Chapitre 30
Gabriell avait la boule au ventre. Depuis un mois il enchainait les évènements angoissants : entre le rendez-vous de dépistage, l'attente des résultats qui prirent près d'une semaine pour arriver et désormais il en était au premier jour d'examen.
Il était enfin à la fin de son année mais il se sentait comme à son premier jour, où il s'était levé avec la gueule de bois. A force de réviser toutes ses leçons son mal au crâne était revenu, le stress quant à lui, lui donnait mal au ventre et lui nouait la gorge.
A contrario Ivanh respirait le bonheur. Le sourire qu'il arborait dans la photo qu'il lui avait envoyé en se levant lui faisait mal aux yeux. Aucune trace de stress ne perçait le mur d'assurance présent dans son regard. S'il croyait que son assurance allait dépeindre sur lui, c'était sous-estimé son anxiété, qui, quoi qu'il arrive, gagnait toujours.
Ce jour-là ils ne passaient pas les mêmes examens. Ivanh passait ses écrits d'anglais alors que Gabriell allait bûcher sur l'Histoire. Elian serait néanmoins avec lui puisqu'ils partageaient la même spécialité. Il s'était préparé du mieux qu'il le pouvait, comme il ne l'avait jamais fait auparavant. Il fallait vraiment qu'il valide son année et pour ce faire il avait fait quelque chose dont il n'avait jamais été habitué : réviser. Même Elian avait pris ça au sérieux et l'avait aidé pour ses cours.
C'était une nouvelle chose qu'ils découvraient, ayant tous les deux des facilités, c'était la première année où ils étaient forcés de faire plus que simplement relire leurs cours. Mailla les détestait pour cette raison. Elle qui jusqu'au collège avait pensé être plus intelligente que les autres, avait été désarçonnée par des contrôles plus complexes que ceux de la primaire. Donc quand, arrivée au lycée, elle avait appris que ses deux meilleurs amis travaillaient à peine à la maison quand elle y passait des heures, la pilule avait été compliquée à avaler.
Cette année c'était tout naturellement qu'elle leur avait ri au nez en apprenant que leurs facilités ne leurs seraient d'aucune utilité. Elle avait pris ça pour une revanche sur toutes ces injustices passées.
Pour autant, contrairement à ce qu'elle pensait, leurs facilités les avaient aidées plus qu'ils ne l'admettraient. Ni l'un ni l'autre n'étant capable d'organisation, là où leurs amis s'y prenaient deux semaines en avance, eux commençaient leurs devoirs moins d'une semaine avant la date limite. Cependant le rythme de travail leur avait permis de prendre leurs marques et ils se sentaient prêts à affronter la deuxième année qui les attendait. S'ils y arrivaient. Et cette première session d'examen allait être la première étape pour valider leur année.
Gabriell y croyait, il voulait y croire.
La sonnette du rez-de-chaussée retentit et la bouche remplit de dentifrice, il demanda à sa mère d'aller ouvrir à Elian. Il sut tout de suite quand ce dernier entra dans l'appartement. La voix de Clara augmenta d'une octave et de la salle de bain il entendit presque le claquement des lèvres de sa mère sur les joues de son ami. Les connaissant, ils étaient en train de se prendre dans les bras comme deux collégiennes. Gabriell se demanda si Elian n'était pas le préféré de sa mère d'entre tous ses amis. Lui comprit.
Arrivé dans le salon Clara avait eu le temps, en cinq minutes, de préparer une tasse de chocolat chaud, changer de rouge à lèvres, les joues d'Elian étrangement mates, et d'installer son ami dans le salon. Quand elle le voulait elle pouvait faire des miracles. Malheureusement le chocolat qu'elle avait préparé ne serait jamais dégusté par celui pour lequel elle l'avait fait. Elian n'aimait pas les chocolats à l'eau et c'était exactement comme ça que sa mère les faisait. Il lui prit donc la tasse des mains.
Pour une raison qu'il ne connaissait pas, sa mère s'obstinait à lui en faire à chaque fois, lui répétant que l'eau hydratait bien mieux. Clara fusilla son fils du regard.
