Chapitre 21




  Comme chaque année à la même période, Mailla s'extasiait de l'arrivée imminente du 14 février et avec elle sa fête si connue : La Saint-Valentin.  Selon elle c'était la seule fête digne d'être célébrée si un jour malheureux l'humanité était forcée de choisir une seule fête à célébrer jusqu'à la fin des temps.

  Comme d'habitude ses choix étaient discutables.

  Toute cette excitation avait le don de fatiguer Gabriell. Chaque année, lui passait sa journée comme une quotidienne, avec sa routine de toujours, tout en ignorant les messages successifs de son amie. Si lui passait la journée de l'amour devant la télévision, elle la passait dans les bras d'un garçon quelconque qui aurait tenté sa chance une semaine auparavant.

Pourtant cette année serait différente pour lui. Et il était pris au dépourvu face à toutes les informations qu'il s'était prises en pleine figure. Il n'arrivait pas à cerner ce qui pourrait plaire à son compagnon. Celui-ci lui avait parlé brièvement de cette fête et bien avant qu'ils ne se mettent ensemble. Depuis silence radio de son côté et Gabriell n'arrivait pas à faire le premier pas. Après tout ce n'était qu'une fête sans importance et il ne fallait peut-être pas se mettre dans tous ses états rien que pour ça. C'était sans doute Mailla qui l'avait endoctriné au point où il croyait que, au contraire, ça pouvait avoir un peu d'importance. Et puis, se disait-il, tous les couples ne voyaient pas ce jour comme spécial.

  Il aurait pu se rassurer en se disant ça mais en vérité il n'en savait rien. Il savait que le mieux c'était d'en parler justement mais il ne savait pas comment aborder le sujet, surtout que de son côté il n'avait rien préparé à une semaine de cette journée.

  Ivanh avait déjà passé cette fête en étant en couple, il se rappelait vaguement une conversation au tout début d'année scolaire où son compagnon avait mentionné une précédente relation. Alors comment savoir s'il le prendrait bien ou pas ? Il n'avait aucune envie de gâcher cette journée, aussi peu importante soit-elle.

  Décidément il devenait urgent que Gabriell en parle, la seule question qui lui trottait encore dans la tête étant : de quelle façon ? Pouvait-il vraiment poser le sujet sur la table comme ça sans raison ? A sa place, ses amis lui diraient qu'il se posait trop de questions.

  Allongé sur le canapé d'Ivanh, la tête posée sur ses jambes alors qu'ils regardaient une série comme à leur habitude le week-end, Gabriell réfléchissait à une technique pour aborder le sujet. Depuis la bataille de boule de neige, un accord tacite avait été promulgué. Désormais il passait ses week-ends chez son compagnon et revenait chez ses parents pour la semaine. De cette façon Gabriell laissait plus d'espace à ses parents et eux pouvaient profiter sans l'avoir sur le dos. Lui pouvait à son tour passer tout son temps avec son petit-ami.

  Ce nouvel arrangement leur avait permis de bien plus se rapprocher que s'il ne l'avait jamais mis en place. Ainsi Gabriell commençait doucement à participer aux frais de courses après avoir insisté auprès d'Ivanh. Ce dernier avait hésité car il considérait son partenaire comme un invité et que ce n'était pas à lui de gérer ce genre de chose. Dans ces moments-là, Gabriell prenait plaisir à le taquiner en lui répétant que cela pouvait ressembler à leurs premières disputes de couple. Cet évènement lui avait permis de relativiser avec les conflits.

  Depuis toujours elles étaient sources de peur et d'angoisse. De séparation. Elles s'étaient imposées comme épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Comme toujours, Ivanh avait su le rassurer, lui montrer que, malgré tout, elles n'étaient pas si inéluctables que ça.

  Peu après Gabriell s'était rendu compte que cela avait été la première fois où il avait confronté Ivanh à son anxiété. Il se refusait encore à tout lui avouer, tout lui envoyer en pleine face. C'était bien trop violent d'être confronté à cette situation sans y avoir fait face avant. Mais il devait aussi s'avouer que son silence était dicté par la peur de sa réaction.

