Chapitre 16




-Hein ?

Ce n'était clairement pas la réaction attendue, ni la plus approprié dans ce genre de situation. Cette exclamation sortit du fond du cœur eu le don de surprendre Ivanh. Tant elle était innocente que celui-ci se mit à rire sans le vouloir. Ce moment qu'ils vivaient était tout bonnement absurde, et ni l'un ni l'autre n'arrivait à le prendre au sérieux. Gabriell savait qu'il avait été quelque peu impulsif, mais rien d'autre ne lui était venu à l'esprit que ce mot.

-Tu t'attendais vraiment à un « non » je me trompe ? parvint à articuler Ivanh entre deux rires.

-C'est possible.

Gabriell passa sa main sur son visage, abattu face à son absente réflexion et à la honte qui le submergeait. Puis les conséquences de sa réponse le percutèrent tout à coup. Il releva les yeux, plein de stupeur. L'autre ricanait encore en face de lui, et encore plus lorsqu'il vit que Gabriell avait enfin percuté ce que sa réponse pouvait signifier.

-Je peux vraiment ?

-Oui.

Encore cette même réponse, implacable et attendue.

Trois petites lettres qui, il le savait, changeraient sa vie à jamais. Mais maintenant qu'il était sûr de ce qu'il devait faire, il ne savait pas comment le faire. Les seuls baisers qu'il avait échangés étaient avec des filles, et il n'avait aucune idée de la conduite à tenir avec un homme.

Ses pensées devaient être flagrantes puisqu'il vit Ivanh se délecter de la situation. Evidemment, lui, il avait déjà de l'expérience dans le domaine, et une fois de plus il passait pour le niais de service. La honte... Son inexpérience était incontestable et c'était clairement ce qu'il aurait préféré ne jamais montrer à l'homme qu'il voulait embrasser. Or, le laisser initier ce baiser serait, pour lui, comme si ses précédents efforts n'avaient servi à rien. Sa fierté était quelque peu en jeu après tout.

Ivanh avait refermé le clapet de son ordinateur, signe qu'il consacrait toute son attention à Gabriell et qu'il s'amusait beaucoup du spectacle. Heureusement, il était patient, car même le principal intéressé de la situation ne savait pas à quel moment il allait agir. Il fallait qu'il réfléchisse à une stratégie pour contourner cette table sans s'étaler par terre à cause du stress.

-Tu réfléchis trop. Je vois les rouages de ton cerveau chauffés sous l'effort. Juste, embrasse-moi.

Foutue expérience ! Pourtant cette simple phrase, qui sonnait comme un encouragement lui fit l'effet d'un électrochoc tout le long de sa colonne vertébrale. Dans un dernier soupir pour se donner du courage il se leva, fit le tour de la table, s'appuya sur les accoudoirs du siège de son ainé. Okay, je fais quoi maintenant ? « Embrasse-moi juste. ». Et sous cette dernière injonction il pencha la tête pour presser ses lèvres contre celles d'Ivanh.

La première chose à laquelle il fut capable de penser fut que ses lèvres avaient le goût de miel. Il n'en était pas friand mais ce n'était pas ce simple goût qui allait l'empêcher de continuer.

La seconde fut qu'Ivanh embrassait foutrement bien. Il vient de mettre la langue ou je rêve ?! Ce qui ne devait être qu'un petit baiser se transforma bien vite en tout autre chose. C'était devenu une guerre à celui qui priverait le plus l'autre d'air. Il sentit une vague pression à la base de la nuque avant de se rendre compte qu'Ivanh l'avait agrippé pour l'attirer plus vers lui afin d'approfondir encore plus ce baiser ; Gabriell ne savait même pas si cela était humainement possible.

Puis sans qu'il ne s'y attende, Ivanh s'éloigna de lui. Rompant le contact moelleux de leurs deux bouches collées l'une à l'autre. Cette bulle d'apaisement que Gabriell avait réussi a créé autour d'eux éclata brusquement.

Et le cauchemar reprit.

