21 - Good in bed

"- Alors ?
- Je sais pas. On verra quand y aura les résultats. Au moins c'est fait.
- Je suis sûr que t'as tout déchiré. Je te vois bien finir major de ta promo."

Baptiste ébouriffa les cheveux de Lucas en finissant sa phrase, qui tenta de voler sa casquette pour se venger, mais évidemment cela se solda par un échec. Le plus jeune sortait de ses examens de fin d'année, les plus importants de tout son cursus puisque cela déterminerait enfin s'il pouvait avoir son diplôme, et retourner travailler, ce qui ne lui manquait étrangement pas. Il avait juste envie de faire quelque chose qui lui plairait un peu plus que son ancien job, à Micromania, qui le sortirait de la routine tous les jours; vivre réellement de sa passion pour le multimédia, et pas juste en vendant des jeux à des gamins fan de Battle royal.
La seule chose qui le soulageait un peu était de voir que son copain était venu l'attendre à la sortie de l'amphithéâtre, tous les jours de cette longue semaine de partiels.

"- On va chez Coco ce soir pour fêter ta réussite ?
- Arrête... Si ça se trouve je vais échouer lamentablement, ça va être ridicule.
- Non Lucas, personne ne te trouvera ridicule. Et tu vas pas échouer."

Tout en continuant de marcher en direction de sa voiture, il l'attira près de lui tendrement, et finit par s'arrêter pour déposer un baiser sur son front face à son absence de réponse. Ce geste d'affection lui donna une idée :

"- Tu m'emmènes manger une glace pour me remonter le moral ?
- T'as cinq ans et demi ?"

En se moquant, il s'installa au volant, et Lucas ne fit que confirmer ses dires puisqu'il se mit à bouder. Cependant ça serait mal connaitre Baptiste que de croire qu'il n'allait pas céder à cette requête, et ils se garèrent donc dans le centre-ville quelque minutes plus tard. Ils se baladèrent un peu, jusqu'à ce que le blond ne propose innocemment d'aller prendre un truc dans ce café, au bout de la rue. Dès qu'ils pénétrèrent le salon, Baptiste comprit le piège :

"- Sérieux, tu m'emmènes un bar à chats là ?
- Allez, s'il te plait ! le supplia-t-il
- Payer un macaron cinq euros pour pouvoir le manger avec des poils...
- T'es trop rabat-joie. C'est mignon les chats en plus.
- Ces créatures du démon ? Les chiens je peux tolérer, mais les chats... Des ingrats, égoïstes !
- Tu t'es fait mordre par un chat quand t'étais bébé ou quoi ? Vieux monsieur aigri."

Mais cela n'empêcha pas le vieux monsieur de caresser tous les chats qui passaient près d'eux, et de se moquer allégrement de leurs noms, sous le regard désapprobateur du propriétaire des lieux qui ne devaient pas avoir l'habitude de tant d'insolence. Ils finirent par se faire chasser, plutôt poliment, mais ça ne les empêcha pas de râler tout le long de leur trajet en direction de la maison de Corentin.

Il n'y avait que Arif lorsqu'ils arrivèrent, mais Lucas apprécia qu'ils ne lui posent pas de question sur ses examens, et ils se racontèrent simplement leur semaine.

"- Je pense qu'on oublie tous les sujets importants, coupa finalement Arif. On mange quoi ce soir.
- Pizza ? hasarda Lucas.
- Vous mangez n'importe quoi c'est affligeant, soupira son copain. Coco, t'as de quoi faire à manger ?
- Hé c'est mort hein, je cuisine pas pour ces animaux, répondit-il.
- Et il est hors de question que je mange ta nourriture t'inquiète. C'est moi qui ferais, j'ai juste besoin d'un commis."

Tous les regards convergèrent forcément vers Lucas, qui soupira en s'avouant vaincu. Si Baptiste lui faisait confiance, il y avait bien un sujet sur lequel il ne lui laissait aucune responsabilité : la cuisine. Il allait donc devoir découper des légumes et laver des trucs pendant que l'aîné s'occupait du plus important, et ça ne l'enchantait guère que de savoir qu'il allait y passer un bon moment.

"- Y aura qui ce soir ?
- Barbara et Alex c'est sûr, Micka je sais pas, faudrait l'appeler."

