F comme Ferme-la

– Arrête de geindre comme un martyr, tu me donnes envie de me pendre, râla Connie en lançant une grimace à son collègue.

Eren le regarda depuis son poste derrière la caisse et lâcha un nouveau soupir.

– Oh, allez ! Ton bel Adonis va bientôt arriver !

A ce moment-là, le jeune Springer sut que si les yeux de son ami auraient pu tuer, il serait déjà entre quatre planches.

Mais Eren savait que Connie avait raison. Levi arrivait toujours quelques minutes après l'ouverture.

Tout de même, ils n'étaient en couple que depuis une semaine et il était déjà accro au soldat. Mais Levi était si attentionné et si doux avec lui – chose qui l'avait un peu surpris, au début –, qu'il ne pouvait s'empêcher de se languir de lui dès qu'ils restaient trop longtemps éloignés.

Bon, le Caporal était « attentionné » et « doux » à sa manière. Il était quelque peu réservé et avare de mots tendres, mais ses gestes et expressions parlaient pour lui. Eren ne lui en voulait pas, il avait vite cerné l'homme et savait que ce dernier ne serait pas expansif s'ils venaient à se mettre ensemble. Mais le brun s'en fichait, il acceptait Levi tel qu'il était, avec ses qualités tout comme ses défauts.

Un rictus tordit ses lèvres : Dieu qu'il était niais !

La petite cloche retentit et le jeune homme releva ses yeux turquoises, les dardant sur le nouveau venu avec empressement et espoir.

– Olé ! s'écria gaiement Adélaïde.

Même si Eren était content de la voir, il ne put s'empêcher d'être déçu : Levi lui manquait.

– Bonjour, belle Adélaïde. Vous êtes en forme, dites-moi ! fit-il tout de même, l'idée de la prochaine apparition de son soldat le consolant.

– Toujours !

La vieille dame, comme à son habitude, détailla avec gourmandise les pâtisseries entreposées derrière la vitrine.

– Eh bien, on dirait que ces alléchantes tartelettes à la fraise me font de l'œil, aujourd'hui ! J'en prendrai une avec une brioche aux amandes, s'il-te-plaît, mon garçon.

– Tout de suite, mademoiselle !

Avec un fin sourire aux lèvres, Eren attrapa les aliments voulus et les tendit à sa fidèle cliente une fois qu'ils furent emballés.

– Trois euros et dix centimes, s'il-vous-plaît.

– Attends, attends ! s'affola la femme Anton. Ne m'encombre pas avec tout ça tant que je ne t'ai pas encore payé ; je ne vais pas m'en sortir, sinon !

Le brun reposa la commande sur le plan de travail en ricanant. Il releva des yeux rieurs vers la dame prêt à lui faire une petite remarque. Mais ses orbes furent attirés par la personne derrière elle et il n'eut même pas le temps de s'étonner de ne pas avoir entendu la cloche, que ses billes turquoises se retrouvèrent happées par un regard orageux bien connu.

Levi.

Eren fut si choqué de le voir apparaître comme ça, sans qu'il ne l'ait remarqué, qu'il resta un moment bloqué sur lui, le regard irrémédiablement ancré dans celui métallique.

Un petit cri lui échappa quand Adélaïde lui pinça le bras.

– Mais ! Qu'est-ce qui vous prend ?! s'écria-t-il en lui lançant un petit regard noir avant de frotter l'endroit douloureux en faisant la moue.

– Enfin ! s'exclama la vielle dame en levant les yeux au ciel. Tu étais parti sur ton petit nuage et tu ne m'entendais pas quand je te demandais de me donner mes articles !

Il lui tendit honteusement sa commande, avant de sentir ses joues s'embraser quand il croisa le regard de son amoureux, celui-ci arborant un petit sourire en coin moqueur. Il reporta bien vite son regard sur la femme, prenant un air contrit.

– Désolé, fit-il d'une voix fluette alors qu'il s'empêchait de lancer des petites œillades vers le soldat.

Elle balaya l'excuse en fouettant l'air de sa main, l'air désintéressé.

– Je te dis à demain ! fit-elle joyeusement en se retournant d'un pas sûr, manquant de rentrer dans le corps robuste qu'était celui de Levi.

– Ou là ! Mes excuses, je ne vous avais pas remarqué !

Elle se décala et marmonna assez fort :

– L'âge te rend myope, ma vieille... 'Manquait plus que ça, tiens...

Le brun lâcha un petit gloussement et la regarda s'en aller les yeux brillants.

Il reporta bien vite son attention vers son petit ami, sentant ses joues reprendre leur éternelle couleur carmine – tout à fait appréciable, selon Levi.

– Salut, Levi. Que puis-je pour toi ?

