Chapitre 17


S'il avait cru qu'avouer ses sentiments à Ivanh serait l'étape la plus compliquée, Gabriell se trompait lourdement. Bien qu'ils soient encore tous en pleine période d'examens, ses amis et lui avaient réussi à trouver un horaire où chacun était disponibles.

C'était à ce moment-là qu'il avait décidé de leur annoncer la nouvelle. Comme un lâche, Ivanh avait prétexté un empêchement pour échapper à l'épreuve qui les attendait, le laissant seul face à son destin. On aurait presque pu imaginer qu'il allait s'adresser à ses parents et pas à de simples amis, mais plus le moment approchait plus le stress grandissait.

Gabriell n'oubliait pas que deux semaines auparavant il leurs avait affirmé que jamais rien ne se passerait entre eux et que désormais les choses avaient bien évolué, et pour le mieux. Si seulement ils n'avaient jamais eu cette discussion, il irait à ce rendez-vous sans cette boule au ventre insupportable. Encore s'il avait pu serrer la main d'Ivanh pendant son monologue minutieusement préparé, il aurait pu faire face à n'importe quoi.

Evidemment il savait que l'excuse que lui avait servi son petit-ami sur un plateau d'argent n'était pas un mensonge. Il l'avait très bien vu à ses yeux et aux nombreuses excuses paniquées qu'il avait donné, allant même jusqu'à lui proposer de remettre à plus tard son urgence pour être là avec lui.

Seulement il avait refusé sa proposition et maintenant il le regrettait amèrement.

Leur lieu de rendez-vous était à peine plus loin de l'université. C'était un petit café qui avait fraichement ouvert ses portes et qui faisait déjà parler de lui sur les réseaux sociaux. Les cinq amis avaient donc sauté sur l'occasion. Ils avaient pour habitude de tester tous les nouveaux restaurants et cafés de la ville, encore plus depuis qu'ils étaient rentrés à l'université, cela leur donnait généralement une excuse pour se voir tous.

Gabriell sortit de son examen à propos des fondements gréco-romains, matière prise en option, le sourire aux lèvres. Au bout du couloir il vit Ivanh en train de l'attendre et sa démarche s'accéléra pour se retrouver au plus vite à sa hauteur. En le voyant presque accourir vers lui, Ivanh rangea son téléphone et lui offrit un furtif baiser de « bonjour » qui était devenu leur routine.

Une agréable routine.

-Alors ce partiel ?

-Génial ! Je suis tombé sur la partie que je voulais ! C'était vraiment facile.

-Tu vois, je t'avais dit que tu y arriverais.

La veille au soir Gabriell avait appelé Ivanh, complètement paniqué à l'idée de rater un autre examen important. La discussion s'était prolongée deux heures durant lesquelles il l'avait rassuré du mieux qu'il le pouvait.

Sans qu'il ne le sache, Ivanh avait dû, pour la première fois, gérer lui-même une crise d'anxiété. Pourtant à ses yeux, et Gabriell le savait parfaitement, ça n'avait été qu'une phase de stress passagère. Et l'intéressé n'avait toujours pas la force de lui annoncer que ça serait son quotidien si la relation qu'ils entretenaient perdurait dans le futur.

Cette perspective lui plaisait d'une certaine manière autant qu'elle l'effrayait. Une peur sourde qui lui instiguait l'impression qu'il prendrait la fuite quand il se rendrait compte de la chose. Cette peur qui s'accompagnait d'une autre encore, celle que jamais il ne s'en rende compte.

-Tu veux que je t'accompagne jusqu'où ?

-Tu dois partir en métro après ?

-Oui.

-Alors jusqu'à la sortie, t'en fane is pas, je vais savoir me débrouiller comme un grand garçon.

Impuissant face à l'obstination de son petit-ami, Ivanh haussa les épaules. Les couloirs étaient déserts et c'est à ce moment-là que Gabriell remarqua qu'il avait étonnamment finit bien avant tout le monde.

L'air glacial de l'extérieur le prit de court et son visage criait déjà de douleur. Il n'hésita pas une seconde à fourrer sa main dans la poche de son petit-ami pour la protéger du froid. Il entrelaça ses doigts aux siens pour conserver la chaleur entre leur paume et se colla, sans s'en rendre compte, un peu plus contre lui.

