Chapitre XXVII

Salut à tous, un petit peu de Ben pour vous faire patienter jusqu'à demain.

Quelques confidences entre hommes, parce que Oui, ce n'est pas une exclusivité féminine de s'épancher.

On donne de la force à Marc, pour que demain soit un jour meilleur.

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Marc

"Un pas à la fois, un coup à la fois, un round à la fois"

Rocky BALBOA


Ce week-end va être, sans nulle ombre d'un doute, difficile. Passer deux jours avec l'ex-mari et le fils de Bruna me semble être une épreuve insurmontable, mais Ben a refusé que j'annule. Alors, je suis là, chez lui, on est en train de préparer ses deux motos et on ne va pas tarder à les charger dans le camion.

On avait réservé ces deux jours de trial il y a plus d'un mois, au retour de Montpellier, avant que je déconne et que ma vie parte en lambeaux. Depuis j'ai perdu la femme de ma vie et ma joie de vivre. Je me démène comme un beau diable pour arranger la situation, mais elle ne cède pas.

Une mince lueur d'espoir hier, un petit échange de quelque messages pour me remercier, me dire qu'elle m'aime, mais qu'elle n'est pas prête à revenir et rien d'autre. C'est ma faute, avec ce que je lui ai fait. Je m'attendais à quoi ? Elle a raison de réagir comme ça, elle doit être forte et moi, je me dois, enfin, je lui dois, d'être patient.

— Oh le dépressif, t'y mets un peu du tien, s'te plaît.

Ben me sort de mes réflexions, je crois qu'il ne supporte plus la situation, je me fais engueuler en permanence. Il me targue que je suis trop tendre, qu'il faut que je la récupère avec plus de volonté. Mais il ne la connaît pas comme moi. C'est une hyperémotive, elle a besoin de temps et j'ai promis que je lui en laisserai, j'ai déjà fait preuve de bêtise, je ne recommencerai plus.

— Ragnar, laisse-le. De quoi tu te mêles sans arrêt ?

— Laisse Kaï, il a raison, je ne vais pas tirer la tronche tout le temps.

— T'as le droit d'être dans cet état Marc.

— Non mais c'est bon, il n'a qu'à se sortir les doigts du cul, aller chercher Bruna, la foutre sur son épaule et l'enfermer jusqu'à ce qu'ils se soient dit leurs quatre vérités, ça devient chiant de devoir sans arrêt se séparer en deux groupes pour se voir. Même Greg ne comprend pas qu'elle prenne autant de temps.

— Vous n'êtes pas dans sa tête, vous n'avez pas à la juger, elle prendra le temps qu'il lui faudra et si tu n'es pas capable de l'attendre, c'est que tu ne la mérites pas.

— Calme, je n'ai rien dit, moi, je l'attendrai toujours, tu le sais, elle le sait. Je l'ai fait pendant plus de vingt ans, je ne suis pas à quelques jours près, c'est ton homme qui n'a pas un brin de patience.

— Ce n'est pas ça, je parle de logique. Si tu voyais dans quel état elle est sans toi, je te garantis que tu arrêterais de prendre ton temps toi aussi.

— Et c'est reparti. Ragnar, je crois que si tu continues à te mêler de leurs histoires, tu vas te la mettre derrière l'oreille pendant un moment.

— Elle est trop grosse princesse, tu le sais.

— Oh putain, ferme-la je te supporte plus. Marc, je t'en supplie, perds le dans la forêt ce week-end.

— Tout ça pour récupérer le château, femme vénale.

— Je ne te réponds même pas, allez, cassez-vous avant que je ne t'étouffe.

Nous voilà partis pour une heure et demie de route jusqu'à Moulinet. On a pris une chambre dans un petit hôtel à la Bollène-Vésubie, pour profiter des deux jours au complet. Quand on arrive, Greg et Élyo sont déjà là. On pose nos affaires, charge les deux nouvelles motos dans le camion de Ben et on repart pour la piste. On l'a déjà pratiquée Ben et moi, elle est sympa, quoiqu'un peu courte, mais très difficile. Elle fait un peu moins de vingt-deux kilomètres, mais il faut en moyenne plus d'une heure et demie sans interruption pour la parcourir en totalité.