  Jusqu'alors Ivanh n'avait été que gentillesse et tendresse, et ce qui l'effrayait était de voir ces expressions muées en ennui et incompréhension. Il voulait éviter toute imposition. C'était à lui de gérer ça. Et même si dorénavant il faisait partie intégrante de sa vie, il ne voulait pas lui infliger une quelconque douleur. Ni aucun souci par rapport à ça.

  Jamais.

  Ça le briserait. Rien que d'imaginer être à l'origine d'une peine d'Ivanh le détruisait. Cela ne devait jamais arriver. Sous aucun prétexte. Il ferait tout pour contrôler ce vide et ne jamais le laisser s'échapper de lui pour atteindre quelqu'un d'autre. Cette volonté était déjà encrée en lui depuis longtemps, mais désormais elle devait devenir son mantra quotidien. Sinon il ne tiendrait jamais.

  En attendant il était toujours bloqué au même stade et en plus de ça il avait perdu le fil de la série à force de cogiter. Il s'agita et il sentit le regard d'Ivanh se poser sur lui. Dans sa tête les turbines fonctionnèrent à plein régime alors que la meilleure décision à prendre était juste d'ouvrir la bouche.

  -Ca va ?

Sans oser le regarder Gabriell lui répondit.

  -Oui, et se lança, Je me posais juste une question.

  -Laquelle ?

  -Mailla n'arrête pas de me bassiner avec la Saint-Valentin et j'ai finis par me demander si tu voulais faire quelque chose ou pas ?

  « Ce n'était pas bien compliqué au final ».

  -Comme tu veux. On est pas obligé de faire un gros truc comme il y a ton anniversaire juste après. Un diner ça me va.

  -Mon anniversaire ? Ah. Oui. Tu sais depuis la sixième je ne l'ai plus fêté donc ne te prive pas pour le 14. Gabriell leva la tête pour se retrouver face au regard de son petit-ami. Fais tout ce que tu veux, je te suivrais.

  Il accueillit avec plaisir les lèvres de son petit-ami avant que celui-ci ne continue.

  -Pourquoi tu ne le fêtes pas ?

  -Par habitude. Pendant quelques années je n'ai eu personne à inviter et après j'en ai perdu l'envie. Tout simplement.

  -Tu n'as vraiment pas envie de le fêter ?!

  -Non, pas vraiment. Je veux juste rester avec toi et ça m'ira.

  Le cœur un peu plus allégé Gabriell retourna son attention vers la série qu'ils visionnaient. Les doigts d'Ivanh continuaient de caresser ses cheveux et doucement ses paupières se firent lourdes et il s'endormit dans les bras de son compagnon.

ᾡᾡᾡ

  Il sentit que quelqu'un le secouait légèrement pendant qu'il dormait. Il aurait préféré rester dans ses songes mais il était bien forcé d'émerger un jour ou l'autre. Ces secouements lui rappelèrent vaguement la façon dont Manon l'avait réveillé le soir de la soirée de Mailla. Mais désormais il savait que ce serait toujours Ivanh qui le réveillerait et resterait avec lui.

  Lorsqu'il ouvrit les yeux il se trouvait toujours dans le canapé, la seule chose qui avait bougé était le support où reposait sa tête. Les jambes d'Ivanh avaient été remplacées par un coussin tout aussi confortable bien que moins appréciable. Ivanh se tenait devant lui, agenouillé à sa hauteur, soulagé d'avoir réussi à le réveiller.

  -Tu as le sommeil profond quand même.

  -C'est ce qu'on dit.

  -J'ai fais à manger, tu as faim ?

  Lorsqu'ils avaient commencé à manger ensemble chez lui, Ivanh s'était rendu compte du peu d'appétit dont son copain faisait preuve. Après s'être inquiété ce dernier l'avait rassuré en lui disant que depuis tout petit il était comme ça et que son métabolisme fonctionnait parfaitement de cette façon. Depuis qu'ils se connaissaient Ivanh s'en était rendu compte mais il n'avait compris l'ampleur de la chose qu'après l'avoir côtoyé au quotidien.

  -Oui. Tu as préparé quoi de bon ?

  -Des pâtes.

  -Simple, efficace. Doublement oui.