– Juste une baguette au blé complet, comme d'habitude.

Eren acquiesça et se retourna avec le sourire, prenant la pain pour l'emballer. Le soldat lui tendit un billet de dix euros. Le brun le prit et ouvrit sa caisse, attrapant quelques pièces qu'il tendit vers le petit homme. Ce dernier ouvrit sa main, paume vers le ciel, et attendit qu'Eren touche sa peau pour refermer fermement ses doigts sur le membre. Il tira doucement le jeune Jaeger vers lui et lui vola un baiser, se fichant des autres clients et se délectant silencieusement de la rougeur qui envahissait de plus en plus le visage de son petit ami. Il recula plusieurs secondes plus tard, mettant fin à l'échange, pour chuchoter au creux de l'oreille cachée par quelques mèches brunes :

– Ce soir, chez moi après ton boulot.

Sa voix basse et grave tira un frisson incontrôlable à Eren et celui-ci hocha la tête affirmativement, ne faisant pas assez confiance à sa voix à cet instant précis.

Il observa de ses yeux bleus pailletés de nuances vertes Levi reculer, sa main caressant un instant sa joue avant qu'il ne la retire, attrapant sa baguette sur le plan de travail et se dirigeant vers la sortie en jetant un dernier regard à son amoureux et saluant silencieusement Connie.

Quand il eut franchi la porte, Eren lâcha un gros soupir en croisant ses bras sur la dessus d'une des vitrines pour y poser sa tête rouge écarlate à l'intérieur.

– Vous êtes tellement mignons, railla le rasé après avoir servi sa cliente, se repassant la scène à laquelle il venait d'assister.

Le brun lui fit signe de se taire et se redressa quand la cloche sonna une nouvelle fois, essayant de calmer les rougeurs qui persistaient sur son faciès.

~oO0Oo~

Levi et Eren étaient affalés sur le canapé du salon du soldat. Le Caporal, le dos posé entre le dossier et l'accoudoir et une jambe dans le vide, caressait d'une main distraite le ventre de son amoureux, lui-même allongé sur son petit ami. Ils regardaient la télé sans la voir, l'œil vitreux et l'air en paix, chacun profitant de la présence de l'autre.

Le brun poussa un petit soupir, bougeant un peu pour pouvoir poser sa joue sur le torse musclé du soldat. Celui-ci remonta sa main et la glissa dans les cheveux épais du plus jeune.

Mais le moment paisible fut interrompu, la sonnerie stridente de l'appartement résonnant désagréablement dans ce dernier.

La main de Levi se figea dans la touffe brune avant que son soupir ne soulève la tête du jeune Jaeger.

– Putain, 'sont chiants les gens, marmonna-t-il mornement.

Il tapota la tête du koala qui avait élu domicile sur son ventre, lui intiment par ce geste de se décaler. Ledit koala poussa un faible grognement de mécontentement puis obtempéra, laissant assez de place libre pour que le petit homme puisse se redresser.

Le Caporal se leva d'un mouvement souple et se dirigea vers la grande fenêtre du salon, pouvant voir à travers celle-ci le chieur qui venait l'emmerder à un moment pareil.

Ses orbes regardèrent vers le bas et il n'eut aucun mal à identifier la personne qui appuya une nouvelle fois sur la sonnette, avant de recommencer une nouvelle fois, puis un autre, augmentant l'irritation de Levi.

Ce dernier ouvrit la fenêtre d'un mouvement sec et énervé, fusillant des yeux l'enquiquineuse.

– Oï, tu vas arrêter de t'acharner comme ça ? Tu fais chier, la binoclarde, cracha-t-il d'une voix polaire.

La femme brune releva brusquement sa tête vers lui, arrêtant ainsi la torture auditive. Ses yeux s'écarquillèrent et un sourire que Levi qualifia d'aliéné mangea la moitié de son visage.

– Youhou ! Levi ! J'ai cru que tu te cachais de moi ! cria-t-elle de façon tonitruante en agitant ses bras.

L'œil du soldat tiqua, commençant à regretter d'avoir ouvert la fenêtre. Maintenant, il n'avait plus le choix et devait faire entrer l'autre andouille, au risque que celle-ci recommence à harceler la machine hurlante.

Un soupir agacé le secoua.

– Je viens t'ouvrir, mais si t'appuies ne serait-ce encore une seule fois sur la sonnette, je te jure que tu seras tellement défigurée que même ton putain de clebs ne te reconnaîtra pas, c'est clair ?

Le femme déglutit sans toutefois se départir de son sourire, puis acquiesça vivement. En la voyant faire, le petit homme grogna mais n'ajouta cependant rien, se contentant de reculer pour fermer la fenêtre.

