Chapitre VIII 🌶🌶

Salut à tous, désolé si je brise votre coeur d'ici quinze minutes, mais tout n'est pas toujours rose dans la vie.

Allez courage, l'amour triomphe, enfin des fois.

------------------------------------------------------------------------------------

Ben


"Qui n'a pas connu l'absence ne sait rien de l'amour."

Christian Bobin


Kaya : Ce soir 20 h chez toi

Kaya : Faut qu'on parle.

Putain, ce n'est pas bon signe.

Quand une femme te dit ça, c'est que c'est fini, j'en suis persuadé. Depuis notre saut à l'élastique, il y a un peu moins de deux mois, elle est différente. Moins tactile, moins taquine, elle se force à remettre de la distance entre nous et franchement, ça me fait chier.

On est bien tous les deux, j'ai pris l'habitude de manger avec elle, on rit, on baise, on se douche, on dort ensemble, c'est facile, on est pareils elle et moi.

Je ne lui réponds pas, je redoute ce qu'il va se passer, j'aimerais que cette journée ne s'arrête pas. Je souhaite me tromper sur ses intentions. Quand j'arrive chez moi à 19 h, j'ai le moral à zéro, je me prends une douche et je suis encore enroulé dans une serviette, en train de m'éponger les cheveux quand je vais lui ouvrir la porte. Au moment où elle en franchit le seuil, à son regard, j'ai compris que je ne me trompais pas.

On est arrivés au bout de tout ça.

— Va t'habiller s'il te plaît, sinon je ne vais pas y arriver.

— Ok, mais ne soit pas méchante quand tu le feras, d'accord ?

Elle ne me répond pas.

Je vais faire ce qu'elle me demande et je suis dégoûté de cette situation.

Comment vais-je faire pour reprendre ma vie d'avant ?

Je ne veux pas qu'elle retourne à ses sushis, je ne veux pas ne plus coucher avec elle. Rien que de savoir qu'en plus de ça je la verrai régulièrement, j'en ai la boule au ventre.

Imagine qu'elle rencontre quelqu'un et que ça devienne sérieux.

Comment vais-je gérer ça ?

Quand je reviens, elle m'attend dans la cuisine, debout, accoudée à l'îlot central.

— Je sais pourquoi tu es là, vas-y d'un coup, comme pour un pansement.

Elle déglutit et prend quelques secondes pour bien choisir ses mots.

— Il faut que l'on arrête Ben. Je ne peux pas continuer. Tu ne peux pas me donner ce que je veux alors que moi, je veux te donner tout ce que tu ne veux pas.

— Stop.

— Non, tu voulais savoir, maintenant, tu sais.

Je garde le silence, je n'ai absolument pas envie d'entendre ce qu'elle a à me dire, mais tant pis pour moi, apparemment, elle, elle en a besoin.

— J'ai compris que je ne désirais plus de sushis, je mérite mieux et c'est grâce à toi que j'en suis arrivée à cette conclusion. Donc, merci pour ça, merci pour tout ce que tu m'as fait découvrir, la moto, le kart, le paintball, le saut à l'élastique, les délires, les cordes et les plats de sushis tous les soirs, mais je veux plus, je veux une autre vie.

— Tu viens de le dire, on s'éclate tous les deux, on n'a pas de pression, pas d'obligations, ni responsabilités. Tu veux quoi de plus ? Quelle autre vie est meilleure que celle-ci ?

— Je veux... Une vie de Cygne.

J'accuse le coup.

Jamais, je ne pourrais lui offrir cette existence. Je ne suis pas taillé pour ça, je ne suis pas fait pour avoir une famille.

Elle m'observe. Je sens qu'elle attend une déclaration désespérée qui ne viendra jamais, mais je ne peux pas, je ne veux pas.

— Ok !

— OK ? Et c'est tout ? Après tout ce temps, toi qui ne sais jamais fermer ta bouche. Tu n'as qu'un seul petit mot à me dire ?

— Tu veux que je te dise quoi ? Que je t'aime, que tu es la femme de vie, que je suis un putain de cygne et que si tu n'es plus là, je meurs.

— Je ne veux rien.

— Tu croyais qu'en me dévoilant ça, j'aurais une révélation ?

— T'inquiète, je ne crois rien non plus.

— Je ne suis pas comme ça Kaya, je suis un sushi moi, tu le savais, tu le sais. Je n'ai rien d'autre à t'offrir de plus que des parties de jambe en l'air.

— Non, mais tu as raison. Ça a assez duré.

— Ne dis pas ça.

Je tends ma main dans sa direction, cherchant sans discrétion à l'amadouer, mais elle se recule, refusant le moindre contact avec moi. Je ne suis pas stupide, si elle me laisse la toucher, elle n'aura plus la volonté nécessaire à mettre fin à ce qu'il se passe entre nous.

— T'as pas compris quoi en fait ? Je veux de toi quelque chose que je n'aurai jamais. J'ai plus vingt ans. J'ai assez perdu de temps.

— Je suis désolé. Ce n'est pas possible, je te l'ai toujours dit.

Son regard se met à briller, mais elle se contient. C'est une femme forte, elle ne me montrera jamais ses faiblesses, elle ne pleurera jamais devant moi ou devant qui que ce soit.

Elle ferme les yeux et respire profondément, quand elle les rouvre, ils sont vidés de toutes émotions. Je me déteste de lui faire vivre ça et je la déteste d'avoir changé les règles du jeu. Elle et moi, c'était censé être dépourvu d'émotions, de sentiments. Il ne devait y avoir que du sexe, pas de mots doux, pas de gestes tendres.

