M comme Meurs
– Alors, mon punky, tu t'es pas trop fait défoncer hier ?
Eren regarda Connie d'un air morne.
– Si tu savais l'engueulée que je me suis pris... Il n'a pas du tout haussé la voix mais il m'a quand même presque fait peur, répondit-il en grimaçant tout en tripotant machinalement une petite pierre noire qui ornait son oreille.
Le rasé acquiesça.
– Sasha aussi m'a engueulé comme du poisson pourri...
Ils soufflèrent tous les deux de concert avant de se regarder et d'éclater de rire.
– Putain ! Je crois que c'est la plus grosse connerie que nous ayons jamais faite ! s'exclama Connie.
– Tu l'as dit ! Mais je pense que c'est quand même Armin qui a pris le plus cher !
Cette constatation ne les aida pas à retrouver leur calme, mais la voix autoritaire d'Hannes, lequel se dirigeait vers la caisse d'Eren, les rappela à l'ordre :
– A votre place, je ferais profil bas. Surtout toi Connie, Sasha m'a tout raconté et sache qu'elle est toujours en colère contre toi.
Le rasé plissa son nez mais ne répondit rien.
– Franchement, il n'y a que vous qui arrivez à déclencher un tel bordel, souffla le patron en souriant légèrement, ouvrant un petit tiroir situé sous la caisse pour y attraper le scotch. Je te le rends dans quelque temps, le mien est fini et j'en ai besoin.
Eren hocha de la tête et le regarda partir.
– Tu crois que je peux venir dormir chez toi ce soir ? Je sens que ma douce Sasha va encore me trucider les oreilles...
– Désolé mais je ne pense pas que ça soit une bonne idée, Levi aussi me fait encore la gueule, répondit le jeune Jaeger en faisant la moue.
– On a totalement déconné... même si c'était drôle, quand on y repense, fit le rasé en s'appuyant contre la vitrine à ses côtés.
– Ouais, approuva Eren en souriant.
Ils arrêtèrent leur conversation lorsqu'un couple entra dans le magasin, les saluant poliment. Les deux jeunes gens se dirigèrent vers Connie et le brun en profita pour se perdre dans ses pensées et souvenirs, remontant le temps dans sa tête.
~oO0Oo~
Un gémissement plaintif franchit la barrière de ses lèvres tandis qu'une grimace vint déformer ses traits.
Il avait une de ces putains de gueule de bois...
Il sentit ses cheveux être malmenés et se rendit soudainement compte du poids qui pesait sur sa tête. Il leva alors une main paresseuse qui se posa sur l'objet inconnu puis la ramena devant ses yeux.
C'était un putain de rat.
Quand l'information atteignit son cerveau, il émit un petit cri horrifié et lâcha prestement l'animal qui tomba sur la terre ferme dans un petit couinement.
Complètement réveillé même si un mal de tête lui vrillait le crâne, il se redressa, se mettant à quatre pattes avant de se lever doucement.
Il fit la moue, se sentant complètement courbaturé après avoir dormi sur le sol mais se mit tout de même en marche, découvrant le désordre régnant dans ce qui semblait être une suite luxueuse d'un hôtel paraissant tout aussi luxueux.
La pièce à vivre était dans un état déplorable. La télévision était défoncée, le lecteur DVD coincé en travers et la table basse en verre se situant en face d'elle était complètement foutue. Le canapé n'était visiblement pas en meilleur état au vu des longues entailles qui l'éventraient d'où s'échappait un nombre colossale de copeaux de mousse. Et les autres meubles, de même que le sol carrelé, n'avaient vraiment pas meilleure mine...
Eren, les yeux exorbités, se retourna pour tomber sur un Connie qui dormait sur une des chaises entourant l'immense table en chêne et menaçant de tomber à tout moment. Ses prunelles s'écarquillèrent encore plus quand il remarqua l'accoutrement du rasé.
Cependant, il ne s'attarda pas sur ce détail et se précipita comme il le put vers son ami, le secouant vivement pour le réveiller. Il entendit le jeune homme grommeler avant que les paupières de celui-ci ne s'ouvrent, dévoilant deux yeux noisette vitreux de sommeil et de douleur.
– Putain... ma tête... souffla-t-il en portant une main manucurée à son crâne.
En remarquant cela, Eren pinça les lèvres pour éviter de rire.
– On est où là, marmonna Connie en plissant ses yeux.
– Dans une suite, apparemment.
– Et qu'est-ce qu'on fout dans une putain de suite, dis-moi ? demanda d'une voix courroucée le rasé, sa monstrueuse gueule de bois le rendant irascible.
– J'en sais rien du tout, figure-toi, répondit le brun en fronçant ses sourcils.
Connie se tourna vers lui, prêt à déverser une nouvelle fois sa mauvaise humeur sur son ami, avant qu'il ne se fige. Eren lui lança un regard interrogatif et le jeune Springer éclata de rire.
– Qu'est-ce que t'as foutu avec tes fringues, Eren ? On dirait un punk raté ! hurla-t-il presque dans son hilarité.
Le brun resta un moment interdit avant que les mots de son ami ne l'atteignent de plein fouet.
