Chapitre XIX 🌶


Allez, on profite de ces moments où tout va bien, comme lorsque l'on est adulte on sait que ça ne dure pas, on profite d'aimer Marc encore un peu avant de le détester.

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Marc

« Qu'est-ce que j'irais faire au paradis quand tu t'endors près de moi ? Qu'ils le donnent à d'autres le paradis, je n'en voudrais pas ».

Orelsan


Je sors mon téléphone de ma poche, constate que Ben a bien essayé de me joindre trois fois et je le rappelle sans tarder. Même pas le temps pour deux sonneries qu'il décroche.

— Ouais mec, t'es dans une merde internationale, Kaya s'est barrée, elle est à deux doigts de se taper le premier venu. Qu'est-ce que tu as foutu ?

— Mais j'en sais rien moi. Hier soir, on était posés tranquille et puis d'un coup, elle s'est cassée et ce matin, elle me sort que je suis le pire des enfoirés, que je lui mens depuis le début, qu'elle ne veut plus rien avoir à faire avec moi, que j'ai fait la pire chose que l'on puisse faire. Par contre, je te jure que si elle se fait un mec, je ne réponds plus de moi, je viens et je fous le feu à Montpellier.

— Calme-toi. Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Je croyais que les relations, ce n'était pas ton délire. T'es amoureux ou quoi ?

Silence complet, ça veut tout dire.

— Bienvenue dans mon monde mec. Mais blague à part, il a dû se passer un truc, ce n'est pas possible autrement. Réfléchit.

— Non rien, attends. Je venais de la détacher...

— Putain, sérieux, épargne-moi les détails.

— Ouais désolé, je pensais tout haut. Je suis parti tout ranger, mon téléphone a sonné, vu l'heure, je me suis dit que c'était toi, donc je lui ai demandé de répondre, je l'ai entendu parler à quelqu'un, quand je suis revenu, elle m'a dit que c'était une erreur, je lui ai préparé son thé et quand je lui ai emmené, elle m'a dit qu'elle avait oublié qu'elle avait un truc à faire et qu'elle devait y aller.

— T'es vraiment abruti, c'est pas vrai, cherche dans ton journal d'appel et regarde qui t'a appelé à cette heure-là

— Oh putain, je n'y avais même pas pensé.

Je l'entends farfouiller dans son téléphone et au bout de quelques secondes.

— La salope.

— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

— C'est Selma qui a téléphoné.

— Elle veut quoi ?

— Elle fait ça deux trois fois par an, elle appelle et elle me chauffe. Depuis qu'elle sait qu'on gagne super bien notre vie son côté michtonneuse refait surface.

— Ce matin, ta Jolie Blonde m'a demandé qui étaient Selma et Lina.

— Et tu lui as répondu quoi ?

— La vérité, que l'une était ton ex et l'autre sa fille.

— Je suis sûr que cette salope lui a raconté des conneries.

— Je n'en sais rien, mais selon Bruna, si Kaya réagit aussi violemment, c'est parce qu'elle serait amoureuse de toi. Alors si tu ne ressens pas la même chose pour elle, assure et laisse la tranquille.

— Ouais, on verra. Vous êtes où là ?

— On va au stade, le match est à 19 h, Kaya nous rejoint, on ne sait pas exactement où elle est, je pense qu'on sera de retour à l'hôtel aux alentours des 22-23 h, je t'appellerai pour te tenir au courant. J'essaie de savoir ce qu'il s'est passé, j'arrange ce que je peux. Mais s'il te plaît, pense à ce que je t'ai dit.

— Ouais, ça marche.

Je ne sais pas pourquoi, mais je suis persuadé qu'il n'en a rien à foutre de mes mises en garde, il m'a l'air plus que motivé pour la récupérer et le connaissant, il ne va pas faire les choses à moitié. Kaya n'a qu'à bien se tenir, la tempête Ben est sur le point de la reconquérir.

Une fois tout le monde sorti, on prend la direction du stade. On trouve facilement une place où se garer. Kaya est déjà là, elle est moins enjouée que d'habitude, mais à la vue d'Élyo, son visage s'illumine. Il a dû sentir que quelque chose n'allait pas, car il la prend dans ses bras en la faisant virevolter dans les airs pour la réconforter.

