38 - C'est ainsi
"- Tu vois c'était pas si nul !
- C'est vrai... Mais t'admettra que c'est quand même bizarre d'aller voir un concert au cinéma."
Clara haussa les épaules, incapable de se départir de son sourire après les trois heures de BTS sur grand écran que Lucas avait bien voulu lui offrir ( et surtout où il avait bien voulu l'accompagner ). Comme tous les garçons, s'amusait-elle à répéter, il avait bien trop de préjugés sur la kpop, mais elle était persuadée qu'il finirait par y écouter en cachette sous la douche, pour peu qu'elle l'y initie.
Légers, ils sortirent du bâtiment et se mirent à déambuler dans les rues de la ville, incapables de se mettre d'accord sur le lieu de leur dîner. Il voulait quelque chose de simple ; un tacos ou un mcdo, et elle insistait pour un lieu plus romantique.
"- Tu crois qu'avec ton salaire de pauvre intermittente du spectacle tu peux te payer un restau avec vue panoramique ? Je suis pas millionnaire mademoiselle, je ne peux pas t'inviter partout."
Elle feinta l'étonnement le plus profond avant de s'exclamer :
"- C'est donc tout ce que je suis pour toi... Une michto qui va aspirer tout ton argent...
- Je sais jamais choisir les filles..."
Il arrêta de marcher pour l'attirer à lui et l'embrasser, ce à quoi elle répondit avec tendresse.
"- Lucas ?"
Il s'écarta avec précipitation en reconnaissant la voix de Léna, qui semblait surprise de le trouver ainsi, mais très heureuse tout de même de le croiser. Elle marchait accompagnée de Sébastien, son petit ami, avec qui Lucas s'entendait plutôt bien depuis leur rencontre pour l'anniversaire de Laurène, l'année dernière. Il fit les présentations, et il fut rapidement convenu d'aller manger tous ensemble, le couple n'étant dans ce coin de la France que très rarement. Il fit semblant d'ignorer la joie de Clara lorsqu'ils proposèrent un restaurant très prisé dans un quartier chic.
"- Vous êtes ensemble depuis longtemps ?
- Heu..."
Lucas se tourna avec détresse vers sa copine, qui secoua la tête d'agacement, avant de répondre à la jeune fille :
"- A peu près un mois je crois.
- Tu crois ? s'exclama Lucas
- C'est pas parce que je suis une fille que je dois retenir nos dates parfaitement...
- Ouais, interrompit Seb, demande à Léna je suis presque sur qu'elle connait pas notre date d'anniversaire.
- C'est pas vrai !"
Ils se chamaillèrent gentiment jusqu'à arriver au restaurant, Léna refusant de donner la date pour donner raison à son copain, ce qui ne faisait que le faire jubiler d'autant plus.
⁂⁂⁂
"- C'était cool non ?
- Ouais, j'aime bien tes amis.
- C'est même pas mes amis tant que ça, tu sais je t'avais raconté que c'est Laurène qui nous a permis de se rencontrer.
- Tu devrais passer plus de temps avec eux, vous avez une bonne dynamique tous les trois.
- Tu t'es pas sentie trop de côté ?
- Mais non."
Elle l'embrassa chastement, avant de recommencer à chercher ses clés dans son immense sac à main.
"- Les femmes...
- Tu vas dormir dehors si tu continues, le menaça-t-elle avec le trousseau qu'elle venait justement de trouver."
Il rit avant de l'embrasser de nouveau, et la suivit dans l'appartement. Le bazar qui meublait l'environnement fit soupirer Lucas, qui ne s'y habituait toujours pas. Elle haussa les épaules, manifestement peu préoccupée par les vêtements, cartons, et canettes qui jonchaient le sol, en faisant un véritable parcours du combattant. Soudainement toute enthousiaste, elle lui annonça avoir une surprise et l'encouragea à s'asseoir dans le canapé pendant qu'elle allait chercher quelque chose dans sa chambre. Elle finit par revenir avec son ordinateur, et s'assit à côté de lui en le déverrouillant.