Corentin sortit son téléphone pour vérifier les messages qu'il avait reçu, et continua :

"- Nadège et Henry sont en vacances... aux canaries apparemment, waw.
- Connards de riches... pesta Baptiste
- Max est toujours déprimé donc je crois pas qu'il va vouloir sortir.
- Il a quoi ? interrogea Lucas, surpris
- Il t'a pas dit ? Marianne et lui c'est finit."

Une vague de culpabilité envahit le petit blond de manière instantanée. Il avait été tellement préoccupé par ses propres problèmes amoureux qu'il n'avait pas daigné prendre des nouvelles de son ami. Ils sont sensés être meilleurs amis, et il ne lui a même pas dit qu'ils ont rompu ? Tout ça parce qu'il était tombé dans le fameux piège de l'amoureux obnubilé par son copain qui en oublie tous ses amis. Cela allait faire un mois qu'il était en couple, et il était à peine sorti avec son groupe. Il se jura qu'il allait faire mieux, et passerait voir Maxence dès demain.

"- Bon, ça fait pas grand monde, s'attrista Arif."

Baptiste secoua la tête d'un air réprobateur :

"- Franchement, il y a toujours trop de monde dans cette maison, on pourra être tranquilles pour une fois.
- Oh Lucas tu veux pas inviter ta copine de Paris, celle qui était venue à ton anniversaire ? Elle était super fun, proposa Arif, imperturbable.
- Laurène ?"

Il prit un instant pour réfléchir à cette idée qui n'était pas mauvaise puisque tout le monde s'était bien entendu avec elle, et il pourrait en profiter pour enfin lui avouer qu'il sortait avec son grand brun. Elle avait suivit absolument toutes leurs péripéties, jusqu'au baiser. Il n'avait pas réussi à trouver le courage de lui raconter ce qu'il s'était passé après; ses excès de violence, et les insultes de son amoureux. Le fait qu'elle ne supportait pas complètement leur ship l'avait un peu déçu, mais il le comprenait, l'asiatique pouvait parfois sembler très antipathique, surtout avec les gens qu'il ne connait pas. Lucas espérait simplement qu'il se comporterait différemment ce soir, pour lui faciliter les choses.

Ils se séparèrent quelque minutes : Corentin pour appeler Mickaël qui ne viendrait pas car "trop occupé à speedrun" un jeu sorti récemment, Baptiste pour fouiller les placards à la recherche d'inspiration pour le dîner, et Lucas qui appela Laurène. Elle accepta l'invitation avec plaisir, à condition de pouvoir amener Lena qui passait quelques jours chez elle.

En attendant les autres, les quatre garçons s'installèrent dans le salon pour une partie de Mario Kart. Baptiste râla un peu que ça n'était pas un vrai jeu, que les consoles ne devraient même pas exister, mais il finit par accepter de prendre une manette et jouer avec eux.

"- Regarde moi ces tryhardeurs..."

Lucas plaisantait sur Arif et Corentin qui mettaient une éternité à choisir leurs véhicules, mais il réalisa que son brun était aussi en train d'examiner les possibilités, et il leva les yeux au ciel.

Enfin, la première course se lança, et évidemment le French Monster Coco se trouvait en première position, loin devant Baptiste à qui il avait lancé une carapace au tout début et qui ne faisait que répéter que c'était à cause de ça. Arif suivait, et le benjamin se dédouana de sa dernière place :

"- C'est à cause de Bapt' ! Il gigote trop, il m'empêche de me concentrer !
- J'ai rien fait ! Quel rageux ce noob..."

La route arc-en-ciel était la course suivante, et Lucas ne faisait que tomber dans le vide, si bien qu'il se dévoua sans soucis lorsque cela sonna à la porte en pleine partie. Barbara était seule, ce qui le surprit :

"- T'as pas avec Alex ?
- Non, pourquoi ?"

Son ton était sec, comme si elle était agacée qu'il ait même posé la question.

"- Peut-être parce que vous êtes toujours ensemble...?
- T'es toujours avec Baptiste pourtant je te dis rien.
- Heu..."

Toutes les fois où elle avait fait des sous-entendus sur eux deux lui revinrent en pleine tête, mais elle semblait déjà assez de mauvaise humeur pour qu'il ne la contrarie encore plus.

"- Bon, viens, on va boire un truc dans la cuisine et tu me racontes le problème.
- Depuis quand mes problèmes t'intéressent ?
- Bah... T'es mon amie, non ?"

