eut un léger mouvement de recul. Elle ne pouvait pas faire cela. Il était beau, faisait battre son cœur, et il était certain qu'il était son premier amour, mais pas celui qu'elle voulait. Aveline savait qu'elle ne pouvait pas tricher sur ses sentiments, et elle n'avait aucunement envie de se réveiller un matin tiraillé entre Seth et Mahe.
« Ne vous excusez pas. Je suis heureux que vous soyez honnête envers moi. » Il fit quelques pas en arrière. Dans ses yeux la déception se lisait facilement.
« Sachez que je vous apprécie énormément mais... » Il la fit taire d'un geste.
« Vous ne m'aimez pas, et un charmant jeune homme vous attend à l'intérieur. » Il lui offrit son bras. Geste plutôt surprenant pour quelqu'un qui venait de se faire repousser. « Permettez-moi de vous raccompagner à l'intérieur. »
Elle hocha la tête sans ajouter un mot. Cela n'aurait servi à rien. Ils entrèrent de nouveau dans la salle de bal. L'air y était presque trop chaud pour la jeune fille. Son regard balaya la pièce à la recherche de sa sœur et de sa Grand-Mère. Elle repéra la plus jeune en train de discuter avec un groupe de jeunes femmes, elle haussa un sourcil, il fallait qu'elle aille voir.
« Aveline je vous cherchais. » La tête blonde de Mahe émergea de la foule, son éternel sourire aux lèvres. Sourire qu'il perdit lorsqu'il aperçut Seth qui se contenta de s'incliner respectueusement. « Mon Seigneur. » Quelque chose se passait entre les deux hommes, à en juger par la manière dont il se jaugeait. Aveline lâcha le bras de Seth avant de s'incliner.
« Merci de m'avoir tenu compagnie Monseigneur. » Il lui prit la main pour y déposer un baiser.
« Tout le plaisir était pour moi Ma Dame. » Il lui parlait, certes, mais ses yeux fixaient quant à eux le seigneur Mahe. « Monseigneur. » Il inclina une nouvelle fois la tête avant de se détourner.
« Allez-vous bien ? Vous êtes pâle. » Aveline regarda son compagnon et lui prit le bras en souriant.
« Juste de la fatigue. Mais je suppose que vous souhaitez me présenter votre tante avant que la soirée ne touche à sa fin. » En réalité les vapeurs de l'alcool, et surement quelques produits circulant sous les capes, avaient aidé la salle à se vider légèrement. Les premières personnes s'éclipsaient déjà. Les courtisanes allant faire leur dur travail et les jeunes femmes rejoignant sagement leur chambre.
« En effet, je vous raccompagnerais par la suite. »
Il dégagea son bras pour lui passer autour de ses épaules. Aveline remarqua qu'il était légèrement plus tendu qu'avant, l'alcool ne l'aidant certainement pas à maitriser ses sentiments. Au moins, ils étaient dans le même cas. Il la fit donc traverser la salle jusqu'à ce qu'ils se retrouvent aux pieds des dirigeants dont l'un était déjà partit. Aveline s'inclina gardant la position même si celle-ci était douloureuse.
« Relevez-vous mon enfant. » Elle le fit, ne regardant toujours pas la femme, ce qui aurait été fort impolie. La voix était pourtant douce. « Regardez-moi je vous prie. » Elle obéit pouvant enfin voir de près la femme. Son visage avait quelque chose de dur, mais dégageait tout de même une grande bienveillance. Elle n'était pas bien grande, et sa robe mauve faisait ressortir son regard bleu pâle et s'accordait à ses cheveux bruns, presque roux.
« Madame. C'est un honneur pour moi de vous rencontrer. » Un honneur très angoissant cependant.
« Tout le plaisir est pour moi Duchesse. Mon neveu n'a cessé de me parler de vous, un grand éloge si vous voulez mon avis. » Aveline se sentit rougir, la Dirigeante n'était pas obligée d'être si sympathique envers elle. « Et je vois qu'il ne se trompait pas, vous êtes fort belle. Tout comme votre mère que j'ai eu le plaisir de connaitre. » La bibliothécaire serra les dents. D'abord la beauté, et ensuite elle enchainerait avec son caractère volage.
« Merci. » Elle s'inclina une nouvelle fois, mieux valait trop de politesses que pas assez.
« Pourtant vous avez la sagesse de votre grand-Mère et très certainement son esprit. Ce dont je suis ravie. » La surprise se peignit sur les traits de la jeunes fille, elle qui s'attendait à une critique. « Je vous ai vu à l'instant au bras du Seigneur Seth, quel genre de relation entretenez-vous ? » Cette fois-ci la question était d'un ordre plus politique. Ce qui déplaisait encore plus à Aveline qui s'était toujours refusé à prendre position, cela attirait toujours bien trop d'ennuis.
