Remus Lupin


Un rayon de soleil caressa la joue de Remus, qui sourit dans son sommeil en réponse à cette douce chaleur. Il remua légèrement sous ses draps sans s'éveiller pour autant.

Dans la petite chambre sous les combles, pas un bruit. Si, il y avait seulement l'évier de la cuisine qui gouttait régulièrement, et un rat peu discret qui se faufilait dans la gouttière.

Le petit appartement sans lequel logeaient les Lupin n'était pas en très bon état. Remus ne l'aimait pas trop, et pas seulement à cause des fuites d'eau et des rongeurs.

Non. D'abord, il était au beau milieu d'un quartier où de drôles de personnages cagoulés s'échangeaient des petits paquets blancs contre de gros billets rouges. Ensuite, la voisine chantait très fort sous sa douche et cassait les oreilles de tout le monde.

Ce n'était pas grand chose, mais Remus ne se sentait pas chez lui, tout simplement.

- Ce n'est que temporaire, mon grand, avait dit Espérance en lui souhaitant une bonne nuit. Papa cherche une maison plus tranquille en province...

- Mais j'aimais bien celle d'avant ! avait gémit Remus.

- Oui, mais tu sais bien que nous avions trop de problèmes avec les voisins...

Ça, c'était bien vrai, devait admettre Remus. Au début, tout allait bien : les deux familles s'échangeaient les fraises du jardin et se partageaient volontiers la farine quand il n'y en avait plus dans l'armoire. Puis, au bout de quelques mois, ils s'étaient montrés de plus en plus distants, évasifs et méfiants...

- C'est pas de ma faute... avait murmuré Remus, détournant le regard.

Espérance avait doucement replacé une mèche de ses cheveux derrière son oreille.

- Je sais bien mon cœur... Mais tu comprends, en t'entendant crier et en voyant tous tes bleus, ils avaient cru que l'on te tapait... Si nous étions restés, ils auraient appellés la police pour... pour maltraitance.

Remus n'avait pas repliqué, la gorge trop nouée pour laisser passé ne serait-ce qu'un filet de voix.

Et voilà : les Lupin avaient encore déménagé, cette fois-ci dans un appartement riquiqui où il paraissait encore plus risqué de se métamorphoser lors des pleines lunes. Les voisins, et tout particulièrement la voisine qui se prenait pour la Castafiore, se poseraient des questions encore plus rapidement que les précédents.

Remus ouvrit timidement un œil, émergeant lentement de ses songes, et cligna des yeux, ébloui par la lumière. Il bailla largement, savourant la tranquilité d'un samedi à la maison.

Il bondit de son lit, se rappelant que non seulement c'était le week-end, mais en plus celui du 10 mars : le jour de son anniversaire !

Il fit rapidement son lit, oubliant de tâter son oreiller et de secouer l'édredon, et descendit à toute vitesse dans le petit salon.

Il n'y avait personne encore, car ses parents dormaient encore.

Peut-être légèrement déçu, Remus haussa les épaules et se servit un bol de muesli aux fruits secs. Il s'accouda à la fenêtre, et tout en mâchant son petit-déjeuner, il observa d'un air méditatif Glasgow qui s'éveillait dans un concert de klaxons et de roucoulements de pigeons.

***

Ce soir là, la grand-mère paternelle de Remus vint rendre visite aux Lupin à l'occasion de l'anniversaire de son petit fils.

Mary Lupin était une très vieille femme toute voûtée, avec trois petits poils blancs décorant son menton pointu. Quand elle souriait, ses yeux pétillants disparaissaient sous de profondes rides, au profit d'une dentition évoquant celle d'un patineur ayant fait plusieurs mauvaises chutes.

Remus adorait sa grand-mère. Il ne la voyait pas très souvent, celle-ci étant recluse dans Godric's Hollow, une toute petite bourgade. Elle vivait seule depuis la disparition de son mari, qui avait malheureusement succombé à une forme de variole du dragon particulièrement virulente une quinzaine d'années plus tôt. Elle avait courageusement surmonté le coup, même si de temps en temps elle s'exclamait en mangeant : « Ah ! Si mon Léonard goûtait ça ! »

Et même si Mary n'avait plus une ouïe aussi fine qu'il y a vingt ans, et que parfois on devait lui repéter plusieurs fois la même chose , passer du temps avec elle réjouissait Remus. Elle avait toujours une petite anecdote du « bon vieux temps » qui le faisait rire, des dragées surprise de Bertie Crochue ou des gourmandises au chocolat au au fond de sa poche.