Élyo est surexcité, on sent que ça faisait un moment qu'il avait envie de remonter sur sa bécane.

— Bon les branques, je vais vous montrer ce qu'est un vrai pilote, vous allez bouffer de la terre je vous le dis et quand je serai bien devant vous, mon cul vous saluera.

— Élyo, ton langage, je te jure qu'on dirait ta mère.

— Et ben vé, quand on parle du loup. Devine qui est en train de m'appeler ?

Il décroche l'appel Face Time de sa mère et je ne me sens pas bien.

Putain, ce vide va me tuer.

— Salut mamounette.

Salut mon bébé. Vous êtes arrivés ?

— Oui.

J'en étais sûre, passe-moi vite fait l'abruti qui te sert de père.

— Pa, M'man veut t'engueuler.

— Quoi ? Qu'est-ce que j'ai fait encore ?

Qu'est-ce que tu n'as pas fait plutôt. Tu ne comprends pas quoi dans "appelle quand vous êtes arrivés" ? T'as MON fils dans ton cercueil sur roues putain, j'peux pas te faire confiance.

— Bouton d'or, arrête ton cinéma, c'est bon, on est en vie.

Ferme-là, tu me saoules, repasse-moi mon fils, presto.

Élyo est plié de rire et j'avoue que Ben et moi, on se fout aussi de la gueule de Greg. Même divorcés, on voit qui est aux commandes chez eux. Et, il est indéniable, qu'entendre sa voix vient de recharger mes batteries.

Bon, mon bébé, tu vas tranquille hein, pas de risques inutiles.

— M'man, c'est bon, je suis monté pour m'amuser, déjà que je les sens mal les trois vieux, ils vont rouler à deux à l'heure, je vais me faire chier.

Peu importe, tu fais attention à toi et tu es gentil.

— Je suis plus un gosse.

Non, tu as raison, mais tu es toujours le mien, donc tu fais comme je dis et... tranquille avec Marc, s'il te plaît, ce n'est pas la peine que tu t'y mettes toi aussi. C'est clair ? Finit-elle en chuchotant presque.

Elle vient de parler de moi ?

Elle ne veut pas que son fils m'en veuille ou fasse des réflexions sur notre relation.

J'ai l'impression que mon cœur est plus léger. Greg me met un coup de coude dans l'estomac en me faisant un clin d'œil et en me soufflant "Bouton d'or craque toujours pour toi, c'est bon ça". Élyo me regarde en souriant et Ben me mime qu'il me l'avait dit.

— C'est bon, maman.

Y a pas de "c'est bon, maman", ne me force pas à monter te botter le cul d'accord.

— D'accord.

Bon amuse-toi bien mon bébé, et montre-leur qui c'est le patron.

— Je vais les défoncer.

Ça, c'est mon fils, allez bisou, je t'aime Minus.

— Je t'aime aussi M'man.

Il raccroche tout sourire. Son père se moque de lui.

— Ben alors le bébé de maman ? C'est bon ? Ça va mieux ?

— Tu veux qu'on l'appelle ? On lui demande.

— Non, ça ira.

— Elle a dit que j'avais le droit de vous donner une leçon, donc c'est parti et... Pas de pitié.

Il nous passe devant en s'esclaffant comme un diable.

Cette famille est tarée, mais mon Dieu ce que ça fait du bien. Personne ne me tient rigueur de la situation, au contraire, ils font comme s'il n'y avait aucun problème avec Bruna, comme si tout allait bien.

On se lance et au bout de cinq petites minutes, on se rend compte qu'Élyo est réellement doué et que nous sommes vraiment tous les trois à la ramasse. Il est vrai que ça faisait une bonne année que l'on n'en avait pas fait, mais quand même, on sent que pour lui, c'est facile. Aucun rocher, aucune bosse ne le freine, il est inarrêtable.

À notre arrivée, presque trois heures après, il est déjà là et nous attend près du camion de Ben. Le rictus du Joker aux lèvres, on va avoir le droit à un chambrage en règle.

— Eh ben alors les "Expendables", j'ai failli refaire une boucle, je suis sûr que je serai arrivé avant vous quand même.

