Chapitre I

Marc

"Ça prend une minute pour remarquer quelqu'un, une heure pour l'apprécier, une journée pour l'aimer, mais une vie pour l'oublier."

Anonyme

Septembre 1998 - 18 ans

— Yo Marco, au top dans la même classe mec

Je lève les yeux, David me tend la main pour me dire bonjour, c'est cool, je craignais d'être seul étant donné que l'on se retrouve tous éparpillés en première et non, je me retrouve avec mon pote de galère, c'est génial.

— Oh Dave, ils sont fous de nous avoir mis ensemble, deux redoublants dans la même classe, ça va être un carnage.

— Alors, quoi de neuf ces vacances ? Bien ou bien ?

— Ben écoute tranquille, j'ai taffé au resto de mon père, tu sais comment il est, pas moyen de passer l'été à glander, du coup, je suis resté là. Et toi ?

— Merde, fais chier, pas relou ton daron. Ben, comme d'hab, juillet ici avec ma mère et mes frères et août en Italie avec mon père et sa nouvelle pute, mais bon, je me suis tapé une tonne de meufs donc, tu te doutes bien que j'ai a-do-ré, rigole-t-il.

— Tant mieux mec, tant mieux.

— Et sinon Monsieur le curé. Comment ça va avec Émilie ? T'es toujours avec elle ?

— T'es con. Pourquoi tu voudrais que je ne sois plus avec ?

— Je ne sais pas. Peut-être parce que t'as dix-huit piges et que ça fait déjà trois ans que tu te tapes la même gonzesse. La jeunesse c'est fait pour profiter mec, surtout avec ta gueule. Y a une queue de dix kilomètres, juste pour que tu leur balances un regard.

— Désolé mec, les groupies, c'est pas mon délire, je n'ai d'yeux que pour elle, lui dis-je en me marrant.

S'il savait que je ne suis avec elle que pour faire plaisir à mon père, on en rigolerait peut-être beaucoup moins. Mais il est hors de question que j'avoue ça à qui que ce soit, je refuse que l'on me juge, j'ai déjà assez honte de me laisser faire.

— T'es trop sérieux, profite un peu, vis.

Je secoue la tête en souriant, vivre une vie d'adolescent m'est interdit. Il ne sait pas la moitié de ce que j'endure.

Je suis né dans une famille mixte, ma mère est une vraie "mama" italienne, le teint hâlé, les cheveux noirs et tout l'amour qui va avec. Mon père est un Japonais autoritaire et dur, avec lui tout doit filer droit.

Ma mère est sous sa coupe, chaque jour, elle paie le fait qu'il se soit senti obligé de l'épouser, car elle était enceinte de moi. Parce que vous comprenez, un Japonais a des principes et des valeurs. Eh bien, il ne fallait pas se taper une gaijin et la mettre en cloque. Ma petite sœur, de tout juste dix mois, est sa princesse. Elle est belle puisqu'elle lui ressemble, elle est intelligente, comme elle a deux ans d'avance, qu'elle a déjà eu son bac, qu'elle est déjà en fac de droit, carrière qu'il a choisie pour elle.

Quant à moi, je suis son punching-ball émotionnel du seul fait que mon métissage est plus tiré du côté maternel que du sien, seuls mes yeux, légèrement bridés, me confèrent de lointaines origines asiatiques. Pour rajouter de l'huile sur le feu, cela fait quelques années que ma vie n'est plus régie par ces désidératas.

Il décide de tout et gouverne nos vies. S'il le pouvait, il dirigerait nos cerveaux et nos cœurs. Il n'assume aucune décision, nous a donné des prénoms très français et en même temps, il nous le reproche sans arrêt, comme si c'était nous qui avions rejeté nos racines. Il est complètement fou, tout doit être sérieux, alors m'amuser, je ne connais pas trop, par contre mon lit au carré, ça, je sais faire.

Je suis obligé, comme tout le reste de ma famille, de suivre les directives de ce petit dictateur. Même mes histoires d'amour sont contrôlées. Ça fait trois ans que je suis en couple avec la fille de son plus gros fournisseur, j'en ai marre et je fais bonne figure au lycée toute la journée, personne ne s'imagine l'enfer que je vis au quotidien.

— Si tu le dis mec. Toi aussi un jour, tu trouveras une fille qui te retournera la tête et à ce moment-là, c'est moi qui rigolerai.

Pour le moment, je rigole seulement de ma propre hypocrisie.

