Chapitre 7
Les vacances étaient finies. Devant les grilles noir métalliques semblables, à celles des films que visionnait Gabriell, celui-ci attendait avec patience ses trois amis qui devaient arriver d'une minute à l'autre.
Normalement il aurait dû être accompagné d'Ivanh mais celui-ci avait eu un empêchement et il l'avait prévenu de ne pas l'attendre au métro et qu'il arriverait plus tard. Désormais Gabriell était forcé de patienter pour voir arriver les trois personnes de son entourage qui étaient aux antipodes de la ponctualité.
Par il ne savait quel miracle Mailla fut celle qui arriva en première. Il devait avouer qu'il ne l'aurait jamais cru capable de cet exploit. Il en venait même à penser qu'il devait lui décerner une médaille mais les conséquences seraient trop graves pour que ça en vaille la peine
S'en suivit l'arrivée fracassante de Ivanh qui, absorbé par une discussion sur son téléphone, ne vit pas Gabriell et lui fonça littéralement dessus. Cette bousculade malencontreuse causa un effet domino et en voulant se rattraper pour éviter de tomber sur les dalles en pierre, le plus jeune tenta vainement d'agripper le bras de son amie qui tomba à la renverse avec lui.
-Content de te voir aussi...
-Merde ça va vous ne vous êtes pas faits trop mal ?
-Non t'inquiètes, Mailla a amorti ma chute.
-Parle pour toi !
-Qu'est-ce qu'il se passe ici ?
Elian, comme à son habitude, arrivait au moment opportun. Affublé d'une chemise légère en plein mois de novembre il n'avait même pas froid, Gabriell pourrait le jurer. Outre les excentricités de son ami il s'aida de sa main tendue pour se relever.
Fort heureusement pour lui le sol était constitué de pierres, qui servaient de chemin. Il n'eut donc qu'à essuyer la poussière au lieu de s'essuyer en étant tombé dans une flaque.
Il se tourna vers Ivanh, qui, entre-temps, avait aidé Mailla à se relever, et le rassura. Aucun d'eux deux ne s'étaient fait mal. Son amie lui donna un coup de coude pour le prévenir que, apparemment, il se trompait. Mais le jeune homme n'y tint pas compte.
Le petit groupe se mit en route vers les différents bâtiments de leur université, tous avaient un examen de milieu de semestre avant les partiels de janvier et c'était pour cette raison spéciale qu'ils s'étaient réunis. Ils avaient prévu de manger ensemble le soir venu pour décompresser de cette première journée de contrôles.
Elian et Mailla se dirigèrent vers le bâtiment des Sciences. Mailla y avait choisis les Sciences de l'éducation et Elian Sciences du langage. Leur amie, pour s'orienter vers un apprentissage de l'italien avait par ailleurs choisis cette matière en tant que discipline mineure.
Gabriell était très étonné de son implication dans ses études. Elle était comme lui au lycée, peu attirée par les cours et écopait souvent de notes passables, mais désormais elle s'était démenée pour diviser son temps entre sa filière de prédilection des Sciences de l'éducation, sa discipline mineure et son option de Langue vivante d'Italien. Il était fier de constater au combien elle avait mûri, fier de voir qu'elle se dépassait une fois de plus. Fier de la compter parmi ses amis.
Ivanh et lui continuèrent de marcher jusqu'à leur bâtiment des Lettres qui se situait juste à une centaine de mètre de celui des Sciences. Ayant tous deux pris Lettre comme filière il était évident qu'ils devaient passer leur examen ensemble. Ce qui n'était pas pour déplaire au plus jeune qui était apaisé d'être en présence de quelqu'un de sa connaissance.
Ivanh lui servirait de point de repère, juste au cas où il perdrait ses moyens. Il n'avait plus vraiment besoin de ce genre de stratagème dorénavant, la peur de se retrouver seul avec des inconnus était un des points qu'il avait réussi à contrôler, mais il ne voulait prendre aucun risque. « L'anxiété ne se contrôle pas. ».
