Chapitre III
Kaya
"Personne ne peut aimer s'il n'est engagé par l'espoir d'être aimé."
André Le Chapelain
Je ne sais pas ce qui arrive à Bruna, jamais, elle n'avait été aussi secrète avec moi. En plus, elle sait que je la connais par cœur, elle sait que j'ai capté que quelque chose n'allait pas. Son attitude, son regard, sa voix, tout me confirme qu'il y a un problème, qu'elle sombre de nouveau dans ses incertitudes et ses doutes. Je pensais que Marc serait la solution, mais Bad B est coriace .
Je ne laisserai jamais ma meilleure amie l'affronter toute seule, cette fois-ci, j'ai un allié de taille pour la combattre.
Il est hors de question qu'elle replonge, on ne s'est pas battues, elle et moi, toutes ces années, pour qu'au premier couac dans sa nouvelle relation, son moi maléfique la détruise de nouveau. Il va falloir qu'elle comprenne qu'elle a à ses côtés un homme bien.
On peut même dire qu'il est fait pour elle. Et il est fou d'elle, il l'aime tellement que c'en est visible, mais il n'y a qu'elle pour ne se rendre compte de rien. Elle est insupportable, toujours dans la mésestime de soi, dans la critique. Elle est magnifique, je le sais et l'homme avec qui je suis en train de parler le sais aussi. Il n'y a qu'elle qui ne le voit pas.
Elle est la femme la plus intelligente que je connaisse et en même temps la plus stupide, elle a, à ses pieds, un homme raide dingue d'elle, un homme qui la regarde respirer, qui est amoureux d'elle depuis plus de vingt ans, qui l'a attendue sans jamais arrêter de l'aimer et elle est dans un état de tristesse proche du désespoir. En permanence les larmes aux yeux, à fleur de peau, prête à exploser, comme il y a quelques instants. Elle me brise le cœur et Marc aussi, sa souffrance est palpable, la voir dans cet état le rend plus que malheureux et les efforts qu'il fait pour arranger la situation, alors qu'ils ne sont ensemble que depuis peu de temps, me confirme que cet homme est vraiment amoureux de ma sœur de cœur.
...
— Rien, tu dois absolument l'obliger à te parler de Léo, quand tu connaitras cette partie de sa vie, tu comprendras où tu as merdé. Parce que je suis persuadée que tu as merdé quelque part, elle ne peut pas être passée d'heureuse à maussade sans raison, elle est hyper-émotive, mais pas changeante. Par contre, tais-toi elle revient. Putain de bordel de merde, je peux savoir pourquoi ce connard de viking est avec elle.
Je n'arrive pas à croire qu'il soit là putain. Trois semaines que je ne l'ai pas vu, je lui avais laissé mon numéro et il ne m'a pas appelée. Dommage, parce que pendant ce laps de temps, je me suis tapée quelques douceurs et aucune n'a égalé ses performances.
Je le regarde avancer et mon attention se perd sur son entrejambe. Si le commun des mortels savait ce qu'il se cache là-dessous, il y aurait une file d'attente interminable derrière lui en permanence.
Des flash-backs de notre marathon du sexe me reviennent. Je le vois, debout, derrière moi, me pencher sur mon canapé et me prendre en levrette, mes cheveux prisonniers de sa main.
Je repense au moment où je l'ai chevauché sur le canapé tressé de mon balcon, essayant de jouir en silence, ma voisine buvant son café sur la terrasse d'à côté.
La brûlure dans mon dos, provoquée par mon tapis de salon se rappelle à moi avec une seule envie, recommencer.
Recommencer à le sucer dans ma cuisine parce que je l'ai trouvé sexy de me préparer mon thé, recommencer à lui tirer les cheveux alors qu'il me léchait dans ma douche, recommencer à mordre son cou parce que la sensation de jouissance atteinte était trop intense, recommencer à jouir, tout simplement.
Depuis trois semaines, je n'ai réussi à avoir aucun orgasme, ni seule ni accompagnée et là, maintenant, tout de suite, j'ai une envie dingue de jouir, une envie dingue qu'"Il" me fasse jouir, avec ses mains, sa bouche, sa queue, même uniquement en me regardant.
Oh My God, il vaut mieux que j'arrête d'y penser.
— Regardez qui j'ai trouvé errant sur le parking du resto. Ne fais pas ton timide, dis bonjour Ben.
— Bonjour Ben, dit-il.
— T'es vraiment un sale con.
— Toi aussi, tu m'as manqué Jolie Blonde.
Je regarde Bruna l'air de lui demander pourquoi il est là, elle soulève ses épaules en mode "Je n'en sais rien moi". Il s'assoit à côté de moi et commence son cinéma.
— Et sinon beauté, comment ça va depuis la dernière fois ?
— Pas mieux que toi à ce que je vois.
— Pas de soirée "sushis" ces derniers temps ?
Il est sérieux ?