— Arrête, ne parle pas de malheur, se marre-t-il.

Les élèves rentrent les uns après les autres. La classe a l'air cool et il y a des meufs canons en plus. Au moment où je me dis ça, une petite brune, les cheveux très courts, vêtements extras larges, comme si elle essayait de disparaitre dedans, passe la porte tête baissée avec des écouteurs aux oreilles et un baladeur à la main. Je ne vois pas son visage, mais je ne sais pas, quelque chose me retient de détourner le regard. J'attends qu'elle redresse la tête et j'ai l'impression que cela dure une éternité. Arrivée presque à ma hauteur, elle lève son visage, certainement pour repérer une table vers le fond, ses yeux tombent sur les miens, je suis foudroyé par leur couleur, ils me fixent et sondent mon âme, imperturbables. Quelle est cette nuance ?

Noisette ?

Jaune ?

Non, dorée. Putain, ils sont dorés, je n'avais jamais vu ça.

Elle me passe devant et s'installe deux rangs derrière.

On ne s'avise que quelques secondes, mais ces quelques secondes viennent de définir mon futur.

Que vient-il de se passer ?

C'est qui cette meuf bordel ?

David m'analyse comme si j'étais taré.

— Mec, t'es sérieux ? C'est Bruna que tu mates comme ça ?

— Bruna ? Je ne sais même pas de qui tu parles.

— Arrête. Je t'ai vu. T'as bloqué sur elle comme si tu allais la bouffer.

— Mais ne dis pas n'importe quoi, je te dis que je ne sais même pas de qui tu parles.

— De la petite aux cheveux courts, ne fais pas l'abruti.

— Tu la connais, toi ?

— Ah, tu vois que j'ai raison.

— Pff, tu me saoules.

— Ça va, te vexe pas. C'est Bruna, elle était en seconde avec Jeff l'année dernière, c'était une redoublante, elle est cool, mais vachement garçon manqué, d'ailleurs quand elle parle, on dirait un mec, elle t'intéresse ? Sourit-il.

— Ne dis pas de conneries. Elle a un mec ? Je lui demande quand même.

— Non, enfin pas que je sache, je ne suis même pas sûr qu'elle kiffe les bites et puis franchement, avec tous les canons qu'il y a dans ce bahut. C'est vraiment d'elle dont on est en train de parler ?

Qu'est-ce qu'il est con quand il parle comme ça, je déteste les gens qui s'arrêtent à l'apparence ou à l'image qu'ils se font d'une personne. Moi, je la trouve incroyable, je ne décèle même pas les mots exacts pour exprimer ce que je ressens, j'ai la tête qui résonne, mon cerveau fume. Il faut que je me ressaisisse.

Je me mets une claque mentale et retourne à mon premier jour de cours.

L'année va être longue.

Septembre 1999 - 19 ans

J'arrive au lycée plus motivé que jamais. 

Enfin, il était temps. J'ai passé un an à désirer une fille sans jamais rien tenter. J'ai passé un an avec une autre parce que je n'avais pas le courage de dire à la première que j'étais tombé fou amoureux d'elle juste en regardant ses yeux. J'ai passé un an à faire souffrir mon ancienne petite amie par lâcheté, par peur de la quitter.

J'ai décidé de prendre ma vie en main. J'ai quitté Émilie début juillet, cela ne pouvait plus continuer. Je suis dingue de Bruna. J'ai passé toute l'année dernière à me morfondre, à la tenir responsable de tous mes maux, elle n'a rien dû comprendre la pauvre. Un coup, j'étais gentil et on tapait de bons délires. Un coup, je ne la calculais pas et j'en étais presque désagréable, elle a dû me prendre pour un fou.

Je viens de vivre le pire été de ma vie, mon père m'a fait payer ma rupture pendant deux mois. En même temps son fournisseur a arrêté de lui faire la ristourne "spéciale famille". J'en ai plus que ras-le-bol, j'ai failli me barrer. Mais je suis faible. J'ai le bac en juin. L'année prochaine, je tenterai de me trouver un job étudiant et une chambre en cité U. Il faut absolument que je sorte du joug paternel.

Je suis devant l'entrée, je l'attends avec impatience et appréhension. Je me suis juré de ne pas trainer cette fois-ci. Elle arrive, je l'attrape, je lui avoue entre quatre yeux que je veux sortir avec elle et je l'embrasse. Si je ne lui laisse pas le choix ça peut marcher.

Allez, je peux le faire.