L'amphithéâtre était rempli de moitié et les deux amis n'eurent aucun mal à se dégotter une place au centre, leur emplacement de prédilection. Leur professeur était assis confortablement sur son siège derrière le pupitre et feuilletait les feuilles des devoirs qu'il allait distribuer à ses élèves. Durant une dizaine de minutes Gabriell regarda les étudiants rentrés petit à petit pendant qu'Ivanh semblait rattraper des heures de sommeil manquées sur son sac de cours. A l'issue de ces quelques minutes la sonnerie retentit et le professeur ferma la porte, indiquant que les examens avaient débuté. Gabriell dégluti difficilement.
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Il avait survécu, et plus facilement qu'il ne l'aurait cru. Ses révisions avaient porté leurs fruits. Il lui restait peut-être encore quelques sessions d'examens mais il n'était plus autant en stress qu'auparavant. Cela ressemblait plus à de gros contrôles et ça lui rappelaient le lycée, mais cette fois avec l'espoir de réussite plus vivace que jamais. A côté de lui Ivanh affichait un visage neutre, Gabriell n'osa pas lui demander s'il avait réussi, il se souvenait ne pas apprécier qu'on lui pose la question alors il s'abstint de le faire.
Au centre du parc de l'université Elian et Mailla discutaient joyeusement. Pour eux aussi cela semblait s'être bien passé, ou alors ils cachaient bien leur jeu. Les deux littéraires débarquèrent à leur table et se firent une place aux côtés des scientifiques.
Les quatre jeunes restèrent là une trentaine de minutes à discuter de leur examen, de quelles questions leurs avaient semblées compliquées et lesquelles ils ne s'étaient posés aucune question.
Ensuite chacun se leva, ils avaient encore du temps devant eux avant de devoir se rendre à leur réservation, et ils allaient en profiter pour se balader dans la ville. « Et pourquoi pas faire du shopping » avait proposé Mailla. Elian, qui la suivait toujours dans ses délires, approuva tout de suite l'idée. Et ils se retrouvèrent donc à quinze heure passé dans une boutique Levi's à bifurquer entre des dizaines de rayons de T-shirt et de pantalons.
Gabriell ne l'avouerait jamais, mais lui aussi appréciait ces sorties shopping, l'air ébahi de Mailla et ses vas-et-viens incessants le faisait rire et il ne s'en lassait pas. Elle était, disons, surprenante. En revanche lorsqu'elle était affublée d'un acolyte, et plus précisément d'Elian, les choses devenaient très vite hilarantes.
S'il était doté d'une maturité inférieure à la moyenne selon Manon et Simon, il n'en était pas au niveau des deux compères. Dans leur petit groupe leurs deux ainés jouaient souvent le rôle des parents et les rappelaient toujours à l'ordre. Gabriell avait la chance d'être assez malin pour échapper au regard inquisiteur de Manon, ce qui n'était pas le cas des deux autres.
Bizarrement, ce jour-là ce fut à lui de devenir le père de famille qui surveillait les enfants. Entre deux coups d'œil aux articles disposés dans les rayons il rappelait à l'ordre ses amis. S'il n'avait pas l'habitude de jouer à ce petit rôle lorsque Manon était absente, il aurait été capable d'aller lui présenter des excuses pour participer aux bêtises des deux autres. Malheureusement pour elle il le faisait trop souvent pour le faire. Un jour peut-être.
-Ils sont souvent aussi énergique ?
-Seulement quand y'a des promos.
Mailla déboula devant eux une fraction de seconde pour leur montrer un T-shirt affreux rose fluo avec l'insigne Levi's floqué en vert au centre.
-Les gars il est à 70% de réduction.
Puis repartit comme elle était venue.
-Si tu veux mon avis, débuta Ivanh, ce n'est pas un hasard si celui-ci bénéficie d'autant de réduction.
-Bien d'accord, acquiesça Gabriell.
Les deux partirent dans un fou rire qui fit tourner quelques têtes dans leur direction, ce qui tenait du miracle étant donné la pagaille que créait Mailla et Elian et qui aurait dû attirer l'attention de chaque personne présente dans la boutique.
