Lily Evans


Depuis le fameux jour des fleurs magiques, plein de choses étranges arrivèrent à Lily.

Le lendemain matin, elle avait eu froid et, tout en se rendant compte de ses frissons, le feu de cheminée avait redoublé de volume dans l'âtre sans que personne n'y ajoute de bûches. Pensant que c'était un heureux hasard, elle ne s'était pas posée davantage de questions.

Mais le doute s'insinua petit à petit au fil des jours et des semaines : une fois, en cuisinant un gâteau avec Pétunia, un œuf lui avait échappé des mains. Et au lieu de se briser sur le sol, il avait joyeusement rebondit plusieurs fois jusqu'à ce que Lily puisse le rattraper, complètement ébahie. Pétunia avait observé la scène, muette de stupeur. Quand elles avaient ensuite cassé l'œuf dans le saladier, il s'avérait aussi ordinaire que les autres.

À l'école, les notes de Lily remontèrent avec une rapidité fulgurante. Elle était déjà travailleuse, mais en plus de cela, une petite voix lui soufflait toujours quelques jours à l'avance les questions qu'il y avait dans les devoirs. À chaque fois, les intuitions de Lily étaient justes, à quelques détails près. À croire que les évaluations imaginées par sa maîtresse sortaient de sa tête pour se loger dans celle de son élève.

Enfin, un garçon que Lily n'aimait pas du tout parce qu'il se moquait de son « poil de carotte » subissait quotidiennement toute une série de malheurs, allant d'un échec cuisant à un contrôle de math à des saignements de nez fréquents et abondants. Le plus étrange était que ces derniers survenaient dès qu'il s'apprêtait à adresser la parole à Lily.

Et les fleurs.

La fillette, repensant à cette première matinée fabuleuse, avait tenté de refaire pousser des plantes par la force de la pensée. À sa plus grande déception, elle avait échoué. Cependant, elle s'était peu après rendue compte qu'elle arrivait à influencer les végétaux déjà matures. Elle avait réussi à faire plier un brin d'herbe, à faire grandir une jeune pousse, à faire fleurir un bourgeon à peine éclo...

La magie existait, et à présent, Lily en était certaine.

Convaincue qu'elle était elle-même une sorte de fée, elle avait montré à Pétunia ce qu'elle savait faire. Contre toute attente, cette dernière n'avait pas semblée émerveillée, mais plutôt en colère, car elle pensait qu'il y avait un quelconque trucage que Lily refusait de lui avouer. Sa sœur lui avait répeté ses tours jusqu'à ce qu'enfin, Pétunia comprenne qu'elle ne lui avait pas menti.

Finalement, elle avait pris peur et était tout aller raconter à leur mère.

La maman des deux jumelles, incapable d'expliquer la façon dont Lily s'y prenait, avait rassuré ses filles en précisant qu'il ne s'agissait pas d'une maladie grave ou contagieuse (ce dont Pétunia s'inquiétait) mais avait tout de même demandé à Lily de ne pas recommencer, tout particulièrement en public. Il y avait une vague lueur d'inquiétude flottant dans son regard.

Lily avait été un peu vexée de la réaction de ses proches. Elle aurait préféré qu'ils la félicitent, peut-être même qu'ils l'admirent un peu. Après tout, peu de gens devaient arriver à réaliser de telles choses !

Elle était persuadée qu'une bonne étoile veillait sur elle, et qu'elle lui donnait cette chance, ces dons, cette magie.

Un beau jour de printemps, lors de sa septième année, Lily eut enfin davantage de détails sur la nature de ses pouvoirs. Pour s'amuser, elle et Pétunia avaient installé une balançoire tout au fond du champ qui bordait le jardin.

L'endroit était parfait : une petite étendue d'herbe parsemée de fleur, non loin d'un chêne centenaire qui offrait une ombre reposante. Le seul bémol était le fait que, derrière une petit allée de buissons miteux, s'étendaient les petites rues miteuses de l'impasse du Tisseur. Par superstition, Lily et Pétunia ne s'éloignaient jamais seules du terrain de jeu, redoutant de croiser l'un de ces repoussants individus qui fumaient des cigares au parfum de misère.

Heureusement, elles étaient seules, plongées au cœur d'une nature se réveillant suite à de longs mois hivernaux.

- Je parie que je vais plus haut que toi ! la défia Pétunia en courant, les jupons de sa robe fouettant ses jambes fines et galbres.

- Ah ça non, Tunie !

Saisie par cet instinct de compétition, Lily se mit aussitôt à sa poursuite. Quelques instants plus tard, elles se balançaient frénétiquement, redoublant d'effort pour se mettre au-dessus de la hauteur de l'autre. Les rires des deux jeunes filles résonnaient, en cœur avec le gazouillis des rouge-gorges dans les branches de l'arbre. Les cheveux de Lily attrapaient mille rayons de soleil, l'auréolant d'une couronne d'or.

Lily s'appercut bien vite qu'elle ne parviendrait pas à battre Pétunia. Cette dernière, légèrement plus grande, possédaient davantage de force qu'elle.

Lily eut soudain une inspiration soudaine. C'était une idée dangereuse, mais elle se sentait capable de l'entreprendre.

Elle fit appel à cette énergie mystérieuse qui pulsait dans ses veines. Celle-ci crépita le long de ses doigts, et se propagea le long des cordes rugueuses de la balançoire. Puis, petit à petit, elle se sentit gagner de plus en plus de hauteur, comme si des mains bienveillantes la poussaient encore vers le ciel.