Au même moment un scooter avec deux personnes dessus se gare devant moi et me sort de mes pensées. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un mauvais pressentiment.

La passagère descend, retire son casque, putain, c'est elle. Ses cheveux sont magnifiques, on commence à distinguer quelques mèches plus claires, en parfaite harmonie avec ses yeux. Elle est toujours aussi belle, mais en même temps, on dirait qu'elle est différente, plus joyeuse, plus féminine..

Le conducteur du scooter récupère son casque et le pose à ses pieds.

Il fait glisser le sien vers le haut afin de dégager son visage.

Il la regarde en souriant.

Il lui dit quelque chose.

Elle rit.

Elle se penche vers lui.

Ils s'embrassent.

Mon cœur vient de se briser.

Fin du Game.

Février 2003 - 23 ans

Je ne supporte plus le monde dans les couloirs de cette fac, je savais que ce n'était pas fait pour moi le droit, je te jure tout ça pour faire plaisir à mon père, je suis en train de perdre mon temps.

— Marc !

J'entends mon prénom et je me retourne sur ma petite amie Alice. Deux ans et quelques que l'on est ensemble et tout va pour le mieux. C'est une belle blonde, presque aussi grande que moi, une paire de seins à faire damner un curé et mon père n'approuve en rien cette relation, elle a donc tout pour me rendre heureux et pourtant je ne le suis pas vraiment, quelque chose me manque, c'est viscéral.

— Juste vite fait mon cœur, on se retrouve à la cafète à midi ? me questionne-t-elle.

— Pas de soucis, lui réponds-je en l'embrassant.

— À tout à l'heure alors.

— À toute.

Je la quitte en haut des marches de l'entrée du bâtiment B, arrivé en bas, je sens que l'on m'attrape par le bras. Je me retourne, je n'aurai pas dû.

— Marco, j'y crois pas. Comment ça va ? Ça fait tellement longtemps que je ne t'ai pas vu. J'ai rêvé ou c'est Alice que tu viens d'embrasser ? Je le savais, en terminale déjà, j'étais sûre qu'il y avait un truc entre vous. Comment tu vas ?

Non pas maintenant, j'allais bien merde, enfin, je le croyais.

ELLE est là, devant moi, ses cheveux lui arrivent à la moitié du dos, elle est un peu plus maquillée qu'avant, plus femme. Elle est rayonnante de bonheur, ses yeux scintillent comme jamais et ils sont toujours la plus belle chose qu'il m'ait été donné de voir, en somme, elle est toujours aussi magnifique et je comprends immédiatement qu'elle est ce qu'il manque à ma vie pour que je sois comblé.

— Bruna, incroyable. Qu'est-ce que tu fais là ? Je ne savais pas que tu étais en droit.

On ne peut pas faire plus froid. Je suis même à la limite du connard dédaigneux et elle s'en rend bien compte, car elle retire sa main de mon bras et recule pour prendre de la distance. Je me déteste d'être comme ça. Pourquoi ne suis-je pas capable de me contrôler en sa présence ?

— Cache ta joie, ça fait plaisir. On est en stage de "cohésion d'entreprise", me répond-elle en mimant des guillemets. On est là depuis lundi, aujourd'hui c'est le dernier jour.

Je la regarde, sans rien dire en la fixant comme un demeuré, je sens qu'elle est mal à l'aise.

— Bruna, putain, tu te fous de ma gueule, je viens de me taper la honte. Tu foutais quoi ? Je parle toute seule en marchant depuis cinq minutes. T'es sérieuse ou bien ? débarque une blonde taille mannequin, la copie conforme d'Alice.

— Désolée Kaï, j'ai croisé un ancien pote de lycée, j'arrive. Ciao Marc, ça m'a quand même fait plaisir de te voir, surtout, ne change rien.

Et elle s'en va sans attendre que je lui réponde. Je suis décidément très con et sans aucun doute extrêmement lâche. Je regarde ma montre, il est 10 h 00, j'ai deux heures pour trouver une bonne raison de quitter Alice. J'ai beaucoup de défauts, mais je ne suis pas un menteur, je ne peux pas rester avec une fille, alors que toute évidence je suis amoureux d'une autre.