-T'as froid ?

-Un peu ouais. Je supporte mieux la chaleur que le froid.

Sa salle d'examen se trouvait dans le bâtiment le plus à l'extrémité du parc universitaire, à la limite du campus et il leur fallut plus d'une dizaine de minutes pour arriver enfin aux grilles noirs familières. L'arrêt de bus était à quelques mètres et Gabriell décida d'y attendre le bus avec Ivanh et dès qu'il serait partit il prendrait le chemin du café.

La rue était presque aussi vide que l'université et Gabriell se demanda si le monde s'était passé le mot comme quoi sortir aujourd'hui serait fatidique.

Cette ambiance de ville fantôme était si inhabituelle ici que cela lui plut. Le calme n'existait pas dans la petite banlieue et en profiter pour quelques heures donnait un gout d'interdit. Seulement, trop vite, le bus arriva et Ivanh s'en alla. Gabriell prit donc la route en direction de son lieu de rendez-vous. Ces quelques minutes passées avec Ivanh lui avaient fait du bien et avait permis à son anxiété de disparaitre.

Un peu.

Evidemment il fut le dernier arrivé et ses quatre amis l'attendaient déjà en discutant joyeusement de sujets divers. En le voyant arriver Mailla fit de grands gestes pour lui montrer où ils étaient. Même s'il les avait déjà remarqués, Gabriell comprit sa démarche et ne s'offusqua pas de voir des dizaines de tête se tourner vers lui.

A l'inverse des rues alentours, le café était bondé. Leur succès n'était pas de la publicité et il se demanda comment ils avaient réussi à décrocher une réservation.

Après avoir déambuler entre les tables et les chaises, Gabriell atteignit enfin son but et s'assit entre Elian et Simon qui lui avaient gardé une place. Il jeta un rapide coup d'œil à la table et remarqua qu'on les avait déjà servis et ses joues s'empourprèrent de gêne en comprenant qu'ils l'avaient attendus plus que de raison.

Manon leva la main pour indiquer à un des nombreux serveurs d'apporter un autre menu pour le nouvel arrivé. Sans surprise Il commanda cinq minutes plus tard un Coca Light. C'était typiquement le genre de boisson dont il ne pouvait pas se passer. Qu'importe la météo, la saison ou les températures, Gabriell ne démordait pas d'un Coca Cola. Même par un temps aussi glacial que ce jour-là, un soda avec des glaçons le revigorerait sans problème.

-Alors ce partiel ? demanda Manon.

-Assez bien, j'ai fini en avance donc ça ne doit pas être trop mal.

-Tu finis tout le temps en avance, lui rappela Elian.

-Oui mais là j'ai de l'espoir.

Son bref ricanement se communiqua aux autres membres du groupe et la table s'anima d'une douce ambiance joviale. La discussion suivait sur les différents pronostics de chacun pour leur réussite ou on aux partiels.

Gabriell tenta à quelques reprises de faire dévier la conversation vers Ivanh mais elle dérivait étrangement vers tout autre chose à chaque tentative. Cela l'exaspéra au plus haut point. Plus les minutes passaient et plus ses efforts échouaient. Soudain prit d'un élan de courage, dû sans doute à son agacement, il haussa la voix pour se faire entendre.

-J'ai un truc à vous dire.

Toutes les têtes se tournèrent alors vers lui. Il avait enfin réussi à attirer l'attention de tout le monde et comptait bien en profiter. Mais lorsqu'il voulut parler sa bouche resta muette et il se rendit compte qu'il ne savait tout simplement pas quoi dire. Lui qui avait minutieusement écrit tout un petit discours pour leur annoncer la nouvelle se retrouvait la tête vide d'idées.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Je ne sais pas comment le dire enfait...

Une chaleur qu'il connaissait bien commença à monter en lui. Violente et sans pitié. Elle piétinait tout sur son passage. Ses mains devinrent moites et il sentit des rougeurs picoter la peau de son visage. Il avait du mal à déglutir et les visages soucieux de ses amis le rendaient malade.

-Oh je sais !

Elian avait presque crié dans le restaurant et certaines têtes curieuses se tournèrent vers leur table, mais le regard que leur lança Manon les dissuada de continuer. En tout cas le jeune homme à l'origine de cette curiosité ne s'en formalisa pas. Les yeux pétillants, il fixait Gabriell dans l'attente d'une réponse à une question qui n'existait pas.