Il baissa la tête sur ses pieds et remarqua avec effarement qu'il chaussait de grosses boots, celles-ci étant surmontées d'un pantalon noir troué. Il vit ensuite qu'il ne portait rien sur son torse, à part une veste en cuir d'un noir profond, ornée de clous sur les épaules. Affolé, il posa ses doigts sur son visage et ses cheveux et fut soulagé quand il ne trouva rien d'anormal sous sa pulpe. Mais quand il descendit ses mains sur ses oreilles, il sentit plusieurs bosses. Son soulagement fut donc remplacé une nouvelle fois par la panique et il chercha avec frénésie un miroir, en trouvant enfin un dans l'immense salle de bain.
Dans le reflet de l'imposant objet se trouvait bel et bien un punk – ou un emo, il ne savait pas trop – comme l'avait dit Connie et le jeune brun aperçut que les dégâts ne se résumaient pas à son radical changement de style. Ses yeux turquoise paraissaient immenses à cause du khol qui les entourait et sa peau semblait un peu plus pâle que d'habitude. Déglutissant, le brun dégagea ses oreilles et eut envie de pleurer quand se dévoilèrent alors trois boules noires et un anneau accrochés à son oreille droite.
Pris d'un doute, il enleva rapidement sa veste et son pantalon et fut soulagé de ne voir aucun tatouage ou piercing marquer sa peau.
– Qu'est-ce que tu fous ?
Eren se rhabilla prestement puis se retourna et dévisagea son ami.
– J'ai fait une énorme connerie, dit-il.
Devant le regard interrogateur de Connie, il ramena ses cheveux en arrière la suite, il entendit distinctement le rasé hoqueter avant qu'un éclat de rire ne sorte de la bouche de celui-ci.
– Oh putain, t'as fait fort ! ricana-t-il, clairement moqueur.
– Au lieu de te foutre de moi, tu devrais plutôt te regarder, siffla Eren en lui jetant un regard noir.
Le rasé parut surpris et perdu mais il l'écouta et vint se placer devant le miroir.
– Oh sa race ! s'époumona-t-il en plaquant ses mains sur différentes parties de son corps.
– Alors qu'en dis-tu, ma petite princesse ? fit railleusement le brun.
Connie ne répondit pas à la pique, semblant même trop choqué pour ne serait-ce arriver à articuler un seul mot.
Adieu virilité, bonjour atroce féminité et ignoble vulgarité.
Il passa des doigts aux ongles peints et tremblants sur son torse, priant fortement pour que les deux putains de bosses proéminentes qui s'y trouvaient étaient de faux seins.
Parce que oui, en plus de porter une affreuse robe moulante d'un vert pastel écœurant et d'avoir les mains manucurées, il avait des seins.
Des putains de seins.
Bien sûr.
Il lâcha un souffle tremblotant et plongea enfin courageusement ses mains dans le décolleté de la robe, touchant presque aussitôt deux monticules de mouchoirs.
Un bruyant soupir retentit dans la salle de bain.
– J'ai vraiment cru que j'avais fait la plus grosse connerie de ma vie, dit-il d'une voix chevrotante d'où suintait le soulagement.
Eren ricana mais le souvenir des bijoux qui ornaient une des ses oreilles enraya efficacement son rire.
– Toi, au moins, t'as rien fait de con à part enfiler une robe de princesse, grimaça-t-il en tripotant son anneau.
– Princesse vulgaire, oui, grimaça le jeune Springer en tirant sur le bas de sa robe outrageusement moulante pour essayer de cacher un peu plus ses jambes.
Le brun ne répondit rien et Connie plissa ses lèvres en se redressant, lui tapotant finalement le dos tout en affichant une mine qu'il voulut désolée mais Eren savait pertinemment qu'il se foutait de sa gueule.
Un petit silence se fit mais le punk tourna brutalement son visage vers son ami, leur nez se frôlant.
– Putain ! J'ai failli avoir une crise cardiaque, connard ! s'écria la princesse après avoir sursauter violemment.
– Où est Armin ? demanda gravement le brun en ignorant le rasé.
Celui-ci se tut aussitôt à ces mots et ses yeux se firent aussi larges que ceux d'Eren.
– Oh... Oh !
Ils sortirent en trombe de la salle de bain et atterrirent une nouvelle fois dans la pièce à vivre. Ils se mirent tout de suite à chercher leur ami, dérangeant encore plus l'endroit.
Connie arrêta cependant bien vite de fouiller cette pièce et entra dans la seule qu'ils n'avaient pas encore « visitée ». Le rasé se fit la réflexion que c'était sûrement la chambre à coucher, puisqu'ils n'avaient pas encore vu de lit dans cette immense suite.
Et comme il l'avait prédit, un énorme lit entra dans son champ de vision dès que la porte fut ouverte. Il resta un moment à contempler la beauté du lieu avant de se secouer, se remettant à chercher son ami blond.
Il n'eut néanmoins pas à chercher trop longtemps puisqu'un long râle s'échappa de sous le lit.
Haussant un sourcil, le rasé arrêta ses mouvements avant de se mettre à quatre pattes et de regarder sous le sommier.
Quelle ne fut pas sa surprise quand il tomba sur une masse informe et apparemment agonisante qui jonchait le sol froid.
– Armin, mon pote, c'est toi ?
Seul un grommellement indistinct lui répondit et il prit ça comme une réponse positive.
– Eren, ramène ton cul ! J'ai trouvé Armin !
Le brun lâcha le tas de déguisements qu'il tenait maladroitement dans ses bras et accourut dans la chambre, faisant une petite grimace quand la première vision qu'il eut de l'endroit fut l'arrière-train de son ami moulé par la robe.
– Qu'est-ce que tu fous le cul en l'air ?
Connie décolla sa joue du sol et se redressa, affichant une mine gênée.