« C'est un ami. Nous nous connaissons depuis mon entrée à la cour, il est fort aimable et est souvent à la bibliothèque. » Un ami. Juste un ami. Extrêmement charmant. Mais un ami.
« Je ne peux que vous invitez à vous méfiez, son père n'était pas très recommandable et je me méfis de leur famille. » Mahe fit un pas en avant.
« Ma Tante, je doute qu'Aveline ait envie de parler de ceci maintenant. » Elle faillit soupirer de soulagement.
« Tu as raison. Pardonnez-moi Mademoiselle, à fréquenter des hommes politique toute la journée, je finis par en devenir moi-même ennuyeuse. » Elle eut un léger rire. Aveline se contenta d'un sourire.
« Je suis moi-même un peu ennuyeuse parfois, j'aime beaucoup l'étude de la politique, mais je préfère ne pas m'en mêler. Je me contente de me renseigner et d'apprendre. » C'était plutôt l'histoire et l'évolution de la politique dans les différents royaumes qui l'intéressait, mais elle ne comptait pas épiloguer là-dessus.
« Je vous questionnerais bien, mais je suis éreintée et vous aussi surement. Nous pourrons surement nous revoir bientôt. » Elle inclina légèrement la tête alors qu'Aveline se courbait.
« Ce sera un honneur Ma Dame. » Mahe lui prit la main.
« Bonne soirée ma Tante, je vais raccompagner Aveline. »
*
* *
La fatigue lui était tombée dessus comme une pierre et Aveline avait dû faire un effort surhumain pour ne pas s'endormir dans le fiacre. Elle avait attendu que sa Grand-Mère et sa sœur soit parties pour remercier le seigneur Mahe.
« Aveline, maintenant que nous sommes amis. Je me disais que, peut-être, nous pourrions, si cela ne vous gêne pas, nous tutoyer ? Je n'ai jamais été très à l'aise avec le vouvoiement, cela me gêne. » Elle pouvait le comprendre. Cependant elle était tellement habituée aux convenances que cela serait difficile pour elle.
« Si vous le souhaitez, cela ne sera pas simple pour moi alors pardonnez-moi si je commets un impaire. » Il lui sourit, cela commençait plutôt mal à vrai dire.
« Et vous... tu n'es pas obligée d'être aussi guindée en ma présence. » Elle haussa un sourcil, interloquée. Elle se savait trop sérieuse, mais quand même.
« Guindée ? » Il explosa de rire.
« Parfaitement. Toujours droite les mains croisées devant la robe, le visage sérieux, un langage aristocratique. Tu ne t'es jamais dit que tu pouvais être plus, disons, spontanée ? » Même s'il disait cela légèrement elle se sentait vexée. Depuis toujours elle respectait les règles de la bienséance qu'on lui avait inculquées. Elle décroisa cependant les mains, perdue et ne sachant pas quoi en faire.
« Je ne suis pas guindée ! Je suis juste... Juste.... » Guindée. Il avait raison. Elle soupira. Mahe s'avança d'un pas vers elle et lui passa un bras autour de la taille la rapprochant de lui. Aveline s'empourpra.
« Je n'ai pas non plus dit que ça me déplaisait. Au contraire, cela me permettra de t'apprendre. » Ses yeux étaient emplis d'une grande tendresse et d'amour.
« Vous... Tu sais que pour un homme de ta position, tu devrais apprendre à être plus, disons, guindé. » Il fit une légère grimace avant d'afficher une mine mutine.
« Tu sais que je suis tout de même en position de force ? » Elle se préparait lui répondre quand il mit ses lèvres contre les siennes. Son cœur fit un bon dans sa poitrine. Aveline se sentit trembler, ses jambes étaient maintenant en coton. Après quelques secondes de surprise elle se laissa aller et passa ses bras autour du cou du jeune homme. Il la serra un peu plus fort. Son cœur ne battait plus, il volait, virevoltait même au milieu des nuages et de l'air frais. Elle fut presque déçue lorsqu'il s'éloigna. « Finalement ce n'est pas si difficile de te faire taire. » Aveline se dégagea de son étreinte maladroitement. Et lui servit un sourire espiègle.
« Je dois maintenant aller me coucher Monseigneur, si vous voulez bien me pardonner. » Elle accompagna son geste d'une courbette ridicule qui fit rire son compagnon.
« Bien Ma Dame, j'attendrais donc le jour où je pourrais me joindre à vous le soir. » Le rouge monta aux joues d'Aveline. Personne ne lui avait jamais fait ce genre de sous-entendus.
« Je dois vraiment y aller. » Après un signe de la main elle se précipita dans sa petite maison et referma la porte encore rouge de honte.
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