A la seconde où il se détachèrent l'un de l'autre Gabriell sentit ses muscles se tendre alors que le doute s'insinuait en lui. Et si par maladresse il avait mal interprété leur conversation ? Ou qu'Ivanh avait juste dit ça pour rigoler sans penser qu'il était sérieux ? Se moquait-il de lui ?

Non.

Pas Ivanh.

Perdu entre angoisse et réalité il faillit ne pas sentir la légère pression sur ses lèvres.

-Faut qu'on bosse un minimum je te rappelle.

-Hein ?

-Allez va t'asseoir, sourit-il, plus tard.

-Mais...

-Ca fait vingt minutes qu'on est là et je ne pense pas que tu es lu une seule phrase de tes fiches.

Gabriell tenta de contrer l'argument, en vain. Le regard mi-inquisiteur mi-malicieux qui lui était adressé le força à retourner à sa chaise pour réviser. Son esprit était un peu plus apaisé que cinq minutes auparavant et cette fois-ci lorsqu'il voulut lire, les mots ne dansaient plus devant ses yeux.

-Attends ! Comment ça plus tard ?

-Travaille, lui répondit-il sans lever les yeux de son ordinateur mais avec un léger sourire aux lèvres.

La nuit commençait à tomber dehors et les lumières automatiques s'allumèrent pour qu'ils ne restent pas dans le noir. Pourtant, malgré toute la bonne volonté du monde, la fatigue prenait le dessus. Gabriell sentait sa motivation vaciller petit à petit.

Cela faisait plus de trois heures qu'ils étaient là et ses muscles étaient ankylosés à force de rester assis sur une chaise en bois. En face de lui Ivanh semblait ressentir la même chose puisqu'il gigotait sur sa chaise depuis plusieurs minutes déjà. Il ne servait plus à rien de rester encore si la déconcentration prenait le relais et d'un commun accord ils décidèrent de rentrer, et de reprendre plus tard si nécessaire.

Avec un petit « au revoir » de pure politesse à l'attention de la bibliothécaire, ils quittèrent la bibliothèque. De nuit le site universitaire ressemblait à toute autre chose et seuls les lampadaires, placés stratégiquement sur les allées, éclairaient le lieu d'une lueur tamisée.

Il était un peu plus de dix-huit heures et les derniers bus en direction de leur métro allaient bientôt passer. Gabriell héla donc Ivanh de se presser pour ne pas avoir à faire le chemin à pied.

Même s'il était fatigué Gabriell tenait encore le coup. Il avait dormi jusque tard dans la matinée et avait donc pu récupérer un minimum de la veille, ce qui n'était visiblement pas le cas d'Ivanh qui peinait à garder les yeux ouverts.

C'est alors qu'il remarqua les cernes sous ses yeux et une vague de culpabilité le submergea quelques secondes à peine. Sans réussir à s'en empêcher il se demanda si c'était à cause de lui s'il manquait tant de sommeil. A force de devoir l'aider s'était-il trop fatigué ?

-Ça va ? demanda Gabriell une fois dans le bus.

-Oui ? Ah oui, oui, je n'ai juste pas beaucoup dormi ces derniers jours.

-Tu pourras dormir dans le métro, ne t'en fais pas.

Ivanh hocha la tête sans conviction. Gabriell s'inquiétait quand même un peu de son état. Ce fut avec soulagement qu'ils arrivèrent rapidement à la station et purent ainsi échapper au froid mordant de janvier.

La rame de métro était peu habitée ce soir-là pour le plus grand bonheur de Gabriell qui s'y sentit tout de suite plus à l'aise. De cette façon, il pourrait échapper au trop plein de regards qui le mettaient la plupart du temps mal à l'aise.

L'écran indiqua que leur ligne arriverait sous peu, et ils purent donc s'asseoir en l'attendant. De toute façon, Gabriell n'était pas sûr qu'Ivanh aurait eu la force de rester debout.