Les deux amis se levèrent et après avoir déposé la tasse dans l'évier, quittèrent l'immeuble en direction de leur université. Ils parlèrent de tout sauf de l'examen qui approchait. C'était un sujet tabou, s'ils n'en parlaient pas, ça n'existait pas. C'était leur logique. Mais arrivés devant les portes, Mailla s'avança vers eux et brisa ce silence.
-Mon Dieu je stresse ! Je sens que je vais foirer cet exam !
-Eh ! tais-toi ! Tu vas porter malheur !
Ils étaient tous partis pour près d'un mois d'examens. Plus d'un mois de stress sans compter l'attente des résultats. Gabriell savait qu'il ne pourrait pas se reposer pendant cette période, et que tous les week-ends il irait à la bibliothèque avec Ivanh entre deux passages d'examens. Depuis quelques temps sa vie se résumait à ça : réviser, dormir chez Ivanh, retourner chez lui, aller à la bibliothèque, réviser. Comme tous les étudiants de France probablement.
De plus, depuis qu'Ivanh et lui s'étaient fait dépistés, ils n'avaient pas refait l'amour. Ils rentraient toujours fatigués quand Gabriell dormait chez lui et ils se couchaient dans l'immédiat. Il n'avouerait jamais être en manque à ce point, il devait dire que son corps commençait à s'impatienter. Il aurait bien besoin d'une dose d'endorphine pour affronter les examens qui allaient suivre. Mais malgré ses signaux à l'attention de son petit-ami, celui-ci n'y voyait que du feu. Et après réflexion ce n'était peut-être pas plus mal. Son corps le lâchait ces derniers temps. Alors il prenait son mal en patience.
Mailla secoua son bras pour le ramener sur terre. Le petit groupe avait commencer à avancer vers les salles d'examens. Son amie n'avait pas la même matière à passer mais leurs salles étaient proches l'une de l'autre. Mailla venait de lui poser une question mais, perdu dans ses pensées, il ne l'avait pas entendu.
-Quoi ?
-Je te demandais si tu étais stressé.
-Tu me poses vraiment la question, dit-il d'un ton acerbe.
Agacée par lui, Mailla se tourna vers Elian pour continuer la discussion avec lui. Etrangement clairvoyante, elle avait compris que ce n'était ni le moment ni la question pour s'adresser à lui. Une centaine de mètres plus loin, elle finit par se séparer d'eux et continuer son chemin seule.
-T'aurais pu être plus sympa avec elle, elle essaye juste de t'aider.
-Et toi tu crois m'aider en disant ça ?
-Rho ! Tout de suite les grands mots. T'es grognon aujourd'hui poussin. Qu'est-ce qu'il t'arrive ? T'as pas baisé cette semaine.
-La ferme.
-Mon Dieu ! mais c'est ça en plus !
Elian commença à rire face au visage déconfit de Gabriell.
-Non, je suis juste fatigué.
-Mon cul ouais. Ça c'est plutôt la raison pour laquelle pour avez arrêté.
-J'aimerais, si possible, arrêté de parler de ma vie privée avec toi.
-T'es franchement pas drôle. Ce sont les seuls détails croustillants qui se passent dans votre relation marshmallow.
Gabriell s'étouffa presque.
-Pardon ?!
-Mais oui ! Vous êtes tout roudoudou...
-Ca n'existe pas.
-... et mignon à en crever et s'en crever les yeux, continua Elian comme si de rien n'était. C'est très bien hein. Mais pas croustillant du tout. Nous on veut du drama. Pas au point de vous séparer mais au moins qu'on est quelque chose à se mettre sous les dents.
-On verra toi si tu en voudras du drama dans tes histoires.
-Aaaah. Malheureusement mes amourettes sont vouées à subir des drama. Gabriell leva un sourcil, interrogateur. Laisse tomber, t'es trop jeune pour ça.
-La ferme.
-Fois deux. Recycle-toi.
Ils continuèrent à se chamailler jusque devant l'entrée de la salle. Même quand Gabriell essayait d'achever la discussion, le mutisme dont Elian était incapable de faire preuve se frictionnait entre ses lèvres. Ce jeune homme n'arrivait décidément par à la fermer. D'autant plus qu'il parlait fort et leurs discussions faisaient tourner des têtes. Gabriell essayait de passer outre, après tout, l'attention de ces gens étaient plus focalisées sur son ami que lui. Mais il ne pouvait s'empêcher de constater que certaines personnes le regardaient aussi. Et Elian continuait de parler. Un peu plus fort à chaque fois. C'était l'impression qu'il avait.