Une demi-heure plus tard ils faisaient tous les quatre la queue dans le magasin. Mailla ne portait dans ses bras que cinq articles, fait intéressant étant donné tous ceux qu'elle avait montré à ses amis. Elian tenait dans une seule main deux pantalons gris et bleu et Gabriell avait craqué sur un sweat-shirt noir avec au centre une bulle où l'image d'un cerf dans la nature apparaissait. Bien évidemment il l'avait choisi une taille au-dessus pour plus de confort, selon lui. Seul Ivanh n'avait rien prit, affirmant qu'il avait déjà tout ce qu'il fallait chez lui.
S'en suivit la visite de nombreuses autres boutiques, seul le magasin de produits de beauté leur fut épargné. Mailla rappelant qu'étant déjà parfaite aucun de ces produits ne lui étaient utiles. A la fin de l'après-midi ils se retrouvèrent tous à porter cinq sacs chacun, presque tous appartenant à l'unique fille du quatuor.
Le soleil déclinait petit à petit et ils contemplaient le coucher du soleil sur les marches de la sortie du centre commercial. Même si Gabriell préférait de loin le ciel étoilé et les astres nocturnes, il ne pouvait réfuter la beauté de la lumière qui se reflétait dans les quelques nuages disséminés dans le ciel. Un spectacle que peu de personne s'attardait pour voir. Sauf eux.
Lorsqu'il fut pour eux l'heure de se rendre au lieu de leur réservation, ils se levèrent tous avec flemmardise. Le métro n'était qu'à quelques mètres plus en amont mais ils décidèrent tous d'un commun accord de faire le trajet à pied. Le restaurant n'était pas bien loin et il leur faudrait à peine trente minutes pour y arriver. Puis, prendre l'air après être resté enfermé à l'intérieur entouré de personnes qui respiraient le même air qu'eux ne leur ferait pas de mal. Bien au contraire.
Les rues étaient pratiquement vides, les gens rentraient rarement à pied se dit Gabriell. « Il pourrait, ça ferait moins de monde dans le métro ». Avec tous leurs sacs, les personnes qu'ils croisaient devaient sûrement penser que ces trois garçons étaient les esclaves de la jeune fille guillerette à leurs côtés. Cette pensée l'amusa et il en fit part à ses amis qui ne manquèrent pas de s'esclaffer en constatant que c'était bel et bien l'image qu'ils renvoyaient ; mais ne s'imaginant pas quiconque capable de devenir le larbin de Mailla, toute frêle elle n'effrayerait pas un chaton.
Faussement vexée, la jeune fille prit une démarche assurée et passa devant eux avant de se souvenir qu'ils portaient la quasi-totalité de ses affaires. Elle revint bien vite sur ses pas, prudente.
Les âneries allèrent bon train tout au long du chemin jusqu'à ce qu'ils arrivent à leur destination. Contrairement à leurs habitudes Manon et Simon n'étaient pas encore là, eux qui brillaient pour leur ponctualité. Ils étaient les seuls à respecter les horaires de rendez-vous.
Cela ne manqua pas de créer chez le petit groupe un moment de désarroi. Tant c'était un évènement inhabituel, ils décidèrent d'aller à la réception pour demander s'ils ne s'étaient pas trompés de restaurant, voire d'heure de rendez-vous.
Néanmoins après une vérification à la réception ils se rendirent à l'évidence ils ne pouvaient pas être quatre à s'être mépris sur le lieu et l'horaire. Ils passèrent donc à autre chose et s'installèrent à leur table pour attendre sagement l'arrivée des deux retardataires.
Durant une vingtaine de minutes les discussions se suivirent et s'enchainèrent sans interruption jusqu'au moment où Simon s'assit sur sa chaise.
Seul.
Un moment de silence brisa le cadre idyllique et amical du petit groupe. L'engouement laissa place à l'inquiétude, Manon ne manquait jamais une occasion de passer du temps avec eux, de plus le visage fermé de Simon décuplait l'anxiété du groupe. Depuis deux ans on ne voyait pas l'un sans l'autre.
-Où est Manon ? s'enquit Elian.
-Elle a décidé de rompre.
Le silence se fit autour de la table, même Ivanh, qui ne connaissait le groupe que depuis peu comprenait la gravité de la situation. Il avait assez côtoyé le couple pour comprendre au combien ils étaient fusionnels. Lui comme les autres ne s'attendaient pas à voir un couple comme eux se disloquer aussi brusquement. Sans un avertissement, sans signes apparents de ce qui allait suivre. Rien, juste un fil de plus coupé aux yeux de Gabriell. C'était pourtant une belle journée.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda Mailla.