De temps à autre il lui lançait de brefs regards inquiets pour s'assurer qu'il ne s'était pas assoupi avant l'arrivée de la rame. Le métro arriva au moment où il tenta de le réveiller. A contre-cœur Ivanh se releva et dès que Gabriell trouva une place à côté de la fenêtre il s'empressa de s'asseoir à côté de lui.

-Réveille-moi quand on arrive à mon arrêt.

-Okay, repose-toi maintenant.

A peine leur rapide échange achevé qu'Ivanh posa sa tête sur l'épaule de Gabriell. S'appuyant sur lui pour s'endormir. Ce dernier ne s'y attendait pas vraiment, mais n'eut pas non plus l'envie de l'en dissuader. Gabriell appréciait ce contact plus qu'il ne le devrait.

En baissant les yeux, il vit la main d'Ivan proche de la sienne. Cette vision lui donna soudain une folle envie de la prendre. Après tout ils s'étaient bien embrassés, prendre sa main dans la sienne ne devrait pas poser de problèmes. Alors, tout doucement, pour ne pas perturber son sommeil, il tendit sa main vers la sienne et l'attrapa, avec toute la douceur donc il pouvait faire preuve.

Puis, quand il croisa ses doigts avec les siens et qu'ils se serrèrent par réflexe, Gabriell se sentit complet.

Il aurait bien gardé les yeux tournés vers Ivanh, mais il prit peur en s'imaginant cela devenir gênant. Alors il détourna le regard en direction de la vitre, comme-ci le fait de tenir la main de celui qu'il aimerait appeler « petit-ami » était tout bonnement normal. Pourtant, à l'intérieur, il bouillait. Il aurait voulu continuer à l'embrasser, jusqu'à s'en lasser. Il voulait le dévorer du regard encore un peu. Il voulait faire tout, et rien en même temps.

Rien que profiter de l'instant présent.

L'arrêt d'Ivanh était dans trente minutes si le métro ne prenait pas de retard, alors Gabriell eu le temps de sentir l'odeur de celui qu'il aimait imprégner l'espace qui les entourait.

Il aurait bien voulu s'endormir là, avec lui, mais si cela arrivait, il ne serait pas capable de prévenir Ivanh lors de son arrêt. Il ne put que poser sa tête sur celle d'Ivanh. L'odeur venait de là et avait presque la même saveur que ses lèvres. Il devenait urgent de lui demander quelle marque de shampoing il utilisait car il était sur le point de devenir accro. C'était soit ça, soit rester avec lui à toute heure de la journée. Or, il n'était pas certain que cela convienne à Ivanh.

Le temps fila et un arrêt avant celui d'Ivanh, Gabriell décida de le réveiller à contre-cœur. Ses yeux étaient vitreux mais il avait déjà l'air un peu plus en forme. Néanmoins Gabriell ne se voilait pas la face, et il savait qu'il lui faudrait une bonne nuit de sommeil ce soir.

-C'est mon arrêt ?

-Non le prochain. C'est pour que tu aies le temps de te réveiller. Allez, viens, on se lève.

Sans rechigner du soudain effort, Ivanh chancela un instant et Gabriell cru presque qu'il allait être obligé de l'aider à tenir debout, cependant l'ainé retrouva son équilibre avant qu'il n'ait pu lever le petit doigt. Dans leur wagon il ne restait que deux ou trois personnes qui fixaient leur téléphone et ne prêtaient aucune attention au jeune couple.

-Dès que tu rentres tu te couches hein ?!

-Promis, sourit l'autre avant de reposer sa tête sur l'épaule de Gabriell.

Cette fois Gabriell ressentit immédiatement la différence entre leur contact assis et celui-ci. Face à lui, Ivanh lui offrait une intimité toute autre. Il lui pressa le bras droit alors qu'il l'encerclait de son bras gauche.

-Juste une seconde.

Gabriell secoua la tête.

-Ca ne me dérange pas.

-Tant mieux, alors une petite minute.

-C'est ton arrêt.

