Remus Lupin
- Tu bailles, Remus.
Remus Lupin ferma aussitôt la bouche, plaquant sa petite main sur ses lèvres comme s'il venait de dire un gros mot.
- C'est pas vrai, maman !
Puis il cligna des yeux furieusement, refusant d'admettre que ses paupières tombaient toutes seules et qu'il sentait ses jambes chanceler de fatigue.
Espérance émit un petit rire cristallin et souleva son fils, l'arrachant au puzzle qu'il s'échinait à construire depuis le matin même. Remus enfoui son visage dans la poitrine de sa mère, le parfum sucré de celle-ci lui chatouillant doucement les narines. Malgré lui, il ferma les yeux et se laissa porter.
Espérance traversa la petite chambre en fredonnant, enjambant des jouets éparpillés, des feuilles de dessins, une bande dessinée abandonnée et une poupée. Derrière la fenêtre, un champ s'étendait paisiblement, la lueur des lucioles bourdonnantes rivalisant avec l'éclat des étoiles dans le ciel d'encre, elles-mêmes éclipsées par la lune. D'une main, tenant toujours son enfant tout contre elle, elle ferma les volets de bois qui claquèrent sous un coup de vent inopiné. Remus sursauta à peine.
Puis elle se dirigea vers le lit, accolé au mur recouvert de papier peint bleu clair de la chambre, et déposa l'enfant dans un nuage réconfortant de couvertures et d'oreillers. Avec la lumière qui pénétrait dans la chambre depuis le couloir, ses petites mèches étendues sur l'édredon paraissaient avoir prit feu.
- Papa est rentré ? murmura Remus, les yeux toujours clos.
Espérance caressa le bout de son nez avec une douceur maternelle, remontant lentement vers son front. Les sourcils de son fils se relâchèrent naturellement sous l'influence de ses caresses.
- Papa rentre bientôt. Demain, il mangera avec nous pour le dîner, d'accord ? Il avait une grosse réunion au Ministère, tu sais.
- Oui, oui.
Remus bailla à s'en décrocher la mâchoire, révélant un morceau de salade coincé entre ses deux incisives. Puis il enroula ses doigts autour d'une mèche blonde de sa mère, geste qu'il faisait inconsciemment lorsqu'elle se penchait sur lui pour le border.
- Maman ?
- Oui, mon petit chat ?
- Demain, on fait un gâteau au chocolat pour papa ?
Elle réfléchit un instant, se demandant s'il restait encore une ou deux tablettes de cacao ou si son fils les avait tout simplement dévoré en cachette.
- Oui, mais on devra peut-être faire quelques courses, alors.
- D'accord. Merci, maman.
Puis Remus soupira, s'enfonçant de plus en plus dans la torpeur de l'endormissement. Sa main quitta les cheveux de sa mère et tomba sur l'oreiller, prête à se tendre de nouveau vers des rêves qui n'appartenaient qu'à la nuit.
Espérance déposa un baiser sur son front et ajusta le bord de la couverture pour que son cou soit correctement couvert. Cette année là, le printemps s'inspirait de l'hiver et les nuits étaient fraîches.
Espérance se leva et parcouru la pièce jonchée de jouets avec l'agilité dont seules les mères étaient capables. Elle disparu partiellement derrière la porte entrouverte.
- Bonne nuit, mon petit chat, murmura-t-elle.
Remus ne répondit pas, plongé dans un profond sommeil. La porte sembla se refermer toute seule, plongeant la pièce dans une obscurité apaisante.
***
Remus adorait les chiens. Depuis le plus longtemps qu'il s'en souvienne, il en avait toujours voulu un comme animal de compagnie.
Seulement voilà : son père y était allergique, et Espérance lui avait offert un poisson pour compenser.
Martin le poisson était mort dès le troisième jour, Martin n°2 deux semaines plus tard, et Martin n°3 quelques mois après. Quand à Martin n°4, il n'avait jamais existé parce que Remus en avait marre d'enterrer ses animaux, et que de toute façon, il voulait un chien et pas de poissons. Au final, il se contentait des escargots, des limaces et des chats errants de la campagne environnante qui passaient dans le jardin et c'était très bien comme ça.