Elle esquissa un sourire, cela devait bien être la première fois que Lucas sortait une telle phrase. Elle accepta de le suivre. A peine servis, elle commença à déballer :

"- Elle est insupportable. T'étais là la soirée où on a fait un faux mariage ? Non ? Enfin c'était juste comme ça, c'était une idée d'Arif, et on a bien rigolé, elle a joué le jeu tout le long. Mais dès le lendemain elle m'envoie un message pour me rappeler que c'est juste pour s'amuser, qu'on est pas en couple, que j'ai pas à lui demander de comptes. Et je lui demande rien hein ! J'l'ai vue draguer une meuf l'autre fois, et je sais que c'était même pas son genre, alors je lui ai posé des questions. C'est tout.
- Elle veut te rendre jalouse ?
- Non ? Oui ? Je sais pas. Je sais même pas pourquoi ça lui casse les couilles à ce point que je lui ai dit que j'avais un crush pour elle. Je m'en fous si c'est pas réciproque, mais qu'elle arrête de me traiter comme de la merde..."

La sonnette les interrompit, et Barbara leva les yeux au ciel : "quand on parle du loup", mais ça n'était même pas encore Alex, juste les très enthousiastes Lena et Laurène. Lorsque Laurène embarqua Lucas pour discuter, il fit une moue désolée à son amie, qui haussa les épaules. Elle avait pu sortir sa colère un peu, ça lui avait fait du bien. Elle se retrouva seule avec Lena, et prit l'initiative de la présenter aux garçons, qui étaient encore en train de jouer. Seul Arif eut la politesse de poser sa manette pour la saluer, et en profiter pour dire qu'il avait vu quelques une de ses vidéos et qu'il aimait bien son contenu. Elle le remercia, et ils commencèrent à échanger sur le clivage YouTube VS Twitch, Barbara se joignit au débat avec plaisir, elle qui passait l'intégralité de ses soirées à regarder des streams, mais lorsque un nouvel invité se présenta à la porte, elle s'éloigna avec réticence. Evidemment, il s'agissait d'Alexandra.

"- Je pensais pas que tu viendrais.
- Très poli de m'accueillir comme ça Barbara, je vais bien merci et toi ?
- Sérieusement ? Tu te fous de ma gueule ?
- Arrête de faire ta gamine...
- Moi je fais la gamine ?"

Barbara sentait qu'elle allait s'énerver très très vite si elles continuaient comme ça, et préféra lui tourner les talons et regagner les salons où la Wii était enfin arrêtée. Corentin remarqua seulement sa présence et la salua, mais fronça les sourcils en constatant sa mauvaise humeur.

"- Alex est pas là ?
- Putain ! Mais pourquoi tout le monde me demande ça ?"

Elle se leva et s'éloigna de nouveau, agacée, pour aller s'enfermer dans une chambre de l'étage. Elle ferma les volets, et se jeta dans le lit, apaisée par l'obscurité et le silence. Elle entendait le son étouffé des voix de Lucas et Laurène dans la chambre voisine, la jeune fille semblant disputer son ami. Curieuse, elle se concentra pour écouter leur discussion, et sans surprise, elle finit par reconnaitre le prénom de Baptiste. Elle sourit, puis les entendit redescendre pour rejoindre les autres. Elle les jalousait de s'aimer à ce point, alors qu'ils ne faisaient aucun effort. Ils n'essayent même pas de se séduire mutuellement, et pourtant tout est facile pour eux ! Elle espérait tout de même qu'ils finissent par se déclarer leur flamme, elle ne connait pas Lucas depuis très longtemps mais elle voit bien qu'il mérite un peu de bonheur.

Elle contemplait le plafond depuis de longues minutes lorsqu'elle entendit la porte s'ouvrir.

"- Barbara ? On peut discuter ?"

Elle jeta un regard noir à Alexandra qui violait son havre de paix, sans même toquer, mais se redressa.

"- Ah tu veux discuter maintenant ?
- On va pas aller loin si t'es toujours sur la défensive comme ça.
- C'est moi qui suis toujours sur la défensive ? Sérieux, depuis que j'ai osé t'avouer que je te voyais pas que comme une pote c'est à peine si tu m'adresses la parole. On était proches avant, tu te rappelles ?
- Mais c'est toi qui a tout cassé ! On est amies, amies, c'est tout, je devrais pas avoir à m'inquiéter d'être trop ambiguë avec toi pour pas blesser tes putains de sentiments.
- C'est trop tard pour ça Alex ! C'est bon j'ai bien compris que tu préférerais mourir que de m'embrasser, j'ai pas besoin que tu me le répètes.
- Arrête d'abuser...
- Si au moins t'étais hétéro j'aurais une bonne excuse, mais là nan, je dois accepter que ça t'a jamais traversé l'esprit que je suis pas juste ta pote rigolote, que je peux être, je sais pas, attirante ?
- Quoi, tu veux que je change ma sexualité pour être plus pratique pour toi ?
- Mais est-ce que j'ai dit ça ?"