"- J'ai fini la chanson dont je te parlais !
- C'est vrai ? Je peux écouter ?
- Bah oui !"
Bien que vraiment heureuse d'enfin partager ce sur quoi elle bossait depuis des semaines, il ne pouvait pas ne pas voir son anxiété. Elle n'aimait pas partager quoi que ce soit avant d'avoir terminé, et il n'avait pas encore entendu la moindre note, tout ce qu'il savait était qu'elle était particulièrement fière de la tournure que prenait le texte. Rassurant, il posa une main sur sa cuisse en attendant qu'elle lance le fichier. La mélodie finit par s'élever, mélange d'enthousiasme et d'ironie, et les paroles qui l'accompagnaient incarnaient exactement cette dualité. Il aimait l'abandon auquel elle se livrait, sa façon de prendre sa fatalité et d'en faire un choix.
Ma vie, ne tient qu'à une corde
Qui va lâcher
Qui va lâcher
Ma guitare et trois accords
Vous ont berné
Vous ont berné
Le fil, à mon cou
Pour garde-fou
Ma laisse me laisse aller
Laissez moi une dernière chance
Que je vais gâcher
"- Tu l'as appelée comment ?
- Une corde.
- Ouais ça se tient."
Il rigola et elle se détendit à mesure que les dernières notes s'éteignaient.
"- C'est génial. Vraiment. Et ça te représente bien. "
Il tourna enfin les yeux vers elle, et son souffle se coupa de voir son regard si pétillant et heureux. Elle avait lâché ses cheveux entre temps, et visiblement déboutonné un peu son chemisier noir, laissant apparaitre son décolleté. La discrétion n'avait jamais été le fort de Lucas, et il rougit instantanément quand il réalisa où il avait laissé trainer ses yeux de longues secondes. Elle ne lui laissa pas le temps de s'excuser, et susurra :
"- Touche moi."
Et, impatiente, elle attrapa elle même la main du jeune homme pour la poser sur sa poitrine. La suite des événements le dépassa un peu. Elle lui ôta son t-shirt, murmurant son prénom. Il se prêta au jeu, et l'aida à défaire son haut, avant de s'attaquer à sa braguette. De manière plus sensuelle si c'était encore possible, elle l'appela, et Baptiste répéta : "Lucas."
Il sursauta et retira les mains de la jeune fille de son torse avec précipitation.
"- Attends, attends, je suis pas sûr."
Elle se recula, mi-surprise mi-peinée.
"- T'es pas sûr de quoi ?
- De... vouloir aller si loin dès maintenant."
Elle reboutonna précipitamment les boutons de son chemisier, avec une rage que Lucas ne lui comprenait pas.
"- Je me sens juste pas prêt Clara, tenta-t-il de se justifier.
- A coucher avec moi ou à arrêter de penser à ton ex ?
- Hein ? Non non c'est pas ça !
- Fous toi de ma gueule.
- Je te jure ! C'est pas lui.
- Quoi, tu vas me dire que t'es passé à autre chose ? Y a deux mois t'étais détruit parce que tu pouvais pas vivre sans lui, et soudainement il ne compte plus ? Je peux comprendre Lu', je me suis pas lancée avec toi sans savoir. Je sais que t'as un passé compliqué. Mais j'ai besoin que tu sois honnête.
- Avec toi je me sens bien, je pense plus à lui. Je te promets."
Le visage de la jeune fille afficha un sourire d'espoir pur, de soulagement qu'elle s'efforçait pourtant de cacher. Elle se maudissait de s'être attachée aussi vite à ce garçon dont elle savait le cœur bien rempli, mais peut-être avait-elle vraiment ses chances de bonheur avec lui ?
L'air rassurant, il caressa doucement sa joue avant de l'embrasser.