Néanmoins, l'idée d'avoir un chien flottait constamment dans son esprit, et Remus en rêvait souvent. Dans ses songes, il courrait autour de la maison avec une sorte de gros labrador au poil noir, touffu et tout doux, dont l'aboiement ressemblait à un éclat de rire. Il n'avait pas de nom, mais pour Remus, son chien était amplement suffisant. S'il manquait un peu de réel, l'imaginaire avait ses atouts également : il pouvait monter dessus, s'envoler dans de lointains pays avec lui, et parfois l'animal répondait à ses questions quand il lui en posait.
Remus s'assoupissait justement, imaginant qu'il jouait avec son chien. Le parfum d'Espérance lui chatouillait encore les narines, si bien qu'il se voyait lui-même avec sa mère et le cannidé, et ils se baladaient dans le petit bois près de chez eux.
Un sourire fleurit sur ses lèvres sans qu'il en eût conscience.
Puis, peu à peu, le décor imaginé changea : le sommeil y introduit son art farfelu et déjenté. Il y avait un château médiéval, des gazelles courant dans les prairies, des sorciers par centaines portant des affiches à l'effigie de son père, et tout plein d'animaux bizarres que la fatigue lui faisait voir.
BOUM !
Remus sursauta, et se sentit émerger de son sommeil aussi vite qu'il s'y était enfoncé. Il se demanda quelques instants s'il n'avait pas imaginé la détonation qu'il avait entendu. Et comme elle ne se reproduisait pas, il supposa que c'était le cas.
Il se força à retomber dans ses songes, visualisant ses doigts glissant dans la fourrure soyeuse de son animal de compagnie fictif. Ses membres s'engourdirent.
BOUM ! BOUM !
Cette fois, Remus ouvrit les yeux. Il se frotta les paupières et se redressa dans son lit, l'esprit alerte. Ses rêves s'effritèrent en ne laissant qu'un vague et doux souvenir flottant dans ses pensées. À présent, il était certain que ce bruit inquiétant était bien réel.
Pourtant, tout était calme dans sa chambre. Il ne voyait pas ce qui pouvait bien produire un tel son ! On aurait dit que l'on frappait contre un mur avec une massue...
Il attendit quelques instants, écoutant la nuit paisible et le chant des grillons à l'extérieur. Le bruit ne recommença pas.
Peut-être était-ce papa et maman ? supposa Remus. Parfois, Espérance et Lyall faisaient de drôles de bruits au beau milieu de la nuit, si sonores qu'ils traversaient la cloison de sa chambre.
BOUM ! BOUM ! BOUM !
Remus hoqueta. Il avait vu distinctement les volets des fenêtres vibrer. Un boulon avait sauté, et la douce lumière bleutée de la lune pénétrait dans sa chambre.
C'était sûr : quelqu'un frappait contre ses volets à l'extérieur, cherchant à entrer par effraction à l'intérieur de la maison !
Le cœur battant, Remus chassa ses couvertures et se leva promptement. Il traversa la pièce, s'apprêtant à réveiller ses parents pour les prévenir. Son père étant un sorcier aguéri, et sa mère l'ancienne meilleure escimeuse de son club, Remus était convaincu que quoiqu'il se passe, ses parents arrangerait le problème. Il envisagea un cambriolage peu subtile de cambrioleurs, un caprice de la voisine sénile qui logeait à côté, et même d'un ours un peu idiot, mais quelque chose, une angoisse indéfinissable mêlée d'une intuition inquiétante, lui soufflait qu'il préférait mille fois ces choses là à ce qu'il allait arriver.
BOUM ! BOUM !
Un volet de brisa, et Remus hurla. Il glissa sur une pièce de son puzzle et se retrouva le nez contre le tapis.
- Maman ! Papa ! s'égosilla-t-il.
BOUM ! CLING ! CLING !