— Ne fais pas le malin, t'as dix-huit ans, on a dépassé les quarante nous et c'est bon les références, plus tu grandis plus tu ressembles à ta mère, même quand tu parles, jusqu'aux films, tu regardes les mêmes qu'elle, il faudrait penser à couper le cordon mon fils.

— Qu'est-ce qu'il est chineur, de qui il tient ça ? Demande Ben.

— De Bruna, c'est la reine des mauvaises joueuses, réponds-je.

— Ça, c'est clair, me répond Greg.

— Ma mère est parfaite, vous voulez qu'on l'appelle pour en discuter avec elle.

— Non ça va aller.

— Au fait Marc, à propos de l'amour de ta vie.

Je pense qu'il va me dire mes quatre vérités quand même et il aurait raison. J'ai blessé sa mère donc je mériterais qu'il me hurle dessus, je pense même que je mériterais un coup dans la gueule.

— Sympa le tatouage sur les doigts, elle va kiffer.

J'avais peur de ces deux jours, mais en fin de compte, je ne regrette pas, je me sens bien, à ma place. Il ne me manque plus qu'Elle. Ça commence à faire long. Elle me manque tellement que par moment, la torture semble une solution plus douce que la douleur infligée par son absence. J'ai un vide au creux de la poitrine.

Le soir quand je me couche, j'ai peur. Peur de ne plus jamais la serrer dans mes bras, peur de ne plus jamais l'entendre rire, peur de ne jamais plus la sentir me respirer. Dans ces moments-là, perdus à jamais, je me sentais invincible, baigné dans l'amour le plus absolu, j'étais l'incarnation même de l'homme le plus aimé. Et le matin quand je me lève et que je me rends compte que je suis seul, les remords et la honte m'étouffent.

Je profite des douces températures de cette soirée pour aller m'aérer, je sors me poser sur une des chaises en plastique de la terrasse déserte, en même temps vu l'heure, ce n'est pas étonnant que je sois seul.

J'ai préféré m'isoler, laisser Ben téléphoner à sa "Princesse" en toute intimité. Je regarde le ciel et je me demande si Bruna est dans son jacuzzi à regarder les étoiles, à penser à moi. Moi, je ne pense qu'à elle, comme depuis toujours. Je n'arrive pas à accepter la situation, même si c'est moi qui l'ai provoquée. Je regarde mon téléphone, elle n'a pas répondu à mon message de ce soir, elle ne le fait jamais et ça me tue tous les jours un peu plus.

— Elle t'aime, tu sais.

Greg vient s'installer avec moi en me disant ça.

— Je sais.

— Elle va revenir.

— J'en suis de moins en moins convaincu.

— Je la connais, elle est têtue, c'est tout. Je vais te dire quelque chose de très important. Elle ne m'a jamais regardé comme elle te regarde. Et je me rends compte, qu'au fond de moi, j'ai toujours su que ce n'était pas moi celui qu'elle voyait. Mais on a été tellement heureux pendant vingt ans que c'était largement suffisant. Tu sais quand je l'ai rencontrée, il y avait une telle souffrance dans son regard, c'était perturbant. Des yeux comme les siens, ça ne doit pas être triste, jamais.

— Ils sont la plus belle chose que j'ai jamais vue.

— À qui le dis-tu ?

— Tu l'aimes encore ?

— Bien sûr et je l'aimerai toute ma vie. Comment tu veux ne pas aimer cette femme ? Mais pas comme tu le crois. Elle est ma famille, la seule femme de ma vie, c'est Laurie. Comme l'homme de sa vie, c'est toi et je pense que tu l'as toujours été. Elle ne le savait pas encore ou elle ne voulait pas se l'avouer c'est tout. Léo l'a détruite, mais il n'y avait pas que ça, je n'ai jamais comblé le vide qu'il y avait dans son cœur, toi oui.

— J'ai failli tuer ce connard il y a quelques semaines.

— Je sais, elle me l'a dit et je t'aurais aidé à camoufler ça sans réfléchir. Elle m'a dit aussi qu'elle n'avait pas flanché une seule fois devant lui et ça, c'est grâce à toi. À chaque fois qu'on l'a croisé nous, elle était effondrée. Tu l'as rendue véritablement plus forte que ce qu'elle n'était déjà.