– Il est sous le lit, dit-il seulement.
Eren eut l'air surpris et vérifia lui-même les dires de son ami, se mettant à quatre pattes et posant sa joue par terre pour pouvoir regarder sous le lit. Et effectivement, Armin se trouvait bien en-dessous, à en en juger la silhouette qu'il parvenait à distinguer.
– Armin, c'est Eren, tu veux bien sortir de là ?
Il entendit Connie se remettre dans la même position que lui, à quelques centimètres de sa tête, et ses lèvres se tordirent quand il sentit les pieds nus de son ami frôler sa tignasse.
– Eren, c'est toi ? demanda le blond d'une voix rendue rauque et enrouée.
– Oui, c'est moi et y a Connie avec moi.
– Salut, mon pote, content de te retrouver ! s'exclama celui-ci, tout joyeux.
Armin marmonna quelque chose d'incompréhensible avant de ramper lentement pour sortir de sous le lit, Connie et Eren se relevant pour le laisser passer.
– Qu'est-ce que je fous-là, bordel ? grogna-t-il quand une de ses mains apparut aux yeux de tous.
Il souffla puis poussa un petit grognement quand son autre main vint se poser à côté de sa jumelle.
Les deux autres furent surpris par ce comportement étrange qu'avait adopté leur ami, celui-ci étant d'habitude d'une gentillesse et politesse hors du commun, mais ils mirent son humeur exécrable sur le compte de la gueule de bois qui semblait l'accabler lui aussi.
Eren allait lui répondre mais lorsque la tête de son ami émergea, il plaqua une main sur sa bouche, l'air profondément abasourdi. Il tourna ses yeux vers Connie et celui-ci lui rendit son regard, semblant être dans le même état de choc.
Il regardèrent silencieusement Armin se redresser péniblement, plissant ses yeux bleus face aux rayons du soleil qui lui brûlaient les rétines et se retourna vers eux, fonçant ses sourcils quand il vit leur tête.
– Quoi ? croassa-t-il avant de se racler la gorge.
– Je... enfin...
Eren n'arrivait plus à trouver ses mots, tellement la nouvelle apparence d'Armin lui donner envie de rire et en même temps de s'asseoir pour faire passer le choc.
– Oh punaise, mon pote, t'as jamais été aussi... mignon et... repoussant en même temps, lâcha le rasé en dévisageant son ami.
Celui-ci voulut rétorquer quelque chose mais le brun ne lui en laissa pas le temps, l'attrapant par le poignet pour le tirer à sa suite, un Connie hilare les suivants de près.
Et lorsque Armin se retrouva à son tour devant le miroir de la salle de bain, voyant pour la toute première fois son reflet depuis qu'il s'était réveillé, il parut sortir de la brume qui stagnait dans son cerveau et lâcha un cri épouvanté.
– Oh. Mon. Dieux... Mais c'est quoi ça ?! hurla-t-il en se touchant frénétiquement les cheveux et palpant son corps recouvert par son nouvel accoutrement. Mais bordel, qu'est-ce qui se passe ?!
Eren regarda avec un semblant de pitié son ami blond. Lui avait eu la « chance » de ne pas se retrouver avec les cheveux colorés, contrairement à Armin qui possédait maintenant une chevelure teinte en rose bonbon, étant en plus habillé d'une combinaison-pyjama trois fois trop grande pour lui et ressemblant à une licorne bleue pâle. Mais le pire était sans doute le maquillage qui accompagnait le tout : ses paupières étaient peintes avec un dégradé de différents violets et ses joues avaient été outrageusement rosies, alors qu'un horrible arc-en-ciel recouvrait son front.
Franchement, Eren avait envie de rire.
Armin, lui, leva des yeux hystériques sur le reflet de ses amis et sembla enfin remarquer leur apparence.
– Que... Vous aussi ?! s'étrangla-t-il en se retournant vers eux, les dévisageant de haut en bas. Vous pouvez m'expliquer la situation ? Non parce que là je crois que je vais devenir taré.
Eren et Connie restèrent silencieux, ne sachant que répondre.
Le blond – plus si blond que ça – soupira et sortit de la pièce pour aller s'asseoir sur le canapé défoncé, ses amis s'asseyant à ses côtés.
– Bon, je suppose qu'on devrait essayer de « remonter le temps » jusqu'au début du week-end, proposa-t-il après avoir retrouvé son calme.
Les deux autres obtempérèrent.
– Bien. Alors samedi après-midi je vous ai appelés tous les deux pour vous prévenir que j'allais venir passer le week-end à Trost pour qu'on puisse passer du temps ensemble. Vous vous en souvenez ?
Connie et Eren acquiescèrent.
– Ouais et est allés passer l'après-midi puis la fin de journée dans un bar et là on a décidé d'aller en boîte. Je suis ensuite rentré chez moi pour me changer et toi, Armin, t'as dû aller chez Eren pour qu'il te passe des vêtements adaptés.
– Je me souviens avoir laissé un mot à Levi parce qu'il devait rentrer de mission le lendemain, le prévenant que j'étais parti en boîte avec vous et que je passais le reste de la nuit chez toi, Connie, puisque c'est toi qui habite le plus près, reprit Eren, les yeux dans le vague.
Armin acquiesça, se rappelant de ce fait et continua :
– Et quand on est entrés dans la boîte, on s'est directement dirigés vers le bar pour commander des boissons et là...