Avril 2005 - 25 ans

Encore deux voitures et c'est mon tour, putain que c'est long, tout ça pour de l'essence. Quand c'est à moi, je m'avance jusqu'à la première pompe afin que la voiture de derrière puisse se servir aussi. Je sors de ma voiture et lorsque j'ouvre le réservoir, je me rends compte que la conductrice de derrière est déjà sortie et me tourne le dos. Ses cheveux sont splendides, d'un brun naturel et brillant, je m'imagine un quart de seconde passer ma main dedans. Son slim lui fait un cul magnifique et je suis persuadé que cette femme est tout simplement sublime. Je la regarde avec espoir qu'elle se retourne, je n'ai personne en ce moment, donc s'il y a moyen. Elle pivote pour me faire face.

FAIT CHIER.

Ce n'est pas possible, je suis maudit. Qu'est-ce que j'ai fait pour qu'elle soit toujours sur mon chemin ? Être en permanence dans ma tête n'est-il pas suffisant ?

— Marco ? C'est dingue, on se croise toujours dans des endroits improbables.

— Tu as raison, attends, je paie et je reviens. Tu as deux minutes ?

— Oui vas-y, je paie aussi. On se met sur le côté ?

Et c'est ce que l'on fait.

Je ne devrais pas, je le sais, mais c'est plus fort que moi, j'ai besoin de gagner quelques minutes de sa présence. Elle est encore plus belle qu'avant si tant est que cela soit possible.

— T'es magnifique, j'sais pas ce que tu as fait, mais t'es différente, je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.

— Je ne sais pas. La maternité peut-être ?

— Tu es maman ? 

Mon cœur se morcelle douloureusement tandis que je lui pose la question.

— Oui depuis cinq mois, des jumeaux, regarde, ils sont à l'arrière.

Je jette un œil, plus pour la forme, un garçon et une fille, il me semble, je suis dégouté, mais je fais mon maximum pour ne pas le lui montrer.

— C'est génial, tu dois être tellement heureuse et le papa, c'est ... ?

— C'est Greg. Tu te souviens de lui ? On était déjà ensemble à la fin du lycée.

Je fais un calcul rapide, putain six ans, ça aurait pu être moi bordel.

— On s'est marié l'année dernière en catastrophe avant que mon ventre ne soit trop gros, je flippais trop de ne pas avoir le même nom que les petits.

— Purée, Greg, ça fait un bail maintenant que vous êtes ensemble, c'est rare à nos âges.

— Je sais. Mais que veux-tu ? Je ne suis pas une fille qui aime le changement et quand tu trouves la personne qui te rend heureuse et qui te regarde comme si tu étais tout pour elle. Pourquoi chercher ailleurs ?

— Tu as raison, dis-je au bout de ma vie. Ça m'a fait plaisir de te voir, mais j'ai rendez-vous avec Julie et je commence à être en retard.

— C'est top. Julie et toi, vous êtes toujours aussi potes ? Tu sais, je crois qu'elle a toujours été un peu amoureuse de toi.

— C'est fou. Tu continues de dire tout haut ce que tu penses, lui réponds-je presque méchamment. Bon, j'y vais ciao.

Et je la plante encore une fois comme une merde, une chose est sûre, je suis le roi des cons.

Septembre 2016 - 36 ans

C'est la rentrée en CP de mon bébé, l'être humain qui a changé ma vie. Avec sa mère Julie, accessoirement ma meilleure amie depuis nos huit ans et ma petite amie depuis onze ans, on se retient de pleurer devant notre fille. Elle nous fait un bisou et file en direction de sa classe.

— Bon ça s'est fait, me dit ma compagne. Bosse bien, ce soir, on mange dehors ou on commande s'il te plait, je sais d'avance que je vais avoir la flemme.

— Ça marche chérie. À ce soir.

La matinée se déroule tranquillement, quelques petits entretiens de jardins sans difficulté. En réalité, j'adore mon job et mon collègue Ben. Le seul point négatif, c'est le patron, c'est pour ça que l'on réfléchit de plus en plus à s'associer pour se mettre à notre compte.

Comme on a le temps, on décide de déjeuner à La Boulange. On commande et on s'installe sur la seule table disponible, la pire, celle qui est dans le passage de l'entrée.

— Tiens, regarde l'appart au deuxième est à louer, fais-je remarquer à Ben, en lui désignant l'immeuble en face de la boulangerie.

— Franchement, vivre ici ça ne me tente pas, me répond-il, je préfère être plus éloigné du centre.

— Moi, j'aime bien et puis ce quartier, c'est un peu notre QG, tu gagnerais un temps fou.

— Oui, mais non.