Il évoque notre soirée devant Marc et Bruna, je vais le tuer. Il se prend pour qui ce connard ? Ça ne le regarde pas, il avait mon numéro, il n'avait qu'à s'en servir.
— Bien sûr que oui, en règle générale tous les week-ends et quand j'ai le temps une à deux fois par semaine.
"Touché – Coulé".
Je vois qu'il tique, mais tente de faire bonne figure immédiatement.
Et oui coco, tu croyais que je deviendrais une sainte après ton passage. Mais au contraire, avec ce qu'il m'a fait vivre pendant deux jours, je suis à la recherche de son digne remplaçant.
— T'es gourmande toi.
— Je dirais vorace plutôt. Et toi ?
— Oh, tu sais les sushis, ce n'est pas mon délire, souvent le poisson est avarié, je suis plus pizza, je pourrais en manger tous les soirs.
Ah, tu veux jouer à ça, connard ? T'es mal barré.
— Ça ne m'étonne pas, plus c'est facile mieux c'est pour les mecs comme toi.
— Sois plus précise.
— La junk food c'est rapide, sans saveur, ni odeur.
— Oui, mais c'est relativement varié.
— Mais basique.
— Pas grave, il suffit de les enchaîner.
— Fais gaffe, les mecs qui mangent mal, passé quarante ans, ils ne ressemblent plus à rien.
— Ne t'inquiète pas pour ça, je fais du sport directement après.
Putain, il me casse les ovaires, que je n'ai plus d'ailleurs.
Je ne peux plus me le voir avec son attitude arrogante et son air de "Monsieur, j'ai réponse à tout". Pourquoi fallait-il qu'il soit aussi canon et qu'il ait cette...
Je m'égare, on a dit que l'on ne pensait plus à son engin, mais c'est difficile merde, elle est tellement gigantesque.
— Et sinon t'as pas une vie ? Pourquoi tu squattes avec nous ?
— Et toi ? C'est quoi ton problème ? T'es obligée de rester collée à eux, tu ne comprends pas qu'ils ont besoin de passer un maximum de temps ensemble et toi, tu es là à tenir la chandelle.
— Mais de quoi je me mêle en fait ? Ce n'est pas parce que personne ne t'invite à déjeuner que c'est le cas pour tout le monde. Tu n'as toujours pas compris que t'étais plus sympa quand tu fermais ta gueule, c'est dingue.
— Toi par contre, je sais comment te la faire fermer.
S'il savait. Ça fait trois semaines que j'attends qu'il me la fasse fermer.
— Il n'est pas né celui qui pourra faire ça.
— Je te trouve particulièrement énervée aujourd'hui, il faudrait penser à évacuer tout ce stress.
Quand tu veux connard.
— Ne t'inquiète pas pour moi, c'est prévu ce soir, j'ai rendez-vous avec une petite douceur, qui à mon avis n'a rien de petit.
— On ne sait jamais ce qu'il se cache sous des fringues, tu es bien placée pour le savoir.
— La taille ne fait pas tout, la manière, c'est ça l'important.
Il se rapproche de moi et me dit tout bas.
— Il me semble que la manière dont je me suis servi de mon énorme queue et de ma fabuleuse langue t'a permis de hurler mon nom un nombre incalculable de fois pourtant. J'entends encore ce son quand je me branle.
Et moi, c'est à tes mains que je pense quand je tente, sans succès, de me faire du bien.
— T'aurais dû te l'enregistrer, tu n'es pas près de le réentendre.
— Ça, c'est ce que tu crois.
— Je te supporte plus, putain Marc change de pote.
Je cherche du soutien dans le regard de Marc et celui de Bruna mais c'est un combat perdu d'avance, ils sont dans une bulle.
Elle est ailleurs, complètement hermétique à ce qu'il se passe autour d'elle. Marc ramène sa chaise près de lui et plonge la tête dans son cou. Elle semble surprise, son regard se voile, elle se retourne et lui murmure quelque chose que je ne comprends pas, il lui répond et je vois les yeux de ma meilleure amie se remplir de larmes.
Et là, Marc prend son visage en coupe, il lui dit quelque chose, mais la seule chose que je vois, c'est la manière dont il la regarde, comme si elle était la chose la plus précieuse à ses yeux, avec un amour si pur, si sincère que j'en suis bouleversée. Je n'arrive pas à assimiler ce qu'il se passe autour de moi. Je ne regarde qu'eux, ils sont tellement beaux, elle va être heureuse avec lui, j'en ai l'intime conviction. Comme j'ai la confirmation que ce qu'il m'a dit ce premier dimanche à la boulangerie était la vérité, il l'aime et il l'aime depuis longtemps, c'est flagrant. Comment fait-elle pour ne pas le voir et être toujours dans le doute comme ça ? Comment tu peux ne pas comprendre les sentiments de quelqu'un quand cette personne pose ce regard sur toi ?
Il la regarde comme personne ne la jamais regardée.
Il la regarde comme personne ne me regardera jamais.
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