La vitre de sa fenêtre vola en éclat, et une pluie de verre s'abbatit sur lui. Il se protéga le visage en le couvrant de son bras tout en encaissant la douleur incisive de quelques coupures à vif. Il n'était plus vraiment sûr que des cambrioleurs, la voisine ou un ours soient aussi violents.
Il osa lever les yeux, et cru que son cœur s'arrêtait de battre. Devant lui, un monstre bien plus effrayant que tout ceux qu'il avait vu dans ses cauchemars était entré dans sa chambre : une sorte de gros loup, à la fourrure épaisse et piquante, aux longs cros luisants au clair de lune et au regard particulier ; des prunelles jaunes et intelligentes qui le fouillaient avec un appétit féroce.
- MAMAN ! PAPA ! hurla-t-il.
Il entendit un bruit dans la chambre de ses parents mais n'eut plus le temps d'y penser. Le monstre s'approchait de lui, grognant, grondant, ses griffes cliquetant contre le sol, déchirant le tapis.
Il eut un éclair provoqué par l'éclat des rayons de lune sur les griffes acérées de la créature, et Remus sentit son visage s'enflammer. L'odeur métallique de son propre sang lui monta aux narines. Le liquide chaud coula sur son visage, le long de ses lèvres, de ses joues, de ses oreilles et dans sa bouche quand il ferma les paupières et hurla à s'en briser la voix.
Il avait mal, si mal ! Des larmes brûlantes jaillirent de ses yeux, roulant sur ses joues balafrées dont les lancinements douloureux l'étourdissaient.
Il sentit l'haleine du monstre, et il s'étouffa à cause cette odeur si fétide, que même un noyé n'oserait respirer.
Les griffes tranchantes s'enfoncèrent dans l'une de ses épaules, et la gueule de la bête s'en approcha, semblant la humer comme on respire le parfum d'un plat appétissant que l'on s'apprête à manger.
Remus tenta de la repousser. Il plongea ses mains dans le cou de la créature et poussa de toute ses forces. Mais elle ne cilla pas, et émit une sorte de ricanement animal qui laissait entendre que tous ses efforts l'amusait.
Tout doucement, comme avec profit et gourmandise, les crocs s'enfoncèrent profondément dans son épaule jusqu'à la gencive noirâtre et dégoûlinante d'une salive empoisonnée.
Remus brûla.
Un feu immense enflamma son corps, embrasant son épaule, puis ses bras, son torse, avant de se répandre dans tout son organisme. C'était un brasier immense qui le consummait, lentement mais sûrement, non seulement son corps mais tout ses envies, ses rêves, ses passions, ses espoirs. Chaques flammes de douleur s'apparentaient un peu plus à celles des enfers, l'attirant toujours plus profond dans le gouffre abyssal de la souffrance et du malheur.
- Remus, Remus ! cria une voix lointaine et familière.
Mais il n'entendit rien. Il ne vit pas non plus les éclairs lumineux des sortilèges, ni le visage de sa mère qui se penchait sur lui. Il ne remarqua pas que la bête avait disparu. Il ne se rendit tout simplement pas compte qu'il était en vie, même s'il s'agissait d'une demi-vie le ballotant, tel un déchet de la marée, entre les rives de l'oubli et d'une conscience trop réelle.
Il avait trop mal.
Les yeux dans le vague, il tourna lentement la tête vers la fenêtre. Il rencontra la lueur froide des étoiles, puis l'éclat, le plus brûlant de tous, de la pleine lune.
***
Hello !
Voici donc une nouvelle histoire !( pour bien commencer la rentrée)
Vous vous en doutez : elle raconte l'enfance des maraudeurs. Remus Lupin, Sirius Black, James Potter, mais également Lily Evans et Severus Rogue.
( vous ne m'en voudrez pas, mais mon inspiration à fair grève quand j'ai tenté d'aborder un chapitre " Peter Pettigrow"...)
Vous n'en avez pour l'instant qu'un petit échantillon, mais j'espère que ce premier chapitre vous a plus !
Je pense publier un chapitre par semaine : souvent le week-end.
Je vous souhaite la plus belle journée possible, :3
Plume_curieuse
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