-On était plus compatibles c'est tout.
-Comment ça c'est tout ! s'offusqua Gabriell.
-C'est comme ça et puis voilà, je ne vois pas en quoi ça vous concerne... Je... Fin merde quoi... Je ne comprends pas moi-même comment vous voulez que je vous explique !
Gabriell n'avait jamais vu Simon dans cet état-là. Avant même de le connaitre il le voyait comme le grand-frère de son meilleur ami que rien n'ébranlait, et même après il avait gardé cette façade impénétrable que Manon avait su adoucir.
Il eut la désagréable pensée, identique à la fois où Simon leur avait présenté la jeune femme, que leur histoire ne pouvait pas se terminer autrement. D'une claque sur la joue, que personne ne sembla remarquer, il remit ses idées en place.
Même si l'histoire d'amour qu'avait vécu ses deux amis n'avaient pas commencé de la façon la plus romantique, ils avaient su prouver que leur amour méritait d'être vécu. Pour tout dire Gabriell avait peur. Ces deux dernières années ils avaient appris à construire une relation de groupe solide et désormais ils plongeaient dans l'inconnu, sans savoir s'il survivrait à leur séparation. « Tout sauf ça. Pas encore une fois. ».
Gabriell fut soulagé lorsque Mailla passa à autre chose. Elle comprenait que Simon avait besoin de penser à autre chose, et les conversations reprirent. Plus soutenues, moins légères, mais l'ambiance revint et lorsque les serveurs arrivèrent avec leurs plats le petit groupe riait joyeusement.
Simon se permettait seulement quelques sourires mais affichait la plupart du temps une mine fatigué, au bout du bout, à quel point que Gabriell était à deux doigts de lui demander pour quelle raison il était quand même venu, mais se ravisa à la dernière seconde.
Pour une fois Gabriell ne participa pas aux discussions, ou du moins pas autant que d'habitude. Il se contentait de manger en silence la nourriture dans son assiette, sans aucun appétit. Personne n'osa noter son comportement, tous savaient que dans ces moments-là, lorsqu'il partait loin, trop loin pour qu'on puisse le récupérer, il fallait mieux le laisser divaguer.
Seuls Mailla et Ivanh lui jetaient de petits coups d'œil, l'un car il ne comprenait pas, l'autre car elle ne savait que trop bien, comme pour vérifier que tout allait bien. La séparation de ses deux amis l'avait plus ébranlé qu'il ne voulait bien le laisser paraitre, et il savait qu'il n'était pas le seul.
Tous étaient choqués à leur manière, mais eux au moins avaient le respect de ne pas le montrer se dit-il. Petit à petit les bruits dans le restaurant l'atteignirent un peu plus qu'avant. Chaque discussion, chaque raclure de fourchette, chaque gorgée de vin avalé. Ça lui arrivait souvent dans ces moments-là. D'habitude il se bouchait les oreilles en attendant que ça passe mais à cet instant précis il ne pouvait rien faire d'autre que d'inspirer et d'expirer profondément. Par chance ce genre de problème ne débouchait pas souvent sur une crise d'angoisse, cela le rassura un peu. Pas beaucoup.
Sous la table il ouvrit et ferma son poings plusieurs fois de suite pour détendre ses muscles et faire craquer ses doigts. C'est alors qu'il sentit quelqu'un poser une main sur son genou. « Qu'est-ce qu'il fait lui encore ? ».
Ivanh la retira dès qu'il tourna son visage vers lui. Il semblait soucieux et Gabriell mit du temps à comprendre que c'était à lui que s'adressait cette inquiétude. D'un faible sourire il tenta de le rassurer, ce n'eut pas l'air de satisfaire son aîné mais il respecta le silence de son ami et laissa couler. Néanmoins, Gabriell comprit très bien le message, ce n'était que partie remise. Maintenant, va savoir quand cela retomberait sur le tapis.
Pour la fin du dîner il fit un effort pour s'intégrer un peu plus aux conversations même si dans sa tête la seule chose qu'il voulait faire s'était s'enfuir, se cacher dans le coin d'une pièce, plonger sa tête entre ses bras et ne plus jamais ressortir à la lumière du jour.
