"- Excuse moi, tu aurais du feu?"

Sur la terrasse d'une grande maison illuminée, un jeune garçon sursauta tandis qu'une main se déposait sur son épaule.

"- Désolé, rit le nouveau venu, je ne voulais pas te faire peur.
- Non c'est moi, j'étais perdu dans mes pensées. Qu'est ce que tu m'as demandé?
- Oublie, je ne fume même pas. J'avais juste envie de... parler à quelqu'un. Et tu étais là. Comment sont les étoiles ce soir?
- Je crois qu'elles sont tristes. Regarde : tu vois celle qui brille beaucoup, à gauche?"

Celui qui paraissait plus jeune saisit ainsi la main de cet inconnu singulier, absorbé maintenant lui aussi par ce vaste ciel. Guidant son bras, ils essayaient tout deux de se mettre à la place de l'autre, sans que cela ne semble porter ses fruits.

"- Tu sais, finit par déclarer l'aîné, ce n'est pas en étant sur la pointe des pieds que tu pourras être assez grand pour te mesurer à moi, idiot.
- Hé!"

D'un coup de poing dans l'épaule, ils semblaient soudain se connaitre depuis toujours. Ils riaient à la lueur de ce clair de lune, et la buée de leurs souffles se mêlaient pour tournoyer; comme une danse, éternelle - car il n'est plus de temps lorsque deux âmes s'unissent de la sorte. Ils riaient, et je crois que même eux ne savent plus ce qu'ils se disaient - ou du moins ils ne s'en rappellent plus.
Tout ce que je sais c'est que, plongés dans le regard de l'autre, ils voyaient un univers plus grand que l'infini même. Lorsque le regard du jeune blondinet pétillait en évoquant les astres et leurs mystères, le brun ne pouvait s'empêcher de sourire. Et lorsqu'il se faisait taquiner pour ses monologues passionnés, le plus petit riait, d'un rire pur, sincère, qui remplissait le cœur de ces deux insouciants.
Oui, on peut l'affirmer sans se tromper : à cet instant, ils n'auraient pas pu être plus heureux.