  Gabriell se leva, la tête encore un peu brumeuse, puis se dirigea en direction de la cuisine, qui faisait aussi office de salle à manger. Avec grand plaisir il découvrit que son petit-ami avait aussi eu le temps de concocter une sauce au pesto basilic accompagnée de blanc de poulet. « Triplement oui ». C'était comme ça qu'on conquérait son cœur, avec des pâtes et du poulet. Comme à chaque fois les plats d'Ivanh étaient mémorables et Gabriell se réprimanda pour ne savoir cuisiner que de simples gâteaux. Avec si peu de talent culinaire il ne pourrait jamais rendre à son compagnon ce qu'il lui apportait.

  Leur repas achevé il faisait déjà nuit depuis longtemps. Fatigué Gabriell prévint Ivanh qu'il comptait se coucher directement. Sa toilette effectuée il s'allongea sous les draps et rien ne se passa.

  En silence, il pesta.

  Mieux que personne il savait ce que cela signifiait. Ses yeux s'embuèrent à mesure que sa poitrine se serrait. A force de refouler durant toute la journée ses émotions négatives, tout se déversait sur lui d'un coup.

  Une main sur sa cage thoracique il luttait face à l'hyperventilation qui l'empêchait de respirer. Autour de lui le silence se fit plus pesant, le noir plus violent. Dans sa tête toutes ses pensées se fracassaient contre les parois de son crâne. Ses acouphènes lui revinrent en masses à cause de son mal de crâne. Mais cela devint le moindre de ses soucis quand des larmes commencèrent à couler sans qu'il ne puisse rien y faire. Toutes ses angoisses passèrent au second plan alors qu'il tentait de les retenir, puis de les effacer au fur et à mesure qu'elles se fracassaient sur ses joues plus pâles que d'habitude. Si Ivanh rentrait à cet instant, il ne saurait pas comment se sortir de cette situation.

  Il se sentait totalement perdu, dernièrement tout allait bien. Il en avait même parlé à Caroline, qui l'avait chaudement félicité. Mais maintenant qu'il y repensait cet éclat dans les yeux n'avait-il pas été de la prévention plutôt que du soulagement. Après tout il était loin d'être guéri. Sans doute s'était-il trop avancé et résultat il se retrouvait dans ce lit à humidifier la taie d'oreiller. A se morfondre sur lui-même et prier pour que ce calvaire cesse.

  La vérité le fouetta de plein fouet, si rien ne s'améliorait au fil du temps, il pouvait dire adieu à son secret. Ivanh et lui vivait pratiquement ensemble maintenant, il s'en rendrait compte. Gabriell se força à calmer sa respiration. Les rouages de son cerveau s'effritaient, s'arrêtaient et repartaient en sens inverse, à toute vitesse. Rien de ce qu'il faisait ou pensait n'avait de sens. Mais pour lui ça en avait, tout prenait sens dans sa tête.

  La guérison commençait là où les crises s'arrêtaient.

  Avec l'expérience il arrivait à les sentir arriver, comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Avec de la détermination il arriverait peut-être à les stopper. S'il fallait ça pour redevenir normal, il le ferait. Tout enfermer pour ne jamais plus les voir. Ça devait s'arrêter maintenant avant qu'il ne soit trop tard.

  Le temps semblait naviguer au ralenti alors qu'il retomber sur terre. Pour lui les heures avaient défilé mais quand il regarda l'horloge sur la table de chevet, seulement trente minutes étaient passées. Les yeux fermés il avait réussi à contenir ses larmes, mais dans le noir ses tremblements reprirent à mesure qu'il y pensait.

  Il sursauta lorsque la porte s'ouvrit pour laisser passer Ivanh. Il s'était douché et ses cheveux égouttaient le sol. La lumière était trop basse pour qu'il ne remarque quoi que ce soit et il s'allongea dans le lit doucement pour ne pas déranger son petit-ami.

  A peine allongé Gabriell rampa jusqu'à lui pour poser sa tête sur son torse. La respiration ténue de son compagnon calmait les battements de son cœur. Voir le calme olympien dont Ivanh pouvait faire preuve contrastait avec sa panique constante. Il lui arrivait parfois de souhaiter imaginer Ivanh un peu plus différent que d'habitude. Jamais il ne semblait anxieux ou paniqué. Mais son calme lui permettait d'apaiser ses craintes, il était son réconfort. Il ne fallait pas qu'il devienne dépendant mais s'il venait à disparaitre il ne savait pas ce qu'il pourrait faire. Et s'il disparaissait à cause de la raison pour laquelle ses craintes existaient.