— Ma marraine préférée, tu m'as manqué.

— Je suis ta seule marraine Minus, tu m'as manqué aussi mon amour.

Puis, il s'éloigne avec son père et sa belle-mère.

— Ça va biche ?

— On va dire ça.

— Et ta petite douceur ?

— Je n'ai pas pu. Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

— Tu le sais au fond de toi ce qu'il t'arrive, tu l'aimes ma biche. Je sais, c'est douloureux.

— Je ne voulais pas de tout ça. J'étais tellement bien avant lui.

— Oui, mais maintenant, il est là.

— Marc, ton pote est un connard.

— On en reparlera ma belle.

On enfile nos maillots et on pénètre à l'intérieur. Ça n'a rien à voir avec les matchs masculins. L'enceinte du stade est beaucoup plus petite et il n'y a qu'une simple buvette pour se restaurer, il n'y a aussi qu'une seule tribune de laquelle on aperçoit des stades derrière celui du match. Ce soir, elles reçoivent Guingamp. Il n'y a pas foule, mais l'ambiance est plus tranquille, plus familiale. Il y a quand même un petit groupe de supporters et nous, avec nos six maillots assortis, on est dans le bain.

On se prend plusieurs sandwichs et boissons et on monte dans les tribunes. On se met tout en haut et on mange en attendant le début du match. J'envoie discrètement un texto à Ben " Elle ne s'est tapée personne et elle est belle et bien amoureuse de toi, ne fais pas le con", il ne me répond même pas.

Au coup d'envoi Greg et Bruna se lèvent pour se diriger quelques rangs plus bas, le long de la rambarde, Laurie refuse de les suivre et me fait signe discrètement de faire comme elle.

— Il vaut mieux rester loin d'eux, très loin. Tu vas voir, ils ne sont pas sortables.

— C'est bon à savoir.

Kaya est assise deux sièges plus loin, je la rejoins. Elle est vraiment morose. Depuis que je la connais, je ne l'avais jamais vu autrement que joyeuse et exubérante tout le contraire de ce qu'elle est aujourd'hui. Je veux savoir à quel point Ben a merdé, ce que cette garce de Selma lui a raconté et s'il est possible que tout s'arrange pour eux.

— Hé ma belle, ça va ?

— Ça peut aller.

— Est-ce-que je vais devoir casser la gueule de mon meilleur pote ou tout ça, c'est gérable ?

— Ce n'est pas gérable, mais pas la peine que tu en arrives là, ce n'est pas à toi de me défendre.

— Tu sais je le connais bien, il est timbré, mais pas méchant et je suis intimement persuadé qu'il tient à toi. Ça doit pouvoir s'arranger.

— Ce n'est pas possible, je ne peux pas cautionner ce qu'il a fait, même si cela s'est passé il y a vingt ans.

— Mais de quoi tu parles ?

— Bruna a certainement dû te dire que je ne pouvais pas avoir d'enfants.

— Oui, mais je ne vois pas le rapport.

— Le rapport, c'est qu'avec ce qu'il m'est arrivé, je ne peux pas accepter le fait qu'il ait abandonné le sien.

— Mais qu'est-ce-que tu racontes ? Ben n'a pas et n'a jamais eu d'enfants.

— Ne le défends pas, j'ai eu son ex, Selma, au téléphone hier soir et elle m'a dit que Ben les avait abandonnées elle et leur fille à la naissance de celle-ci, que là, elle allait se marier alors que ce serait cool qu'il participe financièrement pour une fois.

— Écoute, Lina n'est pas sa fille, c'est une certitude.

— J'en ai des tonnes à l'association, des femmes seules avec enfant dont les pères jurent qu'ils ne le sont pas pour éviter d'avoir à les assumer, alors tu sais les certitudes.

— Il t'a raconté quoi sur sa vie ?

— Qu'il est orphelin, que sa mère était une toxico qui ne savait même pas qui était son père, que lorsqu'elle est morte personne n'avait voulu de lui.

— Il t'a dit que ça ?

— D'important oui. Tu sais, on a du mal à communiquer avec des mots simples lui et moi.