On reste un moment à discuter tous les deux, comme de vieux amis, comme si avoir aimé la même femme nous rapprochait.

— J'ai honte de te dire ça, mais quand tu m'as parlé de la salle de boxe l'autre soir, je n'ai pas osé te dire que je m'en souvenais très bien, parce que je passais mon temps à te regarder de travers, à ruminer et à me lamenter sur mon sort. J'étais déjà tellement imprégné d'elle que j'avais l'impression que tu me l'avais volée.

— Je ne t'ai rien volé, je crois qu'elle était déjà à toi. Vous avez juste raté le coche à ce moment-là. Tu ne vas pas me croire, mais moi aussi, j'ai conscience de qui tu es. Tu es celui avec qui elle mangeait le midi, au lycée.

— Oui. Comment tu le sais ?

— Tu vas me prendre pour un fou. Dès le début, j'ai senti qu'il y avait quelqu'un d'autre dans sa tête. Alors plusieurs fois, je suis allé au lycée, pour l'observer et je vous ai vus, tous les deux avec vos sandwichs, assis sur la pelouse.

— On n'est jamais sortis ensemble, je te le promets.

— Je sais, laisse-moi finir. J'ai vu comment tu la regardais, comment tu évitais qu'elle ne le remarque et elle faisait pareil. J'ai immédiatement compris que tu ne la regardais pas, mais que tu la voyais et très longtemps, j'ai pensé qu'elle te voyait aussi, mais elle m'a parlé de Léo et mes soupçons se sont portés sur lui.

— Je ne comprends rien.

— Et, pendant vingt ans, on s'est persuadés de ça et on a été heureux, même si de temps en temps, elle rentrait morose et devenait distante sans raison. Et puis j'ai fini par assembler les pièces du puzzle et j'ai mis le doigt sur ce qui hantait son esprit et surtout son cœur.

Je n'arrive pas à comprendre où il veut en venir. Pourquoi il m'explique tout ça ?

— C'était toi.

— Comment ça, moi ?

— Elle et moi, ça n'allait plus très fort. Laurie avait déjà envahi ma tête et mon cœur, mais comme j'étais têtu, il n'y avait que moi pour ne pas me l'avouer. Et puis j'ai fini par admettre que l'amour que l'on se portait n'était pas celui qu'on croyait. Je m'en souviens comme si c'était hier, on déjeunait tous les deux à La Boulange et... Et tu es arrivé.

Mon rythme cardiaque est en train de s'emballer, je crains de comprendre ce qu'il va me dire et je ne sais pas si cela va me rendre plus heureux ou encore plus malheureux que je ne le suis déjà.

— Tu t'es installé, sans nous voir et quand elle a levé les yeux sur toi, c'était évident.

Il ne dit plus rien, je vais le tuer, je crois.

— Qu'est-ce qui était évident ? Arrête de me torturer.

— Que je ne m'étais pas trompé. Léo avait toujours été une excuse, quand elle rentrait chamboulée, c'est parce que c'est toi qu'elle avait vu, c'est toi qu'elle voyait. Alors, crois-moi quand je te dis qu'elle t'aime, je la connais, peut-être mieux qu'elle ne se connait elle-même. Elle te voit, même lorsque tu n'es pas là, même si elle ne te regarde pas et elle a de la chance de t'avoir mec. Mais s'il te plaît ne la faiss plus pleurer, je serai obligé de te frapper et lorsque je te regarde, je sais que je ne ferais pas le poids alors évite-moi cette honte s'il te plaît.

— Si je la refais pleurer, je te laisserai me frapper.

Et Si, la nuit laissait place au jour ?

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JE TE CONSEILLE D'ALLER LIRE LE CHAPITRE XI DU TOME 1.5 PUIS DE REVENIR POUR PLUS DE COMPRÉHENSION ET D'INTENSITÉ

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Les bonnes relations entre exs, je vous jure que ça existe plus que ce que l'on pense.

On dit merci à Greg pour sa bienveillance.

On dit merci à Élyo pour être le fier défenseur de sa mère.

On adore encore plus Ben de pousser son pote au cul.

Et on pense à ce qu'a rater Marc en ne se rendant pas compte que Bruna était aussi amoureuse de lui.

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