Il se doutait bien que son ami avait deviné ce qu'il s'apprêtait à annoncer. Sa perspicacité était bénéfique comme exaspérante, et dans cette situation il ne savait pas dans quelle catégorie il devait la placer. Là Gabriell en profiterait bien pour le laisser dire à sa place ce qu'il avait tant de mal à exprimer.

-Eh bien...

Ses yeux restèrent accrochés au regard d'Elian qui l'incitait à continuer dans sa démarche et lui donnait du courage.

-Ivanh et moi on sort ensemble depuis un peu plus d'une semaine...

Le sourire d'Elian s'agrandit alors qu'un silence de plomb s'abattit autour de la table. L'autre leva les deux pouces en l'air, pas inquiet le moins du monde par le changement d'ambiance. Gabriell en vint même à se demander s'ils étaient contents ou non pour lui au moment où les premiers cris de joies fusèrent autour de lui.

Mailla fit le tour de la table pour le prendre dans ses bras et Simon lui tapota affectueusement l'épaule, tout sourire. De nouveau Manon fut obligée de lever la main pour commander une bouteille de champagne. Pour eux tous c'étaient quelque chose à fêter, et, pour une toute autre raison, Gabriell regretta qu'Ivanh ne soit pas là pour fêter ça avec eux.

-Notre Gabriell devient grand !

-La ferme.

-Prochaine étape : le dépucelage !

Gabriell ne prit même pas la peine de lui répondre. Avec le temps il avait appris à ne plus écouter les bêtises qui sortaient de la bouche de son ami. Malheureusement pour lui Mailla avait le même tempérament et elle reprit avec entrain les propos d'Elian et il crut entendre l'idée d'un pari sur qui prendrait qui.

C'est donc tout naturellement qu'il se tourna vers les deux seuls éléments matures du groupe en quête de soutien pour stopper ça au plus vite. Cependant la chance semblait l'avoir abandonné puisque Manon prit part au gains et Simon avait l'air enclin à y prendre part à son tour. Tout ce qu'il pouvait espérer désormais était de gagner ce foutu pari.

-Bon 1-3 pour Ivanh. Ça me semble logique.

Ils ne lui avaient même pas laissé ça ! Seul Simon avait voté en sa faveur mais il était presque sûr que c'était plus par pitié que par réelle conviction. Il se noya donc dans l'alcool pour oublier cette cuisante humiliation et finit d'une traite sa coupe de champagne dans un grimacement. Et avant de devoir encore entendre de nouveaux paris il envoya à Ivanh un message.

« Tas gagné... »

ᾡᾡᾡ

Deux jours plus tard les examens s'achevèrent enfin pour le plus grand bonheur de tous les étudiants. Ce jour-là Gabriell et Ivanh retrouvèrent leurs amis dans le parc universitaire à leur table habituelle. Ils avaient tous finis le même jour et avait décidé de passer le déjeuner ensemble. L'air était frais mais s'était légèrement réchauffé par rapport aux jours précédents.

Lorsqu'ils s'étaient retrouvés après leur pause au café deux jours auparavant Gabriell avait expliqué cette histoire de pari et son indignation face aux résultats qui avaient suivis. Ivanh avait ri face au comportement de son petit-ami et avait rajouté qu'il comprenait totalement les résultats, juste pour le plaisir de le voir s'énerver.

Gabriell appréciait ce franc-parler dans leur relation. Lui qui n'avait jamais été gêné pour rigoler sur des sujets comme le sexe avait craint d'être obligé de se restreindre lorsqu'il entamerait une relation amoureuse. Et il était heureux de constater jour après jour que ses craintes se voyaient infondé avec Ivanh. Il était en en quelque sorte épanoui, même si ce sentiment ne voulait pas dire grand-chose pour lui.

Le jeune couple avait aussi eu droit à un interrogatoire minutieux de la part de Mailla et d'Elian. Simon et Manon, quant à eux, avaient beau eu faire comme si cela ne les concernait pas, ils étaient tout de même restés plus qu'attentifs à la discussion.