– Le trou noir, termina Connie en se frottant le visage de ses mains. Putain, mais qu'est-ce qui a bien pu nous arriver ?
– On nous a peut-être drogués, fit Eren en les regardant tour à tour.
– Possible, approuva le blond. En tout cas, je pense que ça serait bien qu'on sache où nous sommes.
Les deux autres ne le contredirent pas et ils se levèrent, Connie se dirigeant vers la grande baie vitrée pour essayer de reconnaître le paysage.
– Oh putain, les gars, je vois la maison du président... je vois la maison de notre président ! On est à Sina ! Bordel, comment on a fait pour atterrir à Sina ?! s'exclama-t-il en fixant ladite maison présidentielle à travers la vitre.
Armin et Eren se précipitèrent à ses côtés et furent tout aussi choqués que lui en voyant l'immense édifice à quelques centaines de mètres.
– Bon... souffla le blond en s'asseyant à même le sol, je pense qu'il faudrait qu'on appelle quelqu'un.
– Je peux appeler Levi, même si je sais qu'il va nous défoncer..., grimaça le brun en fouillant ses poches.
Il posa ses mains sur les poches arrières de son pantalon puis sur celles de devant et enfin sur celles de sa veste, avant de relever ses yeux vers ses amis.
– J'ai paumé mon portable, lâcha-t-il.
Armin mit ses mains dans les poches de sa combinaison mais fit la moue et ses deux amis comprirent qu'il ne l'avait pas non plu.
– Ma robe n'a pas de poche, fit Connie et les dévisageant.
Ils soupirent.
– On n'a plus qu'à demander au réceptionniste qu'il nous laisse appeler Levi.
Armin se remit sur ses pieds et ils allaient sortir quand Connie ne les arrêta.
– Je n'ai pas de chaussures.
Ses amis regardèrent ses pieds et effectivement, il ne portait ni chaussures, ni chaussettes.
– J'ai vu des escarpins, tout à l'heure, en cherchant Armin dans le salon, dit soudainement Eren en partant chercher lesdits escarpins qu'il tendit ensuite à Connie.
Celui-ci darda un regard révolté sur le brun.
– Jamais je ne mettrais ces... ces choses !
– T'as pas le choix, sauf si t'as vu d'autres godasses, rétorqua le jeune Jaeger.
Le rasé souffla, le fusilla du regard avant de lui arracher les escarpins des mains.
– Putain, plus jamais je n'irais en boîte, plus jamais ! bougonna-t-il en enfilant les chaussures à talon.
Il se redressa à tenta de faire quelques pas, sa démarche coincée et grotesque faisant rire aux éclats le punk et la licorne.
– C'est ça rigolez, rigolez ! Comme on dit : «rira bien qui rira le dernier » !
Après ces mots dits d'un ton énervé, les trois amis sortirent de la suite, s'extasiant intérieurement sur la beauté du lieu. Ils descendirent un large escalier digne d'un film Hollywoodien et arrivèrent devant l'accueille.
La réceptionniste, qui rangeait les clés sur le panneau accroché au mur, se retourna et stoppa net ses mouvements, les reluquant de la tête aux pieds.
– Pouvons-nous utiliser le téléphone ? demanda Armin sans prendre en compte l'étonnement de la femme.
Celle-ci lui lança un regard suspicieux en plissant ses yeux verts.
– C'est payant, lui dit-elle.
Armin se tourna vers ses amis, leur demandant silencieusement s'ils avaient de l'argent, mais ceux-ci firent un mouvement négatif de la tête. Le blond se mordilla la lèvre inférieur tout en se retournant vers la réceptionniste.
– Vous pouvez pas nous faire une petite fleur ? tenta-t-il en lui lançant un petit sourire.
– C'est payant, réitéra-t-elle sans se laisser attendrir.
– Mais-
– Soit vous payez, soit vous partez, le coupa-t-elle en les regardant droit dans les yeux.
Les trois amis soupirèrent mais n'insistèrent pas, partant de l'hôtel sans un regard en arrière.
Quand ils arrivèrent dans la ville, ils furent un moment stupéfait de voir tous ces gens aux habits luxueux. Ils savaient que Sina était une ville extrêmement riche, le bon nombre de magasins restant ouverts la nuit ayant aidé – et aidant toujours – à développer économiquement la ville, mais voir ce fait de leurs propres yeux leur fit comprendre la différence entre « savoir » et « voir ».
Cependant, les touristes semblaient tout aussi nombreux que les citoyens et ils se retrouvèrent bien vite entourés par une masse de gens.
– Je crois qu'il y a un parc pas loin, ça serait bien qu'on y aille pour qu'on puisse discuter tranquillement, fit Armin à ses deux amis.
Ceux-ci montrèrent leur accord et le suivirent, les trois jeunes adultes tâchant de ne pas se perdre de vue.
Une fois le parc atteint, il cherchèrent un banc libre et soufflèrent de soulagement quand ils purent enfin s'asseoir.
– Vous avez une idée de plan ? demanda Connie.
Un silence lui répondit.
Eren se mit soudainement à gigoter puis il passa une main dans une des poches de son pantalon. Quand il la ressortit, il tenait entre ses doigts une carte noire et décorée par des motifs gothiques.
– Je l'avais sentie tout à l'heure en fouillant mes poche mais je n'y ai pas fait attention, expliqua-t-il en devenant soudainement gêné sous le regard irrité de Connie.
– Ça pourrait être une piste, abruti ! cracha celui-ci en lui arrachant la carte des mains.