  Sa crise passée, ses pensées incohérentes cessèrent.

  Il était toujours en hyperventilation mais se forçait à respirer doucement pour ne pas alarmer Ivanh. Il hoqueta plusieurs fois de suite à cause du manque d'air. Par honte ses joues commencèrent à chauffer au moment où Ivanh passa son bras en dessous de son buste pour le serrer contre lui. Sa main passa dans ses cheveux avec tendresse pour le rassurer, même sans savoir ce qui pouvait lui causer du souci. Gabriell fut soulagé de constater qu'il ne lui posa aucune question. Il s'endormit en lui promettant de tout lui dire un jour.

ᾡᾡᾡ

  Deux jours plus tard il se retrouvait à faire les magasins avec Elian et Mailla. Ces deux derniers l'avaient trainé de force pour qu'il achète quelque chose à son petit-ami pour la Saint-Valentin. Il se retrouvait donc à vagabonder entre les dizaines de chocolateries. Il savait qu'Ivanh appréciait le chocolat mais plus il visitait de boutique plus l'idée de Mailla lui semblait idiote. Il serait lui-même heureux d'en recevoir, mais il avait du mal avec le côté cliché de la chose et maintenant son cadeau perdait toute sa valeur. Non, s'il devait lui offrir quelque chose, il se tournerait plutôt vers les boutiques de DVD.

  Il ne se souvenait pas du nombre de fois où son petit-ami l'avait bassiné avec les films et séries culte. En véritable cinéphile, des films collecteurs lui plairaient plus et auraient une véritable valeur à ses yeux. Pourtant, la voix de Mailla lui rabâchant encore et encore qu'une Saint-Valentin sans chocolat n'en était pas une lui trottait toujours dans la tête.

  A cause de ça il ressortit d'un Jeff de Bruges quelconque, un petit sac à la main. Néanmoins, à peine un pied posé dehors, il faussa compagnie à ses deux meilleurs amis pour se diriger, ni vu ni connu, en direction de la Fnac la plus proche.

  Il se perdit de son propre gré entre les rayons de livres, d'électronique et de DVD. Gabriell se sentait comme un enfant dans un magasin de bonbons, il passa rapidement devant les quelques rayons de romans pour ne pas dépenser tout son argent dedans. Il fit aussi abstraction de la présence des personnes autour de lui.

  Là où, dans les petites chocolateries, il se trouvait seul avec ses amis, ici des dizaines de personnes se bousculaient sans attention. Tout ce qu'il avait à faire c'était de ne pas y penser et de se focaliser sur sa tâche. Le rayon DVD se situait au fin fond du magasin, tout le contraire des autres magasins que Gabriell avait pu visiter. Il savait pertinemment quels films Ivanh préférait ou avait en sa possession ; ils avaient passé assez de temps ensemble à les regarder un par un pour qu'il le sache. Il en piocha quelques-uns dans ses bras qui étaient de nouvelles éditions fraichement sorties.

  Ses achats en main, il se prépara à subir la fureur de Mailla. Et, en effet, à peine il franchit les portes automatiques du magasins qu'une ombre s'abattit sur lui à grandes paires de claques sur le crâne.

  -Non ; Mais. Ça. Va. Pas.

  -Aïe !

  -Plus jamais tu ne me fais ça !

  -T'es ma mère ou quoi ?

  -Ne. Refais. Plus. Jamais. Ça.

  -Je suis juste passé acheter des DVD pour Ivanh.

  -Et les chocolats ?

  -Y'a pas que les chocolats dans la vie.

  -T'as vraiment envie de t'en prendre une ?