Elle rougit avant de demander :
"- Pourquoi alors ?
- Je, c'est pas facile pour moi d'être intime avec quelqu'un. Mais c'est pas ta faute, d'accord, tu es parfaite. Ça viendra.
- Désolée."
Honteuse, elle n'aurait jamais cru être celle qui insistait pour coucher avec quelqu'un, mais il semblait vraiment ne pas lui en tenir rigueur, et l'embrassa de nouveau avant de glisser :
"- Je vais rentrer chez moi pour ce soir d'accord, on se voit demain ?"
Elle hocha la tête, apaisée, et ignora du mieux qu'elle pouvait la boule dans sa poitrine qui ne semblait pas vouloir s'en aller.
Lorsqu'il sortit de l'appartement, il poussa un long soupir de soulagement, inconfortable face à toute cette situation. La voix de Baptiste dans sa tête ne cessait de le traiter de menteur, et il n'arrivait pas à le supporter. Il ne mentait pas. Il se sentait bien avec elle, Clara est une fille fantastique, drôle, un vent nouveau. Il n'avait pas eu de nouvelles de son ex copain depuis des mois maintenant, si ce n'est Corentin qui leur attestait de temps à autre qu'il était bien en vie. Il ne retournerait jamais avec lui, c'était évident, non ? Il finirait par aimer sa copine autant qu'il l'avait aimé, et elle au moins, savait l'aimer en retour. Elle ne lui briserait pas le cœur, elle ne lui mentirait jamais. Elle était celle dont il avait besoin. Alors pourquoi est-ce que ça ne semblait pas bien ?
Soucieux d'arrêter de se poser tant de questions, il récupéra le téléphone au fond de sa poche et décida d'appeler son meilleur ami :
"- Je te dérange ?
- Non pourquoi ?
- Tu veux me rejoindre boire un coup ?
- Lucas...
- Non, c'est pas ce que tu crois. J'étais avec Clara, tout va bien, j'ai juste envie de me vider la tête un peu.
- Mmh. Mais je peux pas de toute façon là, c'est moi qui ai Emma ce soir, je pourrais demander à Lou, je crois qu'elle est au ciné mais...
- Non non laisse tomber, le coupa-t-il. T'en fais pas. Passe une bonne soirée.
- Toi aussi."
Il était déçu évidemment, mais il ne pouvait que comprendre que Maxence ait des impératifs plus importants à présent. Ils parlaient depuis des semaines des démarches du jeune homme pour être reconnu officiellement comme père de la petite fille, et si tout ceci était bien loin d'être achevé, le jeune homme se comportait déjà en vrai parent.
Seul, il se dirigea vers un bar qu'il ne connaissait pas près du domicile de sa copine, et s'accouda au comptoir. Le barman semblait absolument débordé, et Lucas finit par s'impatienter.
"- Oui je suis désolé monsieur, on arrive. Il est où encore putain."
Il disparu par une porte sur le côté, mais tous pouvaient l'entendre crier :
"- Sérieux, ça sert à quoi de t'envoyer en renfort si tu restes planqué dans la réserve ?"
Le remplaçant en question finit par apparaitre, au soulagement du groupe de jeunes clients qui attendaient leurs pintes désespérément. Lucas lui, ne pouvait plus bouger. Était-ce encore dans sa tête ? Hallucinait-il ? Il n'entendait plus le brouhaha ambiant, ne sentait plus les corps se presser autour de lui pour commander leurs boissons. Il n'arrivait pas à défaire ses yeux de lui.
Il n'avait pas vraiment changé, si ce n'est des cheveux un peu plus longs, mais Lucas le trouvait différent. Peut-être son regard sombre qui semblait moins dur, fixé dans le sien. Peut-être sa prestance moins assurée, ses épaules affaissées. Son silence.