Il lut rapidement les inscriptions marquées dessus avant de relever la tête vers Armin et Eren.
– Cette carte provient d'une bijouterie nommée « Les Joyaux Tres'Or » et l'adresse y est inscrite.
– Allons-y alors ! s'exclama le blond en se levant d'un bond.
Et ils partirent en direction de la fameuse bijouterie, demandant parfois la direction à des passants qui les fixaient bizarrement.
– Waouh, ça en jette un max, siffla Connie en lorgnant la devanture de la bijouterie qu'ils avaient finie par trouver.
Ils entrèrent dans le magasin, ignorant les personnes qui les dévisageaient ouvertement, et se dirigèrent vers l'homme qui semblait tenir la boutique.
– Bonjour monsieur, pouvez-
– Vous !
Ce mot jeta un blanc.
– Vous ici ! Vous ne manquez pas de culot !
Il pointa du doigt le jeune Jaeger.
– Toi !
Le brun sursauta.
– J'espère que t'es revenu pour me payer, continua-t-il en foudroyant Eren du regard.
Celui-ci papillonna des yeux.
– Hein ? fit-il intelligemment.
– J'exige que tu me paies les boucles d'oreille que tu m'as volées hier !
Le brun déglutit, paraissant enfin comprendre la situation.
– Je n'ai pas d'argent sur moi, mais je... je-
– Tu n'as pas d'argent ? le coupa l'homme en le regardant d'un air cynique. Hier, je n'ai pas pu appeler la police parce que je vous ai perdus dans la foule, mais je ne vais pas me gêner maintenant que je vous ai sous la main, surtout que tu ne peux pas payer, morveux.
Après ces mots, il commença à composer le numéro de la police sous les yeux paniqués des trois amis.
Ils finirent par s'enfuir, sous les hurlements de l'homme qui leur ordonnait de revenir dans sa bijouterie.
Comme s'ils allaient le faire !
– Attendez, les gars ! J'arrive pas à courir avec ces putains de godasses ! cria Connie en essayant d'enlever ses escarpins tout en continuant sa course.
Les deux autres s'arrêtèrent et attendirent qu'il finisse de retirer ses chaussures qu'il jeta au loin, avant de reprendre leur fuite.
Ils coururent donc comme des dératés pendant un petit moment puis Eren finit par entrer dans un magasin de déguisements, se disant que la foule présente en ce lieu les aiderait à les cacher.
Grossière erreur !
Ils étaient en train de s'enfoncer dans les rayons quand un homme attrapa le bras d'Armin.
– Je te connais toi ! fit-il en le dévisageant.
Il regarda Eren et Connie, qui s'étaient retournés après avoir entendu l'homme parler, et marcha vers eux.
– Et vous aussi ! Vous m'avez volé ces costumes ! reprit-il en désignant lesdits costumes de l'index.
Connie se plaqua une main sur le visage, Eren l'imita et Armin se retint de pleurer.
Lui, Armin Arlet, qui était un jeune homme honnête et gentil, avait commis un vol.
Il n'en revenait pas...
Ô misère ! Ils étaient totalement dans la merde.
– On n'a pas d'argent, avoua le rasé de but en blanc.
Ses deux amis, pétrifiés, dardèrent sur lui un regard affolé et courroucé puis Eren se remit à bouger, tentant le tout pour le tout.
Il attrapa la main de l'homme et lui fit lâcher le blond qu'il attrapa par le poignet et il se mit ensuite à courir, entraînant son pauvre ami.
Connie, après un petit moment de surprise, les rejoignit dans leur course folle et ils sortirent tous les trois du magasin sans savoir que l'homme à qui ils venaient de fausser compagnie appelait déjà la police, ayant cette fois-ci vu la direction qu'ils prenaient.
Ils coururent à en perdre haleine jusqu'au parc et s'assirent sur un banc, le souffle court.
– Putain, plus jamais ça, grogna Eren en s'affalant.
– C'est toi qui nous a faits courir comme ça, je te signal, lui fit remarquer le jeune Springer en soufflant comme un bœuf.
Pour toute réponse le brun lui tira la langue.
– Gamin, dit Connie d'un ton railleur.
– Meurs, rétorqua Eren en souriant.
– Calmez-vous, je vous rappelle qu'on est pas encore sortis d'affaire, dit Armin en se redressant pour réfléchir à la situation.
– Ouais, et comme si ça ne suffisait pas, on a les flics au cul, grogna le rasé en fronçant les sourcils.
– Et c'est peu cas de le dire, jolie princesse.
Les trois amis se tournèrent d'un même mouvement vers l'inconnu qui venait de s'immiscer dans leur conversation et crurent défaillir en le voyant vêtu d'un uniforme de police.
– Merde, souffla Eren.
– Oui, « merde », comme tu dis, fit le policier à la chevelure blonde en s'approchant d'eux, un talkie-walkie dans une main et des menottes dans l'autre.
Il amena donc les trois énergumènes – qui n'avaient pas tenté de s'échapper, sachant qu'ils s'enfonceraient encore plus – au commissariat pour leur faire subir un long et épuisant interrogatoire.
– Donc, grosso modo, vous avez été drogués et-
– Peut-être, clarifia Armin en le coupant sans remord.