Cela n'avait pas le moins du monde gêné Ivanh et Gabriell, qui s'y attendait, et ce dernier avait particulièrement insisté sur le fait que c'était lui qui avait fait le premier pas. Et Ivanh avait dû étayer cette affirmation pour que leurs amis le croient.

En les voyant arriver côte à côté, les petits doigts accrocher l'un à l'autre, Mailla prit une position faussement émue et ne s'empêcha pas d'ajouter quelque chose lorsqu'ils furent assis :

-Je crois que je ne m'y ferais jamais.

-Faudra bien, lui répondit Ivanh en souriant.

-Je crois que la cafet est ouverte aujourd'hui. Qui veut un café ?

Gabriell répondit par l'affirmative et il se dirigea avec Manon en direction du réfectoire. Même si le temps était plus clément que les précédents jours, il n'en restait pas moins frais et en cet instant il aurait bien besoin d'une boisson chaude. Tout ce qu'il espérait était qu'il puisse y mettre du lait.

Une petite queue s'était déjà créée dans la cafétéria après les examens. Comme eux, les étudiants cherchaient du réconfort dans la caféine. Les deux amis durent donc se déplacer en bout de fil et attendre bien une minute à chaque fois pour avancer ne serait-ce que d'un pas.

-Tu sais, je suis sincèrement heureuse pour toi.

Gabriell se tourna vers elle, intrigué.

-Depuis le début je voyais que c'était différent d'un simple ami mais... tu t'es voilé la face car tu n'arrivais pas à voir les signes évidents de son homosexualité. Tu ne sais pas comment il te regardait dès qu'il te voyait. Dès que tu parlais. D'un côté je suis heureuse qu'Elian lui ai tiré les vers du nez ce soir-là.

-Tu n'étais même pas là ! railla Gabriell.

-Tu te doutes bien qu'il s'en est vanté ensuite. Tu le connais. En tout cas si Ivanh n'avait pas dit qu'il était gay on en serait toujours au même stade.

Gabriell l'écouta sans dire mot. A chaque fois il était surpris de ce don d'observation qu'elle avait. Il ne comprendrait sans doute jamais de qu'elle manière elle arrivait à cerner les gens comme elle le faisait.

Tout ce qu'il arrivait à dire était qu'elle avait superbement bien trouvé sa voie. Et il l'admirait pour ça. Pour sa perspicacité mais surtout pour l'attention qu'elle portait aux autres. Ce qui en faisait aussi un défaut.

Il ne comptait plus le nombre de fois où Simon lui avait dit oh combien ! il était difficile de la cerner elle. Ce dernier avait tenté de lui expliquer qu'elle ne parlait jamais d'elle ou de ses sentiments. Oui, définitivement elle s'effaçait derrière l'attention qu'elle portait à autrui.

Leur discussion s'était arrêtée sur ces paroles et Gabriell se rendit compte que leur relation se basait sur ça. Un silence pratiquement constant, parfois briser par des échanges sérieux. S'il n'avait jamais réalisé cela auparavant c'était tout simplement car c'était un silence apaisant et convenable. Ils se complaisaient dans cette écoute silencieuse et mutuelle qui forgeait leur relation jour après jour. Oui, s'il y avait bien une personne en qui il aurait toujours confiance c'était bien elle. Sa thérapeute à mi-temps.

La file se mouva légèrement en avant mais leur but semblait encore bien loin d'atteinte et Gabriell se demanda même s'il gouterait un jour à ce maudis café. A côté de lui Manon ne laissait paraitre aucun agacement et se contentait de jeter des regards ici et là comme si elle était obligée de sonder chaque chose qu'elle voyait.

Dans son regard brillait déjà une maturité qu'il ne connaissait pas, bien qu'une seule année les séparât. Une maturité dont il donnerait tout pour en savoir l'origine. Car pour lui la maturité venait avec la force de caractère d'une personne qui a déjà vécu.