Son supplice cessa quand les portes de la salle s'ouvrirent et qu'Elian se tut enfin. Pour autant, si son anxiété disparaissait maintenant, c'était le stress qui prenait sa place. Mais un stress qu'il pouvait contrôler. Un bon stress.
Les places étant attribuées, Elian resta devant et lui passa au dernier rang ? Les lumières dysfonctionnaient là où il s'assit. Elles clignotaient en continue et les tables autour de lui, la sienne comprise, plongeaient dans le noir. Et il se demanda sérieusement comment est-ce qu'ils allaient faire. Le sujet distribué il ne put que faire avec, alors que d'autres pestaient sans avancer sur leur copie.
Durant les trois heures que durèrent l'épreuve, Gabriell recracha toutes les dates et évènements qu'il pouvait. Sa main écrivait et écrivait encore. N'ayant jamais eu l'habitude de faire de brouillons, il se força pourtant à en écrire un malgré le temps qui filait à une incroyable vitesse.
ᾡᾡᾡ
-Aaaah !!! Je dis merci aux facilités ! Je vous aime.
Sortis de la salle d'examen, les deux amis exprimaient leurs émotions. Elian criait haut et fort son amour pour ses facilités alors que d'autres étudiants continuaient de sortir de la salle et lui jetaient des regards qui en disaient longs. Mais ce dernier ne semblait pas remarquer cette agitation autour de lui et continuait dans sa lancée. Gabriell préférait se taire même s'il n'en pensait pas moins. Bien qu'il ait révisé du mieux qu'il le pouvait, sans ses propres capacités innées il se serait retrouvé en difficulté. Maintenant ils ne pouvaient qu'attendre les résultats.
-Tu pourrais me soutenir un peu, nota son ami.
-Quoi ?
-Rien. Laisse tomber. Tu cherches qui ?
-Personne.
Etant un piètre menteur, Gabriell fut étonné qu'Elian ne lui posa pas plus de questions. Effectivement, comme il l'avait deviné, il était bien à la recherche de quelqu'un. Ivanh lui avait dit qu'il l'attendrait lorsque Gabriell aurait fini ses examens. Pourtant, partout où il regardait, il n'était pas là. Il décida de ne pas trop y penser, il était juste en retard. Pour l'instant il voulait juste ressentir cette étrange sensation de fin d'épreuve qu'il avait ressenti pour le baccalauréat il y a, ce qui lui semblait, un million d'années.
Des personnes de sa connaissance et de celle d'Elian vinrent les accoster. Elles avaient aussi passées l'examen et se partageaient leurs opinions, avis et ressentis. Et contrairement aux examens lycéens, Gabriell ne se vantait pas d'avoir finit plus tôt que les autres, ou d'avoir compris des sous-entendus cachés. Cette fois il avait fini dans les derniers avec plus de huit pages et une certitude à la baisse. C'était lui désormais qui transpirait quand ses amis lui disaient ce qu'ils avaient noté et qui se ressassaient en boucle chaque tournure de phrase.
Elian conservait son sourire serein, feignant un air décontracté qui ne collait pas à la lueur de ses yeux et qui reflétait des excès de panique. Lui aussi devait tout se rejouer dans sa tête et pester contre lui-même. Petit à petit le groupe qu'ils créaient avec les autres s'amenuisa et eux-mêmes le quittèrent après une vingtaine de minutes.
Quelque peu choqués par ce flux d'informations qu'on venait de leur lâcher, ils restèrent sonnés quelques secondes avant de se regarder et d'éclater de rire.
-Mon Dieu ! Dis-moi que toi aussi tu hochais de la tête même sans comprendre ce qu'ils disaient.
Le rire d'Elian redoubla d'intensité quand il se rendit compte que Gabriell n'arrivait même pas à répondre tant son hilarité prenait le dessus.
-Ils-Ils m'ont achevé quand ils ont parlé de la révolution industrielle, réussit-il à articuler.
-Mon gars, j'ai parlé de Louis XVI !