— Je vais te dire quelque chose, mais tu dois faire comme si je ne l'avais pas fait, à toi de lui poser les bonnes questions pour qu'il te le dise à son tour.

— Ok, mais si tu commences comme ça je vais flipper.

— Ne prends pas peur. Je te jure que c'est un mec bien.

— Je n'en doute pas, mais lui et moi, on a plus les mêmes objectifs de vie.

— Écoute bien ce que je vais te dire, tu le comprendras peut-être un peu mieux.

Je ne sais pas si c'est très loyal vis-à-vis de Ben que je raconte à Kaya un pan de sa vie qu'il a pris soin de lui cacher, mais je suis certain que c'est la meilleure chose à faire pour eux et si ça porte ses fruits, je mets ma main à couper qu'il ne m'en voudra pas. Ils sont faits l'un pour l'autre, il n'y a qu'eux pour ne pas s'en rendre compte. Et si je peux contribuer, à mon échelle, à leur bonheur, ça me va.

— Il a rencontré Selma vers les dix-neuf ans, il était fou amoureux d'elle et enchaînait deux boulots pour lui payer tout ce qu'elle voulait. Elle est tombée enceinte et il était aux anges, il pensait qu'il avait enfin la chance d'avoir une famille, puis la petite est née et tout le monde s'est rendu compte que le père était le meilleur ami de Selma et l'un des deux patrons de Ben. Avant que tu ne me poses la question, sache que c'était physiquement évident. Ben et Selma sont blancs, Lina est métisse. Donc, je te confirme qu'elle n'est pas la fille de Ben.

— T'es sérieux ?

— Je te jure que c'est la vérité. J'ai déjà vu Selma et Lina et il n'y a aucun doute au fait que Ben n'est pas le père de cette enfant.

— Je suis une connasse en fait, j'ai cru une garce sortie de nulle part. Mais pourquoi elle m'a dit ça ? C'était quoi son but ?

— Le récupérer.

— Putain, si tu savais comme je m'en veux.

— Tu ne pouvais pas savoir. Mais, s'il te plait, fais un effort, quand on rentre tu l'appelles, dit lui que tu as eu Selma au téléphone et ce qu'elle t'a dit, tu verras qu'il te racontera tout. Il a beaucoup de défauts, mais ce n'est pas un menteur.

— Kaya c'est bon, Ani rentre sur le terrain, chope Élyo et viens.

Greg vient de nous sortir de notre bulle.

— J'arrive. Merci Marc, dès qu'on rentre je l'appelle. Mais entre lui et moi, c'est mort, il ne peut pas me donner ce que je veux et ça, ça n'a rien à voir avec Selma ou autre.

Elle m'embrasse sur la joue et attrape son filleul qui était en train de faire les yeux doux à une jeune fille brune de son âge, habillée d'un survêtement du club et accompagnée d'une autre fille vêtue de la même tenue. Je ne suis pas certain de ce que je vois, mais ce petit monde se connait.

Bruna qui a assisté à la scène me sourit et me mime Merci du bout des lèvres. Elle lève son regard vers les deux filles avec qui sont fils parlait, les salue de la main en leur demandant si elles vont bien. J'avais raison. Laurie vient s'installer à côté de moi, on observe le quatuor accroché à la rambarde.

— Tu n'es pas prêt au spectacle qui se prépare. Au premier ballon qu'elle va toucher, ils seront intenables.

— C'est à ce point-là ?

— Pire, tu n'as pas idée.

Et elle ne se trompe pas, peu de temps après Élyo revient avec nous.

— En deux minutes, ils m'ont fatigué.

— Tu m'étonnes. Mais sinon... La jolie brune au-dessus, c'est ta copine ?

— Meryam ? Non, avec Catalina, ce sont les deux meilleures copines de ma sœur. Et comme on passe tous nos temps libres ensembles, c'est par extension, devenues les miennes.

— Si tu le dis.

— Je ne comprends pas.

— Tu veux un avis franc ?

— Oui.

— Tu la regardes, comme j'ai toujours regardé ta mère. N'hésite pas et ne résiste pas, tu pourrais perdre beaucoup plus que du temps.

Il me scrute, essayant de décoder mes paroles. Je vois le moment où son cerveau assemblent les pièces et quand ses yeux, génétiquement identiques à ceux de la femme de ma vie se mettent à briller, je sais qu'il a compris.