– Je reviens, lança-t-il à Eren tout en ouvrant la porte d'entrée pour finir par disparaître derrière celle-ci.

Le jeune brun releva la tête du dossier du sofa, haussant un sourcil quand la porte claqua. Il se demandait bien qui avait pu énerver son petit ami de la sorte... Enfin, il en fallait tout de même peu pour énerver Levi, de toute façon...

Il haussa les épaules et se recoucha convenablement, frottant son visage là où l'odeur du soldat était la plus présente.

Il commençait sérieusement à somnoler quand la porte s'ouvrit une nouvelle fois, laissant ainsi retentir dans l'appartement la voix passablement irritée de Levi :

– Putain, enlève tes godasses avant de tout salir, quatre-yeux.

– Oh, mais détends-toi ! On dirait un vieil ours mal léché ! rit la nouvelle arrivante en frappant de manière bourrue le dos de son ami.

Le petit homme grinça des dents et attrapa la main envahissante pour la plaquée brutalement dans le dos de la femme, lui faisant ainsi une clé de bras.

– Touche-moi encore une fois avec tes mains crades et je te défonce, lui cracha-t-il glacialement.

Elle acquiesça vivement et geignant bruyamment et Levi la relâcha, la plantant là pour s'installer aux côtés de son amoureux, qui s'était redressé en position assise après avoir compris que son petit ami n'était pas revenu seul.

Eren regardait avec une petite inquiétude l'invitée surprise en train de se masser le bras, une moue boudeuse déformant ses traits.

– T'es qu'une brute ! pleurnicha-t-elle en se dirigeant tout de même vers eux, ne semblant aucunement impressionnée par ladite brute qui la trouait du regard.

Elle continua son cinéma quelques secondes avant d'enfin s'apercevoir de la présence du brun.

– Oh oh ! s'exclama-t-elle en accourant vers lui, plaquant ses mains sur ses joues tout en ignorant le grognement que poussa Levi.

Elle se mit à le fixer dans les yeux, un sourire dément ravageant son faciès.

Eren, lui, avait les yeux écarquillés de peur, son cerveau lui hurlant de s'éloigner de cette tarée qui lui maltraitait la visage. Et l'expression qu'elle arborait ne le rassurait en aucun point.

Elle était tellement proche qu'il arrivait à voir les quelques taches de rousseur qui constellaient son nez et ses pommettes. Quelques mèches folles s'étaient échappées de sa queues de cheval, cachant par moment ses yeux chocolats protégés par des lunettes. Ceux-ci pétillaient de joie, comme si elle venait de découvrir un merveilleux trésor.

– Comme tu es joli ! lâcha-t-elle après un moment en bougeant brutalement la tête du jeune garçon qui commençait à avoir mal aux cervicales.

De sa place, Levi lui donna un violent coup de pied dans le tibia et elle recula, lâchant la tête du brun sans pour autant le quitter des yeux et se massant un instant le membre douloureux.

– Hum... fit-elle mine de réfléchir en plaçant ses doigts sur son menton. Pour que monsieur grognon te laisse entrer dans sa demeure sacrée, c'est que tu dois être quelqu'un d'important pour lui.

Eren se sentit rougir et lui jeta un regard gêné et sceptique, ne sachant que dire à cette personne qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Comprenant son malaise, elle lâcha un rire tapageur avant de poser une main sur une des ses épaules frêles.

– Désolée, désolée, j'oublie les bonnes manières ! Je m'appelle Hanji, Hanji Zoe. Je travaille sous la direction de notre cher Levi.

Le brun fut surpris. Alors comme ça, Hanji était une soldate placée sous les ordres de son amoureux... Il secoua la tête pour revenir à l'instant présent et lui offrit un sourire .

– Enchanté, je suis Eren Jaeger, se présenta-t-il en hochant imperceptiblement la tête. Je travaille à la boulangerie-pâtisserie « Pomme de Pain » et je euh...

Il jeta un regard embarrassé et perdu à son amoureux qui comprit parfaitement ce qui le tracassait.

Le petit homme croisa ses jambes et poussa un court soupir. Il attrapa la main fine de son petit ami et darda des yeux pénétrant sur la soldate.

Cette dernière regarda les mains liées avec une expression incrédule qui lui donnait un air tout à fait idiot, avant que ses yeux ne s'écarquillent. Elle pointa les deux hommes du doigt, ouvrant et refermant la bouche plusieurs fois de suite.

– Vous... vous sortez ensemble ?! s'écria-t-elle d'un ton aigu.

Le Caporal se retint de lever les yeux au ciel ayant deviner sa réaction, tandis qu'Eren sentit ses joues s'empourprer, raffermissant sa prise sur la main laiteuse du soldat qui en fit de même.