Gabriell fut obligé de s'asseoir sur un banc à proximité pour ne pas s'effondrer par terre. Ses jambes ne le tenaient plus et ses abdos lui faisaient mal mais il ne pouvait s'empêcher de rire, hilarité qui s'aggravait à mesure qu'Elian riait sur d'autres catastrophes de sa copie. Celui-ci s'assit à ses côtés sans s'arrêter de s'esclaffer et de parler en même temps, ce qui donnait un mélange qui fit exploser Gabriell de rire, plus fort encore. Il ne pourrait jamais dire le contraire dorénavant : l'ambiance d'après épreuves était ce qu'il préférait à l'université.
-Non, le pire c'était que j'étais saucé avec mes huit pages et t'as ce mec qui vient me dire, les yeux dans les yeux, qu'il en a presque fait le double.
-Comment c'est possible même ?!
-Je te jure ils ne sont pas humains.
-Imagine enfait, c'est pas qu'ils sont surhumains, mais nous des soushumains.
-Toi, ça fait aucun doute, répondit Gabriell.
Après une insurrection de la part d'Elian, Gabriell fit résonner son rire un peu plus fort. Il avait le visage face au soleil et ses yeux se plissaient dès qu'il arrivait à les ouvrir entre deux crises de rires. C'est à cause de ça qu'il ne remarqua pas tout de suite que l'éclat des rayons lumineux n'agressait plus ses yeux. Enfin, quand il s'en rendit compte il mit du temps à s'habituer à la luminosité et à remarquer la stature d'Ivanh qui le toisait de son mètre quatre-vingt-cinq. Un léger sourire aux lèvres, ce dernier les regarder se marrer comme ivre après une soirée en boite.
-Coucou ?
-Coucou !
-Vous allez bien ?
-Oui, oui. On se remet de notre exam, lui répondit Gabriell en pouffant sans raison. Viens par-là s'il te plait.
Il profita de son petit stratagème pour l'embrasser alors qu'il se baissait.
-Beurk ! Beurk ! Outrage à la pudeur ! Y'a des hôtels pour ça ! Beurk...
-Fais gaffe ou on met la langue.
-Mais tu lui as fait quoi Elian ? Je vais vraiment finir par croire que t'es bourré chéri.
-Tu vois ! Même s'il pense que je suis ivre mort il m'appelle « chéri ». Si c'est pas de l'amour ça.
-Ouais, t'as raison Ivanh. Je crois qu'il est bourré.
-Vous êtes pas drôle...
-Donc ? Qu'est-ce qu'il vous arrive ?
-On décompresse en riant des calamités écrites dans nos copies.
Ivanh sourit et hocha la tête comme s'il s'adressait à des enfants, ce qui les agaça. Gabriell lui frappa mollement son bras en guise de récalcitrance mais lui fit néanmoins une place à côté de lui. Ils se mirent tous les trois à parler de leurs examens avec plus ou moins de bonnes perspectives quant à leurs notes. L'anglais s'était bien passé pour Ivanh, ce qui enchantait ce dernier. C'est au moment où ils changèrent de sujet que Mailla fit son apparition. Son visage ne laissait rien transparaitre et personne ne parla en la voyant arriver. Finalement elle se jeta dans les bras d'Elian.
-Eli-chou ! Sauve-moi ! Ce sont des méchants les examinateurs.
-Qu'est-ce qu'ils ont fait ? Encore, répondit Gabriell à sa place.
-Toi chut ! Tu seras de leur côté de toute façon.
-Hmm.
-Donc ?
-Ils m'ont retenu plus longtemps que les autres pour me dire que : « blablabla faut prendre ça au sérieux blablabla faut pas dormir pendant un examen blablabla ».
-Attends... tu t'es endormi pendant un examen ? dit Gabriell
-Oui. Mais pour ma défense leurs questions étaient franchement trop simples. Jamais vu ça.
-Tape m'en cinq ! Mailla la crack italienne.
-Merchi Eli-chou.
Gabriell les regarda faire leur numéro de princesse en détresse et de son preux chevalier. Contrairement à ce que Mailla pensait ce n'était pas lui qui allait lui reprocher de faire des pauses pendant des épreuves. Même si s'endormir était quelque chose que seule elle était capable de faire. Lui-même ne s'était jamais assoupie pendant ses examens alors qu'il était sans doute celui du groupe qui les prenait le moins en considération le moment venu. La plupart du temps il se permettait de faire des pauses puisque le temps filait à la vitesse d'un escargot. Néanmoins pour Mailla c'était une première, et elle semblait toute guillerette d'avoir pu profiter à son tour de ces petits moments de détente qui, il fallait le dire, reposaient.