– Oui, donc vous avez peut-être été drogués, puis vous vous êtes réveillés à Sina sans que vous ne sachiez comment vous êtes arrivés dans cette ville, ensuite, puisque la réceptionniste de l'hôtel n'a pas voulu que vous appeliez l'ami du punk, vous êtes allés vous promener pour chercher des informations sur ce que vous avez fait durant la nuit, parce que, bien sûr, vous ne vous souvenez de rien et là, vous apprenez que vous avez dérobé des bijoux chez « Joyaux Tres'Or » et volé les déguisements dont vous êtes affublés chez « Look Déguis' »... Et, j'oubliais, vous n'avez évidemment ni papiers sur vous, ni argent, ni portable... C'est bien ça ? résuma le policier un soulevant un sourcil, posant ses coudes sur son bureau pour pouvoir enlacer ses doigts et effleurer ses lèvres de ceux-ci, ses yeux dévisageant les jeunes adultes assis en face de lui.
Ces derniers grimacèrent devant son grossier récapitulatif mais ne purent qu'affirmer ses dires, sachant que c'était la pure vérité.
– D'accord... Eh bien, je pense que j'ai une information, de mon côté, qui pourrait vous intéresser, reprit l'homme. Une information qui, dans un sens je pense, permet de régler votre petit problème de papiers, de portable et d'argent.
Ils le regardèrent, perdus.
– Je sais comment vous avez rejoint Sina, révéla-t-il, ce qui laissa les autres stupéfaits. En fait, c'est un chauffeur de taxi qui nous a appelés après que vous ayez laissé vos vêtements dans le coffre de sa voiture pour ensuite vous sauver, le patron du magasin de déguisements vous coursant tout en hurlant que vous étiez partis sans payer les déguisements que vous portiez – et que vous portez toujours, d'ailleurs. Le chauffeur m'a également expliqué que vous l'avez appelé sur les coups de vingt-trois heures et que vous lui avez demandé de vous amener à Sina, lui donnant une grosse somme d'argent pour qu'il vous suive tout au long de la nuit. Il vous a d'abord amenés à l'hôtel avant de vous déposer devant « Look Déguis' » d'où vous vous êtes donc enfuis en le laissant en plan après avoir mis vos habits dans sa voiture... Ce qui veut donc dire que vous êtes sûrement aller chez « Les Joyaux Tres'Or » par la suite.
Les trois jeunes le fixèrent, totalement sur le cul après cette tirade, il fallait le dire.
– Bien, tout est dit, conclut le policier en se redressant pour s'adosser plus confortablement sur le dossier de sa chaise roulante. J'espère pour vous que vous avez de bons avocats parce que vous en aurez besoin.
La licorne, le punk et la princesse écarquillèrent leurs yeux alors que la panique commençait à se lire clairement sur leur visage.
– Attendez, on a dit la vérité, c'-
– Vérité ou non, ce n'est pas à moi d'en juger. Tout ce que je sais, c'est que vous avez volé et cela me suffit pour pour contacter le tribunal correctionnel.
– Laissez-nous une chance ! s'exclama Eren en se relevant. Vous avez dit que vous aviez récupéré nos vêtements, non ?
– Oui, et ?
– Eh bien laissez-nous sortir pour qu'on aille payer tout ce qu'on doit à ceux qu'on a volés.
Les deux autres hochèrent vivement de la tête, approuvant les dires de leur ami, mais l'homme coupa leur enthousiasme en éclatant de rire.
– Je n'ai jamais rien entendu de tel de toute ma carrière ! confia-t-il en riant toujours.
– Il n'y a rien de drôle dans ce que j'ai dit, grogna le brun en grimaçant légèrement.
– C'est vrai, il n'y a rien de drôle, consentit le policier en redevenant d'un seul coup sérieux. Ta proposition est peut-être honnête, mais je ne peux pas vous laissez sortir comme ça alors que vous êtes clairement coupable de délits.
– Vous avez qu'à nous accompagner, rétorqua Eren en haussant un sourcil.
– Je n'ai pas que ça à faire.
– Quelqu'un d'autre, alors, s'entêta le jeune Jaeger.
– Ils ont aussi du bouleau, gamin. Qu'est-ce que tu crois ? Vous n'êtes pas les seuls délinquants qui troublent la paix de cette ville.
– On n'est pas des délinquants, siffla-t-il.
Armin agrippa son avant-bras pour lui faire comprendre de se calmer, n'ayant pas envie qu'il aggrave leur situation déjà compliquée et délicate.
– Un peu quand même, le contredit l'homme blond. Mais même si ce n'était pas « volontaire », vous devez quand même tirer une leçon de tout le beau bordel que vous avez déclenché.
Le brun resta silencieux un instant avant de reprendre :
– Je vous propose un marché.
L'homme parut étonné mais il haussa tout de même un de ses sourcils blonds, l'enjoignant à continuer.
– On passe vingt-quatre heures au trou et ensuite vous nous laissez appeler mon ami pour qu'il nous accompagne payer les personnes à qui on a volé les déguisements et bijoux, puis il nous ramène chez nous et on oublie cette histoire.
– Je vois que ne perds pas le nord, toi, ricana la policier. Néanmoins, j'avoue que ton marché est juste. De plus tout le monde sera content, au final.
Les trois jeunes l'écoutèrent réfléchir à voix haute, observant sa main caresser la fine barbe de son menton.
Ils priaient pour qu'il accepte la proposition du brun.
– Dis-moi, jeune homme, dit-il soudainement en posant ses prunelles whisky sur Eren, qui est donc ton fameux ami ?
– Il s'appelle Levi, répondit-t-il.
– Levi ? Comme dans Levi Ackerman ? demanda le policier en haussant ses sourcils.