  Gabriell jeta un coup d'œil derrière son amie pour voir Elian à moitié en train de se retenir de rire et à moitié peiné pour lui qu'il ait à subir les instincts maternels de Mailla. Le résultat en valait la chandelle. Malgré le fait que lorsqu'elle le pouvait sa colère était destructrice. Les achats de Gabriell finalisés, Elian décida d'en faire à son tour. Selon lui la Saint-Valentin servait aussi, et avant tout, à s'aimer soi-même. Alors il se devait de s'acheter des chocolats. Ses deux amis le soupçonnaient de faire passer ce message seulement pour son plaisir personnel.

  -Alors, tu fêtes avec qui la Saint-Valentin ? demanda Gabriell à Mailla.

  -Avec un mec de ma promo. Il m'a invité au resto, comment refuser ?

  Gabriell lui lança un regard dubitatif. Il était prêt à parier n'importe quoi qu'elle ferait tout et n'importe quoi pour atteindre l'objectif qu'elle s'était fixée de ne jamais passer la fête des amoureux seule.

  Les rôles s'étaient inversés entre Elian et Gabriell. Désormais le premier vagabondait dans les magasins alors que l'autre se contentait de le surveiller de loin. Le rôle de Mailla se limitait à jeter des coups d'yeux par-ci par-là sur des vêtements et d'alimenter la conversation. Il l'écoutait à demi-mot, l'esprit occupé à jeter son dévolu autour de lui en quête de distraction extérieure.

  Petit à petit il commençait à ressentir la fatigue des semaines passées. Les sacs qu'il tenait, dont ceux de Mailla, lui procurèrent des courbatures. Son amie remarqua son expression morne mais ne changea pas son attitude. Lui faisant croire qu'il était toujours connecté avec eux.

  De l'extérieure rien ne semblait avoir changé chez Gabriell, mais il était ailleurs, sans même s'en rendre compte. Ça lui arrivait parfois, fréquemment même. Il détestait ça. Mais il arrivait peu souvent à s'en rendre compte.

  -Regarde ce haut !

Gabriell se redressa un peu, cligna des yeux plusieurs fois avant de se rendre compte.

  -Désolé.

  -De quoi ?

  Il sourit avant de déposer ses lèvres sur le haut de son crâne.

  Elian revint vers eux à ce moment-là, fraichement revenu des cabines d'essayages. Mailla et Gabriell se regardèrent, ni l'un ni l'autre n'avait remarqué la disparition de leur ami. Dans ses bras il tenait une petite dizaine de vêtements, le visage éclairé rien qu'à l'idée de pouvoir renouveler sa garde-robe.

  De ce point de vue Gabriell était bien éloigné de ses amis. Il était une calamitée pour eux dans tout ce qui s'apparentait à la mode. L'état de sa garde-robe en avait fait pâlir plus d'un. Elle était composée exclusivement de sweats, jeans et autres T-shirt pour l'été. Mailla se plaignait à qui voulait l'entendre qu'il n'avait pas de style à lui et qu'elle était prête à sacrifier son temps si précieux pour l'aider à y remédier. Pris d'un élan nouveau il attrapa quelques sweats, convaincu que son amie y verrait à redire, lui rabâchant que ça ne le mettait pas assez en valeur.

  -Avant de me frapper sache que c'est car Ivanh m'a volé la moitié de mes sweats.

  -On va dire que je crois en ce mensonge.

  Depuis la première neige il n'avait cessé d'en tomber. Gabriell ne savait pas si cela s'était déjà produit ou s'il avait juste oublié. Les transports s'étaient adaptés et lui aussi. L'université avait donc pu rouvrir ses portes deux jours après et accueillir la majorité de ses étudiants.

  Les trois amis passèrent devant le campus, toujours ouvert même en week-end. Gabriell commençait sérieusement à se questionner sur les congés de ses employés. Ils se dirigèrent vers le restaurant le plus proche, avec la reprise des cours ils avaient moins le temps de sortir mais ils essayaient toujours de se trouver un créneau de temps en temps.

  Pour une fois, il n'était que tous les trois, ce qui n'arrivait que peu fréquemment depuis le lycée. Pas que cela les dérangea beaucoup, mais pouvoir se retrouver de la même façon que pendant leur adolescence leur faisait du bien. Bien que sans la présence de leurs autres amis pour les tempérer leurs exclamations attiraient l'attentions de bon nombre de regards. Et pendant quelques heures encore, Gabriell n'eut pas à penser à ce foutu 14 février.

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