— En fait, t'es amoureux de maman depuis longtemps.

Mon regard s'aimante de nouveau à elle.

— Depuis toujours.

Il se détourne vers l'amie de sa sœur et la réalité me frappe. Malgré ma confession, il va lui aussi perdre trop de temps.

Je me reconcentre sur le trio de supporters et les observe tous les trois complètement surexcités. Kaya sur la droite encourage sa filleule et toute l'équipe à en perdre la voix, à coup de "Allez les oranges", "C'est bien Ani". Bruna au milieu est en mode stressée tour à tour sur la pointe des pieds, puis à plat puis de nouveau la pointe des pieds, elle gigote et scande des "Aïe, aïe, aïe", "C'est bien ma fille" "Allez Montpellier". Et Greg en mode Didier Deschamps "Plus d'impact Ani" "Remonte plus vite", "Va au duel". Et puis, à un moment donné, ils se taisent tous les trois, retiennent leur souffle et se donnent la main pour former une chaîne humaine. Je me concentre sur le terrain, Anila a fait une percée et remonte seule au but, elle est en un contre un avec la gardienne, petite feinte de corps, crochet et but. Bruna exulte et se jette dans les bras de Greg, suivit de Kaya, ils sautent sur place dans les bras des uns et des autres. Ils sont au summum du bonheur et quoi de plus normal, leur fille vient de réaliser une prestation plus qu'exceptionnelle au vu de son jeune âge.

— Putain, j'ai trop honte, t'imagines toi avoir deux parents tarés, moi, j'en ai trois, j'en peux plus.

— Ce n'est rien Élyo, dis-toi que tu es trois fois plus gâté. Et c'est normal ta sœur vient de mettre son premier but en pro, c'est génial.

— Je sais Lau, mais avoue qu'ils sont timbrés.

— Oui, mais c'est pour ça qu'on les aime.

Kaya remonte avec nous après une dizaine de minutes, elle semble épuisée, mais moins triste.

— Encore merci pour tout à l'heure.

— Mais de rien ma belle. Tu le sais, on est une équipe toi et moi.

Je reporte mon attention sur Bruna. Elle est collée à Greg, la tête posée sur son épaule, lui a le bras autour d'elle, ils regardent leur fille dans un silence religieux.

On pourrait croire que cette situation me dérange, mais non. Rien ne me choque dans cette image, la seule chose qui me vient en tête, c'est que j'ai devant moi deux personnes qui ont encore beaucoup d'affection l'une envers l'autre. Mais le fait qu'ils ne s'en cachent pas, confirme l'innocence de ces sentiments et aucune impression de jalousie ne m'étreint.

Kaya pose sa main sur mon bras.

— Tu n'as aucun souci à te faire, ils ne s'aiment plus comme tu le penses. On est inséparables tous les trois, on n'efface pas vingt-trois ans de réflexes comme ça. Demande à Laurie.

— Quoi ? Me demander quoi ?

Kaya montre Greg et Bruna du menton.

— Ah ça ! Aucun souci, il n'y a rien de sexuel ou d'amoureux entre eux. Mais, en revanche énormément d'affection. Si tu n'es pas prêt à accepter ça, ils ne te laisseront que le choix de t'en aller. Ils sont une famille, on est tous une famille.

— Les filles no stress, j'étais en train de me dire que c'était magnifique que vous soyez tous unis comme ça.

Bruna se retourne au même moment, elle me regarde, les yeux pétillants de bonheur, toujours dans les bras du père de ses enfants, elle me sourit et articule silencieusement " Je te vois", "Moi aussi, je te vois mon amour".

Toute ma vie, je n'ai vu que toi.

Et Si, moi aussi, je faisais partie de cette famille ?

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JE TE CONSEILLE D'ALLER LIRE LE CHAPITRE IX DU TOME 1.5 PUIS DE REVENIR POUR PLUS DE COMPRÉHENSION ET D'INTENSITÉ

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Allez, on espère que Beninounet va faire quelque chose pour sa Princesse, on espère que Marc va continuer d'aimer aussi fort Bruna.

Et surtout, surtout que Bad B ait réellement disparu.

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