Précipitamment, le jeune homme se leva de son tabouret, et se dirigea vers la sortie. La foule lui en bloquait l'accès, et il avait l'impression de nager à contre courant dans cette atmosphère étouffante. Il avait besoin de sortir, d'air, il devait respirer pour revenir à la réalité. Il finit par atteindre le trottoir quand une main agrippa son bras. Il adressa un regard ahuri à Baptiste.
"- Lucas attends."
Depuis des mois, il avait voulu lui dire tant de choses, mais il n'y avait plus aucun mot qui faisait sens à présent. Les insultes et les "je t'aime" se bousculaient dans son cerveau, sans que ses lèvres ne daignent articuler quoi que ce soit. L'autre, quant à lui, semblait ébahi de le retrouver, et complément paniqué de donner une mauvaise réplique, il ne disait rien du tout.
Les secondes s'écoulèrent, hors du temps, avant que Lucas ne réussisse à déglutir et asséner :
"- Quoi ?"
Le son de la voix du garçon surprit l'aîné, qui écarquilla les yeux avant de supplier :
"- On peut parler ?
- Maintenant tu veux parler ?"
Il aurait été prêt à éclater de rire s'il n'était pas autant paralysé par la surprise. Le ton sec qu'il lui avait adressé l'avait probablement pris au dépourvu, et Baptiste ne réussit pas à répondre quoi que ce soit.
"- Va te faire foutre Baptiste, réellement. Va bien te faire foutre."
Et de peur de voir la réaction qu'il avait provoquée chez son ex, il se détourna à toute vitesse, et disparu dans la nuit.
⁂⁂⁂
La journée suivante ne fut qu'un long brouillard. Quand Clara l'appela, Lucas prétexta être terriblement malade et désolé, et refusa évidemment sa visite. Il craignait d'être contagieux, avait-il ajouté. Il mis son téléphone en silencieux ensuite, et décida de lui faire croire qu'il dormait chaque fois qu'elle réessaya de le joindre ensuite.
Seul, à fixer le plafond de sa chambre, minuit bien passée, il se demandait s'il n'avait pas rêvé tout ça. Peut-être avait-il bu et ne s'en rappelait pas. Peut-être était-ce la discussion avec sa copine. De toute façon il n'y aurait pas de suites, tout était terminé avec Baptiste. Il ne pourrait pas lui pardonner ces derniers mois, et il n'avait plus de sentiment pour lui de toute façon, il aimait Clara à présent. Et l'asiatique n'était pas du genre à revenir sur ses décisions, il ne tenterait pas de lui parler de nouveau. A son grand damne il n'avait pas pu s'empêcher de fixer son téléphone toute la journée, et il ne lui avait pas adressé le moindre message.
Des coups contre la porte le firent sursauter, et il se redressa sur son lit. Il patienta quelque secondes, mais les coups se reproduirent, et il finit par se lever. Il n'osait même pas regarder par l'œillet. Il ne savait pas s'il espérait que cela soit une erreur, ou s'il priait pour que ça soit ce garçon qu'il haïssait tant.
"- Putain, t'es bourré."
Baptiste se précipita dans l'appartement si tôt la porte ouverte, et fit des allers retours dans le salon, avant de se mettre à parler.
"- Je suis désolé Lucas, je suis désolé. Corentin faisait que me répéter qu'il suffisait que je vienne m'excuser, que tu me pardonnerais. Alors, tu peux me pardonner ?
- Tu te fous de ma gueule ?"
Il n'avait pas envie de se disputer avec cet imbécile, mais il devait mettre des choses au clair avant de le virer de chez lui et ne plus jamais le revoir de sa vie.
"- C'était au nouvel an qu'il fallait t'excuser ! Quand je t'appelais douze fois par jour ! Quand je sonnais chez toi, et que je savais que t'étais là, mais que tu m'ignorais ! C'était là que j'étais prêt à t'écouter, à discuter. Mais t'as préféré t'enfuir, comme d'habitude. Qu'est-ce que tu veux que je te pardonne ? D'être toi ? C'est ma faute j'aurais du savoir que ça finirait comme ça, tu m'avais mis en garde. On était voués à l'échec dès le début.