Finalement, elle qui lui avait dit qu'elle ne se sentait pas vraiment prête pour son examen d'italien l'avait réussi haut la main. Même si les résultats n'étaient pas encore annoncés Gabriell ne doutait pas du tout des capacités de son amie. Maintenant qu'elle l'avait rassuré, il ne s'inquiétait plus que de ses résultats. Vu comment les autres étudiants avaient répondu à la problématique, il avait du souci à se faire. Encore plus qu'il avait besoin de cette matière pour valider son année. Aux derniers partiels il ne s'en était pas si mal sortit mais les épreuves actuelles comptaient bien plus et il lui était inconcevable de se planter dessus. Pas alors qu'autour de lui tout le monde réussissait.
-Je suis sûr que ça va aller.
Gabriell se tourna vers Ivanh. Son compagnon arborait un visage serein. Le plus jeune commençait vraiment à croire qu'il était un livre ouvert. Mais il le rassurait comme il savait le faire. Quand bien même il n'avait aucune idée de ce qu'il avait bien pu écrire dans sa copie, il croyait en lui.
-Merci.
Gabriell garda les yeux devant lui, réfléchissant à ce qu'il comptait dire.
-Dis ?
Ivanh acquiesça pour qu'il continue.
-En rentrant... On pourrait... On pourrait faire l'amour ?
Ivanh éclata de rire tant sa question était inattendue avant de reprendre son sérieux malgré la présence d'un léger rictus.
-Je rêve ou tu viens vraiment de me poser cette question ?
-Bon bah si tu veux pas...
-Attends, attends, attends. J'ai PAS dis ça.
Ce fut au tour de Gabriell de rire face à la réaction de son petit-ami. Visiblement il n'était pas le seul à qui ça manquait. A côté d'eux leurs amis n'avaient rien suivit de qu'ils s'étaient dit, et ce n'était pas plus mal.
Gabriell se blottit contre lui, un peu plus qu'il ne l'était déjà. Comme d'habitude son odeur remplit le ridicule espace entre eux. Happé par lui, comme à chaque fois qu'il le humait, il ferma les yeux. Gabriell oubliait presque tout autour de lui.
Au loin il entendait une discussion animée mais, à côté de lui, l'unique son qu'il percevait était celui d'une douce respiration. Il ne s'endormait pas vraiment, il plongeait juste dans les eaux noires coincées entre les rêves et la réalité. Une réalité qui lui semblait moins dure à supporter maintenant que quelques mois auparavant. D'un autre point de vue rien n'avait changé. Il avait toujours les mêmes amis, en avait rencontré d'autres, voyait toujours Caroline et surtout était en première année de licence de lettres. Une chose qui aurait dû lui faire perdre pied dès le début. Trop de stress, trop de monde. Trop de tout.
Mais dans ce qui aurait dû le faire plonger encore plus profond dans les ténèbres, il avait rencontré Ivanh. Il avait été ce qu'il n'aurait jamais cru pouvoir prétendre en amour. Il n'avait eu qu'à s'asseoir à cette place, faire réparer son ordinateur cette semaine-là et oublier sa trousse. Et Ivanh l'avait aidé. Bien plus que quiconque. De bien des manières.
Depuis qu'il avait ri avec lui et tendu son Stabilo avec son sourire, qui, sans le savoir, l'avait fait craquer tout de suite, il n'avait jamais cessé de l'aider. Ce ne serait pas rendre hommage à ses amis que de dire qu'il avait été celui qui l'avait le plus écouté, mais, d'une certaine manière, sans lui, il ne serait pas autant épanoui maintenant. Après tout, être heureux était une tâche aisée comparé à réussir à se sentir épanoui dans sa vie. Et avec Ivanh à ses côtés, Gabriell sentait qu'il pourrait arriver à l'être.
Rien qu'un peu plus qu'hier et rien qu'un peu moins que demain.
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Plus que deux semaines avant la fin...
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