Consciente que cette discussion ne menait à rien à part finir par leur casser la voix à force de crier, elle se leva du lit et se dirigea vers la porte, mais Alex lui barrait toujours le chemin.

"- Ça te dérangerait de bouger ?
- Tu peux pas juste fuir à chaque fois !
- A quoi ça sert ce qu'on fait là ? J'avais une belle image de toi, j'aimerais bien la garder.
- Comme si c'était moi qui ruinait son image...
- Quoi, t'as pitié de moi maintenant ? Je suis devenue pathétique à tes yeux ?
- C'est pas ce que j'ai dit !
- Bon allez, bouge."

Elle fit mine de s'avancer vers la porte d'un pas décidé, mais Alex secoua la tête, tout aussi sûre.

"- Sérieux meuf, bouge putain !
- Non !"

Excédée, Barbara finit par la pousser d'un coup sec, mais la jeune fille ne bougea pas, de plus en plus tendue.

"- Mais tu joues à quoi ?"

Elle tenta de nouveau de l'écarter, mais Alex l'attrapa par les épaules et la plaqua contre le mur. D'abord surprise par ce geste, elle se mit ensuite à essayer de dégager, mais sa poigne était forte.

"- Arrête de bouger !
- Toi lâche moi !
- Non !"

Barbara avait envie de se mettre à pleurer tant cette scène tournait au ridicule. Elle se sentait impuissante, avec cette impression que son ami la privait de toute la dignité qu'il lui restait. Quand elle arrêta enfin d'essayer de se libérer, leur regard se croisèrent et les larmes lui montèrent aux yeux.

"- Barbara..."

De cris qui avaient déchiré cette pièce, il ne restait qu'un murmure, soufflé comme une supplication. "Ne pleure pas s'il te plait", voulait-elle lui dire, "arrête de m'aimer", lisait l'autre.

Le sentaient-elles arriver ? Voyaient-elles l'issue inévitable de cette soirée se précipiter droit sur elles ?

"- Barbara... répéta-t-elle
- Fais le."

Alexandra semblait se battre avec sa conscience, mais si elle l'encourageait, comment pouvait-elle s'en empêcher ? Avec violence, leurs bouches rentrèrent en contact, mélange de désir, de rancœur et de colère. Lorsqu'elle lui mordillât la lèvre, Barbara ne put retenir un gémissement. Alex finit par lâcher ses épaules pour faire glisser ses mains sur sa taille, mais la jeune fille en profita pour s'éloigner du mur, et s'asseoir sur le lit. Avec, elle l'espérait, sensualité, elle commença à déboutonner son chemisier, sous le regard sombre d'Alexandra, restée stoïque devant la porte.

"- On fait une connerie."

Indifférente, l'interpelée laissa tomber son haut, et s'attaqua à la braguette de son jean.

"- Barbara... On va regretter.
- Arrête de parler."

Elle se releva pour enlever son pantalon, et attrapa son poignet pour la tirer avec elle sur le lit. Alex déglutit en détaillant les sous-vêtements rouges de la jeune fille, et recommença à l'embrasser.
Trop tard.

⁂⁂⁂

"- A table !"

C'était la troisième fois que Baptiste criait depuis la salle à manger, et il commençait à comprendre la frustration de sa mère lorsqu'il la faisait parfois patienter, vissé devant l'ordinateur. Lucas se donna enfin la peine de répondre :

"- On arrive, Coco est en train de nous éclater à Mario Party !"

Il posa le couvercle sur la casserole fumante, et se rendit dans la pièce voisine, où, effectivement, le garçon affichait une très grande avance sur Léna, Laurène et Lucas. Arif encourageait les filles, en grand gentleman. Il demanda :

"- On peut pas manger dans le canapé comme d'habitude ?
- Certainement pas, je vous ai fait à manger un vrai repas donc ce sera à table, avec des couverts, tout ça.
- On va chercher les filles ?"