- Dis pas ça Lucas, je t'en prie, je suis désolé."
Il s'approcha de lui, suppliant, mais le plus jeune le repoussa et il tituba avant de se raccrocher à une chaise.
"- Tu te rends compte que tu m'as pas adressé la parole une seule fois ? Que j'ai jamais eu d'explications ? Que j'avais besoin de demander à Corentin pour m'assurer que t'étais encore en vie, que t'avais pas quitté le pays ?
- Mais je peux t'expliquer maintenant, je suis dé-
- C'est trop tard, tu veux pas comprendre ça ? Trop tard !"
Baptiste secouait la tête négativement, frénétiquement, incapable d'entendre ce que l'autre lui hurlait.
"- Non, non, il faut juste que tu comprenne que je suis désolé d'accord, j'avais peur, c'était compliqué, je t'aime.
- Non Baptiste, non, on fait pas ça aux gens qu'on aime. On fait pas ça. Tu sais dans quel état j'étais ces derniers mois ? Tu sais ce que tu m'as fait subir ? Tout ça parce que t'as cru être celui qui sait tout mieux, le grand chevalier qui voulait me protéger ?
- Je sais, je sais, moi aussi je-
- Non, je veux pas savoir comment t'étais, j'en ai rien à foutre. C'est ton problème. Tu as choisis ça, maintenant si t'arrives pas à passer à autre chose c'est ton problème. Moi je suis passé à autre chose. J'ai une copine, je me reconstruis, sans toi, j'ai pas besoin de toi.
- Mais moi j'ai besoin de toi Lucas, j'ai besoin de toi.
- Non !"
Lucas était à bout de souffle, incapable de savoir comment faire fuir cet homme plus grand que lui, qui l'avait coincé contre le mur du couloir. Il avait extériorisé sa rage, il n'avait maintenant plus qu'envie de pleurer, et de repousser ce visage à l'haleine de whisky.
"- Lucas, je t'en prie, regarde moi, juste une fois, après je m'en vais, regarde moi."
Il cessa de se débattre pour lever les yeux vers lui, et constater les larmes qui emplissaient les yeux du plus grand.
"- Je t'aime tellement, ça te fait pas peur d'aimer quelqu'un à ce point ?
- Je t'aime plus Baptiste, c'est finit.
- Arrête, tu sais que c'est faux.
- J'ai une copine, je suis passé à autre chose.
- Tu m'as tellement manqué.
- C'est trop tard, insista-t-il, sentant malgré tout toute conviction quitter son corps."
Leurs lèvres s'échouèrent, un goût de consolation et de punition, de résurrection et d'abandon.
"- Il ne s'est pas passé un jour sans que je pense à toi Lu', je me réveille toutes les nuits à cause de ton visage, je croyais que je faisais le bon choix pour toi, pour nous deux. Je suis désolé.
- Arrête de t'excuser."
C'est Lucas qui initia la suite sur le canapé, pressé de déshabiller son imbécile.
"- Je t'aime Lu'.
- Tu me manques tellement."
Peut-être était-ce le trop plein de ce retour qui laissa le jeune homme se sentir si apaisé après leurs ébats, bien au chaud dans les bras du grand qui caressait ses cheveux, répétant comme une litanie comme il l'aimait. Lucas posa une main sur le torse du plus grand, qui ne sursauta pas à sa fraicheur, et resta simplement ainsi à sentir son cœur battre. Sa présence. Eventuellement, l'alcool rattrapa Baptiste qui s'endormit, et le benjamin le suivit rapidement. Il serait inquiet et anxieux demain, il aurait tout le temps d'être en colère. Il voulait juste dormir. Peut-être n'était-ce pas réel.
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