Pétunia, éssouflée réalisa que les balancement de Lily n'étaient pas naturels. Une lueur de surprise mêlée de colère flotta dans son regard.

- Lily, arrête ! s'exclama-t-elle.

Mais cette dernière avait bien trop d'élan pour cesser. Lily se sentit soudain soulevée, et elle lâcha les cordes, grisée d'un bonheur qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant.

Ses fessiers quittèrent la planche de bois. Mais au lieu d'atterrir brutalement, elle décrivit un majestueux arc de cercle qui l'amena toute en douceur sur le sol.

Elle resta là quelques instants, abasourdie d'avoir réussi une telle prouesse. Ses jambes tremblaient d'excitation. Elle éclata de rire.

- Maman a dit que tu n'avais pas le droit, Lily ! fusa la voix de Pétunia derrière elle, la ramenant à la réalité.

- Mais tout va très bien, gloussa-t-elle. Et maintenant, regarde, Tunie. Regarde ce que j'arrive à faire.

Elle ramassa une fleur sur un buisson et la tenait dans sa main, telle une précieuse perle. Sans vraiment savoir pourquoi, elle voulait impressionner Pétunia, lui prouver qu'elle était capable de choses plus intéressantes que de monter si haut sur une balançoire.

Sa sœur s'approcha, l'air circonspect, et elle tendit sa main, sentant des picotements ravissants parcourir ses doigts.

À l'intérieur de sa paume, les pétales de la fleur s'ouvraient et se refermaient dans un ballet délicat dont la beauté n'égalait que son mystère.

- Arrête ! hurla Pétunia, prise d'une peur inexplicable.

- Elle ne te fera pas de mal, la rassura Lily en jetant la fleur d'un geste furtif, déçue que son tour n'ait pas plu à Pétunia.

- Ce n'est pas bien... Comment tu t'y prends ?

Heureuse qu'elle éprouve enfin un peu de curiosité, Lily s'apprêta à lui reparler de cette magie qui s'était emparée d'elle lors de cette fameuse journée d'hiver. Mais avant qu'un seul mot ne puisse sortir de sa bouche, Pétunia poussa une exclamation terrifiée et s'enfuit précipitamment vers la balançoire.

Lily se retourna.

Un garçon de leur âge venait de surgir d'un buisson où il s'était manifestement caché. Il portait des vêtements misérables qui tombaient sur ses épaules maigres comme des guenilles, ses cheveux noirs étaient trop longs, dissimulant ses yeux soulignés de cernes, qui détonaient sur sa peau de marbre.

Le fils des Rogue, l'identifia aussitôt Lily, prise d'un sentiment de déjà vu. Elle l'avait déjà croisé dans l'Impasse du Tisseur ; les Rogue était une famille célèbre pour leur marginalité, et paradoxalement, leur invisibilité.

Sa méfiance redoubla d'intensité.

- Qu'est-ce qui est évident ? questionna-t-elle contre toute attente.

Le garçon sembla satisfait que Lily ne prenne pas la fuite de la même façon que Pétunia, et se pencha un peu en avant, intimidé.

- Je sais ce que tu es.

- Comment ça ?

- Tu es... Tu es une sorcière.

Elle ouvrit la bouche, muette d'indignation.

Un sorcière ? Elle ? Jamais de la vie ! Certes, elle parvenaient à réaliser des choses inattendues, mais elle se considérait davantage comme une fée qu'une sorcière !

- Ce n'est pas très gentil de dire ça à quelqu'un ! siffla-t-elle.

Ce garçon Rogue était décidément bien impoli ! Refusant d'en écouter davantage, elle s'éloigna à grand pas vers Pétunia, qui observait la scène depuis les balançoires.

- Non ! cria-t-il derrière son dos, les joues empourprées. Tu es une sorcière ! Je l'ai bien vu, je t'observe depuis un bout de temps. Mais il n'y a rien de mal à ça. Ma mère aussi en est une et moi, je suis un sorcier.

Pétunia éclata soudainement d'un rire jaune.

- Un sorcier ! Je sais qui tu es. Tu es le fils Rogue ! Ils habitent à l'impasse du tisseur, près de la rivière !

Lily hocha la tête. Pétunia ne confirmait ses soupçons. Le jeune Rogue ressemblait en tout point à ses parents effrayants.

- Pourquoi tu nous espionnais ? questionna Pétunia avec ardeur.

- Je ne vous espionnais pas. De toute façon, ce n'est pas toi que j'aurais espionné. Toi, tu es une moldue !

Il avait dit cela avec la véhémence d'une personne proférant une insulte, bien que celle-ci n'évoquais rien aux deux jeunes Evans.

Furieuse que cet affreux personnage traite sa sœur d'une manière aussi éhontée, Lily s'apprêta à répliquer de toute la rage qu'elle sentait naître dans son estomac. Mais Pétunia la coupa dans son élan, lui prenant le bras :

- Lily, viens, on s'en va !

Elle la suivit, non sans avoir jeté un coup d'œil hostile à l'étranger qui semblait démuni face à la précipitation d'événements.

Elle quittèrent le champ, sans se retourner.

Cependant, les yeux noirs du fils Rogue flottaient dans l'esprit trouble de Lily, de la même manière qu'un mauvais cauchemar hanterait les pensées d'un insomniaque.

Tu es une sorcière, soufflait une petite voix dans son oreille.

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