Au moment où il me dit ça, je vois traverser la seule personne que je redoute de voir. Mon talon d'Achille, ma faille, ma faiblesse.

Bruna.

Je ne sais pas ce que j'ai pu faire dans une autre vie, mais à chaque fois que j'ai la sensation que tout roule, elle se retrouve sur mon chemin et ma vie part en lambeaux.

Elle se dirige vers nous, certainement pour se prendre à manger, elle passe sans me voir, deux écouteurs enfoncés dans les oreilles, je suis catapulté dix-huit ans en arrière.

Je suis bouleversé par la réalité et la certitude de mes sentiments. Comment c'est possible dix-huit ans plus tard ? Pourquoi est-ce que je l'aime toujours ? Même quand je pense que je suis passé à autre chose, que son souvenir me paraît lointain, je la vois un quart de seconde et je sais qu'elle est l'unique amour de ma vie.

Quand elle sort, je la stoppe en l'attrapant par le bras, un frisson me parcourt, elle se retourne surprise puis quand elle me reconnaît, elle me lance son plus beau sourire.

— Marco, me dit-elle. Comment va ?

— Bien. Et toi ?

— Super. Ça fait plaisir de te voir.

On se raconte nos petites vies pendant cinq minutes. Je lui dis que je suis papa et en couple depuis onze ans avec Julie, elle sourit en me rappelant qu'elle m'avait dit que ma meilleure amie était amoureuse de moi. Elle enchaîne en m'apprenant que ses enfants viennent de faire leur rentrée en cinquième et qu'elle et Greg sont toujours mariés, qu'ils vivent en périphérie de la ville dans une petite maison de campagne. Puis, elle s'en va en me disant à bientôt.

Je la regarde faire le chemin inverse en embarquant avec elle les derniers morceaux de mon cœur.

— T'es sérieux mec ?

— Quoi ?

— Ben, je ne sais pas, tu vois une fille et plus rien n'existe autour de toi, même pas, tu m'as présenté. C'est qui cette meuf ?

— L'unique amour de ma vie.

Et je lui raconte tout. En retournant au boulot, je récupère le numéro de l'appartement à louer.

De nos jours - 42 ans

Je me prends une baffe monumentale dans la gueule en repensant à tous ses souvenirs, ça fait presque vingt-cinq ans que je souffre par faute de courage. Même quand je me crois guéri, que je suis certain d'aller mieux, mon cœur rappelle à ma tête que la femme de ma vie est heureuse avec un autre que moi et que si j'avais osé, cet autre, ce serait moi.

— Oh gamin, ça va ? T'étais parti où ?

— Je ne sais pas, c'est tous ces souvenirs, ça me plombe le moral.

— Tu sais ce qu'on dit ? Tant qu'il y a de la vie, y a de l'espoir. Alors, cours chercher cette femme, peu importe ce que ça te coûte en temps et en fierté.

— Vous n'avez pas compris, elle est mariée, depuis des années et c'est quelqu'un de loyal, elle ne le quittera jamais pour moi.

— Qui te dit qu'elle l'est toujours ? Je t'ai dit que je t'accordais un vœu, fais confiance au vieux sage. Et si la vie t'offre une nouvelle chance, saisis-la sans te poser de questions. Maintenant, il est temps que tu ailles te coucher. Demain est un autre jour.

Il quitte ma table et se dirige derrière son bar, je laisse un billet pour régler ma bière et je m'en vais moi aussi. Je ne sais pas si cette soirée va réellement changer ma vie, si ce vieux fou en était bien un ou si je n'ai pas fantasmé notre échange, mais j'ai de nouveau l'espoir d'un avenir meilleur.

Et Si, il avait raison ?

----------

Voilà, la trame de fond est posée et je vous garantis que tout au long de l'écriture de ce tome, Marc m'a brisé le coeur.

Quelle femme n'a jamais rêvé qu'un homme l'aime malgré tout et à travers le temps.

Après je vais être honnête avec vous, tout au long de ces presque trente chapitres, vous n'aurez aucun ado bien membré et expert en sexe, pas de mafieux violents mais romantiques, pas de retournements de situation rocambolesques.

Juste une histoire d'amour, une histoire vraie, qui peut arriver à n'importe quelle femme ou homme.

Alors laissez vous transporter par un couple de quarantenaires qui se sont simplement ratés et à qui la vie donne une seconde chance.

Si ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à partager l'histoire, liker ou commenter.

J'adore les suggestions, messages d'amour ou autres critiques.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top