Oui, c'était une bonne journée.
Il appellerait Caroline le lendemain, après tout, que pouvait-il faire de plus. Lorsque chacun eut finit son dessert ils sortirent tous dehors et Gabriell soupira de soulagement en sentant la brise fraîche parcourir son visage. Il leva la tête et aperçu entre deux nuages quelques étoiles, ce qu'il lui valut de sourire bêtement au ciel et de se faire charrier par Elian qui le remarqua.
Au moment de partir il fut surpris de voir Ivanh partir dans la direction opposée de celle du groupe. D'habitude ils rentraient tous les quatre ensembles pendant que Simon bénéficiait d'un permis et prenait sa voiture.
-Tu ne rentres pas ?
-Je passe la nuit chez Christine, elle n'habite pas loin et pas envie de rester tout seul cette nuit.
-Pas de cochonneries surtout hein ! cria Elian à l'intention du plus grand.
-T'es plus bourré que je le pensais, dit Mailla.
-Eli-chou, le jour où je coucherais avec Chris n'est pas arriver.
Elian souffla fort, les joues rouges.
-Rhooo fais pas genre t'es prude ! Pas à nous.
-Elian, s'offusqua son amie.
-T'inquiètes pas, je ne suis prude qu'avec les femmes si tu veux tout savoir.
-Oh ! T'entends ça Gab ? T'es plus tout seul dans la bande.
Les joues rouges, Gabriell pressa sa main sur la bouche de son ami.
-La ferme Elian...
-Bah quoi ? Et la liberté d'expression alors ? On est dans un pays démocratique ici ! dit ce dernier en réussissant à s'extraire à la pression de la main de Gabriell.
-On est deux sur trois à voter pour te casser la gueule si tu continues, c'est assez démocratique pour toi ? s'énerva Mailla.
Enfin Elian se tut, si la carrure de leur amie ne faisait effectivement pas peur, il fallait reconnaitre qu'elle pouvait facilement mettre ses menaces à exécution. Après un ultime salut le trio laissa derrière lui les deux aînés de la bande qui se dirigeaient quant à eux dans la même direction.
A minuit passé le métro était pratiquement vide et ce fut sans peine qu'ils monopolisèrent une banquette à eux trois. Le fauteur de trouble s'endormit presque immédiatement ce qui laissa du répit à ses deux gardes du corps.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé au resto ?
Un instant Gabriell pensa qu'elle parlait du court échange entre lui et Ivanh avant de comprendre qu'elle faisait allusion à son comportement étrange.
-Je ne sais pas, ça arrive parfois, c'est comme ça et tu le sais.
-C'est à cause de Simon et Manon.
-Je... Oui, en partie j'imagine, c'est juste que c'est brutal, trop brutal.
Mailla posa sa tête sur son épaule et prit sa main dans la sienne.
-Tu sais, même s'ils se séparent ça ne veut pas dire que le groupe va se dissoudre. Tu t'en fais trop, qu'importe ce qu'il arrive dans nos vies on sera encore tous ensemble dans dix ans.
Elle le prit dans ses bras et se tut, le laissant évacuer les émotions négatives de la soirée, des larmes les accompagnant.
-Gabiell, on est plus au lycée, c'est plus pareil, il faut vraiment que tu arrêtes de te raccrocher à ces vieux souvenirs, surtout les durs. Sache que je suis fière de toi okay ? Focalise-toi sur le futur, je sais que c'est compliqué pour toi. Tu verras, tout sera beau. Peut-être pas aujourd'hui, mais certainement un jour. Puis oublie pas qu'on est là Elian et moi, on sera toujours là pour te soutenir.
D'un même mouvement ils tournèrent la tête en direction de leur ami qui dormait toujours aussi paisiblement sur le siège à côté d'eux.
-Je ne sais pas ce qu'il lui a pris ce soir, il sait qu'il ne tient pas l'alcool, murmura Mailla.
-Il était pas dans son état normal. Je pense que la séparation de Manon et Simon lui a aussi fichu un sale coup.
-Tu penses ?
-Oui, après tout, c'est à cause de ça que Clément est parti y'a trois ans.
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