– Oui, c'est ça. Vous le connaissez ? questionna en retour le jeune Jaeger, paraissant tout aussi surpris que l'homme.
– Un peu que je le connais ! Je le côtoie depuis le berceau ! On faisait partie de la même bande quand on était morveux !
Sous le coup de l'ébahissement, Eren se laissa tomber sur sa chaise.
– La dernière fois que je l'ai vu, c'est quand il est venu en renfort avec son équipe lorsqu'un taré fringué d'explosifs s'est pointé dans la plus grosse banque de la ville. Il menaçait de se faire sauter si on ne lui versait pas une somme d'argent assez conséquente. Il y avait tellement de civils à l'intérieur et hors de la banque qu'on s'est vite retrouvés en sous-effectif... On a été obligés de demander de l'aide et c'est là que Levi s'est ramené avec son équipe. Tout ce que peux te dire, c'est que l'affaire a rapidement été bouclée, expliqua l'homme d'un air nostalgique, semblant totalement perdu dans ses souvenirs.
Le brun et ses amis ne pipèrent mot, toujours choqués d'avoir appris que cet homme était un ami proche de Levi.
En espérant que ce fait leur soit bénéfique !
L'homme, après être resté silencieux pendant une vingtaine de secondes où il parut réfléchir, posa ses orbes sur les trois jeunes.
– C'est d'accord.
Armin poussa un soupir apaisé alors qu'Eren et Connie semblèrent fondre de soulagement sur leur chaise.
– Je ne pense pas que Levi serait heureux de voir un ami derrière les barreaux d'une prison. Je lui dois bien ça, vu l'aide qu'il nous a apportée ce jour-là... Mais je pense qu'il sera totalement en rogne contre vous, les gosses, termina-t-il en leur souriant presque avec pitié.
Le brun grimaça, sachant parfaitement que son petit ami allait l'étriper et décapiter ses deux amis. Ceux-ci n'en menaient pas large non plus, ayant déjà aperçu l'homme froid et assez colérique à plusieurs reprises.
– Merci, fit cependant Eren en se reprenant, regardant le policier dans les yeux.
– De rien. Mais sachez que cela reste exceptionnelle, si une prochaine fois se produit, je ne serais pas aussi clément, surtout que ma dette envers Levi sera payer, c'est clair ?
Ils acquiescèrent vivement.
– Maintenant, comme le punk l'a dit, je vais vous mettre en garde à vue jusqu'à demain, même heure.
Les trois énergumènes se levèrent sans rechigner et le suivirent jusqu'aux cellules, entrant dans celles que le policier ouvrit.
– Je vais appeler Levi pour lui demander de venir vous récupérer. Le repas vous sera apporté à dix-neuf heures trente.
Et il partit, laissant les jeunes adultes seuls.
– Les gars, notre calvaire est enfin terminé, j'arrive pas à y croire, souffla Eren en s'allongeant sur son lit.
– Ouais, enfin, il nous faut quand même rester vingt-quatre heures derrière les barreaux, riposta Connie enfermé en face de lui.
– C'est toujours mieux que de passer plusieurs années derrière les barreaux, lui fit remarquer Armin qui se situait dans la cellule voisine du rasé.
Celui-ci ne répondit rien et ils savourèrent le fait qu'ils allaient bientôt rentrer chez eux.
Le lendemain après-midi, les trois jeunes attendaient impatiemment qu'on les sorte de leur cellule quand des pas lointain se firent entendre.
– Ils approchent.
Cette constatation émise par le jeune Jaeger les tendirent tous les trois. Ils étaient heureux et soulagés de pouvoir enfin partir du commissariat, mais ils redoutaient l'arrivée du militaire.
Ils se faisaient carrément dessus, en fait.
Soudain, ils aperçurent deux silhouettes, celle du policier suivie par celle, tant attendue, du Caporal.
– Voilà les petits voyous, dit l'homme blond en les désignant vaguement de la main.
Levi les lorgna de haut en bas, un de ses sourcils se haussant légèrement quand il vit leur accoutrement mais il ne commenta pas.
– J'ai une de ces putains d'envie de vous laisser moisir ici, les merdeux, lâcha-t-il au bout d'un petit moment en les toisant tour à tour.
Lesdits morveux sentirent des sueurs froides couler le long de leur échine.
– Mais vous voulez réparer votre monumentale connerie, d'après ce que m'a raconter Wolfram.
– Ouais, dit celui-ci en désignant Eren de son pouce, c'est l'idée du p'tit punk.
L'Ackerman posa ses yeux de faucon sur son amant et celui-ci souhaita ardemment fusionner avec l'un des murs de sa cellule tellement le regard du soldat se faisait pesant.
– Tiens, Eren, murmura ce dernier en se rapprochant lentement du brun.
Celui-ci déglutit et se força à rester en place, face aux barreaux.
Levi se posta devant lui et le dévisagea durant d'interminables secondes.
– Ouvre, dit-il soudainement en lançant une œillade à Wolfram.
Le policier ne le fit pas répéter et ouvrit la cellule, le Caporal attrapant presque immédiatement le bras de son compagnon. Il le força à avancer avant de faire signe à son ami d'ouvrir aux deux autres.
Ils retournèrent ensuite au bureau du blond, celui-ci expliquant aux quatre personnes en face de lui qu'il voulait recevoir un appel des deux patrons à qui les jeunes avaient dérobé des articles puis il discuta un instant avec Levi avant de les lâcher.