Ainsi, en début de soirée, Grand-mère Mary fit sa grande apparition au beau milieu de la cheminée. Elle était au moins aussi âgée que le père Noël et apportait d'aussi jolis cadeaux, en revanche elle n'était pas vêtue de manteau rouge mais d'une cape de velour émeraude, parsemée de cendre et de poudre de cheminette.

Remus abandonna le livre qu'il lisait en oubliant d'y glisser son marque page.

- Mamie !

- Remus ! Mon grand ! Comme tu as grandi ! Ça te fait quel âge à présent ?

- Sept ans !

- Sept ans ! Par Merlin, quel homme !

Elle avait frotté les cheveux épais de son petit fils avec ses longs doigts frippés, alors que celui-ci se redressait, fier de ses un mètre et quarante deux centimètres.

Ce soir là, le meilleur repas d'anniversaire du monde s'étala sur la table : petits fours, gratin de légumes que Mary avait cuisiné elle-même, et un délicieux moelleux au chocolat recouvert de petites bougies dansantes. Remus avait soufflé dessus en prenant garde à ne pas trop cracher dessus ( l'une de ses dents avant était tombée la semaine dernière, et il avait encore un peu de mal à s'accoutumer au trou béant qui percait sa gencive). Ses parents lui ont offert un cadeau : de la peinture et des crayons de couleur, de quoi s'occuper durant ses week-ends.

Mary lui tendit également un joli petit paquet coloré avec un sourire malicieux.

Remus le déballa avec hâte, puis en sortit un joli livre à la reliure dorée et à l'odeur de l'encre tout juste imprimée. Un blason familier s'étendait sur la couverture.

- L'histoire de Poudlard ! expliqua sa grand-mère, une nuance de nostalgie dans la voix. Je l'ai acheté aujourd'hui chez Fleury et Botts. Il vient tout juste de sortir, les gens s'arrachent le modèle ! Et puis, tu auras besoin d'en connaître un minimum sur ta future école...

Remus ouvrit des yeux émerveillés. Poudlard, c'était cet incroyable établissement dans lequel son père avait appris la magie !

- Oh, merci Mamie !

Il embrassa la vieille femme, imprimant un baiser plein de chocolat sur les sillons ses rides.

- Mais Remus n'a pas encore manifesté d'aptitudes à la magie, intervint Lyall Lupin d'une voix étrangement tendue, délaissant sa part de dessert. Il se peut tout à fait qu'il soit comme Espérance...

L'ancienne éclata d'un rire strident qui fit tressaillir son fils.

- Comme Espérance ? Je n'ose même pas y penser - sans vouloir vous offenser, bien sûr, ajouta Mary à l'adresse de la moldue. Le petit va nous impressionner d'ici peu, j'en suis convaincue !

Espérance sourit, mais ses lèvres étaient figées dans un acquiescement glacial. Elle jeta un bref coup d'œil à Remus, qui examinait l'ouvrage sous toutes les coutures, puis à Lyall, qui lui rendit son regard éloquant. Mary n'en remarqua rien et engloutit le morceau de gâteau qui lui restait avec délices.

Ne prenant plus attention à la conversation qu'entretenaient les adultes, Remus sortit discrètement de table et monta dans sa chambre. Ses yeux étant restés fixés sur l'ouvrage, il n'avait pas remarqué le regard sevère que lui avait jeté son père sur son passage.

Une fois seul, étendu langoureusement sur son lit, il ouvrit la première page. Celle-ci émit un faible froissement qui résonna tout de même dans la pièce silencieuse. Le papier, lisse et doux, caressait la surface de ses doigts tremblants.

- L'histoire de Poudlard, lut Remus à voix haute.

Et son esprit volatile disparu du monde réel, s'enfonçant profondément dans la magie des mots.

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