Ivanh soupira et se détacha à regret de Gabriell qui rit en voyant sa mine boudeuse. Ils n'étaient pas encore à quai alors il put profiter des traits de son visage encore quelques secondes avant qu'il ne fusse obligé de partir.

Ils étaient presque à l'arrêt maintenant.

Les portes s'ouvrirent.

Alors Ivanh se pencha et embrassa brièvement ses lèvres, en guise d'au revoir.

-Bisous.

Gabriell ouvrit la bouche et réussit à articuler un frêle :

-Bisous...

Ça avait été bref, rien à voir avec leur précédent baiser, mais il avait quand même réussi à faire apparaitre des papillons au creux de son estomac. En soit, pour quiconque les avait vu ce n'était qu'un simple baiser. Alors pourquoi, pour lui, cela sonnait différemment ?

Ses joues s'étaient légèrement empourprées et il alla se rasseoir dans la seconde pour cacher sa joie mêlée de gêne aux yeux des autres voyageurs. Il ne put cependant pas s'arrêter de sourire, de la façon la plus niaise possible. Sourire qui ne le quitta pas une seconde de tout le chemin de retour et même chez lui en préparant ses pommes de terre sautées il ne put s'empêcher de repenser à cet après-midi sans un franc sourire. Il était tout simplement heureux. Le dernier échange qu'il eut avec Ivanh fut un bref message, sans réponse, qui lui fit du bien.

« Tas intérêt à dormir. »

ᾡᾡᾡ

Le mardi suivant, débutèrent les partiels. Gabriell commençait avec les pratiques rédactionnelles, matière qu'il ne partageait qu'avec Ivanh, qu'il retrouvait à l'université directement. Il s'y rendait donc seul et se trouvait dans le métro à relire encore et encore ses notes de cours, tout en priant pour que son cerveau les imprime enfin, ce qu'il ne semblait pas vouloir faire.

Certes il avait révisé comme il avait pu, mais avec le stress tout devenait flou dans sa tête. Cette sensation ne lui était pas inconnue. Il se souvenait l'avoir toujours ressentie au lycée avant de passer des contrôles dans ces moments où réviser n'avait pas été sa priorité.

Il était tout bonnement et simplement désespéré face à la médiocrité de son savoir et était plus que persuadé de foirer son semestre. Tout ce qu'il voulait maintenant c'était revoir Ivanh pour qu'il apaise ses craintes d'un simple câlin. Les deux ne s'étaient revus qu'une seule fois depuis leur premier baiser, dans les mêmes conditions.

Enfin arrivé devant les grilles de l'université, il constata qu'Ivanh n'était pas devant celles-ci et, commençant à connaitre sa ponctualité, il était sans nul doute devant la salle d'examen à vérifier son téléphone portable en attente de ses nouvelles.

Sans surprise, il eut raison. Gabriell s'approcha lentement, peu assuré, ne sachant toujours pas quelle attitude adopté face à ce nouveau stade de relation. Contrairement à lui, Ivanh ne semblait se poser aucune question.

Evidemment Gabriell n'était pas gêné de l'embrasser en public, mais rien que le fait d'être dans une thématique de couple était tout nouveau pour lui. Il laissa donc à Ivanh le soin de prendre l'initiative de le rejoindre, attendant qu'il fasse le premier pas.

Une simple pression au coin des lèvres eut le résultat de le retourner complètement, d'une rapide prière il espéra que cette sensation dure toute sa vie.

-Tout va bien ? demanda Ivanh, soucieux.

-Oui, juste tout ce que j'ai appris je l'oublie depuis ce matin donc... Fatiguant...

Machinalement il posa sa tête contre le torse d'Ivanh et ferma les yeux. Par un réflexe, rapidement acquis, le plus grand l'entoura de ses bras et posa son menton sur le haut de son crâne.

- Ça ne va pas trop en fait.

-Non, ricana le plus jeune.

-Ne t'inquiète pas d'accord. Tu as bossé dur pour ces examens, on a révisé ensemble. En ce moment tu as l'impression de tout oublier mais dès que tu seras devant ta copie les réponses viendront toute seule. Ça m'arrive aussi parfois mais il ne faut pas y penser ? Okay ?