Ce fut ainsi que l'Ackerman accompagna les trois amis, commençant d'abord par la bijouterie, pour se rendre ensuite au magasin de déguisements, le soldat ordonnant aux deux chefs d'appeler le commissariat pour confirmer le paiement. Ceux-ci n'osèrent pas contester ses paroles, trop effrayés par l'aura massacrante qu'il dégageait.
Après cela, ils purent enfin rentrer chez eux, Levi déposant Armin et Connie chez ce dernier, leur faisant bien comprendre qu'ils n'avaient pas intérêt à recommencer.
Il redémarra ensuite, le silence régnant dans la voiture devenant de plus en plus pesant.
– Je suis vraiment, vraiment désolé, souffla Eren lorsque ses nerfs atteignirent leur limite.
Il n'osait pas regarder son petit ami.
– Tu peux l'être, grogna celui-ci. Vous vous êtes mis dans un merdier pas possible, vous êtes complètement malades.
– On... On était drogués ou tout du moins, on n'avait pas toute notre tête... On ne savait pas ce qu'on faisait, riposta faiblement le cadet en tournant courageusement sa visage vers le soldat.
Ce dernier arracha ses yeux de la route pour les poser sur le brun.
– Justement, vous n'aviez pas toute votre tête et qui sait ce que vous auriez pu faire, putain ! cracha-t-il presqu'en haussant la voix avant de retourner son regard furieux sur le chemin qu'il empruntait.
– Ça n'est pas entièrement notre faute ! Jamais un verre de whisky-coca aurait pu nous faire faire un truc pareil ! Il y a forcément quelqu'un qui a dû mettre quelque chose dans nos boissons ! s'énerva en son tour le jeune Jaeger, ses prunelles s'assombrissant sous le coup de la colère.
– Vous auriez dû être plus vigilants, bordel ! Tout le monde sait qu'il ne faut pas quitter son putain de verre des yeux quand on va en soirée ! Le type qui vous a fait ça aurait très bien pu mettre une autre substance dans vos de boisson, comme du GHB(1) pour te donner un putain d'exemple !
Eren allait une nouvelle fois riposter mais l'expression qu'avait adopté le visage de son conjoint lui fit perdre ses mots. Le visage en question était pâle, bien plus pâle que d'habitude, et le brun remarqua les cernes qui alourdissaient le regard saisissant de son Caporal. Il ne les avait pas remarqués avant, ayant sans doute était trop content de retrouver sa liberté puis trop aveuglé par sa colère pour les voir. Ses yeux turquoise se baissèrent sur la mâchoire qui se crispait par intermittences avant de remonter jusqu'aux prunelles orageuses où le jeune Jaeger discerna, outre l'énervement, une une lueur intense d'inquiétude.
Et il s'en voulut.
Il s'en voulut d'avoir autant fait peur à son compagnon. Il n'osait même pas imaginer dans quel état d'anxiété il se serait retrouvé si un ami policier l'avait appelé en plein milieu de la journée, lui annonçant que Levi se trouvait en garde à vue pour avoir commis des vols en pleine nuit avec deux de ses amis alors qu'ils était complètement torchés et qu'ils ne se souvenaient maintenant plus de ce qu'ils avaient bien pu glander durant ladite nuit.
Il aurait sans doute pété un câble et imaginé des scénarios sans queue ni tête, surtout si son fameux ami policier lui affirmait que son petit ami, ainsi que les deux autres, étaient amnésiques.
Il aurait pu arriver n'importe quoi à Levi et ce constat le rendit presque malade.
– Je suis tellement désolé, dit-il d'une voix faible en posant sa main sur celle, accrochée au levier de vitesses, de son compagnon, les doigts crispés de celui-ci s'enlaçant à ceux d'Eren après un petit instant d'hésitation.
– Sache qu'on n'en a pas terminé, lâcha le Caporal en lançant une œillade assez froide à son conjoint qui se raidit quelque peu.
Et effectivement, une fois qu'ils furent rentrer chez Levi, celui-ci lui avait littéralement fait la morale. Il n'avait pas élevé la voix, non, mais le ton glacial qu'il avait employé avait fait comprendre à Eren qu'il n'avait pas intérêt à rejouer au con sous peine de violentes représailles.
~oO0Oo~
– Eren !
Celui-ci revint brutalement au présent et dévisagea d'un air déboussolé Adélaïde qui se tenait en face de lui.
– Enfin ! s'exclama celle-ci. Tu étais parti où, mon garçon ? Ça fait des lustres que je t'appelle, ronchonna-t-elle.
– Désolée, jolie Adélaïde, j'étais un peu perdu dans mes pensées, s'excusa-t-il en souriant d'un air contrit.
– Euphémisme ! rétorqua la vieille femme en levant les yeux au ciel. Bon, maintenant que tu es revenu parmi nous, j'aimerais que tu m'emballes une brioche aux amendes avec un éclair au café, s'il-te-plaît.
Le jeune Jaeger fit ce qu'elle lui demanda et lui donna le prix de son achat.
Prenant la monnaie que lui tendit la dame, il releva un instant ses yeux vers son collègue qui le regardait avec un petit sourire en coin.
Eren le lui rendit, sachant parfaitement à quoi il pensait.
--------------------
1. GHB : produit psychotrope considéré comme étant « la » drogue du viol/eur ;)
--------------------
NDA : Oui, je sais, la suite est vite arrivée x) Pour cela, vous pouvez remercier EreriLemonhard !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top