En gardant les yeux rivés sur l'écran où il était - pour une fois - en train de remporter un mini-jeu, Lucas intervint :

"- Vu comme elles s'hurlaient dessus tout à l'heure j'ai pas envie d'être celui qui toquera à la porte.
- Bon, elles descendront quand elles auront faim, trancha Corentin. Allez, on mange."

Il coupa la Wii sous les protestations des filles, certaines qu'elles auraient fini par le rattraper.

Le repas se fit dans la bonne humeur, partagé entre les anecdotes improbables de Léna et les blagues d'Arif. Lorsque la youtubeuse raconta la fois où un abonné avait fait sa demande en mariage en plein vlog les mains de Lucas et Baptiste se nouèrent sous la table, avec douceur.

Sur le chemin du retour, Lucas se risqua à lancer :

"- Bon, Laurène est au courant pour nous deux maintenant. Tu vas en parler à Corentin ?"

Il serra le volant entre ses mains, soudainement tendu de ce sujet qu'il savait arriverait tôt ou tard.

"- Je t'oblige à rien Bapt', si t'es pas encore prêt je comprends. Mais faut que je le dise à Maxence sinon il va me faire une scène !
- Je vais le dire à Coco. Je veux pas que tu crois que je te cache.
- J'ai jamais cru ça, t'en fais pas.
- Ça me fait peur, avoua-t-il. C'est comme si j'avouais au monde entier à quel point je tiens à toi, et qu'on pourrait l'utiliser contre moi.
- C'est pas le monde entier, c'est juste Corentin, ok ?"

Ils laissèrent un petit silence, les yeux fixés sur la route qui défilait à toute vitesse dans la nuit. Lucas finit par sourire :

"- Merci d'avoir avoué que tu avais peur."

⁂⁂⁂

"- Lucas ? Lucas !"

Baptiste tourne, appelle, s'époumone, sans réponse. Il court dans cette immense demeure, revient sur ses pas, tâtonne. Il a fouillé partout : Lucas n'est plus là.
Il s'effondra sur ses genoux, laissant les larmes rouler sur ses joues. Il n'est pas triste, en colère : il est anéanti. Il ne sait même pas s'il peut encore être tout court : est-il capable de respirer sans lui ? Il se mit à haleter, cherchant son souffle dans un reflexe purement physique. Son cerveau n'est plus là : il ne peut voir autre chose que son absence, entendre un autre bruit que son silence.
Soudain, pourtant, il sent quelqu'un l'entourer de bras chauds, rassurants. Il inspire, et sait : c'est son odeur, à lui.

"- Shh, Shhhhh, tout va bien Baptiste je suis là, je ne te laisserais pas. Je suis là, ouvre les yeux, tout va bien."

Mais il n'a aucune envie d'ouvrir les yeux : et si ce n'est qu'une illusion qui se dissipera à l'arrivée de la lumière ? Il voudrait tant le sentir encore, entendre sa voix murmurer son prénom une fois de plus...

"- Baptiste, tu me fais confiance ?"

Malgré ses spasmes, Lucas distingua un hochement de tête timide, mais qui le rassura. Son amour était là, il devait juste réussir à le ramener à la raison.

"- Alors ouvre les yeux mon cœur, je te promets que je ne vais plus disparaître. Là, tu sens mes bras autour de toi ? Mes baisers ? Mon souffle sur ton visage ? J'existe, je suis là. Toi aussi. Ouvre les yeux, je te promets que je serais là."

Lucas n'avait jamais été si heureux de voir ses prunelles brunes, qui le fixaient, comme ébahies qu'il soit effectivement réel. Il resserra encore son étreinte sur ce corps qui lui paru soudain si petit.
Baptiste aussi eu du mal à y croire, jusqu'à sentir une pluie salée s'abattre sur lui. Il reprit sa respiration, mais l'angoisse persistait et je ne crois pas qu'elle partirait jamais à présent. Comment vivre de nouveau alors qu'il savait à quoi il serait réduit sans celui qui était devenu, malgré lui, son tout ?

"- J'ai peur Lucas, réussit-il à articuler entre deux hoquets."

L'autre secoua la tête. Il avait tant de mal à comprendre l'ampleur de ce qui les liait, comme s'ils étaient voués à mourir s'ils se séparaient. Il y avait eu un avant leur amour, il n'y aurait pas d'après.

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