Gabriell hocha la tête sans prononcer un mot de plus et enfoui son visage plus loin dans les vêtements d'Ivanh. Celui-ci sourit face à son comportement et embrassa le haut de son crâne pour lui donner du courage.

Le couloir commença à se remplir petit à petit mais ni l'un ni l'autre ne souhaitait se séparer. Ni l'un ni l'autre ne se préoccupait des regards qu'on pourrait leur lancer. Pas pour ça. De toute façon ils étaient contre le mur et personne autour d'eux ne leur prêtait attention.

Quelques minutes passèrent et Ivanh commença à caresser le dos de Gabriell dans un geste qui se voulait réconfortant. Ce dernier sourit contre son torse, ce genre de petite attention lui réchauffait le cœur. Ça non plus il ne pensait pas pouvoir s'en passer un jour.

Le moment fatidique arriva bien trop rapidement à son goût. Il fut forcé de se décoller d'Ivanh avant de rentrer dans la salle. Il était là, derrière lui, une main dans son dos pour un dernier geste de soutien.

Les places étant attribuées dans leur université, ce contact se rompit vite et il n'osa regarder derrière lui de peur de ne pas réussir à marcher jusqu'à sa place. De paraitre peut-être un peu trop attaché aussi.

Assis devant les feuilles d'examen au premier rang, il se força à ne pas regarder autour de lui, histoire de ne pas se focaliser sur le stress des autres, chose qui ne lui serait d'aucune aide pour sa propre anxiété.

Cinq minutes passèrent et dès que les retardataires se furent installés et préparés, les inspecteurs disposèrent les sujets sur les tables.

Une par une.

Un par un.

La salle était bondée, mais un silence de plomb régnait. Gabriell préféra ne pas trop penser aux corps qui l'environnaient, et la distribution dura, longtemps. De longues minutes durant il fixa sa feuille en se demandant sur quel sujet il préférerait tomber. Dès qu'un des instructeurs haussa la voix pour annoncer le début de l'épreuve, dans un bruit commun de feuilles qui se retournent, les étudiants soupirèrent.

Le visage de Gabriell se décomposa au fil de sa lecture. Ce n'était absolument pas un devoir de rédaction mais bel et bien une analyse à propos d'un rapport scientifique. En vain il tenta de replonger dans ses souvenirs pour retrouver une trace de ce passage dans ses cours.

Dépité il prit son stylo et commença sa rédaction avec les maigres connaissances qu'il avait.

Trois heures plus tard Gabriell sortit enfin de cette salle de malheur. Il avait réussi à écrire quelque chose de potable, selon lui, mais maintenant que sa concentration s'effritait il commença à ressentir des palpitations dans tout son corps et se dirigea vers les toilettes les plus proches.

Il aspergea son visage couvert de spasmes musculaires pour tenter d'arrêter l'effet le plus vite possible. Mais dans sa tête il revoyait chacune des phrases qu'il avait écrites et qui lui semblaient maintenant ridicules. Plus que quiconque il savait que ce n'était pas totalement le cas, mais en même temps il avait fait cet examen dans un tel état second que tout à coup tout lui parut flou.

Il fallait pourtant qu'il se ressaisisse puisqu'il avait prévu d'attendre Ivanh à la sortie, et il ne voulait pas que celui-ci pense qu'il était parti sans lui. C'est à regret qu'il sortit de la sécurité apaisante des toilettes pour retourner dans l'exposition du couloir.

Ivanh était adossé contre le mur, scrollant sur son téléphone en l'attendant. A peine son regard se posa sur Gabriell qu'il sourit à pleine dent.

-J'étais passé me rafraîchir le visage.

Il n'avait pas envie de mentir, mais il ne se sentait pas encore près à lui en parler à cœur ouvert.

-J'ai vu ton sac par terre donc je t'ai attendu.

Il n'avait même pas remarqué qu'il l'avait laissé là.