Lorsqu'ils arrivèrent enfin au comptoir, ils avaient déjà depuis longtemps choisis leur boisson et leur double-expresso et café macchiato arrivèrent rapidement, comme pour compenser l'immense attente. Les tables du self étaient mises à disposition et ils décidèrent de siroter leur café ici au lieu de retourner sous le vent et le froid à l'extérieur. « De toute façon, se dit Gabriell, avec le délai d'attente qu'il y avait eu, ce n'était pas une dizaine de minutes de plus ou de moins qui changerait quoi que soit. »

Il n'eut même pas le temps d'avaler la première gorgée de café qu'il s'aperçut de son amertume et laissa Manon seule quelques instants pour se servir du lait au comptoir. Cela faisait un petit moment qu'il ne s'était pas servi de café à l'université et il en avait oublié leur goût plus amer que celui de chez lui, alors que d'ordinaire il le supportait plutôt bien. Après tout entre chez lui et ici la qualité n'était définitivement pas la même. Et il comprit qu'il allait devoir s'y refaire pour les prochaines semaines de cours.

Leur petite pause-café s'acheva assez vite et ils retournèrent à l'extérieur pour retrouver le petit groupe. Instinctivement Gabriell sentit que quelque chose n'allait pas lui plaire dès qu'il vit Elian et Mailla collés à Ivanh et lui montrant quelque chose sur le téléphone d'Elian.

Il pressa le pas et entendit d'une oreille distraite Manon glousser derrière lui. Il arriva de dos au petit trio, et à voir le sourire mal dissimulé de Simon les choses ne tournaient pas en sa faveur.

Il se pencha un peu en avant pour apercevoir l'écran et s'il ne reconnut, au début, pas ce que montrait la vidéo, très vite son sang ne fit qu'un tour et il prit d'un mouvement vif le téléphone des mains d'Elian.

-Non mais oh !

-Mince on s'est fait chopper... fit Elian faussement gêné.

-Oh mais on arrivait au meilleur moment ! continua Mailla.

-Comment ça ? demanda Ivanh.

-Les encourage pas !

-Franchement de toutes les vidéos c'est la meilleure.

-Vous en avez montré d'autres !?

-Tu vois dans dix secondes t'aurais vu Gabriell baisser son froc et montrer ses fesses à la caméra du haut de ses cinq ans et demi.

Gabriell n'arrivait pas à croire qu'il avait dit ça. Encore plus lorsqu'Ivanh commença à rire de plus en plus fort.

-Mais vas-y fait le fuir ! Je te dirais rien ! Toujours à gâcher mes relations amoureuses !

-C'est la première.

-Tu vois ! tu commences mal.

Gabriell sentit quelqu'un lui attraper la main et, baissant les yeux, il remarqua qu'Ivanh souhaitait lui dire quelque chose. Mais dès qu'il ouvrait la bouche il repartait dans un gloussement incontrôlable.

-Non mais sérieux...

-Oh mais t'inquiètes pas, de toutes les vidéos qu'ils m'ont montré c'était la seule bizarre.

Soudain Gabriell fut pris d'un doute profond.

-Dis-moi... Il ne t'aurait pas montré mes vidéos bébés quand je manque de me noyer dans mon bain...

Immédiatement après avoir fini sa phrase, les lèvres d'Ivanh se pincèrent et il était évident qu'il se retenait de rire.

-Non mais je l'ai si vous voulez ! intervint Elian.

-NON !

Il ne put se retenir de rire plus longtemps et Ivanh laissa échapper des ricanements alors qu'Elian tentait de récupérer son téléphone des mains de Gabriell.

-Franchement dès la première occasion vous me foutez la honte. Vous n'êtes pas possible. Et toi pense même pas à récupérer ton téléphone.

-Non mais Gabriell ne t'inquiètes pas, c'était pas si terrible.

-Et puis on lui aurait pas montré la vidéo de la baignoire. On est persuadé qu'il n'a pas envie de te voir à poil pour la première fois alors que tu n'as que cinq ans.

-Non mais tu ne penses qu'à ça ma parole !

-T'es mal placé pour le dire.

Alors qu'il était tourné vers Mailla, Ivanh le fit s'abaisser et pivoter vers lui pour l'embrasser doucement et le calmer.

-Tu était très mignon enfant. Et je te jure que tu étais habillé.

-Pourquoi tu rigoles encore alors ?

-Je ne peux pas m'en empêcher.

-Arrête !

-Je peux pas !

-Mais stop à la fin, dit-il en lui couvrant la bouche. En vain.

Et alors qu'il nait sans pouvoir s'en empêcher, les joues rouges et les larmes aux yeux, Gabriell pensa étrangement qu'il voudrait pouvoir le voir et l'entendre rire encore longtemps.


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