– Ça te pose un problème, la binoclarde ?

Elle secoua la tête et se mit une nouvelle fois à dévisager le jeune homme, puis un nouveau sourire étira ses lèvres, découvrant ses dents blanches et alignées.

– Au contraire, je suis contente pour vous deux ! Moi qui désespérais de voir un jour mon petit garçon se trouver une personne pour l'accompagner jusqu'à la mort et haut de là, je suis comblée, débita-t-elle en essuyant une fausse larme sous son œil.

Pour toute réplique, Levi lui donna un autre coup de pied dans le tibia et lui jeta un de ses meilleurs regards noirs.

– Pourquoi t'es là, au fait ?

– Quoi ? T'es pas content de me voir ? demanda Hanji, son expression triste trop surjouée pour avoir l'air vraie.

L'Ackerman grogna et lui lança un regard dangereux. Elle grimaça en captant la menace sous-jacente.

– Eh bien, je m'emmerdais et comme ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu, j'ai décidé de te rendre une petite visite, dit-elle en haussant les épaules.

– Pour me faire chier, ajouta Levi.

– Entre autres.

Sa jambe chauffa une nouvelle fois, lui faisant douloureusement comprendre qu'elle aurait dû se taire.

– Puisque t'as réussi ta mission, tu peux maintenant dégager de chez moi.

– Mais ! Je m'ennuie toute seule ! bouda-t-elle.

– J'm'en branle. Vas emmerder quelqu'un d'autre.

Eren observait avec amusement la petite dispute qui se déroulait entre les deux adultes, les gamineries de Hanji lui donnant envie de rire.

Il sentit la main de Levi quitter la sienne et il le regarda se lever de manière fluide. Ses yeux turquoises scrutèrent les deux soldats se diriger vers la porte d'entrée, le Caporal tirant fermement son amie vers la sortie. Il ouvrit en grand le battant et la jeta dehors, poussant ensuite hors de son domicile les chaussures de la femme à l'aide d'un grand coup de pied. Elle ne put esquisser un seul geste qu'il claquait déjà la porte, faisant demi-tour pour se rasseoir sur le canapé.

Le brun ricana et posa sa tête sur l'épaule du soldat.

– Qu'elle est chiante..., souffla Levi.

– Je la trouve drôle. Quoiqu'un peu gamine et...

– Cinglée ?

– Ouais, approuva Eren.

Il y eut un petit silence reposant et apaisant que les deux amoureux savourèrent.

– Mais je la trouve sympa. Elle a l'air d'être une bonne amie, malgré son excentricité. Elle semble être gentille aussi, dit-il après un moment, la voix chuchotante de peur de casser le moment.

Le soldat leva les yeux au ciel.

– Ferme-la, fit-il sur le même ton sans être pour autant cassant. Tu dis des conneries.

Le jeune Jaeger esquissa un petit sourire. Quelques secondes plus tard, il sentit Levi le faire basculer sur le sofa, l'adulte se plaçant au-dessus de lui.

– Et si on arrêtait de parler de cette fêlée ? Je préférerais faire autre chose, si tu vois ce que je veux dire..., susurra l'Ackerman, sa voix grave et sensuelle envoyant des frissons de pur plaisir à son homologue.

Ce dernier gloussa et passa ses bras sur la nuque de son petit ami, sachant parfaitement ce que celui-ci sous-entendait.

Levi plaqua quelques baisers sur le cou d'Eren qui pouffa en sentant les chatouilles le démanger. Des mains baladeuses passèrent sous son haut, lui tirant un gémissement qui émoustilla le soldat. Celui-ci glissa ses doigts sur la peau douce du plus jeune, caressant délicatement les côtes alors qu'il remontait sa bouche le long de la gorge hâlée, frôlant par la suite le menton, pour finir par l'écraser avec douceur sur les lèvres entrouvertes.

Le baiser fut d'abord tendre et amoureux, devenant par la suite fougueux et presque brutal, les mains de chacun partant à la découverte du corps de l'autre de manière frénétique. Eren agrippa les cheveux du Caporal tandis que le long gémissement qui lui échappa fut étouffé par le baiser.

Levi finit par mettre fin à l'échange, se reculant après avoir léché d'une langue mutine les lèvres de son petit ami. La respiration courte, il fixait les yeux turquoises d'Eren rendus brillants et vitreux par le désir. Il détailla ensuite la bouche aux lèvres décollées et luisantes de salive, le souffle chaud et rapide heurtant sa gorge.

Eren, à cet instant, était tout simplement un appel à la luxure.

Et qui était-il, lui, Levi Ackerman, pour y résister ?

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