-Alors ça c'est passé comment ?

-Nul de A à Z. Mon plan était pourri, mon analyse bancale et certains mots je ne les comprenais pas.

Ivanh sourit tristement face à l'état de Gabriell. Il posa ses mains de chaque côté de son visage et braqua son regard sur lui.

-Ne t'en fais pas pour ça, c'est le premier partiel d'accord ? Je suis persuadé que ce n'est pas si terrible que ça en a l'air. Tu as encore le temps de te rattraper dans tous les cas.

Gabriell hocha la tête, sans conviction, et plus dans le but de rassurer Ivanh qu'autre chose. Il y penserait durant quelques heures encore puis ça passera. Comme à chaque fois.

-Et toi ?

-Ca va, j'avais revu cette thématique hier donc j'étais assez bien préparé et mon analyse était plutôt pertinente.

-Tant mieux.

Gabriell détourna le regard sans pour autant rompre le contact des mains d'Ivanh sur ses joues. Remarquant la détresse de son petit-ami, ce dernier colla son front contre le sien et caressa sa peau du bout des doigts. Ni l'un ni l'autre ne prit la parole. Gabriell profitait juste de cet instant volé avec lui. D'une main timide il attrapa un bout du sweat d'Ivanh qu'il serra le plus fort possible entre ses doigts.

-Oh mais qui voilà-je !

Les deux jeunes hommes tournèrent la tête vers l'énergumène qui les avait dérangés et sans la moindre surprise dévisagèrent Clément qui s'avançait vers eux. Légèrement en retrait Alexandre semblait en grande conversation avec quelqu'un au téléphone.

-Salut ! Vous avez passé vos partiels vous aussi ? demanda Ivanh.

-Yes, on a fini depuis une heure au moins mais c'est la sœur d'Alex qui nous raccompagne chez nous donc on doit rester.

Ce dernier arriva à l'instant dans le dos de son ami.

-Coucou, vous avez passé vos partiels ? Dites-moi que je ne suis pas le seul à le foirer !

-Non t'inquiètes, on est tombé sur une analyse scientifique et j'ai tout oublié donc...

-Ah oui, vraiment pas cool votre sujet.

-Bon ta sœur arrive bientôt ?

-Oui, oui elle attend là, faut y aller.

-Bye les amoureux ! conclut

En s'en allant ils virent Alex donner une claque à l'arrière du crâne de Clément et le réprimander en chuchotant pour son manque de tact. Gabriell sourit légèrement, même s'il avait d'abord eu du mal à apprécier le jeune homme, il devait s'avouer que Clément arrivait à partager l'ambiance bonne enfant qui le suivait constamment. C'est alors qu'il perdit son frêle sourire.

-Oh mon Dieu...

Ivanh tourna la tête dans sa direction, inquiet.

-Qu'est-ce qu'il y a ?!

-On sort ensemble ?

Gabriell avait dit cette phrase sur un ton paniqué et incertain qui fit malencontreusement rire l'autre.

-Euh... Eh bien je suppose oui. Je n'embrasse pas n'importe qui tu sais.

Et il joignit le geste à la parole.

-Attends ! Attends ! On n'a jamais officialisé !

Sans qu'il ne puisse plus se retenir Ivanh ricana tendrement contre l'épaule de Gabriell.

-Tu es adorable, vraiment.

Cette simple phrase eu pour effet de le faire rougir jusqu'aux racines.

-Eh bien si tu y tiens tant : veux-tu sortir avec moi Gabriell ?

-Fais pas celui qui fait le premier pas !

-Tu veux ou non, sourit-il.

-Oui, bien sûr que oui.

Ivanh approcha son visage du sien et instinctivement Gabriell ferma les yeux pour accueillir au creux de ses lèvres celles de son petit-ami. Contre sa bouche il sentit son sourire, sourire qu'il finit par imiter alors qu'il plaçait ses mains dans le creux de ses reins et que lui entourait de ses doigts le cou d'Ivanh.

Il avait réussi.

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