Je savais que j'allais trop loin.

Pourquoi elle me fait ça ?

— Tu as raison. Je vais te laisser.

Dans une tentative misérable de la garder encore un peu, je la tire par le bras et la bloque sur mon torse, je pose mon menton sur le haut de sa tête. Je persiste et signe dans ma connerie. Je dois la laisser tranquille pour son bien-être et pour le mien.

— Je t'en prie Ben, laisse-moi partir.

— Pas comme ça. Accorde-nous une dernière nuit, un adieu et demain matin, on reprend nos vies d'avant, juste une dernière.

Elle ravale un sanglot, mais je ne suis qu'un égoïste et je ne la laisse pas partir. Je préfère lui briser le cœur un peu plus que de la laisser s'en aller.

— Une seule ? Et après, tu me jures que tu me laisseras tranquille.

— Je te le jure.

— Tu ne m'appelleras plus, ni ne débarqueras à l'improviste chez moi.

— Promis.

— Plus d'allusion, plus rien.

— Promis.

— Tu me laisses une chance de trouver quelqu'un qui m'aime ?

Elle vient de planter un couteau dans le petit morceau de cœur qu'il me restait.

— Putain.

— Promets-le.

— Je te le promets. Mais juste ce soir.

— Juste ce soir.

Je l'embrasse comme seule réponse et la porte dans mes bras jusqu'à ma chambre. Je prends tout mon temps pour la déshabiller une dernière fois, pour nouer la dernière corde autour d'elle, pour embrasser et caresser une dernière fois toutes les parties de son corps, pour la regarder jouir une dernière fois, pour dormir avec elle une dernière fois. Pour que cette nuit soit la dernière. Je veux que ce soit spectaculaire, qu'elle ait du mal à m'oublier et qu'elle galère à trouver mon remplaçant.

Elle se laisse faire sans poser les yeux sur moi une seule fois, comme si elle essayait se s'évader de sa propre enveloppe charnelle. Je sens que je la perds un peu plus à chaque seconde, mais je prends tout quand même, tout ce qu'elle me donne et je me déteste d'être un tel connard.

Elle a raison, elle mérite mieux, elle mérite TOUT.

Je lui sors le grand jeu et lui offre tout ce que je m'autorise à offrir. Quand son corps commence à frémir, elle me regarde enfin.

— Tu peux me détacher, je voudrais poser les mains sur toi, une dernière fois.

Je m'exécute, libère ses deux mains et poignets, je laisse le reste de la corde enroulée sous sa poitrine. Je réalise alors que plus jamais je n'aurai l'occasion de faire ça avec elle, qu'elle le fera peut-être avec un autre et je sens mon cœur se briser réellement pour la deuxième fois de ma vie. Sauf que la différence, c'est que ce coup-ci, j'aurais pu l'éviter si j'avais été plus courageux.

Elle s'agrippe à mon cou comme si elle voulait me retenir de force. Je sens que c'est différent.

Un vieux, très vieux souvenir.

Je ne la baise pas, je lui fais l'amour.

La réalité me percute au moment de la délivrance, quand je m'effondre sur elle, que ma tête est prisonnière de ses bras, mes cheveux de ses mains.

— Tu vas tellement me manquer.

Je n'ai pas pu m'empêcher de l'ouvrir et je suis déçu qu'elle ne me réponde rien. Je la détache, alors qu'elle garde les yeux fermés, vais chercher un gant pour la nettoyer. Elle se laisse faire telle une poupée de chiffon, toujours silencieuse. Je la relève, lui enfile un tee-shirt, on dirait qu'elle est morte de l'intérieur et c'est moi qui viens de la tuer.

On va dans le salon, je la prends dans mes bras.

— Dors avec moi ce soir.

Jusqu'au bout, je serais un enfoiré. Je le vois qu'elle souffre, mais je fais comme si ça m'était égal.

Elle me fait Oui de la tête et je l'aide à s'assoir sur le canapé.

— Je te prépare ton thé et je vais vite fait débarrasser le lit.

Je mets la bouilloire à chauffer et me dirige vers ma chambre, dans le couloir, j'entends mon téléphone, resté sur la table basse, sonner, à cette heure-ci, ce ne peut être que Marc.

— Tu peux décrocher s'il te plait, ce doit être Marc, demande-lui ce qu'il veut.

— Ok ! Allo... Oui...

Je l'entends parler à quelqu'un, mais quand je reviens, elle a déjà raccroché et le téléphone a retrouvé sa place initiale.

— C'était qui ?

— Une erreur.

Je vais préparer sa tasse et je reviens, elle est assise, complètement hébétée, le regard dans le vide et les poings serrés. Elle se lève subitement, va dans la chambre et revient habillée.

— J'ai oublié que j'avais un truc à faire, je dois y aller.

— T'avais dit que tu dormais avec moi ce soir, ne pars pas comme ça.

— On n'a pas toujours ce qu'on veut dans la vie, crois-moi.

Elle récupère son sac et me plante là, tout seul, comme je l'ai toujours souhaité.

Et si, je venais de faire la plus grosse erreur de ma vie ?

----------

JE TE CONSEILLE D'ALLER LIRE LE CHAPITRES XVII - XVIII ET XIX DU TOME 1 PUIS DE REVENIR POUR PLUS DE COMPRÉHENSION ET D'INTENSITÉ

----------

Je sais, moi aussi j'ai envie de le frapper.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top